du grec a, privatif
et prosexis, attention (être attentif).
L'aprosexie est un terme inventé en 1887 par le docteur A. Guye, d'Amsterdam,
pour désigner le défaut d'attention, généralement
associé à un déficit de la mémoire, observé
chez l'enfant insuffisant ventilatoire nasal (qui, dans la forme la plus marquée
avec difficultés scolaires, a été appelé par Raulin
en 1890 le cancre d'origine nasale).
Guye illustre cette aprosexie nasale par quelques exemples : un jeune
garçon respirait très difficilement par le nez, et en même
temps, était hors d'état d'apprendre quoi que ce fût. Guye
lui extirpe « de grosses tumeurs adénoïdes des fosses nasales
» (hypertrophie des végétations adénoïdes),
et l'enfant apprend son alphabet en huit jours alors qu'il n'avait jamais pu
en retenir plus des trois premières lettres. Un étudiant avait
aussi le nez obstrué et ne pouvait travailler plus d'une heure. Extirpation
de la tumeur, guérison...
Le sens d'aprosexie s'est ensuite étendu au défaut d'attention
de toute origine :
La difficulté -ou l'incapacité- de fixer son attention, de se
concentrer, peut être symptomatique
- d'une affection cérébrale (confusion mentale organique, démence),
- d'un trouble névrotique (hystérie, TOC, où l'aprosexie
est en règle sélective),
- d'une psychose aigüe (état maniaque, avec sa fuite des idées,
bouffée délirante) ou chronique (schizophrénie),
- d'un état déficitaire intellectuel,
ou peut être le signe d'un état de fatigue intense, ou bien encore
l'effet d'un toxique (jusqu'à l'excès de café).
L'aprosexie est l'un des éléments constitutifs du Syndrome
déficitaire de l'attention/hyperactivité ou TDA/H (Attention-deficit
hyperactivity disorder, ADHD ou Attention-deficit disorder, ADD),
dont l'origine neuro-biologique reste à établir.
Michel Caire, 2011 |