de resistentia
(résister vient de resistere, au sens propre se tenir ferme).
En mécanique, la résistance est toute force dont on n'est pas
maître, et qu'on ne peut équilibrer ou vaincre qu'en employant
une autre force dont on dispose (en ce sens, résistance renvoie
au mot levier).
La résistance au traitement est en psychiatrie une réaction
à l'administration d'un traitement, généralement imposé
à un malade inconscient de ses troubles, et qui n'a pas l'effet escompté.
Il s'agit alors non pas d'engager une lutte frontale (par l'augmentation des
doses par exemple) mais d'employer cette autre force, ce levier auquel il est
fait référence plus haut.
La résistance au transfert est un concept freudien, obstacle naturel
rencontré dans la cure psychanalytique, et qu'il convient d'analyser.
La notion de résistance au changement (qui émane de la
théorie systémique) est aujourd'hui l'objet d'un fréquent
abus, comme si le changement en soi était le bien, et que ceux qui s'oppose
à la disparition de ce qui existe, même ayant fait ses preuves,
étaient de vils conservateurs rétrogrades. Il en est ainsi des
restructurations, qu'il serait souvent plus juste d'appeler destructions. Cette
résistance est pourtant souvent, - et la résistance à l'oppression
est toujours - une vertu, et un droit.
Dans le vocabulaire médical, on rapprochera résistant de
rénitent (de renitens, de reniti, résister,
faire résistance) : qui résiste tout en cédant, sans fluctuation
(exemple de la tumeur rénitente), un mot qui n'a jamais été
utilisé à notre connaissance en psychiatrie.
Michel Caire, 2011 |