(Jean Baptiste Henri) Théophile Archambault
Tours (Indre-et-Loire) 19 février 1806 / Paris 12 décembre 1863
Aliéniste, successivement médecin des hôpitaux de Paris en poste à Bicêtre, médecin en chef de l'asile de Maréville, médecin en chef de la Maison de Charenton, puis directeur médecin de la Maison Belhomme, rue de Charonne.
Membre membre de la Société de médecine pratique -élu le 1er décembre 1853- et son président en 1858, membre fondateur de la Société médico-psychologique et son vice-président en 1863.
Théophile Archambault fait ses études à Angers puis à Paris, soutient sa thèse à Paris en 1829, s’installe en Touraine pour y pratiquer son art.
Quelques années plus tard, il revient à Paris, réside rue Poissonnière et fréquente le service d’Esquirol à la Maison de Charenton.
En 1840, année où paraît sa traduction de l’ouvrage de W.-C. Ellis, Archambault est reçu au concours ouvert pour quatre places de « médecins expectants » (dits ensuite « médecins adjoints ») des quartiers d’aliénés des hospices de Paris.
Moreau de Tours et Archambault sont nommés à Bicêtre, Ulysse Trélat et Jules Baillarger à la Salpêtrière.
Archambault est affecté dans le service de François Leuret, le promoteur de la forme la plus pure et la plus radicale du Traitement Moral (qu'Archambault appellera la « méthode perturbatrice »).
Fin 1841, Archambault est chargé de la réorganisation de l’asile de Maréville. Il en est nommé médecin en chef, et y applique l'un de ses grands principes : « Pour mettre de l’ordre dans les idées des aliénés, il faut en mettre autour d’eux ». (Rapport, 1842. Nancy, 1843, p.16). Pendant les sept années passées dans l'établissement lorrain, il enseigne la pathologie interne à l’école de médecine de Nancy et propose des leçons cliniques dans l'asile même, ainsi qu'en témoigne son successeur à Maréville, le grand Benedict-Augustin Morel [1809-1873].
« Lorsqu’au mois de mai 1851, j’ouvris un cours clinique des maladies mentales à l’Asile de Maréville, je n’osais me flatter d’attirer un grand nombre d’auditeurs. (…) Enfin, pour ce qui nous regarde nous-mêmes, ici, à Maréville, nous avons un antécédent qui devait nous encourager ; notre prédécesseur, M. le docteur Archambault, avait obtenu l’autorisation d’introduire à l’Asile des élèves de l’école auxiliaire de Nancy et de les initier à l’étude de ces difficiles maladies. Je suis heureux d’annoncer que l’expérience tentée cette année a dépassé toutes mes espérances. Les élèves de l’école de Nancy se sont, non-seulement distingués par leur nombre, par leur exactitude, mais encore par la manière convenable dont ils se sont conduits, et par leur exquise discrétion envers des malades dont ils doivent ignorer les noms. »
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L'asile de Maréville est devenu le Centre Psychothérapique de Nancy, au n°1 de la rue du docteur Archambault, à Laxou.
Au début de la IIème République, l’Orléaniste Achille Foville [1799-1878] est révoqué de ses fonctions de médecin en chef de la Maison Nationale de Charenton, et le service médical divisé : le 6 juillet 1848, Archambault est nommé médecin chef de la division des hommes, tandis que Louis-Florentin Calmeil [1798-1895] est nommé à la division des femmes.
A Charenton, Archambault mènera à bien la grande réforme de la suppression des quartiers de gâteux. La communication qu'il faite en juin 1851 à l’Académie de médecine suscite les protestations des docteurs Girard [1814-1884] et Renaudin [1808-1865], qui en revendiquent chacun la priorité.
Renaudin expose avoir réalisé la même réforme à l'asile de Fains neuf ans auparavant, tandis que Girard dit avoir publié les moyens employés par Archambault dès 1847 et 1848 dans les Annales médico-psychologiques et les Annales d’Hygiène, revendication soutenue par Baillarger à l’Académie. Par ailleurs, avec notamment Morel, d'autres défendent l’idée qu’il est impossible de faire disparaître complètement les divisions de gâteux. Sur la polémique, on se reportera entre autres au rapport de Londe, Académie de médecine, 1853, et aux discussions à la Société médico-psychologique.
En 1851, Théophile Archambault devient assistant de Jacques-Etienne Belhomme à la maison de santé privée de la rue de Charonne.
Fin 1852, Belhomme lui en propose la direction. Mais le règlement de la Maison de Charenton interdit le cumul de fonctions, et, malgré les précédents Esquirol et Foville, et une démarche de la Commission de Surveillance auprès du ministre de l’Intérieur, Archambault se voit contraint de quitter son poste de médecin en chef de Charenton.
Secondé par son gendre Ernest Mesnet (1825-1898), médecin des hôpitaux de Paris [trois enfants naîtront de son union avec Aline Archambault, Raoul en 1853, Marguerite en 1855 et Jeanne en 1874], Archambault dirige la maison Belhomme jusqu’à sa mort.
Décédé le 12 décembre 1863 dans sa maison de santé « à la suite d’une longue et douloureuse maladie », il est inhumé le lendemain au cimetière de Montmartre.
Travaux
- Essai sur la Pleurésie. Thèse de doctorat en médecine, soutenue à Paris le 21 août 1829.
Les traductions de Théophile Archambault
Archambault connaissait non seulement la langue anglaise -qui lui permit de publier une traduction estimée de l'ouvrage de W.-C. Ellis-, mais également l'allemand, comme en témoigne le manuscrit inédit d'un ouvrage de Friedreich [vendu en 2014 par la Librairie Dejolibelle avec d'autres de ses traductions manuscrites de l'anglais en français provenant de la bibliothèque de René Sémelaigne : cachet gras de sa bibliothèque personnelle sur la page de titre. Ces manuscrits ont été acquis par un de nos confrères et savant historien, qui nous l'espérons en fera une édition commentée]: |
Michel Caire, 2014 |