(Armand Victor) Auguste MARIE
Voiron (Isère) 16 février 1865 / Clamart (Hauts-de-Seine) 29 juillet 1934
Psychiatre, hygiéniste, philanthrope.
« Certain jour, au cours d’une consultation, un pauvre dément devenu furieux pour des raisons qu’on ne connaîtra jamais, avait déchargé à bout portant plusieurs balles de revolver sur la poitrine du Docteur Marie. Heureusement, toutes les balles avaient été amorties par une épaisse liasse de papiers, par le manuscrit d’une brochure qui gonflait la poche du praticien. » [Discours prononcé par M. Paul Fleurot, Ancien Président du Conseil Général de la Seine, in : Docteur Auguste Marie (1865-1934). Paris : J. Peyronnet, 1934]
Médecin en chef des asiles d'aliénés du département de la Seine, fondateur de la première Colonie Familiale en France, créateur du premier musée d'art pathologique [art brut], initiateur du premier centre français de malariathérapie.
Membre de la Société médico-psychologique, de la Société de Médecine Mentale, de la Société Médicale des Hôpitaux, de la Société de Thérapeutique de Paris, de la Société de Médecine de Paris, de la Société pour l’étude des questions d’assistance.
Douze fois lauréat de l’Académie de Médecine, quatre fois lauréat de l’Académie des Sciences.
Croix de Commandeur de l’ordre de la Légion d’honneur (1921), commandeur de l’ordre d’Isabelle la Catholique (Espagne), Aigle-Rouge de Prusse (1909), Ordre de sainte-Anne (Russie, 1897), Chevalier de l’ordre de Léopold (Belgique, 1898), Commandeur de la Couronne d’Italie (1916).
Maire d’Orly pendant 14 ans, Conseiller général de la Seine.
Promoteur et co-administrateur de la Ligue contre le taudis, fondée en mars 1924.
Fondateur et directeur de la Maison de Santé du Château de Grignon, à Orly.
Originaire du Dauphiné, Auguste Marie, -prénommé parfois aussi Auguste-Armand -, est le fils d’Auguste André, professeur de musique alors âgé de 44 ans et de Joséphine Girod, âgée de 34 ans. Auguste, fils d'Auguste, fait ses études à l’Ecole de médecine de Grenoble, où il devient interne de l’hôpital militaire (Concours 1885), et prosecteur à ladite école en 1886.
Par ailleurs, il suit des études de droit, obtient une licence, et s'inscrit comme avocat au barreau de Grenoble.
Auguste Marie vient ensuite à Paris, où il est reçu au Concours 1887 de l'externat des hôpitaux (médaille de bronze) et en 1888, au Concours de l'internat des asiles de la Seine (médaille d’Or en 1890). En 1892, il soutient sa thèse de doctorat en médecine sur les délires systématisés.
Sa carrière de médecin des asiles débute dès cette même année, après son succès au Concours de Médecin adjoint de la région de Paris, et sa nomination à l’Asile de Mayenne, puis à l’Asile d’Evreux. Reçu le 3 octobre 1892 médecin-adjoint des asiles de la Seine, Marie n'a pas 28 ans lorsqu'il se voit chargé de l'organisation et de la direction de la Colonie familiale de Dun-sur-Auron (Cher), qui dépend du Service des aliénés du département de la Seine. La Colonie reçoit ses premiers malades en décembre 1892, et connaît vite une prospérité qui conduira à la fondation d'une institution analogue, pour les hommes, à Ainay-le-Château dans l'Allier.
Marie est officielement nommé directeur-médecin en chef de la Colonie de Dun le 1er janvier 1896. Le 1er avril 1900, il "passe" à l’asile de Villejuif comme médecin en chef de la Division des Hommes, en remplacement de Charles Vallon.
C'est là que le docteur Marie se distinguera notamment par l'intérêt porté aux productions artistiques de ses malades. Avec son collaborateur le docteur Paul Meunier (1873-1957), plus connu sous le pseudonyme de Marcel Réja, il rassemble une collection de leurs œuvres dans un éphémère Musée de la folie ouvert au public.
En 1908, Marie est victime dans son logement de fonction de l'asile d'une tentative d'assassinat commise par un de ses anciens malades, dont la presse se fait l'écho (voir ci-après l'article du Petit Parisien en date du 30 Juin 1908) et qui est ainsi relaté lors de ses obsèques :
Dans les premières années du siècle, Auguste Marie est également le directeur du Laboratoire de Psychopathologie à l’Ecole des Hautes Etudes (Sorbonne), où s'illustre son élève Nicolas Vaschide, représentant de la première génération des freudistes français, chef de travaux du laboratoire. Vaschide y conduira de savantes études de psychologie expérimentale jusqu'à son décès prématuré, à l’âge de 33 ans, en octobre 1907.
Engagé volontaire en 1914, le docteur Marie part au front avec un régiment du Cher, fait campagne comme médecin-major au 95e d’Infanterie (8e Corps d’Armée) dans les lignes de la Mortagne, puis en Woëvre, où il est blessé à la tête le 26 novembre 1914 dans la forêt d'Apremont, alors qu’il s’était porté en première ligne. Marie est évacué sur Bourg puis, après extraction d’une balle logée dans la fosse temporale droite, transféré à Paris en mai 1915 à l’hôpital des Alliés du boulevard Arago (VG/19).
Il y reste attaché comme médecin-chef, avant d’être affecté au Laboratoire central de l’Armée de janvier 1916 à mars 1918 (en charge de la direction des vaccinations aux militaires du Gouvernement de Paris et des régions, ainsi que des brigades Russes au Camp de Mailly). Le 9 mars 1918, il est, comme expert militaire, mis à la disposition des six Conseils de Guerre du Camp retranché de Paris. C'est à titre militaire qu'il sera fait commandeur de la Légion d'Honneur en 1921.
Après guerre, le docteur Auguste Marie reprend ses fonctions à l'asile de Villejuif, avant d'obtenir sa nomination à l'Asile Clinique (Sainte-Anne) comme médecin chef des consultations externes en 1920, puis à la Division des Hommes l'année suivante.
C'est sous son impulsion que le premier centre d'impaludation français (premier traitement biologique efficace d'une maladie à expression psychiatrique) voit le jour à Sainte-Anne en 1923.
Puis, à partir de 1926 et jusqu'à sa retraite en 1929, il dirige le prestigieux Service de l’Admission.
Sur la Colonie familiale de Dun-sur-Auron, voir Juliette Rigondet, Un village pour aliénés tranquilles. Fayard, 2019, qui consacre de nombreuses pages à A. Marie et son épouse, née Daria Mirvoda [voir notamment pp.21-30].
Principaux travaux
Etude sur quelques symptômes des délires systématisés et sur leur valeur. Paris, O. Doin, 1892 ; 144 p., fig. (thèse)
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Michel
Caire, 2014-2021
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