Département
du Tarn
Ville dAlbi
Extrait du Reglement intérieur de létablissement
du Bon Sauveur,
en ce qui concerne les Aliénés.
Dispositions
Générales
La
Communauté a une Supérieure générale élue
pour trois ans.
La Communauté succursale dAlbi nomme aussi une Supérieure
pour trois ans.
La Supérieure a un Conseil composé de plusieurs de ses
surs.
Les emplois sont présidés par une sur Maitresse
à laquelle on adjoint une ou plusieurs surs sous maitresses,
suivant limportance de lemploi.
Les surs Maitresses doivent rendre compte tous les jours à
la Supérieure de ce qui se passe dans leurs emplois.
Des Réligieuses, sous le nom de Surs Converses, font
seules le service des femmes aliénées, sous la direction
des surs Maitresses et sous maitresses.
Des hommes seuls, sous le nom de Gardiens, surveillés par les
Réligieuses Maitresses font le service personnel des hommes
aliénés.
Il y a un Gardien Chef qui doit ordinairement accompagner les réligieuses
et le Médecin dans leurs visites auprès des hommes.
La Réligieuse Maitresse doit accompagner le médecin
dans ses visites aux femmes.
Chaque Réligieuse Converse employée à soigner
les femmes et chaque gardien employé à soigner les hommes
na ordinairement que huit malades.
Quelques malades ont en outre une sur ou un domestique à
leur service.
Deux fois chaque jour, le matin à sept heures, et le soir à
dix heures, tous les malades sans exception, sont visités par
les Réligieuses maitresses et Sous maitresses, pour ces visites
elles se partagent chaque emploi en trois sections et vont toujours
deux.
Un gardien accompagne les Réligieuses chès les hommes.
Il entre toujours le prémier et quelque fois il entre seul.
Outre ces visites régulieres les Réligieuses Maitresses
et sous maitresses sassurent par elles mêmes plusieurs
fois le jour, de létat des perssonnes et des choses confiées
à leur surveillance.
Le service médical est fait par un Médecin qui voit
les malades tous les jours. Il est pleinement maitre en ce qui les
concerne, et ses prescriptions et ordonnances seront toujours fidèlement
accomplies.
Les chapélains ont le droit de visiter tous les malades. Ils
sont chargés duser de la plus grande prudence en ce qui
concerne leur Ministere. Ils sentendront ordinairement avec
les Réligieuses, le Médecin et les gardiens sur le caractere
et les habitudes des malades à qui il conviendra quils
fassent visite ; et comme parmi les Aliénés, les
uns le sont par excés et les autres par défaut de Réligion,
ils en useront avec chaquun comme il conviendra suivant les circonstances.
Dispositions
spéciales
1re
Partie
La prémiere partie de ces dispositions se rapporte à
la vie privée des perssonnes employées au soin des Aliénés.
Ce qui concerne la vie privée des Réligieuses est contenu
dans leurs Regles et Constitutions formant un volume entier, et ayant
pour but de les diriger dans la pratique des vertus qui constituent
la perfection évangélique.
Ce qui concerne la vie privée des gardiens est renfermé
en 12 articles dont le fonds se réduit à exiger quils
soient dhonnêtes hommes et de bons chrétiens.
Pour cet effet on leur donne des préceptes, des Regles et des
Conseils concernant le lever, les repas, le coucher, la priere, la
messe, la confession, la communion, la fidélité, la
prudence, la subordination, la politesse, enfin des heures sont fixées
pour les instruire lorsquils en ont besoin.
2e Partie
Du soin des Aliénés
Les surs et les gardiens contrarieront le moins possible les
Aliénés. Ils les traiteront avec douceur, ils déféreront
à leurs caprices à moins quil ne sagisse
dexigeances mauvaises, injustes ou dangereuses.
Léver des malades.
À six heures les Réligieuses dans le quartier des femmes
et les gardiens dans celui des hommes commenceront le léver
des Malades.
Il est recommandé en général de suggerer aux
Malades une pensée Réligieuse en ouvrant la porte des
chambres ou des alcoves, et de dire tout haut à cet effet :
Gloria patri.
Il est à cette recommandation des exceptions, les unes transitoires,
les autres perpétuelles.
Les surs et les gardiens démanderont ensuite à
leurs malades comment ils ont passé la nuit, leur témoigneront
de lintérêt et de la bonté, et sil
est nécéssaire leur aideront à se lever et à
shabiller ; mais toujours en les traitant avec douceur
et sans leur faire violence.
Ils démanderont du linge et des habits pour ceux qui en auront
dindécents, de déchirés ou de gatés.
Ils veilleront à ce que la chaussure des Malades soit seche
et dégagée de boue.
Après le lever des Malades, les surs et les gardiens
soccupperont de ceux qui réstent couchés par indisposition
ou autrement. Ils les changeront, sil en est bésoin,
et les tiendront proprement et décemment, dans leurs lits.
Ils otéront aussi toutes les mauvaises odeurs et saletés
qui pourraient se trouver dans les appartements des Malades.
Les surs et les gardiens qui auront les Aliénés
indisposés en avertiront les Réligieuses maitresses
à sept heures, lorsque celles ci viendront faire des visites.
Il faut quà cette heure chaque sur et chaque gardien
ait vu tous les malades, et soit en état de rendre compte aux
Réligieuses Maitresses qui, elles mêmes en feront leur
rapport à la Supérieure et au Médecin.
Celles des surs et ceux des gardiens qui seront chargés
de la priere dans les diversses divisions et subdivisions tacheront
dy réunir le plus de Malades quil leur sera possible.
Tenue des appartements et des meubles
Les surs et les gardiens entretiendront les cellules, les dortoirs
et les chambres des Malades dans un grand état de propreté.
Quand ils trouveront des pailles, des matelas ou du linge mouillés,
ils les otéront toujours et ne les remettront que quand ils
seront parfaitement secs.
Ils laveront les cellules toutes les fois quelles en auront
bésoin : quelques unes devront être lavées
tous les jours.
Tenue et propreté des malades
Les surs et les gardiens laveront chaque jour la figure et les
mains de leurs malades ou les leur feront laver. Ils les peigneront
aussi, chaque jour, ils feront leurs ongles.
Ils veilleront à la conservation des habits, ils en démanderont
pour ceux qui en auraient de sales et des déchirés.
Sils voient des malades dans la boue, ou sous la pluye, ils
iront les en retirer.
Nota. Deux gardiens seront spécialement chargés de faire
les cheveux et la barbe.
Surveillance
Les surs et les gardiens exerceront une surveillance continuelle
sur les Malades, soit dans linteret des malades eux mêmes,
soit dans ceux de la Maison.
La surveillance aura pour objet dappaiser les querelles, de
pourvoir aux besoins de ceux qui tomberaient malades ou qui se trouveraient
embarrassés de quelque maniere, dempécher toute
indécence, de prévenir les dégats, darreter
les évasions et de calmer tout acte de fureur et de violence.
Il y aura toujours quelques surs ou quelques gardiens dans tous
les lieux ou il se trouvera des malades, soit dans les cours, soit
dans les salles, soit dans les jardins, soit à léglise.
Les surs et les gardiens chargés davoir luil
sur les Malades ne sappliqueront ni à lire, ni à
prier, ni à travailler, ni à jouer, mais ils iront et
viendront et feront en sorte que rien ne leur échappe.
Cette recommandation sadresse surtout à ceux qui sont
de garde pendant les offices. Il faut qualors leur activité
supplée au nombre. Ils seraient responsables des accidents
sil en arrivait.
Douceur et Charité
Il est expressement défendu aux surs et aux gardiens
de frapper les malades sous quelque pretexte que ce soit. Ils ne doivent
jamais non plus les traiter rudement, ni les violenter, ni les renversser.
Lorsquune malade, ou un malade, seront furieux, ou dangereux,
en quelque maniere, les surs et les gardiens ny iront
jamais seuls ; mais ils se réuniront en nombre suffisant
pour pouvoir sen rendre maitres, sans leur faire aucun mal,
et sans sexposer eux mêmes au danger dêtre
maltraités.
Les surs et les gardiens feront tout leur possible pour prévenir
les crises des malades ; ils cédéront ordinairement
à leurs caprices, et leur accorderont ce quils désirent
lorsquil ny aura ni danger ni désordre.
Les surs et les gardiens nadresseront jamais aux Malades
aucunes paroles insolentes, dures ou brutales. Ils dévront
au contraire mettre dans leurs procédés, leurs manieres
et leurs paroles toute sorte de bonté, de douceur, de politesse
et de charité.
Jaais les surs et les gardiens ne puniront deux-mêmes
les Malades. Ce droit est réservé aux maitresses des
emplois, au Médecin et à la Supérieure qui pourront
seuls déterminer le genre et la durée des punitions.
Service de tables : repas
Les heures des repas sont fixées ainsi quil suit :
à huit heures du matin, à midi et à six heures
du soir, le déjeuner, le diner et le souper des Aliénés
placés doffice.
Les repas des autres pensionnaires seront à peu près
aux mêmes heures. Pour ceux qui le désireront, on se
conformera, pour les heures, à leurs anciennes habitudes.
Les gardiens et les surs apporteront et serviront fidèlement
aux malades tout ce quon leur donnera pour cela.
Ils veilleront à ce que les Malades ne manquent de rien, et
ils auront soin de porter à manger à ceux qui ne peuvent
venir aux refectoires. Ils feront manger ceux qui ne peuvent manger
seuls. Ils auront soin de serrer après le repas, les fourchettes
et les couteaux.
Sorties, visites et proménades.
Nul Malade ne doit sortir des cours denceinte, soit pour aller
à la promenade, au parloir ou à léglise,
sans être accompagné.
Lorsquune sur ou un gardien promenera un ou plusieurs
malades en ville ou à la campagne, il faudra prendre les plus
grandes précautions pour quil narrive rien de désagréable.
(Il est expressement défendu aux gardiens dentrer eux
mêmes, et de laisser entrer leurs malades dans les caffés,
auberges, maisons de jeu. Il leur est déffendu, sous peine
dêtre chassés de la Maison, de boire eux mêmes
et de laisser boire à leurs malades aucunes liqueurs)
Dans les grandes proménades, lorsquun grand nombre de
malades sortent ensemble en voiture pour des collations à la
campagne, on mettra sécretement dans la voiture une ou deux
camisoles de force pour des cas ou des crises imprévues les
rendraient nécéssaires.
Coucher des Malades
À huit heures tous les Malades doivent être couchés.
La prière du soir précédera le coucher.
Chaque sur et chaque gardien doit coucher ses malades avec autant
de décence quil lui sera possible. Il faut les bien couvrir,
serrer soigneusement leurs habits, fermer les fenêtres, fermer
aussi les alcoves, sil en est besoin, les portes des chambres,
enfin sarranger de maniere que les Réligieuses maitresses
trouvent tout en ordre, lorsquelles feront la derniere visite.
Il est encore du dévoir des surs et gardiens de veiller
à ce que les Malades ne souffrent pas du froid en hiver ;
de mettre des globes à ceux qui en auraient besoin, enfin darreter
les bras et les pieds de ceux qui se découvriraient et sexposeraient
à un froid toujours nuisible et dangereux.
Les surs et les gardiens ne doivent jamais coucher leurs malades
sans changer leur linge lorsquil est gaté ou mouillé.
Observations
Particulieres
1er
Lorsquun nouvel Aliéné entrera dans létablissement,
il devra être baigné et netoyé de la vermine dont
il pourrait être couvert. On sassurera aussi de létat
sanitaire de son corps.
2e Quelques surs dans le quartier des femmes, et quelques gardiens
dans celui des hommes, seront spécialement chargées
des bains, et auront soin que tout sy passe convénablement.
3e La surveillance la plus minutieuse et les plus grandes précautions
seront observées à légard des maladesqui
auront la Manie du suicide.
Travail
Une des principales bases du traitement employé au Bon Sauveur
pour les Aliénés sera un travail reglé et moderé.
Ce travail sera approprié à la force, aux talents et
au sexe des Malades.
Les travaux auxquels on appliquera les femmes, seront la filature,
la couture, le blanchissage, le repassage, la broderie et des travaux
de ménage et déconomie domestique.
On appliquera les hommes à des travaux dagriculture,
dhorticulture, de tissage.
Enfin plusieurs aident aux gardiens à entretenir la propreté
dans les cours et les salles.
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