ORIGINES DE L'ASILE DE PAU
Historique d'un Asile départemental développé presque exclusivement avec ses seules ressources.
« Jusque vers la fin du XVIIIe siècle les aliénés du Béarn étaient renfermés dans la prison du Château de Pau.
Le 9 mai 1771 la Ville acheta au sieur Berdoulet, pour la somme de 20.000 fr., un immeuble sur l'emplacement du Musée actuel, pour y séquestrer les fous et d'autres catégories de malades indignes de l'Hôpital.
Au dire de deux ingénieurs, qui furent alors consultés, 154 lits pouvaient y trouver place et 564 personnes y être renfermées.
A peu de frais, comme on le voit, on pouvait, à cette époque, loger beaucoup de pauvre monde !
Le 25 août 1777, fut donnée l'adjudication de trois loges de fous qui furent installées dans les bâtiments de derrière, séparés par une cour des bâtiments principaux donnant sur la rue Porte-Neuve. Ces cabanons semblaient plutôt destinés à renfermer des animaux malfaisants que des créatures humaines (Extrait de l'Indicateur de Pau du 7 Juillet 1866).
Dans cet amas de misérables constructions, connu sous le nom de Maison de Force, vécurent longtemps pèle-mèle les malades évacués de la prison, les filles atteintes de maladies contagieuses, et les aliénés secourus plus tard par le Département (Origine de l'Asile de Pau, par le Dr Auzouy, et Annales Médico-Psychologiques, Juillet 1869).
Parmi les femmes syphilitiques longtemps enfermées dans les sous-combles du bâtiment donnant sur la rue Porte-Neuve, quelques-unes présentaient souvent le spectacle le plus hideux quand, aux trois quarts nues, ou couvertes de dégoûtants haillons, elles s'étalaient aux croisées provoquant et insultant les passants par les gestes et les propos les plus indécents (Extrait de l'Indicateur de Pau du 7 Juillet 1866).
Les aliénés plongés dans ce pandémonium y étaient-ils mieux traités qu'à la prison du Château?
Il n'y paraît guère puisque jusqu'en 1834, c'est-à-dire pendant quarante ans encore après la réforme de Pinel, on les surchargea de lourdes chaînes, de carcans et de menottes dont les Congressistes de 1904 ont pu voir à l'Asile les monstrueux spécimens exposés pour ce jour-là seulement.
Encore peut-il être intéressant de noter que le fait de les avoir évacués des prisons ordinaires, de les avoir réunis à d'autres malades, avant la Révolution de 1789, impliquait une connaissance plus exacte de la nature de la folie.
L'officier de santé préposé dès lors à ce service se substituait peu à peu aux philosophes moraux pour la connaissance des cas de folie (Arrêts du Parlement de Navarre du 22 août 1749 et du 8 mai 1760, chargeant les philosophes moraux de l'examen des aliénés); la voie dans laquelle la psychiatrie et la médecine légale des aliénés devaient réaliser tant de bienfaits, était ouverte à Pau. La Révolution fit mieux. Elle réserva un espace pour l'emprisonnement des fous.
Il fallut attendre cependant 1834 pour faire tomber les chaînes et démolir ces vieilles bicoques. C'est le Dr Cazenave qui prit l'initiative d'une réforme si lente à venir dans ce pays. Peu à peu, de 1834 à 1854, sur les ruines de cette Maison de Force, Cazenave et son continuateur le Dr Chambert, élevèrent un véritable Asile constitué par deux immenses bâtiments longitudinaux et parallèles, divisés chacun en six segments formant autant de quartiers et possédant autant de cours (Dr BERTHIER, médecin en chef des aliénés de Bicêtre : Excursions scientifiques dans les Asiles d'aliénés de France. Paris, 1865).
Trois départements : les Hautes-Pyrénées, les Landes et les Basses-Pyrénées y colloquèrent leurs aliénés.
Il ne devait pas garder longtemps cette destination. L'espace en était trop mesuré; des rues en construction l'enserraient et l'empèchaient de s'étendre. Pas d'autres perspectives que celles des étages voisins dont la vue surexcitait les malades, aucun moyen d'occuper les aliénés à leurs travaux antérieurs, puisqu'ils n'avaient à leur disposition d'autre champ de culture que des préaux restreints.
Frappé de ces inconvénients, le Dr Auzouy, médecin-directeur de l'Asile de Pau, obtint en 1860 la création d'une annexe agricole sur le territoire actuel de St-Luc, à 2.500 mètres du centre de la Ville, où 23 hectares de terrain furent d'abord loués puis achetés pour le prix de 110.000 francs. 25 aliénés travailleurs en furent les premiers colons.
Peu de temps après, cet aliéniste conçut le projet d'y fonder un nouvel Asile. Pour entreprendre les constructions dont il devait se composer, il indiquait comme ressources le prix de la vente de l'Asile de Pau, qui atteignit 300.000 francs, un emprunt de 450.000 francs gagé par le Département qui serait amorti par les bonis de l'Asile, et les économies déjà réalisées montant à 55.000 francs.
La première pierre de l'Asile St-Luc fut posée le 1er juillet 1865 et dès le 15 juin 1868, tous les services y étaient installés et l'ancien Asile était évacué.
Heureuse spéculation, dont on peut mesurer la portée aujourd'hui que l'on sait que ce département qui, n'ayant doté cette œuvre que des 300.000 francs provenant de la vente de l'ancien Asile, se trouve propriétaire aux portes de la ville d'un terrain de 54 hectares, d'un immeuble dont la valeur justifiée par le total des emprunts successifs dépasse deux millions, sans compter le mobilier évalué à plus de 500.000 francs, où il peut hospitaliser en tout confort ses indigents à un prix de journée qui a baissé progressivement, jusqu'à descendre au-dessous de 0 fr. 75.
Il n'est que juste d'en reporter le principal mérite à Auzouy qui eut l'intuition de cette formule et sut la faire aboutir.
Le nombre des aliénés était de 100 en 1840 et de 435 en 1868 quand s'ouvrit l'Asile St-Luc. Aujourd'hui il dépasse 900.
A l'origine, St-Luc comprenait, en dehors des services généraux, quatre quartiers de traitement dans l'une et l'autre section des hommes et des femmes, répondant à des quartiers de tranquilles travailleurs, semi-tranquilles, agités et semi-agités, infirmes et gâteux. Les épileptiques étaient disséminés parmi les autres malades. Un seul pavillon contenait les pensionnaires de toutes les classes et de tous les types morbides.
En 1872, M. Auzouy dota l'établissement de deux nouveaux quartiers chez les hommes comme chez les femmes, l'un pour les agités et l'autre pour les épileptiques, réunis par un quartier cellulaire.
En 1880, le Dr Lafitte qui, en 1878, avait succédé au Dr Auzouy, fit adopter et put réaliser au pensionnat la création de deux pavillons supplémentaires à trois ailes pour le classement des agités, des malpropres et des épileptiques avec chambres d'isolement pour les plus agités et chambres plus confortables pour les pensionnaires de 1re classe rentrant dans les autres catégories de ce quartier spécial.
La renommée grandissante de l'Asile et du climat de Pau y attirant une clientèle croissante, M. Lafitte n'hésita pas à proposer la création de villas somptueuses pour de riches payants. Son projet, considéré comme téméraire, se heurta à bien des difficultés. Il réussit cependant à le faire aboutir en 1882 et nul ne le regrette aujourd'hui que les dix appartements que contient chacune d'elles sont constamment occupés et insuffisants pour satisfaire à toutes les demandes d'admission.
Ce fut encore ce clairvoyant administrateur qui, n'ayant que trop souvent à constater la mauvaise qualité des viandes fournies par voie d'adjudication, renonça résolument à ce mode d'approvisionnement, institua un abattoir dans l'Asile et la pratique des achats du bétail sur pied, qui depuis lors a assuré aux malades des viandes de premier choix à des prix plus bas que ceux qu'une coalition de bouchers avait fini par imposer pour des livraisons trop souvent défectueuses.
Telles innovations que cette dernière qui, à première vue, peuvent paraître de peu d'importance, méritent cependant de retenir l'attention des administrateurs des grands Établissements hospitaliers où elles sont réalisables, car elles dévoilent une des causes de la fortune de St-Luc.
A cet élan vers le mieux les successeurs d'Auzouy et de Lafitte pouvaient d'autant moins se soustraire que les bonis de l'Asile, augmentant sans cesse, n'étaient pas entièrement absorbés par les dépenses de construction, et que l'accroissement numérique des malades allait encore plus vite que la progression des logements.
M. le Dr Reverchon qui, en 1888, succéda à Lafitte après une courte direction du Dr Pons, eut vite senti la nécessité de réagir contre l'encombrement. En désencombrant l'Asile, il le dota de nouveaux organes de traitement.
En 1890 -1891, les travailleurs agricoles virent bâtir pour eux une nouvelle demeure au milieu des champs, où depuis lors ils vivent en dehors des murs dans une quasi liberté.
Pour les hommes encore on fit un pavillon d'infirmerie complètement détaché des quartiers dans une prairie avoisinante.
Pour les femmes une vaste buanderie au milieu des jardins, adossée à la machinerie à vapeur, à laquelle vinrent s’ajouter une minoterie et une boulangerie qui furent, de la part de M. Reverchon, une de ces inspirations heureuses, rappelant celle de M. Lafitte, préconisant un abattoir pour échapper aux serres des adjudicataires.
Une porcherie modèle et un grand dépotoir-étanche porté à l'extrémité Est de la propriété - que sa retraite prématurée en 1892 ne lui permit pas de voir terminer - entraient également dans le programme qu'il avait conçu et qui en tous points lui fait le plus grand honneur. Cet administrateur accentua le système des bâtiments dispersés qui malheureusement n'a pas toujours été suivi depuis.
Si les diverses étapes d'un Asile s'inscrivent d'habitude sous les noms de ses Directeurs, il serait excessif d'en conclure, ici principalement, qu'ils furent les seuls artisans de son essor et de ses progrès. Incontestablement c'est bien d'eux qu'on attend et que partent presque toujours les initiatives et les premières études. Pour réaliser leurs plans faut-il encore que, suivant l'expression du Dr Auzouy, “il se puisse rencontrer des architectes dont le talent ne croit pas déchoir en puisant ses inspirations dans la pensée médicale” et, doit-on ajouter, des influences éclairées susceptibles d'en faire comprendre la nécessité auprès des Pouvoirs publics.
L'Administration de l'Asile eut toujours et, de plus en plus, cette bonne fortune de faire corps avec une Commission de surveillance remarquablement composée d'hommes compétents qui, en toutes circonstances, employèrent avec opiniâtreté tout le crédit dont ils disposaient pour améliorer l'œuvre dont ils avaient la garde et le plus grand souci.
L'heure vint, en effet, où le Conseil Général, lassé des agrandissements successifs dont il ne pouvait plus prévoir le terme, crut devoir mettre le holà à tout nouveau projet.
C'était en 1892. Pour obtenir des votes favorables, peut-être avait-on eu le tort de laisser entendre à cette Assemblée qu'après chaque programme qu'on lui soumettait, l'ère des achèvements était close, comme si le nombre des cas de folie constatés à une époque déterminée ne pouvait plus être dépassé. Il progressait au contraire avec une telle rapidité que malgré toutes les places qu'on venait de créer, les dortoirs étaient à ce point gorgés de lits qu'ils se touchaient tous, et que pour arriver aux derniers, il fallait en enjamber toute la série.
La mortalité devenait inquiétante.
Devant cette nouvelle démonstration de la nécessité de poursuivre les travaux d'agrandissement, le Conseil Général se laissa fléchir et autorisa l'Asile à utiliser ses bonis pour de nouveaux perfectionnements.
L'ancienne buanderie qui, primitivement, avait été si mal placée à l'entrée même des quartiers de traitement est transformée en logement de ménagères. Vingt lits trouvent place au 1er étage et le rez-de-chaussée devient une élégante salle de théâtre pouvant contenir 200 personnes où les malades, encadrés par les infirmiers ou les infirmières, donnent des représentations dramatiques ou musicales fort goûtées (1895).
Les quartiers centraux élargis (système que seules l'urgence et des raisons impérieuses d'économie pouvaient justifier) procurent 80 places à 20 mètres cubes par lit (1899).
Une aile comprenant un vaste réfectoire et un dortoir de 20 lits (20 mètres cubes par lit) vient terminer le bâtiment des travailleurs agricoles (1899).
Pour la communauté des religieuses-surveillantes et le personnel de l'Administration, insuffisamment logé jusque-là, deux grands pavillons (1899) achèvent d'encadrer le square au centre duquel se dresse la chapelle de l'Établissement, don antérieur d'une bienfaitrice, Mlle Adoue.
Des ateliers, très complets et confortables, viennent s'adosser au préau des aliénés tranquilles qui, n'ayant qu'un porche à franchir, passent sans désordre et sans perte de temps de leurs salles de réunion à leur chantier de travail (1899).
Une vaste infirmerie pour les femmes, bien détachée en pleins champs, sur un point symétrique à celui qu'occupe l'infirmerie des hommes, est terminée en cette même année 1899. L'air et la lumière y sont distribués à profusion. Chaque malade a près de 50 mètres cubes d'air par lit. Tout est peint au ripolin, et lui donne plutôt les allures d'un irréprochable sanatorium que des habituelles infirmeries d'Asile d'aliénés. Elle a particulièrement frappé l'attention des Congressistes.
170 lits ont pu, grâce à ces nouvelles constructions, être retirés des anciens dortoirs qui retrouvaient plus d'aisance et surtout enfin un air respirable. Du coup, la mortalité baissait rapidement de 50 % environ pour ne plus représenter en ces derniers exercices qu'un pourcentage de 5 % sur l'ensemble de la population.
Un chalet spécial pour Chalet spécial pour un seul pensionnaire était édifié dans le voisinage des villas érigées sous M. Lafitte pour les grands payants.
Pour réunir ces bâtiments épars, de larges avenues, où les arbres ont eu vite fait de pousser, en ce pays de végétation luxuriante, ont été ouvertes dans toutes les directions.
Tous les préaux des indigents ont été successivement agrandis et transformés en parcs ombreux.
L'histoire de l'Asile St-Luc présente cette particularité suggestive que plus il s'est agrandi, sans jamais engager les fonds départementaux, puisque ses bonis ont toujours assuré l'amortissement des emprunts nécessaires à l'exécution de ces agrandissements, plus le département des Basses-Pyrénées a pu réduire le prix de journée voté pour l'entretien des aliénés à sa charge (Ces résultats parurent si extraordinaires au Vice-Consul Anglais résidant à Pau, M. Whiteway, qu'il vint à plusieurs reprises se documenter minutieusement sur le fonctionnement de l'Asile, ses origines, son évolution, le confort matériel des malades, etc... , et fit de ses observations le sujet d'un mémoire publié, en Juillet 1900, par le Journal of Mental Science, sous le titre: « L'ASILE DE PAU - UN ASILE PUBLIC SE SUFFISANT PAR LUI-MÊME. » Paru plus tard en brochure, cet article fut traduit en allemand par le Dr Baesler, en Silésie.
Ainsi en advint-il après l'étape terminée en 1900, que je viens de retracer. Le prix de journée qui était de 0 fr. 85 ne fut plus observé par le Département qui, sous forme forfaitaire variable à chaque exercice, l'a fait descendre en réalité au-dessous de 0,75.
Encore était-il, par ce fait, encouragé à favoriser une fois de plus l'essor d'un Établissement qui lui donnait si peu de mécomptes, et il fit bon accueil à une nouvelle série de projets qui s'exécutent aujourd'hui, dont le devis atteint 400.000 fr. trouvés dans un nouvel emprunt gagé comme les précédents sur les ressources de St-Luc.
En voici l'énumération :
Pensionnat. - Construction d'une infirmerie spéciale pour le pensionnat des hommes et d'une autre semblable pour celui des femmes, évaluées ensemble : 105.300 f
Construction d'un chalet particulier pour pensionnaire : 34.200
Acquisition de terrain et travaux de voirie pour le déplacement d'un chemin public situé au sud du pensionnat, pour permettre l'extension de ce dernier : 25.000
Clôture et grille d'entrée sur ce chemin avec pavillon de concierge et salons-parloirs pour les familles des pensionnaires : 40.800
Ferme. - Construction de divers bâtiments à l'usage de vacherie, bouverie, jumenterie, étable pour animaux isolés et de boucherie, hangars divers pour matériel et denrées, laiterie, lapineries, volières, une deuxième porcherie, avec installations accessoires : 126.650
Dépôt mortuaire, avec salon d'exposition, salles d'autopsie, de préparations et conservations nécropsiques, en remplacement du dépôt mortuaire actuel, insuffisant et défectueux : 13.550
Installation du chauffage par la vapeur pour les cuisines et salles de bains, et parachèvement des travaux d'alimentation hydraulique et des égouts : 55.000
TOTAL 400.500 f
Même après ces multiples transformations il ne faudrait pas regarder de trop près pour ne pas constater des lacunes et de nombreux desideratas. Mieux vaut réserver l'avenir et ne jamais fermer délibérément la porte au progrès.
Déjà des préoccupations très vives se font jour sur le manque d'infirmeries de contagieux, de quartiers d'enfants, etc. La liste des améliorations peut-elle être jamais close ?
A ce jour, les améliorations et agrandissements en voie d'exécution compris, St-Luc se compose d'un Asile d'indigents et d'un Pensionnat formant deux établissements presque distincts.
La superficie totale est de 54 hectares dont 11 servant d'assiette aux habitations et 43 réservés à l'exploitation agricole.
Les dispositions sont les suivantes :
Encadrant une cour mauresque, les services généraux comprennent les villas et pavillons réservés au personnel médical et administratif, les bureaux, la cuisine, la dépense, la lingerie, la pharmacie.
Encadrant le square de la chapelle, la communauté des Soeurs, les magasins, les annexes des cuisines, les logements du personnel médical et administratif de second rang; au centre du square, la chapelle.
A droite et à gauche de ce groupe de bâtiments, de longues galeries couvertes donnent accès à tous les quartiers de traitement des aliénés indigents au nombre de six dans la division des hommes et de sept dans celle des femmes.
Soit dans la division des hommes :
Un quartier de malades d'ateliers; de malades maraîchers; de semi-tranquilles et en observation; de malpropres alités; d'épileptiques; d'agités.
Et dans la division des femmes :
Un quartier de ménagères, et la salle de théâtre; de couturières ; de tricoteuses et éplucheuses; de malpropres alitées; de semi-tranquilles et en observation; d'épileptiques; d'agitées.
Au Nord de cette ligne de constructions de 360 mètres de longueur, une deuxième ligne parallèle encore plus longue mais où les pavillons sont plus clairsemés, séparée de la première par la profondeur des préaux et une large avenue de près de 500 mètres de longueur.
On y voit s'échelonner sur de grands espaces pour les hommes :
A l'extrémité Ouest un pavillon d'infirmerie pour 50 malades. A l'extrémité Est une vaste habitation pour 60 travailleurs agricoles et tous les organes d'une grandiose ferme modèle délimitant sur ses quatre côtés une cour normande dont la superficie dépasse deux hectares. Dans un bosquet voisin, le nouvel amphithéâtre, masqué par des massifs arbustes et de fleurs, à plus de 100 mètres de toute habitation.
Pour les femmes :
Une infirmerie, genre sanatorium moderne, entre cour et parc réservés.
Plus loin, les diverses installations de la buanderie et du repassage et les logements contigus des malades employées à ces besognes. Tout à fait au nord, perdu au milieu des jardins potagers, l'abattoir.
La nomenclature des villas du pensionnat est moins longue. Cinq unités de chaque côté, soit, pour les hommes comme pour les femmes:
Un pavillon de tranquilles; d'agités, épileptiques et malpropres; d'infirmerie pour toutes classes; pour les grands payants;
Un chalet particulier pour un seul pensionnaire.
L'ensemble de ces villas est en façade au midi, au-devant de l'Asile, limité sur une longueur de 500 mètres par une élégante grille bordant un chemin public, avec au-delà de grands espaces libres qui sont encore la propriété de l’établissement. Comme paysage de fond les hautes cimes des Pyrénées.
« C'est un émerveillement général, écrit à la suite de cette visite, un chroniqueur du Congrès (L'lndépendant des Basses-Pyrénées, 5 août 1904). Dans un cadre de féerie ayant pour rideau de fond la superbe chaîne des Pyrénées avec ses deux pics : le pic du Midi de Bigorre et le pic du Midi d'Ossau, les montagnes bleues profilent leurs lignes heurtées sur un ciel plus bleu encore, sur le beau ciel de Pau.
Au premier plan un écroulement de verdure sur les coteaux, glissant en avalanches de frondaisons touffues et puissantes, puis des pelouses, des massifs d'arbres d'essences diverses, des parterres de fleurs, des rideaux verts de volubilis grimpant sur les terrasses de St-Luc, nid parfumé des senteurs des roses, des magnolias et des verveines, etc...”
Le total de tous ces bâtiments s'élève à quarante-quatre.
Les logements réservés aux travailleurs offrent cette particularité des plus avantageuses d'être installés au centre même de leurs occupations. Grandes ménagères (occupées aux cuisines, à la pharmacie ou à la lingerie), ouvrières buandières et repasseuses, ouvriers techniques, agriculteurs, peuvent dès lors passer de leur habitation à leur travail sans rencontrer les aliénés des autres quartiers, sans désordre et sans perte de temps.
Une autre particularité qui a bien ses inconvénients au point de vue de la dissémination de la surveillance et de la consommation en combustible, mais aussi de grands avantages au point de vue du calme et de la sélection des baigneurs, consiste dans la multiplicité des salles de bains et d'hydrothérapie. Chaque catégorie de pensionnaires a la sienne, contiguë à son pavillon. Il en est de même pour les infirmeries, pour les chalets particuliers, les épileptiques, les agités et les tranquilles indigents.
L'éclairage est assuré partout moyennant une double distribution de gaz et d'électricité, l'un suppléant l'autre en cas d'interruption.
L'eau puisée dans la nappe souterraine est parfaite. Des machines à vapeur l'élèvent dans un château-d'eau, et des réservoirs à air comprimé vont permettre d'inonder les toitures en cas d'incendie.
Un réseau d'égouts étendu à toutes les parties de l'Asile entraîne toutes les eaux usées en conduite fermée jusqu'à un collecteur central qui se vide dans le grand égout de Pau.
La préparation des aliments et des bains va se faire, dès cette année, à la vapeur au moyen de générateurs installés dans la machinerie de l'Asile.
Toutes les salles de jour et de nuit sont ou vont être peintes au ripolin.» |