Désiré-Magloire BOURNEVILLE
Garencières (Eure) 20 octobre 1840 / Paris 29 mai 1909

Médecin et homme politique.

Elève de Louis Delasiauve à la Salpêtrière, Bourneville est pendant dix ans interne dans le service de Charcot (où il dirige avec Paul Regnard la publication de l'importante "Iconographie photographique de la Salpêtrière") jusqu'en 1879, année où il est nommé au concours de médecin des hôpitaux de Paris.

Comme neurologue, il a laissé son nom à une phacomatose héréditaire dont il a fait la première description : la Sclérose Tubéreuse de Bourneville.

Nommé sur concours à Bicêtre, il se voue à la prise en charge médico-pédagogique des "idiots et épileptiques" dont il organise le service, et plus tard dirige la Fondation Vallée à Gentilly jusqu'à son décès. Il est considéré comme l'un des tout premiers pédo-psychiatres (avant la lettre).

Pendant la Commune de Paris, Bourneville avait été nommé chirurgien-major du 160ème bataillon de la Garde Nationale et aurait tenté, dit-on, de s'opposer aux représailles des Versaillais après la Semaine sanglante (mai 1871). Cinq ans plus tard, il est élu conseiller municipal du Ve arrondissement (1876-1883), puis en 1883 élu pour six ans député de la 1ere circonscription de Paris, où il remplace Louis Blanc.

À ces titres, Bourneville promeut plusieurs réformes dans le domaine de la santé : il devient rapporteur du budget de l'Assistance Publique et du budget des Asiles d'aliénés, obtient la création des premières classes spéciales pour enfants arriérés ainsi que de la première école municipale d'infirmière qui ouvre à la Salpêtrière en 1878.

Cette initiative est à mettre au compte de son activisme pour la laïcisation des hôpitaux : anticlérical déclaré, franc-maçon, Bourneville militera sans relâche pour l'éviction des congrégations hospitalières.

Ses engagements politiques n'ont pu que déplaire à Léon Daudet, qui le dit « haut comme une botte, rouge comme une tomate, vindicatif et passionné », ce Léon Daudet qui en a fait un personnage, nommé Cloaquol, de son roman Les Morticoles.

Passionné, le citoyen Bourneville l'était assurément, lorsque, le 18 mai 1889, il prononce au nom de la Société de la Libre Pensée du Vème arrondissement une conférence place Maubert à l'occasion de l'inauguration de la statue d'Étienne Dolet, poète et éditeur qui y fut brulé comme hérétique en 1546...

Bourneville milita également pour la propagation de l'incinération. Ses cendres sont déposées au colombarium du Père-Lachaise, où l'on peut lire:

BOURNEVILLE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ D'INCINÉRATION 1840-1909

Voir aussi
- la notice biographique de Jacqueline Gateaux-Mennecier, qui a publié un important article dans la revue Histoire des Sciences Médicales : “L'œuvre médico-sociale de Bourneville” (2003, 37; 13-30)
- l'article de Claude Wacjman, « Désiré Magloire Bourneville dans le grand centenaire de la Révolution ». L'Évolution Psychiatrique, 55, 1, 1990; 179-191, et les thèses de médecine de :
- Hélène Seringe, Contribution de Bourneville à l'étude de l'idiotie (Paris Pitié-salpêtrière, 1972)
- Marianne Harburger, La vie et l'œuvre de Bourneville (1840-1909), précurseur de la neuropsychiatrie infantile (Paris, 1973),
- Isabelle Saint-Yves, Aperçu historique sur les travaux concernant l'éducation médico-psychologique. Itard (1775-1838) Séguin (1812-1880) Bourneville (1840-1906) (Lyon, A. Rey imp., 1914) (texte en ligne sur le site de la BIUM).