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Schizophrénie

du grec skhizeîn (ou schizein), diviser, fendre, séparer (d'où schisme, division, séparation, et schiste, pierre qui se fend par lames)
et phrên, phrênos, esprit, âme, pensée, intelligence, cœur, diaphragme (lieu supposé de l'âme dans l'Antiquité)

Terme inventé en 1911 par Manfred Bleuler, psychiatre suisse, pour remplacer celui de « démence précoce » (Dementia præcox de Kraepelin) devenu alors assez péjoratif. Son principal introducteur en France est un élève de Bleuler, Eugène Minkovski (auteur de La schizophrénie, 1927).

En France comme en Allemagne, le terme ne s'impose définitivement face à « démence précoce » qu'assez tardivement, dans les années d'après-guerre.

« Nous appelons "schizophrénies" et non pas "démence précoce" des cas concernant des sujets qui ne sont pas déments, dont la maladie n'évolue pas dans un sens démentiel, qui paraissent indemnes de toute altération organique et qui sont avant tout des dissociés au point de vue des associations psychiques » (Henri Claude, janvier 1944).
Le professeur Claude était en opposition avec la doctrine de Bleuler, qui faisait de la démence précoce et de la schizophrénie un tout indissociable, une position qui s'est depuis imposée. Henri Claude pour sa part distinguait une démence précoce vraie organique, due à des altérations structurales de l'encéphale, et la schizophrénie, manifestation d'une dissociation psychique fonctionnelle, dynamique et réversible grâce au traitement.

Schizophrénie, par son étymologie, met en valeur la dissociation, qui est l'une des dimensions cardinales de cette psychose chronique, processus de dislocation et de désagrégation mentale, tandis que « démence précoce » renvoyait au syndrome déficitaire (négatif) de dissociation. Historiquement, cet affaiblissement psychique était couramment observé lors de certaines évolutions spontanées défavorables (en particulier dans les formes hébéphrénique et hébéphréno-catatonique).

L'autre versant, dit "positif", est un syndrome secondaire de production d'idées délirantes, qui, lorsqu'il domine, constitue la forme paranoïde de la schizophrénie.

Avec Henri Ey, "la" schizophrénie doit être considérée comme une espèce d'un genre, celle des psychoses délirantes chroniques, et l'on préfèrera parler du groupe des schizophrénies, qui ont en commun le processus schizophrénique.

Michel Caire, 2008-2012
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