« Les auteurs désignent sous ce nom une manifestation névropathique singulière, la peur du contact. Ils l'ont observée chez un homme de 68 ans. Le 22 mars 1891, il est pris de paralysie avec troubles de la parole; le 2 avril, à son entrée à l'hôpital, on ne constate que de l'aphasie sans hémiplégie. Même accident le 20 décembre; bégaiement, aphasie; difficulté pour lire et écrire. On pensa un moment à de la paralysie générale.

Le phénomène intéressant est le suivant : depuis l'époque la plus lointaine qu'il se rappelle, il éprouve un tressaillement dès qu'on s'approche de lui ; il se recule si on lui tend la main ; il éprouve une anxiété profonde dès que quelqu'un entre dans la salle. Il n'a peur que du contact à venir; une fois qu'on lui tient la main, l'hésitation diminue. Sensibilité cutanée intacte. Il n'est pas chatouilleux.

Le malade passe pour mal équilibré; sa femme est très nerveuse. Sur 8 enfants qu'il a eus, trois survivent, dont une fille très nerveuse, un fils ayant la même peur des contacts. Son père semble avoir eu la même affection. Un frère du malade est mort fou; une nièce est faible d'esprit ; deux neveux alcooliques. Weill et Lannois considèrent leur malade comme un dégénéré héréditaire, présentant une variété spéciale d'obsession, l'aphéphobie. »

Michel Caire, 2014
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