Paul (Léon Alexandre) KERAVAL
Londres (Royaume-Uni) 11 avril 1852 / Clermont (Oise) 9 octobre 1923
Aliéniste français, médecin des asiles d'aliénés
Le docteur Kéraval est né à Barnsbury Road, quartier d'Islington à Londres. Il est le fils de Mlle Léonie Virginie Kéraval et de père inconnu, comme son frère cadet Alexandre Léon Alphonse Kéraval [1854-1927], né dans cette même ville, artiste dramatique, professeur de diction à la Comédie Française, époux de Flora Gulden, artiste dramatique également.
En 1870, Paul Kéraval participe à la Guerre contre la Prusse comme Engagé volontaire, et il est honoré d'une citation à l’ordre du jour de l’Armée de Paris à la suite du combat du 19 janvier 1871 [Avenir Libéral, 1er février 1871 et Dossier LDH Leonore].
L'année suivante, alors qu'il n'est âgé que de vingt ans, il exerce à partir du 29 avril 1872 les fonctions d'interne à l’asile des aliénés de Sainte-Gemmes sur Loire (Maine-et-Loire) [Dossier LDH Leonore].
Dix ans plus tard, il est nommé médecin-adjoint de l’asile de Saint-Yon par arrêté du 21 août 1882, en remplacement du docteur Germain Cortyl -lui-même titularisé directeur de l’asile d’Alençon-. C'est l'entrée dans une carrière de médecin des asiles publics d'aliénés qui va le conduire aux postes les plus élevés et les plus convoités.
En 1884, il mute de Saint-Yon à l’asile de Vaucluse [Seine-et-Oise] par arrêté du 31 janvier, comme médecin adjoint de chargé de la Colonie des jeunes idiots [poste créé].
Puis, après une période de disponibilité, il est nommé en la même qualité à l’asile de Ville-Evrard [Neuilly-sur-Marne] par arrêté du 1er avril 1889, en remplacement de Chambard, et il est affecté au pensionnat le 18 avril.
À partir du 8 mai 1890, il devient le Médecin en chef de ce même pensionnat de Ville-Evrard ou « maison spéciale de santé, près l'asile de Ville-Evrard ».
En 1892 a lieu à l'asile de Vaucluse, qui est alors avec Sainte-Anne, Ville-Evrard et Villejuif l'un des quatre établissements d'aliénés du département de la Seine, la disjonction des fonctions de directeur et de médecin en chef, qui conduit à la création d’un emploi de directeur et de trois emplois de médecins en chef. L’un de ces trois postes est attribué à Kéraval par arrêté du 24 février 1892 : il devient ainsi le Médecin en chef de la division des hommes de l'asile. Mais sa situation à Vaucluse ne lui convient pas, et il adresse au Ministère une demande de mutation.
« Epinay-sur-Orge le 24 novembre 1894
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Paul Kéraval, qui n'avait pas eu d'enfant avec sa première épouse Berthe Marie Juliette Coubault (mariés le 21 décembre 1873 à Paris), avait épousé en deuxièmes noces Alexandrine Louise Marie Hébert le 6 avril 1890 à Paris, et de cette union étaient nés Yvonne le 29 décembre 1890 à Neuilly-sur-Marne et Paul le 5 novembre 1893 à Epinay-sur-Orge. Leur père s'est donc très tôt préoccupé de leur instruction.
Le 19 janvier 1895, lors d'une visite dans sa division, il est victime à Vaucluse d’une tentative de meurtre préméditée par un épileptique alcoolique, qui lui porte un coup de couteau dans le flanc gauche [L’Union médicale, 26 janvier 1895, n°4, p.48, repris dans les Annales médico-psychologiques 1895, I, 324-325. Voir aussi L’Aliéniste français, 1933, p.257].
Le malheureux évènement, qui n'a pas eu de conséquence funeste, a semble-t-il accéléré l'obtention de sa mutation dans un établissement moins isolé : très peu de temps après, par arrêté du 23 février 1895, Kéraval est nommé Directeur médecin de l’asile d’Armentières (Nord) en remplacement d'Henri Taguet.
Et le 16 mai 1903, il revient à Ville-Evrard où il est nommé Médecin en chef de la division des femmes par arrêté du 7 avril 1903 en remplacement d’Alphonse Febvré, décédé le 6 janvier 1903. Il y sera remplacé par Joseph Bonnet
en 1908, lorsque Kéraval mute à l'asile d’aliénées de Maison-Blanche où deux postes sont créés à l'occasion de l'ouverture de deux nouvelles sections : il devient le médecin en chef de la 4ème section et prend ses fonctions le 1er septembre 1908, tandis que Paul Sérieux est nommé à la 3ème section [arrêtés du 19 août 1908]. Mais Kéraval n'y reste que fort peu de temps, puisque s'offre à lui la possibilité de poursuivre sa carrière à l'asile Sainte-Anne : par arrêté du 19 octobre 1908, il est nommé médecin du service de la consultation externe, des bains externes et du Pavillon de chirurgie de l'Asile Clinique (Sainte-Anne) et rejoint l'établissement parisien le 1er janvier 1909. À partir d’août 1914, il est amené à devoir remplacer Charles Vallon, mobilisé, comme médecin en chef de la division des hommes de Sainte-Anne, et il quitte l'établissement en 1919, ayant été admis, comme le veut la formule consacrée, à faire valoir ses droits à la retraite.
Décédé le 9 octobre 1923 en son domicile 42 rue du Châtellier à Clermont (Oise), il est inhumé dans le caveau familial du cimetière de la ville.
Sa disparition fait l'objet d'une brève annonce dans les Annales médico-psychologiques 1923, II, 384 : « Nous avons le profond regret d’apprendre la mort de notre très distingué collègue le Dr Paul Kéraval, médecin en chef honoraire des asiles de la Seine, décédé à Clermont (Oise) le 9 octobre 1923 à l’âge de 71 ans. »
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Michel Caire, 2025 |