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Endophasie

du grec endon, en dedans, et phasis, parole

L'endophasie est le langage intérieur, la parole, la voix intérieure (inner speech)

En référence à l'« Esquisse d’une histoire négative de l’endophasie » de Gabriel Bergounioux, voici ce qu'en expose Marie Jemma-Jejcic dans « "Corps errants chez Beckett" : Un sujet héroïque » sur le site de l'Association Lacanienne Internationale :

L'endophasie est cette parole intérieure qui n'est pas un monologue ou un soliloque, mais une pensée qui démontre que seul, ça parle, pas forcément à voix haute, mais ça pense, enfin on appelle cela pensé, ce qui est certain c'est que du langage suinte sans cesse. Ceci indique aux linguistes, qui s'acharnent à faire de la parole un code d'échange, que la parole n'a strictement que faire du locuteur, encore moins d'un interlocuteur. Seule, elle se suffit pour s'interloquer, pourrait-on dire. Ce que l'endophasie rend fortement sensible c'est qu'une parole, avant de s'articuler, s'entend. Elle se reçoit, donc elle précède un sujet qui la restitue. Un sujet qui parle est, foncièrement, un sujet à l'écoute de l'Autre, à l'écoute d'une voix ou d'une pensée intérieure qu'il lui faut d'abord admettre comme sienne.

Endophasie a été -et est encore parfois- utilisé en psychiatrie comme synonyme d'hallucinations psychiques ou endopsychiques : ces pseudo-hallucinations acoustico-verbales, où la pensée idéo-verbale prend un caractère hallucinatoire, correspondent aux autoreprésentations aperceptives de G. Petit, à la xénopathie de Paul Guiraud.

Michel Caire, 2008
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