du grec apo,
privatif, temnein, couper, et philein, aimer.
Le préfixe apo signifie loin de -comme apogée :
loin de la Terre-, il marque une séparation, mais aussi un changement
-comme aponévrose-, ou encore un achèvement -comme apoplexie-
Le terme a été inventé en 1977 par Gregg Furth (psychanalyste
jungien lui-même apotemnophile), Russel Jobaris et John William Money, pour désigner
le désir d'être amputé d'une partie saine de son corps.
L'apotemnophilie est un désir, associé à une souffrance
et un sentiment de nécessité d'être amputé (généralement
d'une jambe) si impérieuse qu'il peut conduire à des automutilations. Ce trouble toucherait plus souvent les hommes que les femmes, et la jambe gauche plus souvent que toute autre partie du corps.
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Dans la forme la plus pure de cette affection, l'apotemnophile ressent très tôt, dès son enfance, une partie de son corps, généralement un membre, comme étrangère à lui-même. Ce sentiment, cette sensation de ”membre fantôme négatif” conduit au désir d'en être séparé. Cette 'xénomélie' occupe une place très particulière dans ce qui a été désigné récemment sous le nom de 'transcapacité', le besoin pour une personne saine, “en situation de non-handicap”, de transformer son corps en vue d'être handicapé : amputation, paralysie, cécité, incontinence, etc. Très particulière et assez discutable, puisque le but de l'apotemnophile n'est pas l'acquisition d'un déficit physique, mais de se séparer d'un corps étranger. |
Il a été proposé de désigner l'apotemnophilie sous
le nom d'Amputee Identity Disorder (AID) par Furth et Smith en 2000, et sous le nom d'amputisme par Alexandre Lévy et Jean-Claude Maleval (L'Information
psychiatrique, octobre 2008, 733-740).
Il est actuellement classé comme trouble identitaire relatif à
l'intégrité corporelle (TIRIC, et sa variante, le trouble de l'identité et de l'intégration corporelle ou TIIC) ou Body Integrity Identity
Disorder (BIID), une expression inventée par Michael First en 2004.
Mais la place de cette entité dans la nosographie
fait débat (psychose, parenté avec la dysmorphophobie, parenté avec les
paraphilies ou perversions sexuelles, avec le transexualisme MtF, etc.).
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Michel Caire, 2008-2016 |