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Joseph LÉVY-VALENSI
Marseille 28 octobre 1879 / Auschwitz 25 novembre 1943


Neuropsychiatre, Professeur à la Faculté de médecine de Paris, historien de la médecine.

Après avoir commencé ses études de médecine dans sa ville natale, Lévy-Valensi monte à Paris où il est reçu au concours de l'internat des Hôpitaux de Paris. Il est successivement interne dans le service du professeur Roger, chez Jean Nageotte, chez Gilbert Ballet puis chez Fulgence Raymond où il fait la connaissance d'Henri Claude, alors jeune agrégé.

Lévy-Valensi est chef de clinique de Jules Déjerine à la Salpêtrière lorsque la guerre éclate, et ce n'est que bien plus tard, en 1921, qu'il pourra devenir médecin des Hôpitaux de Paris : de Brévannes, son premier poste, il passe à Ambroise Paré, puis à l'Hôtel-Dieu et en 1938 à la Salpêtrière, avant d'être de nouveau mobilisé l'année suivante.

Reçu au concours de l'agrégation en 1929, il aura été pendant treize ans agrégé dans le service du professeur Henri Claude à Sainte-Anne (Paris). En octobre 1939, Lévy-Valensi devient titulaire de la chaire d'Histoire de la Médecine à la Faculté de Médecine de l'Université de Paris.

En matière d'histoire de la médecine, J. Lévy-Valensi a publié plusieurs articles dignes d'intérêt, et deux ouvrages importants :

- en 1927 une « Note sur le suicide du duc de Bourbon (27 août 1830) : étude de psycho-pathologie historique » (Bulletin de la Société française d'Histoire de la médecine, 21; 195-200),

- en 1929 Louvel le magnicide. Etude de psycho-pathologie médico-légale (avec Denis Pigot. Paris, G. Doin, extrait de L'Hygiène mentale, XXIV, 5, 1929; 126-150) [Louis Pierre Louvel, assassin du duc de Berry]

- en 1929 encore, « L'affaire de La Roncière » (avec S. Séguinot), L'Hygiène Mentale, XXIV, 5; 150-156

- en 1933 un intéressant article dans La Semaine des Hôpitaux (n° 15; 515-527) sur « Urbain Grandier et les Possédées de Loudun », et surtout,

- Cette même année 1933 : La médecine et les médecins français au XVIIe siècle. Avec 51 planches et 86 figures dans le texte (Paris, J.B. Baillière).

- En 1935, il présente au Congrès des médecins aliénistes (Bruxelles) une communication intitulée « Mesmer et la suggestion » (C.-R., Paris, Masson, pp.431-434).

- En 1936, une Histoire de la presse médicale française aux XVIIe et XVIIIe siècles (avec Maxime Laignel-Lavastine. Paris, l'Expansion scientifique française).

- En 1937, « La presse médicale française au XVIIe siècle : les journaux de Nicolas de Blégny » (Paris, Paris Médical, 38 p.).

Exclu de l'enseignement le 19 décembre 1940 du fait de ses origines juives et des lois discriminatoires, il est réintégré par décret du 2 février 1942, et proposé par le Conseil de Faculté, dans sa séance du 18 juin 1942, pour la chaire de clinique des maladies mentales à Sainte-Anne (Paris), libre depuis le départ de Maxime Laignel-Lavastine.

Nommé par arrêté du 30 septembre 1942, il ne peut cependant prendre ses nouvelles fonctions, s'installe en zone libre, professe à Aix et à Marseille dans le service d'Henri Roger.

Fin octobre 1942, il est à Montpellier, où il fait avec Jean Christophe et Mlle Granier une communication au Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue française sur « Cinq mois de thérapeutique par l'électro-choc » [pp.337-340 des Comptes rendus].

Sa fille a révélé en 1987, suite à la communication de J. Bieder devant la Société médico-psychologique, qu'il portait en ce temps-là sur lui un papier signé du Maréchal Pétain :

«Messieurs les Allemands, cet homme est un grand Français, n'y touchez pas»

Médecin de réputation internationale, Lévy-Valensi était en effet décoré de la Croix de Guerre et de la Légion d'honneur à titre militaire pour son comportement pendant la Grande Guerre, avant d'être grièvement blessé en 1915.

Joseph Lévy-Valensi est néanmoins arrêté le 5 septembre 1943 à Nice au cours d'une rafle, puis conduit à Drancy et déporté le 20 novembre à Auschwitz, où il est assassiné le 25 (Journal Officiel du 24 octobre 1993).

Du balcon qui s'accroche à la muraille sombre
Malgré le mur d'acier et le garde alerté
Mon regard, libre lui, suit, lorsque le jour sombre,
Le chemin qui, là-bas, mène à la liberté

J. Lévy-Valensi, Drancy, 11 novembre 1943 (cité par F. Caroli, 2008)

Voir : Henri Roger, La Presse médicale, 9 février 1946, 6; 99. Joseph Bieder, Annales médico-psychologiques, 1987, 145; 246-251 et Perspectives Psychiatriques, 37, 1, 1998; 39-40, ainsi que la thèse de A. Blanot, Le Professeur Levy-Valensi 1879-1943. La vie et l'œuvre d'un maître de la psychiatrie (Paris, 1953).

François Caroli, « Les visages martyrs de l'hôpital Sainte-Anne : portraits d'hommes et de femmes, résistants et déportés ». Les hôpitaux dans la guerre, Le Charche Midi, 2008; 132-136

Michel Caire, 2008-2017
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