Franz Joseph GALL
Duché de Bade 9 avril 1758 / Montrouge 22 août 1828
Médecin,
neuro-anatomiste, père de la phrénologie.
La phrénologie ou crânioscopie, ou encore crâniologie, est
l'étude « des fonctions des différentes parties du cerveau
et de leurs relations avec les penchants de l'homme », par l'observation
de la conformation externe du crâne.
Cette théorie, appelée vulgairement la "science des bosses",
connut plus de succès à Paris où Gall se fixe en 1807, qu'à
Vienne où il s'était auparavant installé.
Elle a probablement aujourd'hui moins de défenseurs que la physiognomonie,
qui est la connaissance de l'homme par sa physionomie, son caractère,
son intelligence, ses défauts..., où sont donc mises en relation
la morphologie et la psychologie de la personne.
Morel de Rubempré le dit, perfidement, « fameux par ses bosses,
et jouissant d'une grande influence sur les esprits faibles qui, certes, sont
en grand nombre à Paris. »
Et l'Empereur Napoléon est aussi sévère que sagace lorsqu'il
s'interroge sur le système de Gall (Mémorial de Sainte-Hélène,
T. Vi, p.85-86, 22 juillet 1816) :
« J'en fis de même pour Gall (que pour Puységur); j'ai
beaucoup contribué à le perdre. Corvisart était son grand
sectateur: lui et ses semblables ont un grand penchant pour le matérialisme:
il accroîtrait leur science et leur domaine. Mais la nature n'est point
si pauvre. Si elle était si grossière que de s'annoncer par des
formes extérieures, nous irions plus vite en besogne, et nous serions
plus savans. Ses secrets sont plus fins et plus délicats, plus fugitifs;
jusqu'ici ils échappent à tout. Un petit bossu se trouve un grand
génie; un bel homme n'est qu'un sot. Une large tête à grosse
cervelle n'a parfois pas une idée, tandis qu'un petit cerveau se trouvera
d'une vaste intelligence.
Et voyez l'imbécillité de Gall: il attribue à certaines
bosses, des penchans et des crimes qui ne sont pas dans la nature, qui ne viennent
que de la société et de la convention des hommes: que devient
la bosse du vol s'il n'y avait point de propriétés? la bosse de
l'ivrognerie, s'il n'existait point de liqueurs fermentées? celle de
l'ambition, s'il n'existait point de société ? »
(au lieu d'ambition, la Nouvelle Biographie critique et anecdotique
des contemporains, par Napoléon. 1826 écrit audition...).
Mais « Ce fut comme par une revanche des adeptes de Gall, qu'Antommarchi,
étudiant le crâne impérial, y découvrit les organes
des conquêtes, de l'ambition, de la dissimulation, du calcul, de l'esprit
d'induction, etc... toutes choses faciles à y retrouver. » (André
Mire)
Autre commentaire assez drôle de F. J. Double sur Gall et son système
cranologique, en 1806 :
« D'après les portraits que nous avons vus du docteur Gall, sa tête
nous a paru très-applatie sur les côtés; et si nous joignons
cette donnée aux idées que nous a suggérées l'examen
de sa doctrine, nous serons portés à croire que l'auteur de la
cranomancie est loin de présenter la moindre trace de l'organe de la
circonspection. Nous avancerons même, sans craindre de mériter
un pareil reproche, qu'en étudiant sa tête avec plus d'attention
on pourroit bien y découvrir un nouvel organe dont on n'a pas encore
parlé; c'est celui de l'amour de l'exagération; à moins
qu'on ne dise que l'auteur possède à un point excessif et contre
nature l'organe de l'induction, qu'un de ses sectateurs et de ses élèves
a d'ailleurs trouvé très prononcé sur le front de son maître...
»
L'histoire se doit pourtant de reconnaître les qualités de neuro-anatomiste
de Gall, dont les intuitions localisatrices seront reprises bien plus tard,
avec Paul Broca notamment.
La Société britannique de Phrénologie a restauré
il y a quelques années le monument ornant la tombe de Gall au cimetière
du Père-Lachaise (Paris), avec l'épigraphe suivante :
CE MONUMENT A ÉTÉ RESTAURÉ
PAR LES SOINS DE LA
BRITISH PHRENOLOGICAL SOCIETY
INCORPORATED
PAR UN ACTE DE BIENVEILLANCE DE
MAZZINI STUART
DE LIVERPOOL
A LA MÉMOIRE DE SON FRÈRE
BELLAMY STUART
Trois têtes avec les divisions phrénologiques qui constituent le système de Gall ont été gravés à droite, à gauche et à l'arrière du piédouche du buste en marbre, qui a été décapité il y a une dizaine d'années
(uvre de Denis Foyatier, 1828, à partir du moule de sa tête).
Au sujet de la phrénologie, voir le très bon ouvrage de Marc Renneville,
Le langage des crânes. Une histoire de la phrénologie. Paris,
Seuil, 2000; 354 p. (préface du Professeur Lantéri-Laura), dont
le site personnel
vaut d'être visité: on peut notamment y lire le Discours prononcé
par M. le docteur Gall à la première séance de son cours
public le 15 janvier 1808. Introduction
au cours de physiologie du cerveau.
Sur Gall, lire l'article de H. V. Vallois, « Le docteur Gall et la phrénologie », paru dans La Nature, n°3242, juin 1955.
Michel Caire, 2008-2013 |