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Hemvé

de l'allemand Heimweh, de Heim, chez soi, terre natale, patrie et Weh, douleur, mal moral ou physique

« C'est ainsi que l'on nomme en quelques endroits ce que nous appelons par périphrase la maladie du pays. C'est aussi la même chose que la Nostalgie » (Encyclopédie méthodique, VII, 1798, signé Mahon).

Appelé aussi le Mal du Suisse, qui tient à ce préjugé que le Suisse y est très sensible, on l'a dit le premier des maux de l'Homme et de la Femme, puisqu'Adam et Eve, chassés du Paradis terrestre, en subirent les tourments [Georg Ludwig von Baar].

« sub. masc. (Médecine) c'est ainsi qu'on nomme en quelques endroits, ce que nous appelons par périphrase la maladie du pays. Ce violent désir de retourner chez soi, dit très-bien l'abbé du Bos [Réflexions critiques sur la Poësie & sur la Peinture. Utrecht, 1732, II, p.137], n'est autre chose qu'un instinct de la nature, qui nous avertit que l'air où nous nous trouvons, n'est pas aussi convenable à notre tempérament que l'air natal, pour lequel nous soupirons, et que nous envisageons secrètement comme le remède à notre mal-aise et à notre ennui.

Le hemvé, ajoute-t-il, ne devient une peine de l'esprit, que parce qu'il est réellement une peine du corps. L'eau, l'air différent de celui auquel on est habitué, produisent des changements dans une frêle machine ; Lucrece l'a remarqué comme Hippocrate.
Nonne vides etiam coeli novitate et aquarum,
Tentari procul à patriâ, quicumque domoque
Adveniunt, ideò quia longè discrepat aèr
.

Cet air très-sain pour les naturels du pays, est un poison lent pour certains étrangers ; il est vrai que la différence de cet air ne tombe point sous nos sens, et qu'elle n'est pas à la portée d'aucun de nos instruments, mais nous en sommes assurés par ses effets. [...] » [Louis de Jaucourt, Encyclopédie de Diderot et D'Alembert]


Michel Caire, 2019
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