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Juliette [Louise Marie Germaine] LÉVÊQUE épouse PIQUEMAL
Toulouse (Haute-Garonne) 10 octobre 1885 / Toulouse (Haute-Garonne) 19 avril 1939

Médecin des asiles d'aliénés puis des hôpitaux psychiatriques, médecin en chef de l'asile privé de Limoux puis directrice-médecin en chef de l'Hôpital Marchant à Toulouse
Deuxième femme médecin à être entrée dans le cadre des asiles, après Constance Pascal

Membre de l’Association Amicale des Médecins des Etablissements publics d’aliénés de France

Juliette, née à Toulouse, Allée Lafayette n°25 [allées Jean-Jaurès aujourd'hui], est la fille d'Amans Lévéque [1849-1907], né à Montauban, fondeur de cloches issu d'une famille de fondeurs montalbanais, et de Anne Mélanie Philomène Pèlegrin, fille et petite-fille de fondeurs réputés.

Externe à la Clinique des maladies mentales de Toulouse dirigée par le professeur Antoine Rémond [1863-1931], elle finit dans ce même service un internat commencé chez le professeur Maurice Jeannel (chirurgie), chez le professeur Audebert (obstétrique), etc.. En décembre 1909, elle était en 5e année lorsqu'elle a obtenu une bourse de 600 fr. pour poursuivre ses études : « La mère veuve à Toulouse, 3 enfants » [J.O. 15 décembre, p.11823] : le chef de famille, Amans, s'est éteint le 25 avril 1907.

En 1911, Juliette soutient sa thèse à Toulouse sur l'aphasie dans les toxi-infections de l'enfance, qu'elle publie la même année. Elle est alors « ex-aide d'Anatomie, Ex-Interne des Hôpitaux et de la Clinique infantile, Lauréat de la Faculté des Sciences et de la Faculté de Médecine ».

La même année, Le Républicain de Toulouse et du Midi annonce dans son numéro du 8 mars 1911 une conférence qu'elle doit donner à Castelnaudary sur l'éducation physique et la dit « docteur en droit », ce dont nous n'avons jusqu'ici pas trouvé confirmation : « Castelnaudary. Conférence populaire. Ce soir, à huit heures et demie, salle du théâtre, conférence de Mlle Juliette Levêque, doctoresse en droit, ancienne interne des hôpitaux, lauréate de la Faculté des sciences et de médecine de Toulouse, sur "l'éducation physique". »

Juliette est deux ans plus tard reçue au concours de l'adjuvat des asiles d'aliénés tenu en mars 1913, et elle est aussitôt nommée médecin adjoint de l'asile privé de Limoux, Aude (arrêté de juin 1913). Eelle y exerce pendant 24 ans, d'abord donc comme médecin adjoint puis comme médecin chef.

Le 20 janvier 1916, elle a épousé à Limoux le docteur Jean Piquemal, alors médecin major de 2e classe au 57e d’artillerie [de cette union naîtront trois enfants, Josette, Juliette et Jacques]. Son mari occupe quelques temps un poste de médecin assistant à l'asile de Limoux, puis de médecin adjoint provisoire en juillet 1919. Mais ayant été reçu au concours 1920, il est amené à devoir prendre un poste de médecin adjoint à Fains, dans la Meuse, avant d'obtenir sa mutation au Centre Psychothérapique Saint-Joseph de Cluny (Limoux), où il rejoint donc son épouse, et y exerce ensuite comme médecin en chef.

Le docteur Jean Piquemal meurt -de son diabète- le 3 janvier 1936, dans sa cinquantième année, et sa veuve ne tarde pas à quitter Limoux pour Toulouse, sans doute pour se rapprocher de sa famille. mais cette mutation constitue aussi une promotion, puisque, par arrêté ministériel du 20 février 1937, elle obtient le poste de médecin-directeur de l'important hôpital psychiatrique de Braqueville, succédant à Maurice Dide [1873-1944].

Avant sa prise de fonction le 16 avril 1937, le médecin chef de la division des femmes indigentes est Gustave Lafage [1877-1959], et celui de la division du pensionnat, Aimé Perret [1895-1968]. Tous deux assuraient l'intérim de la division des hommes indigents depuis le 16 octobre 1936, date du départ à la retraite de Dide.

Son arrivée s'accompagne d'une nouvelle répartition à partir du mois de mai : Piquemal-Lévêque, par ailleurs directeur, est le médecin-chef de trois des quartiers de la division des hommes indigents : « Mitivié », entrants et infirmerie; « Pariset », gâteux et « Falret », demi-tranquilles. Lafage garde la division des femmes indigentes et Perret la division du pensionnat (hommes et femmes), le complément de la division des hommes indigents : quartiers de travailleurs, agités, épileptiques, vieillards et alités, ainsi que le service des enfants aliénés (20 lits pour moins de 14 ans, inauguré en avril).

Notons que ses deux premiers internes à Braqueville pour l'année 1937-1938 sont un certain Hamel et Lucien Bonnafé [1912-2003], qui deviendra le chef de file du mouvement désaliéniste et l'un des principaux promoteurs de la psychothérapie institutionnelle.

Dans son numéro du 25 août 1938, le quotidien La Dépêche annonce que la voiture conduite par Mme Piquemal-Levêque, « directrice de l'hôpital psychiatrique Marchand » s'est écrasé contre un pylône sur la route de Narbonne, au quartier Saint-Agne, et qu'elle est sérieusement blessée au visage et à la poitrine.
À la fin de l'année précédente, l'Assemblée départementale avait pris la décision de séparer les fonctions de médecin-chef et de directeur de l'hôpital psychiatrique. Piquemal-Lévêque, jusque là directrice-médecin, resterait médecin en chef, tandis que Jean Gouzy, docteur en droit, receveur de l'hôpital, serait nommé directeur administratif, ce que décide ministre de la Santé publique par arrêté en date du 22 septembre 1938.

Ce qui conduit à une nouvelle répartition des services médicaux :
a) Division des femmes indigentes : M. le Dr Lafage, médecin chef de service, chevalier de la Légion d'honneur;
b) Division des hommes indigents : Mme le Dr Piquemal-Lévêque, médecin chef de service;
c) Division du pensionnat : M. le Dr Perret, médecin chef de service.

La mesure prise par le Conseil général et donc entérinée par le Ministre sans « qu'aucune faute n'ait été relevée dans sa gestion » la lèse doublement, « dans sa dignité et dans ses intérêts », considère l’un des membres de l’Assemblée [Rapports et délibérations, Conseil Général de la Haute-Garonne, séance du 7 novembre 1938]. Après avoir été déboutée de sa réclamation par le Ministre, il semble que le Dr Piquemal-Lévêque ait fait un recours devant le Conseil d'Etat.

Nous ignorons si la procédure était parvenue à son terme avant qu'elle ne décède le 19 avril 1939, à l'âge de 53 ans.

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Publications
[à compléter]

(avec M. Levadoux) Documents recueillis dans les salles de dissection. Anomalies musculaires, vasculaires et nerveuses. Toulouse médical

(avec M. Levadoux) Anomalie de la veine jugulaire interne. Toulouse médical

(avec M. Laffont) Hydronéphrose avec anomalie vasculaire. Toulouse médical

(avec R. Cestan) Observation d'un cas de maladie bronzée d'Addison. Toulouse médical

Hypertrophie prostatique, calcul de la vessie et énorme dilatation des uretères. Société Anatomo-clinique

Paralysie infantile généralisée. Toulouse médical

Insertions inférieures du muscle grand fessier. Congrès d'Anatomie de Lille, 1905

Les formations graisseuses intra et périarticulaires. Congrès d'Anatomie de Marseille, 1909

Etude de l'aphasie dans les toxi-infections de l'enfance. Toulouse, Ch. Dirion, 1911; 141 p. [thèse de doctorat, Toulouse, 1911 n°937]

A. Rémond (de Metz), Professeur du service des maladies mentales à la Faculté de médecine de Toulouse et Juliette Lévêque, Aide de clinique, « Note sur un cas de fugue de nature épileptique ». Annales médico-psychologiques 1912, I, 548-553

De la fugue chez les déséquilibrés et dans un cas de démence primitive de Delasiauve Démence précoce de Kraepelin. Par Mlle Lévèque, docteur en médecine, Chef de clinique adjoint au service des maladies mentales de la Faculté de médecine de Toulouse. Annales médico-psychologiques 1913, 3; 140-149 [dans le service spécial de La Grave]

« Psychose à base d'interprétation passionnée. Un idéaliste passionné de la justice et de la bonté, par Maurice Dide Directeur-Médecin et Mlle Juliette Levêque Interne en médecine (de l'Asile de Toulouse) ». Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière, janvier-février 1913, XXVI, pp.56-62 .

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Michel Caire, 2023
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