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Misopédie

du grec misos, détestation, haine, et paidos, enfant

La misopédie, haine envers les enfants - classiquement envers ses propres enfants- se traduit par des mauvais traitements (maltraitance), des sévices.

Dans son article « Misopédie, ou lésion de l’amour de la progéniture » (Annales médico-psychologiques 1861, VII, 553-568) consacré à cette maladie du sens moral, le docteur Philippe Boileau de Castelnau distingue entre la misopédie proprement-dite et la folie affective.
Dans la première, le sentiment parternel est absent ; dans la seconde, il existe, mais il est « dévié » : « Le père ou la mère, en infligeant des châtiments, auraient un but absurde, mais inspiré par la tendresse,… ils auraient été mus par un sentiment imaginaire de procurer le bonheur éternel à leurs enfants ». (voir aussi G. Génil-Perrin, « L’altruisme morbide », 1910)

Sur une vision plus large de cette question : J. Arveiller, « Le syndrome de Tardieu. Maltraitance des enfants, médecine légale et psychiatrie au XIXe siècle ». L’Evolution psychiatrique 2011; 76

Le titre d’un récent ouvrage, où le mot est pris dans un sens beaucoup plus général, montre que son antonyme pourrait être l’« Enfant-Roi » (Laurent Ott, Nicolas Murcier, Frédéric Jésu préf., Le Mythe de l'Enfant-roi. Essais sur la misopédie. Philippe Duval éd., 2011. L’un des deux auteurs, Laurent Ott, dans son article « Misopédie quand tu nous tiens... », EJE Journal 2010, n°21, p.7, rappelle à ce propos que, « en 1975, Christiane Rochefort, dans "les enfants d'abord", proposait de définir la misopédie comme l'attitude d'une société dominée par les adultes, qui accueille les enfants dans la violence. ».

La misopédie n’est pas la seule haine de l’autre : selon Guy Bouchard, Les boeufs bipèdes, 2004, « au-delà de la misogynie et de la misandrie, la misohétérie rassemble la misopédie (envers les enfants), la misodoulie (envers les esclaves) et la misoclassie (envers les travailleurs non asservis). »

Notons enfin que, pour Littré, misopédie a le sens de haine de l'instruction. Le célèbre dictionnaire propose une citation de Martin Despois, Plaidoyer de 1609 -où l'auteur écrit misopaedie- : « Ma patrie, voyant cette misopédie des chanoines » [qui refusaient à un jeune homme les moyens de s'instruire].

Michel Caire, 2013
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