du grec, a privatif,
lexis, mot, parole et thumos, sentiment, passion, émotion.
L'alexithymie est un concept proposé en 1972 par Peter Sifneos (Beth Israel
Hospital, Boston, USA), en continuité avec les travaux des Français
Pierre Marty, Michel de M'Uzan, Claude Fain et Christian David (1963) sur la pensée opératoire.
Selon ce concept, les troubles psychosomatiques résulteraient d'une activité
mentale essentiellement dirigée vers le concret et dépourvue d'activité
phantasmatique (« The prevalence of alexithymic characteristics in psychosomatic
patients ». Psychotherapy and psychosomatics, 22; 255-262).
Ce caractère était considéré comme pathognomonique des sujets psychosomatiques.
Par extension, et du fait du constat que l’alexithymie est transnosographique, sa définition actuelle rejoint son étymologie : il s’agit de l’incapacité, ou tout du moins la difficulté d’exprimer ses sentiments par des mots.
Sa prévalence serait particulièrement élevée chez les sujets alccolo- et pharmaco-dépendants (alcool et autres toxiques)
[Voir Olivier Luminet, Nicolas Vermeulin et Delphine Grynberg, L'Alexithymie. Comment le manque d'émotions peut affecter notre santé. De Boeck, 2013, où, comme le titre ne l'annonce pas, il est rappelé que, si elles ne sont pas ou mal exprimées, les émotions ne sont pas absentes chez l'alexithymique, et où par ailleurs est posée la question de savoir si le manque d'expressivité émotionnelle est cause ou conséquence de certains troubles -addictions et dépression-, et si ce mode de fonctionnement ne pourrait pas être une réaction défensive salutaire, une protection contre un traumatisme psychique plus grave.]
Michel Caire, 2009-2015 |