Yves (Jean Marie) PORC'HER
Rouen (Seine Maritime) 24 juin 1887 / 9 janvier 1969
Médecin aliéniste
Après avoir effectué un stage de psychiatrie à la Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale de l'hôpital Sainte-Anne à Paris (professeur Gilbert Ballet) en 1910 et 1911, Yves Porc’her (prononcer 'por-air') est nommé interne de l’Asile de Quimper 1913-1914, dans le service du docteur Abel Meilhon puis dans le service du docteur Henri Nouët.
Volontaire en 1914, il a pendant les trois années passées au front une conduite qui lui vaut la médaille militaire et la croix de guerre.
« Si l'on veut retrouver un sens à ces mots si souvent dévalués de bravoure, de dévouement, de patriotisme, d'héroïsme, il n'est que de lire la citation dont il est l'objet le 18 juillet 1915. La voici, c'est un hommage que nous devons rendre à notre collègue que d'en peser en nous-même tous les mots » (O. Garand) :
|
Reçu au concours de l’internat des asiles de la Seine, il est successivement interne auxiliaire du service du docteur Marcel Briand, à l’Admission (Sainte-Anne) de 1919 à 1920, à l’Infirmerie spéciale du Dépôt, le docteur G. Gatian de Clérambault en étant le médecin chef, de 1920 à 1921, puis interne titulaire de nouveau à l'Admission Femmes en 1921-1922, et à Villejuif en 1922 et 1923, dans le Service des aliénés difficiles du docteur Henri Colin, et dans celui du docteur Maurice Ducosté.
En janvier 1923, il soutient à Paris sa thèse de doctorat présidée par le professeur Henri Claude, sur la sortie des déséquilibrés pervers et antisociaux délinquants placés d'office dans les asiles d'aliénés. Cette thèse est dédiée à ses maîtres des Asiles de la Seine, Briand, Colin, Sérieux, Toulouse et Ducosté, ainsi qu'à de Clérambault.
En 1923, Porc'her prend un poste d’assistant à l’asile de Villejuif, service du docteur Maurice Legrain, puis dans le Service de Prophylaxie mentale du docteur Edouard Toulouse de 1924 à 1926, avec le titre de « Médecin traitant » de l’hôpital Henri-Rousselle.
En 1925, il obtient son Certificat de Licence ès Sciences (Physiologie générale) à la Faculté des Sciences de Paris, et surtout, il est reçu au concours de médecin chef des Asiles Publics d’aliénés.
C'est le 1er octobre 1926 qu'il prend son premier poste à l’asile de Font d’Aurelle. A la Faculté de Montpellier, il participe à l’enseignement de la Clinique des maladies nerveuses et mentales dirigée par le professeur Jules Euzière.
De Montpellier, Porc'her mute de 16 août 1928 à Dury-les-Amiens en la même qualité de médecin chef de service, en remplacement de Carriat. Cette année-là, il est nommé expert psychiatre près les Tribunaux.
Le 1er octobre 1931, il passe médecin chef de service à la Maison de Santé de Maréville (Meurthe-et-Moselle), près Nancy (poste créé), et devient d’autre part chef de laboratoire d’électro-physiologie à l’Institut d’Hydrologie de la Faculté de Médecine de Nancy.
Reçu au Concours du 29 mai 1933 médecin-chef des asiles de la Seine, ce n'est qu'en 1935 qu'il rejoint l'asile de Villejuif, où il avait été interne et assistant.
En 1938, il succède à Léon Marchand à la 1ère section hommes de l'asile Sainte-Anne (Paris).
Quelques années plus tard, sous l'Occupation, tandis que l'hôpital parisien est partiellement transformé en hôpital militaire allemand, Yves Porc'her s'engage dans la Résistance : le capitaine Delcourt -son nom dans la clandestinité- s'illustre comme l'un des chefs du réseau d'évasion Shelburn, chargé de l'évacuation des aviateurs alliés en France. Une activité dans l'Armée des ombres qui amène à son arrestation et lui vaut une incarcération pendant plusieurs mois à Fresnes.
« Il simula alors, comme on le sait, un ictus aphasique et subit une encéphalographie gazeuse faite à l'Hôpital Beaujon par les Allemands qui conclurent à une maladie d'Alzheimer. Heureuse erreur de diagnostic ! », déclare O. Garand, président de la Société médico-psychologique, dans un hommage à sa mémoire en 1969 : « Ses magnifiques états de service lui valurent la Légion d'Honneur, la Médaille de la Résistance et les décorations anglaises et américaines les plus hautement estimées. » |
Le 1er avril 1946, Yves Porc'her devient le médecin-chef de l'Hôpital Henri-Rousselle en remplacement de Georges Génil-Perrin. Il y sera le premier médecin en chef à ne plus en être le directeur, Henri-Rousselle ayant été rattaché administrativement à Sainte-Anne. Avec ses collaborateurs Julian de Ajurriaguerra, Pierre Mâle, René Zazzo, Dell, Mme Leyrie, Mme Santucci, il développe ou crée les laboratoires de Psychologie et de Neurophysiologie, le service de Guidance infantile, une nouvelle section de neuro-psychologie.
Bianka Zazzo, dans Une mémoire pour deux (1ère éd. 1958), atteste que « c'est en grande partie grâce à l'appui matériel et moral d'Yves Porc'her » que le laboratoire de psychologie a pu devenir un éminent centre de recherche et d'applications.
Parallèlement, il participe activement aux travaux de la Ligue d'Hygiène mentale dont il est le Secrétaire général puis le Président de 1946 à 1958.
Avec René Zazzo, il fonde en 1944 et anime le centre de rééducation de « La Mayotte » (complété en 1964 par un centre médico-psycho-pédagogique) dont, une fois retraité d'Henri-Rousselle en 1958, il acceptera d'être le médecin-directeur. Un hôpital de jour porte aujurd'hui son nom, à La Mayotte Montlignon (l'historique proposée sur le site internet de La Mayotte oublie le rôle essentiel de Porc'her dans la naissance de l'institution).
Michel Caire, 2012-2014 |