Syndrome éponyme décrit par le psychiatre allemand Sigbert Ganser en 1897 et observé dans l’hystérie généralement masculine.
Ce syndrome apparaît deux fois dans le savant Dictionnaire de psychiatrie de Narriman C. Shahrokh, Robert E. Hales, Katharine A. Phillips et Stuart C. Yudofsky [American Psychiatric Publishing, 2011] , traduit en français par Alexis Boehrer et Marc-Antoine Crocq [Elsevier Masson, 2014] :
Il est caractérisé par un état d’obnubilation de la conscience particulier, l’ « hysterischen Dämmerzustand » ou état crépusculaire hystérique marqué par des réponses à côté, incorrectes et plus ou moins absurdes [« Über einen eigenartigen hysterischen Dämmerzustand ». Archiv für Psychiatrie und Nervenkrankheiten 1898, 30 ; 633–640]. Parmi les exemples cités : On fait compter un sujet, il s'arrête à 4. Qu'est-ce qui suit ? 12. Et ensuite ? 93. Combien font 2 + 1 ? 3. Et 3 + 2 ? 7. Dans quelle ville sommes-nous ? A Berlin, en Russie. Combien de pieds a un cheval ? 3, etc.
- à l’article « Psychose carcérale *prison psychosis » (p.232), un curieux renvoi à « GANSER (SYNDROME DE) », sans commentaire.
Est-ce parce que les trois cas princeps étaient des criminels ? Ceux-ci n'étaient pas incarcérés lorsqu'ils ont été observés par Ganser, et n'ont pas été considérés comme atteints de psychoses.
- une définition non moins curieuse de ce syndrome (p.119)
: « Forme de trouble factice dans lequel un patient feint des sympômes psychologiques, comme la démence ou la psychose, sans aucun gain apparent, sauf celui d’être patient ».
Certes, ce syndrome a pu être signalé non seulement dans l'hystérie et chez les déments précoces, mais aussi observé dans les prisons, chez certains simulateurs [Henri Colin, Bulletin de la Société Clinique de Médecine Mentale 1920, p.14. Mais il s'agit alors plutôt d'un 'pseudo-syndrome de Ganser'.
En effet, Ganser rejette nettement l'hypothèse d'une simulation, donc l'éventuelle recherche du bénéfice par ses premiers patients d'échapper à une sanction pénale. Et si les symptômes sont feints et les troubles factices, il ne s'agit plus du syndrome décrit par l'aliéniste allemand.
Comme si un tel syndrome pouvait toucher un dictionnaire qui propose là une définition à côté.
Michel Caire, 2016 |