Mazhar Osman Uzman (1884-1951) fondateur de la psychiatrie turque et ami de la France

Mazhar Osman Uzman (1884-1951), Türk psikiyatrisinin kurucusu ve Fransa’nin dostu


Éléments biographiques
Les séjours en Allemagne
Retour en Constantinople et Guerre des Balkans
La Première Guerre mondiale et l'hôpital Notre-Dame de la Paix
Les réunions de Chichli et la première revue turque de neuropsychiatrie
Mazhar Osman bey, médecin du père Komitas
Edirne et la libération des fous de leurs chaînes
D'autres fondations
Hygiène mentale et civilisation
De quelques positions controversées
Elèves et collaborateurs
Mazhar Osman et la France. Les sociétés savantes
Les Congrès des médecins aliénistes
D'autres congrès
Autres travaux et publications
Le professeur Uzman, ami de la France

Références [Bibliographie et sites consultés]




Fondateur de la neuro-psychiatrie turque moderne, le professeur Uzman est aujourd'hui presqu'inconnu dans notre pays, même dans le milieu psychiatrique, bien qu'il ait été membre de plusieurs sociétés savantes françaises, qu'il ait participé à de nombreux congrès médicaux francophones et qu'il ait publié dans notre langue.



Cette évocation nous semble d'autant plus utile que ses relations avec la France ne sont pas ou que très marginalement évoquées dans les nombreux ouvrages et notices consacrés à sa vie et son œuvre.


de Mazhar Osman bey à Mazhar Osman Uzman

Précisons un point au sujet de son patronyme : en application de la loi sur le nom de famille de juin 1934 [Soyadi Kanunu, 21 Haziran 1934 = création de l'état civil] qui fait obligation aux Turcs de se choisir un nom de famille, Mustafa Kemal a décidé de s'appeler Mustafa Kemal Atatürk, le père des Turcs et celui qui s'appelait jusqu'alors Mazhar Osman a pris le nom de Uzman, le bien-nommé pourrait-on dire puisqu'uzman signifie en langue turque expert ou spécialiste. Le professeur Uzman (prononcer Ouzman', comme l'écrit le Stamboul), médecin spécialiste des maladies mentales et nerveuses apparaît donc jusqu'en 1934 sous le nom de Mazhar Osman bey.

Son premier prénom, Mazhar, est parfois orthographié Mahzar [Özcan Köknel, 2010, p.337]

Ajoutons que bey, comme effendi, pacha, agha, etc. sont les titres et appellations utilisés dans l'Empire ottoman au lieu de noms de famille, et qui définissent la profession ou le statut. Le rang de pacha est supérieur à celui de bey et d'agha, mais inférieur à celui de khédive et de vizir.



Éléments biographiques

Mazhar Osman nait le 5 mai 1884 dans le village de Soufli [Sofulu], en Thrace orientale [Thrace occidentale, pour les Turcs], situé aujourd'hui en Grèce [le Yunanistan des Turcs] à la frontière des deux pays, au nord d'Alexandropolis.

« Après notre langue maternelle, c'est votre belle langue que nous avons appris la première » [Allocution prononcée par M. le Professeur Mazhar Osman Uzman Délégué des Universités d'Ankara et d'Istanbul. Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue française, Marseille, 1948, p.38]

Fils de Osman Zühtü efendi, petit employé de banque du village grec de Sofulu et d'Atiye, fille de Süleyman bey, il fait ses études primaires à Kirk Kilissé et s'inscrit en 1894 au lycée de Scutari [Üsküdar], un quartier de Constantinople [Constantinople et Stamboul sont rebaptisés Istamboul ou Istanbul le 28 mars 1930. Jusque là, Stamboul ne désignait que la Vieille Ville] puis à l'École de médecine militaire de la ville, où l'enseignement était fait en français.

L'Ecole militaire et l'Ecole de médecine -devenue en 1918 Faculté de médecine- fusionnent en 1919. Selon Erkoç, 2001, p.197, et contrairement à ce qu'aurait écrit Behmoaras, c'est Mazhar Osman qui préconisera lui-même que la formation se fasse en langue turque, contre ceux qui voulaient que l'enseignement médical continue de se faire en français : voir Mazhar Osman, "Tip Fakültesinde Fransizca Tedrisat". Istanbul Seririyati, Haziran 1335 (1919), n°2; 7-9.

Mazhar Osman venait d'un milieu très modeste, ce qui explique qu'il n'ait pu s'incrire en médecine civile. Et il devra, tout comme son ami et confrère Kilisli Rifat, « travailler très dur pour terminer ses études » [Sanem Güvenç-Salgirli, p.21, en référence à Liz Behmoaras, 2001; 15-60].

En 1904, à l'âge de vingt ans, Osman y obtient son diplôme, avec le grade de capitaine [Yüzbasi]. Il effectue alors un stage à l’hôpital militaire de Gulhané [Gülhane], creuset de la psychiatrie turque, puis il est nommé en 1906 médecin assistant au service des urgences. Le 30 novembre 1906, on annonce sa nomination comme professeur agrégé, à l'âge de 22 ans : « Ecole de médecine. Le capitaine Dr Mazhar Osman bey, de la clinique de Gulhané, a été nommé, par voie de concours, professeur agrégé à la Faculté Impériale de médecine. »

A Gulhané, il travaille avec Raschid Tahssin bey [ou Tahsin] qui dès 1898 y avait posé les bases de l'enseignement des maladies mentales et ensuite obtenu l'installation d'une clinique de 15 lits. Cette clinique sera transférée en 1909 au 4e étage de la nouvelle Faculté de Médecine de Haïdar Pacha, 40 lits environ. En octobre 1910, le docteur Tahsin fait au IVe Internationaler Kongress zur Fürsorge für Geisteskranke de Berlin une importante communication sur « Die Geisteskrankheiten und die Psychiatrie in der Türkei » en présence du Français Emmanuel Régis, d'Emil Kraepelin et d'Alois Alzheimer.

En septembre 1908 est venue pour Mazhar Osman bey l'heure du départ en Allemagne, où nombre de médecins turcs vont en ce temps-là approfondir leurs connaissances.

Peu auparavant, il a remis à son éditeur les épreuves d'un livre considéré comme le premier ouvrage moderne publié en Turquie dans le domaine de la médecine mentale : Tababet-i Ruhiye [I, 1325 (1909)], qui contient des extraits d'ouvrages des grands spécialistes français et allemands de l'époque tels que Gilbert Ballet, Emmanuel Régis, Emil Kraepelin. Cette publication est à inscrire dans le sillage du processus de libéralisation né de la Révolution Jeunes-Turcs que l'on peut dater de 24 juillet 1908, suivie du renversement du sultan Abdulhamid II.

Les séjours en Allemagne
1908-1909 et 1911

De septembre 1908 à mars 1909, il séjourne dans le service de Kraepelin à Münich. Si, dans ce service universitaire, l'Institut Max Planck, issu du Deutsche Forschungsanstalt für Psychiatrie, n'existe pas encore -il est fondé en février 1917-, les activités de recherche y sont déjà très développées.

Il aura l'occasion d'y rencontrer Franz Nissl [1860-1919], Alois Alzheimer [1864-1915], Alfons Maria Jakob [1884-1931] et Hugo Spatz [1888-1969] qui laisseront tous trois leur nom à des maladies neurologiques [les deux derniers respectivement avec les Allemands Hans-Gerhard Creutzfeldt, la maladie de Creutzfeld-Jakob et avec Julius Hallervorden, nazi comme Spatz lui-même, le syndrome de Hallervorden-Spatz]. Il y fait aussi connaissance de l'Italien Ugo Cerletti, futur inventeur de l'électroconvulsivothérapie : comme Hugo Spatz et Mazhar Osman lui-même, Cerletti n'était alors qu'un médecin en formation, encore inconnu de la communauté neuropsychiatrique.

C'est ensuite Hambourg avec Wilhelm Weygandt, directeur de 1908 à 1934 du Staatskrankenanstalt Friedrichsberg et de 1919 à 1934, professeur de psychiatrie à l'université de Hambourg, et Walther Spielmeyer.

Mazhar Osman reviendra en Allemagne en 1911, à la Clinique psychiatrique de l'hôpital de La Charité de Berlin [Berlin’de Sarite kliniklerinde] où il rencontre Theodor Ziehen [1862-1950] et Hermann Oppenheim 1857-1919, connus notamment pour la description du syndrome de dystonie de torsion de l'enfance qui porte leurs noms, le syndrome de Ziehen-Oppenheim. C'est lors de ces deux séjours qu'il apprend la langue allemande.

Retour à Constantinople et Guerre des Balkans

A la fin de son premier séjour en Allemagne, Mazhar Osman bey revient à Constantinople et, sur proposition du professeur Julius Wieting [Julius Menno Wieting pacha], directeur de l'Académie militaire de Gulhané [Gülhane], il est nommé assistant dans le service des maladies mentales et nerveuses et d'électrothérapie, ce qui lui offre la possibilité de participer à l'enseignement.

En 1910, il ouvre un cabinet privé dans un quartier de Constantinople appelé Divanyolu, et publie le deuxième volume de son Tababet-i Ruhiye [II, 1326 (1910)].

En 1912, pendant la première guerre balkanique, il participe à la lutte contre le choléra en tant que médecin en chef d’un hôpital militaire mobile - une ambulance de cholériques - sur les fronts de Tchataldja [Çatalca] à l'Ouest de Constantinople et de Lule-Bourgas [Lüle-Bourgas ou Lulle-Burgas ou Lulé-Bourgas ou Lüleburgaz ou Arcadiopolis], lieu d'une bataille mémorable avec les Bulgares en novembre de cette année-là.

Il semble qu'à la fin de l'été de l'année précédente, Mazhar Osman ait déjà dirigé une ambulance de cholériques à Kara-Agach, ville de la banlieue d'Edirne [sur une carte de 1912, Kara-Agatche ou Agache est situé au Nord de Lulé-Bourgas, au-delà de Turc-bey, aujourd'hui Turgutbey, à l'emplacement de l'actuelle Eskitasli], où environ 300 personnes, toutes de nation juive étaient soignées par quelques filles de la Charité de Galata qui avaient été réquisitionnées par l'administration turque [« Constantinople. Ambulance des cholériques » (1911), pp.60-68 de Annales de la Congrégation de la Mission (Lazaristes) et de la Compagnie des Filles de la Charité, 1912, T.77, n°1].

Le Préfet de Constantinople, satisfait, demandera ensuite à la communauté d'attacher une Sœur à l'hôpital qui vient de s'ouvrir à Büyükdere [Buyuk-Déré] (Hadji Osman Boujere) et deux autres à l'hôpital de Démir-Capou. [« Constantinople. Ambulance des cholériques » (1911), pp.60-68 de Annales de la Congrégation de la Mission (Lazaristes) et de la Compagnie des Filles de la Charité, 1912, T.77, n°1. Les Turcs réquisitionnent quelques Filles de la Charité de Galata pour servir à l'ambulance organisée à cause de l'épidémie. Elle est tenue par la Filles de la Charité du 19 août au 15 septembre 1911 : « Le champ d'action se trouvait à Kara-Agach, au bord de l'eau, au fond de la superbe Corne-d'Or. » ... « L'ambulance présente, à vol d'oiseau, trois divisions : la première est réservée au personnel : Surveillant Osman bey, médecins, infirmiers, cuisiniers; la seconde partie est pour les malades; la troisième pour les isolés. » ... « 80 tentes, à peu près 300 personnes, toutes de nation juive ... les médecins israélites ... tous les juifs parlaient français ... Osman bey, le préposé turc ... »].

A son retour à Constantinople, Mazhar Osman bey renonce à ses fonctions à l'École de Gulhané, démissionne de l'armée et devient en 1914 médecin en chef de l'hôpital pour les maladies mentales de Haseki à Constantinople et directeur du bureau chargé de l'Inspection des malades mentaux [Mecanin Müsahedehanesi].

En 1914 encore, il cofonde la Société ottomane de médecine mentale et de neurologie [Osmanli Tababet-i Akliye ve Asabiye Cemiyeti] qui se réunira longtemps chaque mois à Bakirkeuy, sous sa présidence [voir L'Hygiène mentale 1939, p.40] et où les discussions se tiennent en français. Comme nous le verrons plus loin, elle sera "refondée" en 1918.

La Première Guerre mondiale et l'hôpital Notre-Dame de la Paix

Mobilisé au tout début de la Première Guerre mondiale, Mazhar Osman bey est affecté en tant que médecin major à l'hôpital militaire de Haidar-Pacha [Haydarpasa], où il exerce comme neurologue.

Fondé en 1844, l'hôpital impérial de Haidar-Pacha est situé dans le faubourg du même nom des environs de Scutari. Cet hôpital, qui est une école médicale d'application sur le modèle du Val-de-Grâce à Paris, avait accueilli vers 1909 la nouvelle Faculté de Médecine, disposant d'une Clinique d'une quarantaine de lits qui avait remplacé celle de l'hôpital de Gulhané. L'une de ses cinq sections, affectée aux militaires souffrant de « maladies nerveuses et mentales », était dirigée par les Drs Chakir, Phaléri, Emdjed, Ali, Mustapha et Zia beys [Pierre Apéry, Annuaire oriental de médecine et de pharmacie 1892, p.366 et suiv.]. [Gravure : L'hôpital impérial Haydar-Pacha, Constantinople, L'Illustration n° 586, Vol. XXIII, 20 mai 1854]

Au tout début de 1915, Mazhar Osman bey est nommé médecin en chef de l'hôpital français Notre-Dame de La Paix [Fransiz Lape Hastanesi], dans le quartier de Chichli sur la rive nord du détroit dans la partie européenne de Constantinople, sur les hauteurs de Péra [Beyoglu], et qui a été réquisitionné le 18 novembre 1914 par l’armée turque. Initialement, on y avait installé « un médecin turc, ancien aliéné soigné dans ledit hôpital. Edictant des règlements inapplicables, il dut être déplacé dès le 30 novembre » [E. Gilbrin, 1977 ; p.149]. Selon d'autres sources, l'ancien pensionnaire aliéné avait été nommé non pas médecin chef mais directeur [« Les Sœurs de la Charité à Constantinople ». La Semaine religieuse 1916, n°3264, p.127].

L'hôpital de la Paix, construit sur un terrain offert par le Sultan aux sœurs de Saint-Vincent de Paul en signe de reconnaissance pour les services rendus pendant la guerre de Crimée - pendant laquelle les Britanniques, les Français et les Italiens sont alliés de l'Empire Ottoman-, a ouvert le 10 août 1856 [voir Le Constitutionnel, 21 août 1856 et Le Pays 21 août 1856 : Féri-Keuy est un quartier au sud de Chichli]. En 1863 lui a été adjoint un « quartier d’aliénés » dont la vocation est de prendre soin des malades mentaux de toutes les nations de l'empire ottoman [L'internement des Européens ne peut être fait que sur ordonnance du Consul du pays d'origine, après examen médical (Desruelles et Bersot, 32].

L'hôpital est tenu depuis l'origine par les sœurs ou « filles de la Charité » qui en étaient propriétaires et qui y resteront au service des malades durant toute la Grande Guerre. Il s'agit alors de l'établissement spécialisé le plus renommé de Constantinople, très supérieur à l'asile public de Top-Tachi, mais aussi aux hôpitaux nationaux, qui ont chacun une section réservée à cette catégorie de malades : l’hôpital national arménien Sourp Pergitch [Surp Pirgic], c’est-à-dire Saint-Sauveur, l’hôpital Sourp Agop, c'est-à-dire Saint-Jacques pour les Arméniens catholiques situé à Pancaldi, l’hôpital orthodoxe grec Balikli c'est-à-dire des Poissons [Balikli Rum Hastanesi], l’hôpital Or-Ahayim pour les Juifs.

Peu après sa nomination à l'hôpital de La Paix, Mazhar Osman y transfère les malades mentaux de l'hôpital Haseki. Il travaillera avec Basile Conos ou Vasil Konos, médecin d'origine grecque qui y exerçait déjà depuis plus de quatre ans, en particulier à l'époque où Lucien Libert avait visité l'hôpital [L. Libert, 1913].

Les réunions de Chichli et la première revue turque de neuropsychiatrie

A La Paix, Mazhar Osman réunit autour de lui quelques médecins qui deviendront ses élèves, et y organise des conférences régulières et des présentations de cas, dont il publie les actes dans une série de brochures intitulées Sisli Müessesinde Emrâz-i Akliye ve Asabiye Müsâmereleri.

Cet ensemble de onze numéros parus de 1914 à 1918 [Emrâz-i Akliye ve Asabiye Müsâmereleri Sisli Müessesinde, n°1, Matbaa-i Zelliç Birâderler, Dersaadet 1332 (1914) et le dernier numéro : Sisli Müessesinde Emrâz-i Akliye ve Asabiye Müsâmereleri, n°11, Sancakciyan impr., Dersaadet 1334 (1918)], auquel ont collaboré entre autres Nazim Chakir bey [Nazim Sakir Sakar], Chukru Hazim bey [Sükrü Hazim Tiner], Nazifi Cherif bey [Nazifi Serif Nabel], Mustapha Hairoullah bey [Mustafa Hayrullah Diker] est aujourd'hui considéré comme la première revue turque de neurosychiatrie.

Basile Conos lui-même participe activement à cet enseignement théorico-clinique : de 1915 à 1918, il fait aux jeunes médecins et étudiants fréquentant l’Hôpital une série de conférences en langue turque, grecque et française sur les maladies nerveuses et mentales, dont certaines seront publiées [B. Conos, 1933.

Conos est alors par ailleurs « Chef du service des maladies nerveuses et mentales dans les hôpitaux grecs d’Istanbul ».

Signalons deux articles écrits en français par Conos et Mazhar Osman bey parus en 1916 dans la Gazette Médicale d’Orient, IV-VI, sur la « Spondylose rhizomélique » et sur la « Maladie de Raynaud ».

Mazhar Osman bey, médecin du père Komitas

Komitas Vartabed, éminent musicologue arménien, effectue un séjour de quelques mois à La Paix en 1916, suivi d’une rémission de bonne qualité, avant d'y être réadmis le 25 mai 1917 [Kevork B. Hagopian, Aztag, Beyrouth, 8 avril 2017].

Au cours de ces deux séjours, il bénéficie des soins des deux médecins de l'hôpital, Conos et Mazhar Osman bey, ainsi que d'un de ses compatriotes arménien, le docteur Vahram Torkomian. Ce dernier fit partie avec le Révérend Père Komitas des notables arméniens arrêtés le 24 avril 1915 et déportés à Tchanghiri. Tous deux purent rentrer sains et saufs à Bolis le 11 mai, grâce à l’intervention de personnalités influentes. C’est le ministre de l’Intérieur Mehmet Talaat pacha qui signa l’autorisation de leur retour.

Un bulletin médical signé Mazhar Osman et daté du 27 août 1917, constate une amélioration suffisante pour autoriser Komitas à quitter l'Empire afin de poursuivre le traitement à Vienne. Le ministre de l'Intérieur donne alors un accord de principe, tout en demandant au Directeur de la Sûreté générale d'effectuer une enquête pour sa mise en application. L'enquête menée par la section politique de la Direction générale de la police conduira, eu égard aux activités passées du Vartabed et à ses relations présumées avec divers factieux, à lui refuser l'autorisation de quitter le territoire national.

Le Père est toujours à Chichli lorsque les troupes françaises entrent à Constantinople le 12 novembre 1918, suivies des troupes britanniques le lendemain : l’Armistice de Moudros, le 30 octobre 1918, avait mit fin à la Grande Guerre sur le front d'Orient, avec la capitulation de l’Empire Ottoman. Les troupes des Puissances alliées, françaises, anglaises et italiennes occuperont Constantinople jusqu'en octobre 1923.

Cette situation nouvelle permit d’organiser le transfert du Vartabed dans un autre établissement : après deux ans d’internement et faute d'une meilleure alternative, ses amis décident de le faire soigner à Paris, où vivent nombre de ses compatriotes et exercent des spécialistes renommés. Sa sortie de l’hôpital de la Paix a lieu le 19 mars 1919.

Edirne et la libération des fous de leurs chaînes

En avril 1916, sur ordre de Tevfik Rüstü Bey, chef du Comité d'inspection de la Direction générale sanitaire, Mazhar Osman se rend au bimarhane d'Edirne, qui est un asile d'aliénés, où il libère les malades attachés par des anneaux fixés dans les murs, remplace les fers par des camisoles de force, et fait conduire les malades à l'Hôpital Français situé à Kiyik, un quartier d'Edirne, où il fait nommer deux médecins de Top-Tachi, Rüstü Recep (Duyar) et Nevzat Esref (Bengin) [Gökay, 1975, p. 374].

L'une des photographies [Tip Tarihimizden Fotograflar] proposées sur le site de la Société d'histoire de la médecine turque Türk Tip Tarihi Kurumu représente cette scène quasi-mythique [Edirne'de hastanlarin zincirlerini çözerken].

L'évènement aurait valu à Mazhar Osman le titre de Pinel turc si celui-ci n'avait pas été déjà décerné trente ans plus tôt au docteur Luigi Mongeri : « le Pinel de la Turquie » [« Les aliénés dans les hôpitaux de Constantinople ». Annaes médico-psychologiques 1886, I ; 501] a délivré de leurs chaînes les aliénés de Top-Tachi [A. Ritti a visité l'asile et mentionne que Mongeri a délivré les aliénés de leurs chaînes : « Les Hôpitaux à Constantinople », Journal des débats politiques et littéraires, 5 mars 1886, p. 2.]. Mongeri, qui fut aussi le médecin-chef de l’Hôpital de la Paix jusqu’à sa mort en 1882, est à l'origine de la première loi ottomane sur les aliénés, l'iradé impérial des 10-22 mars 1876. L’Hôpital de la Paix l'a honoré il y a peu en donnant son nom à un nouveau service.

Une autre anecdote permet d'établir un deuxième lien entre Mazhar Osman et Philippe Pinel, l'affaire de la fille aux ours d'Anatolie en 1938 : un enfant sauvage découvert en 1797 et connu sous le nom de Victor de l'Aveyron fut conduit à Paris et présenté à Pinel qui le considéra comme atteint d'idiotisme, c'est-à-dire d'arriération mentale fixée. En Turquie, c'est une jeune fille de 14 ans disparue depuis deux ans et retrouvée par des chasseurs dans la montagne d'Adana poussant des cris sauvages, et supposée avoir été adoptée après sa disparition une douzaine d'années auparavant par une ourse qui avait perdu ses petits, fut transportée à l'asile d'aliénés de Bakirkeuy [Bakirköy]. Après l'avoir examiné, Uzman put démentir la magnifique histoire : « La réalité est plus banale, dit le docteur, l'enfant est simplement atteinte d'idiotie. » [Paris Soir, 19 août 1938, p.5].

Après l’Armistice de Moudros, l'hôpital de La Paix fut rendu aux Français, et Mazhar Osman, à la demande de notre pays, y poursuivit ses activités et ce, pendant encore une trentaine d'années. En reconnaissance de ses bons services, le gouvernement français le fera en outre Officier de l'Instruction publique [Offisiyer de L’istruction Publice] vers 1923.

Le 7 novembre 1922, le quotidien Stamboul publie une annonce : « Hôpital de la Paix. La direction de l'Hôpital de la Paix à Chichli vient de créer un cabinet de consultations gratuites spécialement destiné aux maladies nerveuses et psychiques. Les consultations auront lieu tous les jeudis de 9 heures à 11 heures, elles seront présidées par Mazhar Osman bey, médecin-chef et Kénan bey, interne de l'hôpital. »

Lape Hastanesi, qui a gardé son orientation psychiatrique, est aujourd'hui toujours prospère [site de l'ASAHPI].

D'autres fondations

Le 5 mai 1918 (donc avant l'armistice d'octobre 1918), Mazhar Osman bey est, avec notamment Georges Zilanakis bey [Yorgo Zilanaki] et Ali Moukhlis bey [Ali Muhlis], l'un des fondateurs de la Société turque de psychiatrie et neurologie [Türk Tababet-i Akliye ve Asabiye Cemiyeti], qui est en fait la refondation à l'initiative du professeur Raschid Tahssin bey de la Osmanli Tababet-i Akliye ve Asabiye Cemiyeti dont nous avons évoqué la création en 1914 [La Türk Tip Cemiyeti ou Association médicale turque, est l'héritière de cette Türk Akil ve Asabiye Cemiyeti]. Mahzar Osman en est élu président, Mustapha Hairoullah bey [Mustafa Hayrullah Diker] vice-président, Chukru Hazim bey [Sükrü Hazim Tiner], l'un des jeunes assistants de Mazhar Osman, secrétaire général [Özcan Köknel, 2010, p.200]. Tandis que jusqu'ici, la langue française était utilisée dans les présentations et discussions, celles-ci se déroulent désormais en turc.

Le 1er mai 1919, Mahzar Osman publie chez Kader le premier numéro de la revue médicale stambouliote Stamboul Seririyati (Clinique de Stamboul) devenue ensuite Istanbul Seririyati. Cette revue, dont certains articles sont rédigés en français ne survivra pas à son fondateur. Naîtra alors une nouvelle revue, Akta Nöro-Psikiyatri, organe de la société turque de psychiatrie et de neurologie, remplacée en 1964 par les Archives de Neuropsychiatrie, Nöropsikiyatri Arsivi.

Le 5 mars 1920, Mazhar Osman bey cofonde - sous les auspices d'Ibrahim Haydarizade Efendi - la première association de lutte contre l'alcoolisme et les stupéfiants appelée Hilal-i Ahdar Cemiyeti [Le Croissant Vert] : « Contre l'alcoolisme. Le cheikh-ul-islam patronne la lutte », à propos de la 1ère réunion la veille de l'association, présidée par Son Altesse « le cheikh-ul-islam Haïdarizadé Ibrahim effendi ». Mazahr Osman est élu l'un des vice-présidents, le Dr Chukri Hazim secrétaire général [Stamboul, 6 mars 1920]. Cette importante société de tempérance, qui sera présidée parle prince-héritier Abdul-Médjid effendi et plus tard Osman bey, prendra en 1928 le nom de Yesil Hilal ou Yesilay Cemiyeti‘ni [voir l'article qu'il y consacre dans le magazine Sebîlürresâd]. Elle est aujourd'hui encore très active.

Mazhar Osman bey dans le Stamboul


Stamboul, 5 juin 1919 : « Avis. Le prof. Mazhar Osman bey, médecin en chef de l'Hôpital de la Paix à Chichli, a transféré sa clinique, Avenue de la Sublime Porte, Kévorkian Han (en face de la porte de Kahréman Zadé Han) » [dans le numéro du 9 novembre 1919, affaire judiciaire où le Pr. Kémal Djénab bey, professeur de physiologie à la faculté de médecine, reproche à Mazhar Osman de l'avoir traité de cara-djahil (ignorant fieffé) dans le numéro du 1er septembre de la Clinique constantinopolitains

Stamboul, 16 février 1921 : On annonce que Mazhar Osman bey est élu au bureau de la Société impériale de Médecine en tant que conseiller (cette société deviendra en janvier 1925 la Société de médecine de Turquie, dont Mazhar Osman est élu président. A la 1ère séance le 20 janvier, Mazhar Osman fait une communication : Deux tumeurs de la moelle épinière guéries chirurgicalement)

Stamboul, 15 août 1921 : un article intitulé "L'aliéniste et le fou » rend compte d'une intervention agitée où Mazahr Osman se fait agresser par un malade.

Stamboul, 15 septembre 1921 : « On pense qu'il pourra être mis fin à l'incident de la démission de Mazhar Osman bey par le maintien de celui-ci à la direction de l'hospice des aliénés et la désignation du docteur Hussein Avni bey à celle de l'hôpital des maladies nerveuses »

Stamboul, 3 novembre 1921 : « Après le dédoublement en sections payante et non payante de l'hospice des aliénés de Scutari, le docteur Mazhar Osman bey, nommé à la direction de la payante, installée à l'hôpital Zeyneb Kiamil, aurait donné à nouveau sa démission »

Stamboul, 5 novembre 1921 : « De-ci de-là. Un éducateur. Le docteur Arifi pacha » [à propos de la démission de Mazhar Osman bey, directeur de l'hospice des aliénés auquel a été préféré le docteur Hussein Avni bey, et qui a persisté à vouloir se retirer malgré les instances d'Arifi, qui a accepté sa démission.

Stamboul, 13 novembre 1922 : Le gouvernement a rétabli le docteur Mazhar Osman bey dans la direction de l'hospice des aliénés de Scutari

[Stamboul 10 mai 1923. Dans le royaume des fous. Top-tachi I « ... Le Dr Mazhar Osman bey, chef-médecin de l'établissement ... causant aisément aussi bien le français que l'allemand ...

[Stamboul 14 mai 1923. Dans le royaume des fous. Top-tachi II

Stamboul, 8 décembre 1928 : Le Congrès du Croissant-vert. Un discours du Dr Mazhar Osman bey qui déclare notamment : « Nous avons jeté le fez, cette coiffure ridicule par-dessus les murs. Soyez certains que l'akchamdjilik cet usage pernicieux journalier des boissons spiritueuses sera également abandonné. La première réforme à réaliser aujourd'hui consiste à changer le nom de notre association qui est de Hilaliahzar en Yechil Hilal »


Tout en restant médecin en chef de l'hôpital Haseki (dont les malades mentaux avaient été transférés à La Paix) et en outre chargé de la direction médicale de l'hôpital de Zeynep Kamil, ouvert en 1862 et spécialisé dans les maladies des femmes et des enfants, il succède à Avni bey [Avni Mahmud] en août 1920 dans les mêmes fonctions à l'asile d’état de Top-Tachi [Bimarhane] à Scutari [Üsküdar], sur la rive asiatique ou anatolienne du Bosphore - où les aliénés de l'asile de Suleymanié [Süleymaniye Bimarhanesi] avaient été transférés en 1873.

Son papier à en-tête porte alors, en français : Dr. Mazhar Osman Médecin en Chef à l’hôpital de La Paix et directeur de l’asile des aliénés de Scutari.

Ces années-là, les deux établissements deviennent les institutions spécialisées de référence dans le monde ottoman.

Il entreprend la réhabilitation du vieil asile de Top-Tachi, et, jugeant les bâtiments inadaptés à leur destination, il en obtient la fermeture et le transfert des malades dans l'ancienne caserne de cavalerie à Bakirkeuy [Resadiye Süvari, Bakirköy] après sa reconstruction et sa transformation en hôpital. Ce grand établissement de Bakirköy - il compte avant la dernière guerre, 2.200 lits - est le premier hôpital psychiatrique moderne de Turquie, l'Istanbul Emraz-i Akliye ve Asabiye Hastanesi. Il ouvre en 1927 sous la direction de Mazhar Osman qui en restera le médecin en chef jusqu'en 1941.

En 1933, à la suite de la grande réforme de l'Université, les cliniques universitaires de psychiatrie et de neurologie de la Faculté de médecine sont transférées à l’hôpital des maladies mentales et neurologiques de Bakirköy. Il s'agit d'un service ouvert au sens où les malades y sont admis sans autre formalité qu'un certificat médical.

Et en août 1933, Mazhar Osman Uzman est nommé professeur à la chaire de psychiatrie de l'Université d'Istanbul. Il donne son premier cours sur les maladies mentales le 23 novembre 1933, et l'a « terminé en faisant l'éloge de Rachit Tahsir bey et loué les services qu'il rend dans le domaine de la médecine mentale » [Stamboul, 24 novembre 1933]. Il y enseigne jusqu'en 1951, année de sa disparition.

Quelques années plus tard, l'établissement disposera de deux cliniques distinctes, l'une psychiatrique l'autre neurologique, de services de prise en charge des délinquants et des toxicomanes, d'un service neurochirurgical, d'un service de chroniques, d'un service d'enfants, d'un service de malariathérapie et d'insulinothérapie, de laboratoires de biologie, d'anthropologie, de psychologie, d'anatomie pathologique. Les Cliniques ont depuis été déménagées à Çapa.

Hygiène mentale et civilisation

Nous avons évoqué le rôle de Mazhar Osman bey dans la fondation de la première société turque de lutte contre l'usage des toxiques, opium, cannabis et alcool, Le Croissant Vert.

Son intérêt constant pour l'amélioration de la santé publique et de la santé mentale se manifeste également dans diverses prises de position en faveur d'une politique hygiéniste eugénique [il était « openly declared eugenicist », selon S. Güvenç-Salgirli, 2009, p.21] exposées dans diverses conférences [« Une conférence du professeur Mazhar Osman. La prochaine conférence, par l'Association des sciences physiques et naturelles sera donnée demain à 17h30 par le professeur Mazhar Osman dans la salle des Conférences de l'Université. Elle a pour sujet : la castration pour l'amélioration de la race. » Stamboul, 25 décembre 1934].

L'un de ses plus fidèles élèves Fahreddin Kerim Gökay s'engagea lui-même dans le mouvement eugénique en tant que président de la Société Turque d'Hygiène Mentale [Türkiye Akil Hifzisihha Cemiyeti] défendant des positions très proches de celles de la Ligue de l'Hygiène Mentale française d'Édouard Toulouse [1865-1947] : pas de campagne de stérilisation systématique ni a fortiori d'euthanasie, mais la détection précoce des troubles psycho-sociaux et une prise en charge spécifique dès l'enfance, le développement de l'assistance sociale, de l'éducation et du reclassement professionnel, l'interdiction du mariage des aliénés, un certificat prénuptial obligatoire avec test de Wassermann négatif, la prévention de la procréation en milieu carcéral et asilaire, etc.

Mazhar Osman se préoccupe de l'influence de la civilisation, et en particulier de la civilisation occidentale sur la société turque, un sujet qui intéresse la presse française : le journal Le Gaulois lui consacre en 1928 un article intitulé « Civilisation et folie » qui relate une entrevue avec le « spécialiste pour les maladies mentales, très connu et très estimé à Constantinople ». "L'augmentation des cas de démence est un signe de civilisation", déclare « le docteur Mazhar Osman bey » au journaliste. Une « sentence lapidaire » qu'il explique par le détail : « Il paraît que depuis que la Turquie s'est européanisée, le nombre des maladies nerveuses, des folies, des suicides a considérablement augmenté à tel point que les journaux locaux disent que ça prend les proportions d'une épidémie ». Mais, ajoute le «meilleur médecin aliéniste de Constantinople » avec philosophie, «L'univers entier traverse en ce moment une crise de nerfs. Après la guerre générale, les cas de maladies nerveuses ont accusé une progression constante. Frappez aujourd'hui à la porte de n'importe quelle maison, vous y rencontrerez un neurasthénique ou un hystérique. Cela provient plutôt de l'accroissement de nos besoins que d'une autre tension des esprits. Actuellement, la formule de vie a changé. Plus on a, plus on veut avoir. L'augmentation des cas de démence est un des signes de la civilisation. S'il y a plus de fous chez nous, il faut s'en consoler; cela démontre que la civilisation fait des progrès. Ce qu'il faudrait souhaiter c'est que cette civilisation avance sans que la maladie augmente ». Et le reporter de conclure : « Les vieux Turcs, les Turcs chers à Pierre Loti et à tout les amateurs de la vieille Turquie, préféreraient certainement rester moins civilisés, pas européanisés du tout, et avoir parmi eux moins de fous, et moins de neurasthéniques. C'est certain. » [R. C., Le Gaulois, 8 août 1928, p.4]

On relèvera qu'en cette fin des années 1920, Mazhar Osman rencontre Max Bonnafous [1900-1975], professeur de philosophie à l'institut de sociologie de l'Université d'Istanbul et au lycée de Galatasaray entre 1926 et 1929, gendre du docteur Paul Sérieux dont il a épousé la fille Hélène, futur ministre du ravitaillement dans le Gouvernement de Vichy dont on connaît le rôle dans l'atténuation de la mortalité due à la famine dans les hôpitaux psychiatriques français. Max Bonnafous mène alors une enquête sur la question du suicide, à laquelle il consacrera un article dans la Revue philosophique de la France et de l'étranger [« Le suicide », janvier 1933, p.469 se référant à deux des psychiatres de Stamboul, Mazar [sic] Osman bey, rencontré en 1926-1927, et Georges Zilanakis, médecin en chef des hôpitaux grecs de Balukli], et dont l'une des conclusions est que le taux élevé de suicides chez les jeunes femmes musulmanes est en relation avec les changements radicaux introduits par le régime républicain, ces femmes étant prises entre les promesses d'émancipation et une société qui reste très traditionnelle. Cependant, Mazhar Osman et Fahreddine Kérim considèrent que la folie est dans la plupart des cas à la base du suicide, et que l'hérédité peut également être mise en cause [voir les articles dans Stamboul en 1927].

Bonnafous a d'autre part publié avec Fethi Ismail et Louis Rolland un livre scolaire, Le Français pour les Turcs à Istanbul, Librairie Kanaat, 1930, plusieurs fois réédité.

De quelques positions controversées

La presse francophone se fait l'écho d'une autre prise de position fort controversée : le Bulletin périodique de la presse turque [n°77, 30-31 juillet 1930, p.11] commente les propos crédités à Mazhar Osman et relatés dans le n° du 1er mai 1930 du quotidien stambouliote L'Akcham, selon qui la femme est un « être passif spécialement créé et mis au monde pour satisfaire les passions lubriques des hommes » : « Cette définition un peu crue a suscité une certaine émotion dans le monde féminin ».

Lamia Refik [Hanim], l'une des militantes les plus actives de l'Union des Femmes Turques déclare, au nom de son association : « L'article du Dr. Mazhar Osman Bey est des plus impudiques. C'est vraiment une chose honteuse. Néanmoins, nous ne répondrons pas. Cet article est de caractère scientifique et l'Union des femmes n'est pas encore en mesure de suivre le praticien sur ce terrain. »

Et l'on pouvait lire le lendemain dans la Djumhouriet : « On sait que le célèbre aliéniste, Dr. Mazhar Osman Bey, avait déclaré que nos femmes n'avaient que faire du droit de vote qui vient de leur être confié et qu'elles feraient mieux de s'occuper chez elles à tenir leur ménage et à soigner leurs enfants... Eh bien ! depuis que Mazhar Osman Bey a prononcé ces paroles, il lui est impossible de rentrer chez lui, de peur de recevoir un accueil un peu frais. Faute de mieux, il coucherait à l'asile d'aliénés (côté des hommes) de Bakirkeuy. D'autre part, nous apprenons que les clientes et les clients féministes du spécialiste ont décidé de le boycotter. L'Union des femmes veut bien, de son côté, intenter un procès au docteur, mais pour intenter l'action la présidente compte patienter jusqu'à ce que soit institué un tribunal dont les membres seront des femmes... » [N.B. : le droit de vote aux élections locales a été accordé aux femmes turques par la loi du 6 décembre 1929, aux élections nationales le 5 décembre 1934, donc bien avant les Françaises]

Attaqué de toute part, le Dr Mazhar Osman bey se défend d'avoir « voulu insulter les femmes », mais il maintient « toutes ses conclusions parce que basées, prétendait-il sur la physiologie » (ibid., 24 mai). L'idée que « la place de la femme » est « au foyer » est alors très répandue dans le milieu médical turc, avec notamment Kadri Rachid Pacha, opposant déclaré au droit de vote des femmes, ou encore le professeur d'obstétrique Bessim Eumer. A-t-il vraiment été boycotté, en a-t-il été réduit à coucher à l'asile d'aliénés « de peur de recevoir de son épouse un accueil un peu frais », comme l'affirment à leur tour L'Européen du 13 août 1930 et La Dépêche du 19 août 1930 ?

L'Européen du 13 août 1930 lui consacre à la Une un article sous le titre : « L'aliéniste anti-féministe à l'asile » « Le Dr Mazhar Osman Bey, qui jouit en Turquie d'une solide réputation d'aliéniste, est un anti-féministe irréductible. Dans un article, il qualifiait la femme d'"être passif créé et mis au monde pour satisfaire les passions lubriques des hommes, et pour cela seulement... » La brutalité de cette agression révolta les féministes qui ne daignèrent pas répondre. Mais leur vengeance fut particulièrement spirituelle et efficace. Un journal turc, la Djumhouriet, nous apprend que les clientes et les clients féministes du docteur ont décidé de le boycotter et qu'en outre, Mazhar Osman Bey n'ose plus rentrer chez lui de peur de recevoir de son épouse un accueil un peu frais. Il en est réduit à coucher à l'asile d'aliénés - côté hommes, naturellement... »

Curieusement, Il est présenté comme un spécialiste de l'obstétrique dans La Dépêche, 19 août 1930, p.2, sans doute du fait de ses activités au Zeynep Kamil Hastanesi, consacré aux maladies des femmes et des enfants.

Toujours est-il que moins d'un an plus tard, on peut lire dans le Bulletin périodique de la presse turque n°84 du 28-30 mai 1931 : « Antiféministe, le Dr Mazhar Osman Bey a changé d'avis, et demande que les femmes puissent siéger au Parlement »...

D'une manière générale, et bien que d'un esprit éclairé et influencé par la pensée occidentale, Mazahr Osman est non seulement un gardien de la tradition sociale et religieuse de son pays, un défenseur déclaré de la langue turque, mais aussi un patriote.

Défenseur en politique des valeurs de la République Kémaliste - Ataturk est « le plus grand champion de la paix du siècle » [Congrès de 1936, p.49] -, défenseur en psychiatrie de la doctrine kraepelinienne, Mazhar Osman porte plus d'intérêt à la neuropathologie qu'à la psychopathologie et considère la psychanalyse comme une mode plutôt qu'une méthode thérapeutique, et l'exclut du champ de la neuropsychiatrie, même s'il déclare au Congrès de Marseille en 1948 avoir « assisté à l'influence heureuse » qu'elle peut avoir. Un peu plus loin, Uzman explicite son opinion : dans les obsessions « liées à la psychose maniaco-dépressive [il a] été possible, par l'électrochoc, de raccourcir le long chemin de la psychanalyse que les adeptes considéraient comme le seul moyen thérapeutique de cette affection psychique. N'oublions pas, d'autre part, que, dans tous les cas, l'analyse psychique ne permet pas de pénétrer dans le subconscient. Cela est à peu près irréalisable chez ceux qui sont fermement attachés à leurs croyances religieuses, et chez ceux qui ne sont pas à même de comprendre l'analyse psychique, le transfert, le choc sexuel, etc. Dans plusieurs cas, il est impossible de franchir les résistances, même avec la narcoanalyse. » [Congrès de Marseille, pp.474-475].

Un point de vue anti-freudien adopté par la plupart de ses collègues turcs, et, peut-on ajouter, partagé par nombre d'aliénistes français [N.B. Il semble que le principal artisan de l'introduction de la psychanalyse en Turquie soit Rasim Adasal, titulaire en 1945 de la chaire de psychiatrie à Ankara].

Après l'insuline et le cardiazol, Mazhar Osman emploie l'électrochocthérapie à partir de 1946 à la Clinique de Bakirkeuy et à l'Hôpital de la Paix, avec « des résultats satisfaisants aussi bien dans les névroses que dans les psychoses. » [Congrès de Marseille 1948, p.474], recourant même aux séances d'entretien. Il disparaîtra trop tôt pour connaître la naissance de la psychopharmacologie [selon Sahap Erkoç, 2001, p.192, c'est en 1947 que la thérapie par électrochocs a été appliquée pour la première fois en Turquie par Hüseyin Kenan Tunakan et Mazhar Osman à l'hôpital français de La Paix].

Elèves et collaborateurs

Le professeur Mazhar Osman eut tôt l'idée que la formation des jeunes médecins et leur future contribution à la fondation d'une école psychiatrique moderne, que l'amélioration des conditions de soins et le développement de la recherche imposaient qu'ils complètent leurs connaissances par un séjour d'études en Europe occidentale, et préférentiellement, comme il l'avait lui-même fait, en Allemagne [voir notamment Mazhar Osman, « Timarhaneden Emrazi Akliye ve Asabiye Hastanesine Dogru », Sihhat Almanaki, Kader Matbaasi, Istanbul 1933, p. 120].

Il encouragera donc très naturellement ses élèves, qui furent nombreux, à approfondir leurs connaissances en Allemagne pour les uns, en France pour d'autres, et plusieurs jouent un rôle important dans le développement de la neuropsychiatrie et de la neurochirurgie en Turquie.

Basile Conos [Vasil Konos], son collègue de l'hôpital de la Paix et deux des co-fondateurs de la Société de psychiatrie et de neurologie, Georges Zilanakis [Yorgo Zilanaki bey] et Ali Moukhlis [Ali Muhlis bey] ont étudié en France, et pour ces deux derniers en Allemagne, comme Mazhar Osman : deux écoles ont alors une grande influence la neuropsychiatrie en Turquie, l'école psychiatrique française dirigée par Emmanuel Régis, l'école allemande dirigée par Emil Kraepelin. Basile Conos, docteur de la faculté de médecine d'Athènes en 1904, a complété sa formation de neurologiste à Paris de 1905 à 1908, notamment à la Salpêtrière dans le service de Fulgence Raymond, successeur de Charcot, et à la Clinique des maladies mentales de Sainte-Anne chez le Professeur Henri Claude. Il sera plus tard médecin du Balikli Hastanesi, avant d'être élu député au parlement turc en 1946.
Ils sont tous les trois membres associés étrangers de la Société médico-psychologique (Paris).

Quant aux trois plus proches disciples de Mazhar Osman, Fahrettin Kerim bey [Gökay], Ihsan Sükrü bey [Aksel] et Ahmet Sükrü bey [Emed], ils étudient en Allemagne, le premier dans la clinique de Kraepelin à Munich, puis à Hambourg et à Vienne en 1923 avec Wagner Von Jauregg pendant sept mois, le second travaille dans le domaine de la neuropathologie avec le professeur Walther Spielmeyer sous la direction d'Emil Kraepelin à Munich, puis à Hambourg avec les professeurs Alfons Maria Jakob et Wilhelm Weygandt, en un temps où Kraepelin et son Institut munichois étaient la référence première pour les neuropsychiatres turcs : la Société turque de neuropsychiatrie a décerné à Kraepelin le titre de membre honoraire en 1925, et plusieurs articles lui ont été consacrés en 1926 dans la revue Istanbul Seririyati : « Kraepelin » sous la signature d'Uzman, « Kraepelin’in Yetmisinci Yil Dönümü Münasebetiyle Dediklerim » sous celle de Kerim, et « Kraepelin Için » sous celle de Sükrü. Mais ils ne négligeaient pas ce que la langue et la culture française pouvaient leur apporter, et tous trois ont de surcroit et comme leur maître, fréquenté l'hôpital stambouliote de La Paix et participé à divers congrès français. Gökay, qui voyage à Paris relate en 1931 ses Impressions [« Paris Intibalari », Tip Dünyasi 4(8), 1931]et publie dans L'Hygiène mentale, Aksel publie dans l'Encéphale...

D'autres étudiants seront « envoyés » en Allemagne :
- Sükrü Hazim bey [Tiner] qui séjourne dans le service du neurologue Max Nonne [1861-1959] à l'hôpital Eppendorf de Hambourg, et qui fut, nous l'avons vu, l'un des fondateurs de la société “Tababeti Akliye ve - Asabiye Cemiyeti” et son premier secrétaire général en 1918
- Necati Kemal bey [Kip], connu comme l'un des promoteurs de l'éducation spéciale des sourds et de la langue des signes
- Ismail Ziya bey [Tiregül]

Un autre spécialiste en formation partit en Allemagne en 1922 à l'initiative de Mazhar Osman, Abdülkadir Cahit bey [Tuner] [1892-1980], pour se former à la neurochirurgie dans le fameux service du Docteur Otfrid Foesrter [1873-1941] au Neurologische Abteilung des Städtischen Wenzel-Hancke-Krankenhauses de Breslau. A son retour en 1923 et grâce à l'appui de son maître, il ouvre à Istanbul un service à l'hôpital Zeynep Kamil. Les certificats que lui remettent Foerster et Mazhar Osman peuvent être considérés comme l'acte de naissance de la neurochirurgie turque [Uygur Er et Sait Naderi, 2011].
Cependant, celui qui est considéré aujourd'hui comme le fondateur de cette discipline en Turquie est Hami Dilek [1898-1969], dont nous verrons qu'il s'associe à Mazhar aux Congrès français de Bâle en 1936, de Nancy en 1937 et de Marseille en 1948, et que son maître envoie étudier de 1934 à 1937 à Paris, auprès de Thierry de Martel [1875-1940] et Clovis Vincent [1879-1947], les deux pionniers de la neurochirurgie française. Dilek, premier chirurgien à pratiquer régulièrement la neurochirurgie en Turquie, fonde en 1949 un service spécialisé à Istanbul et un enseignement en 1951.

Plusieurs de ses étudiants partent pour la France :
- Hüseyin Kenan bey [Tunakan] [1894-1948], à Paris avant même son stage à Vienne et en Allemagne
- Mustafa Hayrullah bey [Diker] [1875-1950], premier vice-président de la Tababeti Akliye ve Asabiye Cemiyeti, qui étudie trois ans à Paris avec Gilbert Ballet, Jules Déjerine, Valentin Magnan et Paul Juquelier, et suit les cours de Joseph Babinski et Pierre Marie. De retour à Istanbul, il poursuivra une carrière de neurologue et d'enseignant de la neurologie au plus haut niveau, et sera en outre élu député.
Citons également
- Fahri Celal bey [Göktulga] [1895-1975], qui passe un an et demi à Paris
- Izzettin Sadan [1895-1970],l'un des artisans de l'introduction de la psychanalyse en Turquie avec Rasim Adasal [1902-1983]
- Osman Cevdet bey [Çubukçu] [1895-1965]
- Ekrem bey.

Dans l'après deuxième guerre mondiale, ce n'est plus ni en Allemagne, ni en France, mais aux Etats-Unis que les psychiatres turcs complèteront leur formation.




Mazhar Osman et la France

On lit dans la notice que lui consacre la Revue neurologique (Paris) à l'occasion de sa disparition que le professeur Uzman fit des études de médecine en Allemagne et devint l'élève de Kraepelin, « mais au cours de sa carrière il subit de plus en plus l'influence de la psychiatrie française. » De fait, dès les années 1920, Mazahr Osman établit et développe de nombreuses relations avec la France, avec les neurologues et les psychiatres français. Son renom, sa disponibilité et son excellente connaissance de notre langue le feront élire membre de deux importantes Sociétés savantes et participer à de nombreux congrès.

Les sociétés savantes

C'est ainsi que le docteur « Mazhar-Osman (de Constantinople), Directeur-médecin en chef de l’Asile des aliénés d’Istanbul » est élu le 21 mars 1921 membre associé étranger de la Société Clinique de Médecine Mentale [Bulletin 1921, p.83].

Il y rejoint le docteur Rachid Taheim Bey, membre du Conseil médical, Directeur et professeur de Clinique pour les maladies nerveuses et mentales à la Faculté de médecine impériale ottomane, Constantinople [Bulletin 1909, p.137], Avni Bey, directeur-médecin en chef de l’Asile de Constantinople à Scutari, Khachig Boghossian [Haçik Bogosyan], médecin aliéniste de l’hôpital Arménien St-Sauveur, Constantinople et Ali Moukhlis, médecin de l’Asile de Top-Tachi [Boghossian et Moukhlis ont été élus à la séance du 15 mai 1911, Avni Bey à celle du 17 juillet. Bulletin 1911, p.175 et p.246]. On remarquera que les membres allemands et austro-hongrois en ont été exclus après la Grande Guerre, mais pas les Turcs. Avni bey, Boghossian figurent jusqu’en 1929 parmi les membres de la Société, avec la même qualité.

Dix ans plus tard, le 28 mai 1931, la Société Clinique de Médecine Mentale, la Société de Psychiatrie de Paris et la Société médico-psychologique fusionnent, et, comme les autres membres associés étrangers des deux sociétés dissoutes qui en font la demande, « Mazhar-Osman (de Constantinople) »] est, de droit, inscrit sur la liste des membres de cette dernière Société.

En 1950, ll est élu membre d'honneur, à titre étranger, de la Société française de neurologie. Lors de son allocution au Congrès de 1951, il déclarera qu'il considère cette nomination « comme la plus grande distinction que j'ai pu obtenir jusqu'ici pendant ma longue carrière » [p.42]. Relevons que Basile Conos, élu en 1927 membre correspondant étranger de la Société de neurologie de Paris - devenue en 1950 la Société française de neurologie [Décret du 18 septembre 1950 approuvant la modification du titre d'une association reconnue d'utilité publique : L'association dite "Société de neurologie de Paris" s'intitulera désormais "Société française de neurologie"] - en est le seul Turc jusqu'en 1936, année de l'élection d'« Ahmet Sukru, Hôpital Djerrah Pacha, Istambul » [Ahmed Sükrü Emed, élève d'Uzman]. [En 1927-1930, il n'y a pour la Turquie que : « Conos, rue Kouloglou, Pera, Istambul » et en 1932-1935, « Conos, Place du Tunnel Pera, Istambul ». En 1936-1938, il n'y a pour la Turquie que : « Ahmet Sukru, Hôpital Djerrah Pacha, Istambul » et « Conos, Place du Tunnel Pera, Istambul »]

Le professeur Uzman connaissait bien et depuis longtemps la Société de neurologie de Paris et sa revue : en mai 1925, à l'occasion des cérémonies du Centenaire de la naissance de Charcot et du XXVe Anniversaire de la Société, où le délégué officiel du gouvernement turc est Mustafa Hayrullah bey [et parmi les membres adhérents : « MM. Delamare, Moustapha Haidou Bey Yahoub »], il adressait en tant que président de la société turque un télégramme de félicitations formulé en ces termes : « La Société de Neurologie et de Psychiatrie de la Turquie vous salue de tout son cœur » [Revue neurologique 1925, p.1109 et 1202].

Il appartint en outre à une société médicale new-yorkaise - sans doute la New York Neurological Society, fondée en 1872 [il existait aussi une New York Academy of Medicine]. Le fils aîné de Mazhar Osman, Lahut Uzman [1923-1962], lui-même médecin, en sera membre.

Mazhar Osman Uzman fut par ailleurs nommé membre d'honneur de la Société de médecine mentale et nerveuse de Hambourg, en Allemagne, la Hamburg Asabiye ve Akliye Cemiyeti (selon l'article s.d. [1950], qui nous semble être la Hamburger Gesellschaft de neurologie et médecine mentale plutôt que la Hamburg Akil Hastaliklari Dernegi (Société de médecine mentale d'Hambourg) ou encore la Deutschen Gesellschaft für Nervenheilkunde.
Notons que la Société des neurologues allemands [Gesellschaft Deutscher Nervenärzte] fondée en 1907 à l'initiative de Wilhelm Heinrich Erb, son premier président, et de Hermann Oppenheim fut dissoute par les nazis en 1935, qui imposèrent une Gesellschaft Deutscher Neurologen und Psychiater. La Société allemande de neurologie [Deutschen Gesellschaft für Neurologie] a été fondée en 1950.


Les Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des Pays de Langue française

Le professeur Uzman a enseigné, publié et participé à des réunions scientifiques jusqu'à ses derniers jours, comme en témoigne sa présence au Congrès de Rennes en juillet 1951.

De 1934 à 1951, « M. le Pr Mazhar Osman Uzman », de l’« Université d’Istamboul et Ankara » participe à la plupart des Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des Pays de Langue française, généralement en tant que délégué officiel de son pays. Dans son allocution de 1951, il explique être « un fidèle » du Congrès : « Déjà, quand j'étais encore un jeune médecin, les brillantes conférences de Gilbert-Ballet sur la responsabilité des déséquilibrés mentaux, lors des Congrès de Genève et de Lausanne, et les critiques du Professeur Grasset, de Montpellier [Joseph Grasset 1849-1918], dans les "Périodiques", avaient éveillé en moi un intérêt sans cesse croissant qui me poussa depuis, à suivre régulièrement vos travaux des "Comptes rendus" d'abord, des Congrès par la suite. Vous savez également que, depuis 1934, je suis venu presque régulièrement ... »

Au Congrès de 1936, M. le Professeur Mazhar Osman, Délégué de l'Université d'Istanbul déclare [p.47-48] : « La jeune République Turque qui, chaque année, envoie une pléiade de jeunes gens s'instruire dans les pays de langue française, montre envers la haute culture de ces pays sa sympathie. ... Sûrs et certains des résultats meilleurs et du renouveau qu'elle donnera au pays et à la nation turcs, nous avons réorganisé l'Université de Stamboul. C'est à l'honorable M. le Pr [Albert] Malche, de l'Université de Genève, que nous avons confié cette réorganisation. C'est à lui que fut confié le soin de choisir les professeurs étrangers et turcs de la nouvelle Université. Beaucoup de maîtres suisses et français professent dans différentes branches de l'Université. » [Rapport soumis au gouvernement turc le 29 mai 1932]. Mazhar Osman lui-même a été nommé à cette occasion, en 1933. Albert Malche, auteur du Rapport soumis au gouvernement turc le 29 mai 1932 avait choisi également, et peut-être surtout, aurait pu ajouter Uzman, des universitaires allemands chassés par le nazisme, parmi lesquels le neuropathologiste Philipp Schwartz et le chirurgien Rudolf Nissen (dont le maître Ferdinand Sauerbruck semble avoir également enseigné la chirurgie à la Faculté de médecine d'Istanbul).

Et l'année suivante, en 1937, avec un certain lyrisme, M. le Professeur Mazhar Osman Uzman Délégué du Gouvernement de la République de Turquie y prononce une belle allocution [pp.38-39] : « Je suis reconnaissant aux circonstances qui me fournissent l’honneur et le plaisir de saluer cette année-ci, encore, les aliénistes et les neurologues de France et des pays de langue française que j’ai eu l’occasion d’approcher à Lyon, à Bruxelles et à Bâle. Je suis très sensible de la sympathie et de la gentillesse que les savants de France montrent à la nation que je représente et à son gouvernement. Entreprendre ce voyage en France, malgré les innombrables difficultés que l'on a à cause de la question des devises, est une preuve de plus du grand intérêt que porte mon gouvernement à ce Congrès. Ne pouvoir venir, ne pouvoir se trouver parmi vous m’aurait vivement affecté. Visiter la patrie des grands savants qui les premiers ont reconnu la psychose mineure, la patrie de Liébault et Bernheim, que nous comprenons bien et nous estimons entre tous est pour moi, simple amateur de la science, aussi sacré qu’un pèlerinage mystique. Visiter et jouir de cette partie de la France aux mille particularités, de ses eaux thermales, de ses stations de repos et de cure, seront pour mes compatriotes et pour moi du plus grand intérêt. Ne pouvant, comme chaque année, que vous présenter nos saluts les plus sincèrement cordiaux, seulement, je suis heureux quand même de pouvoir porter à mon pays d’innombrables souvenirs et une grande somme de bagage scientifique. Vous êtes les hommes de science généreux d’une nation qui distribue au monde haute culture et suggère l’amour de la liberté. Vous êtes les hautes et mûres personnalités d'un pays qui le premier a lutté pour la liberté et lui en a donné le goût aux nations. Vous serez toujours, à l’avant-garde, les modèles pour ceux qui combattent pour la liberté et la démocratie. Je suis le représentant d’une ancienne nation valeureuse, qui se réveille et qui vous tend avec estime et respect, la main. Notre plus grand but idéal est de pouvoir vous suivre dans les voies glorieuses que vous avez tracées et pouvoir marcher de pair avec vous la main dans la main. Un tel idéal pourrait paraître fantastique pour une nation qui n’est encore qu’au début de ses efforts. Mais vous savez tous ce qu'une forte volonté et des puissantes suggestions peuvent réaliser. Rien qu’à considérer la voie déjà parcourue depuis onze ans avec le régime d’Ataturk, la vitesse et la force de notre marche en avant, la grande révolution sociale, politique, civique, que nous avons faite, que cette révolution est à son terme et que nous n’avons aucun fort obstacle à surmonter sinon à marcher dans des voies droites et unies, vous estimerez qu’à cause de cela, nous désirons plus que tous et tout au monde la Paix. Nous aimons la France et les Français, qui, les premiers parmi tous, ont compris les hauts sentiments qui nous animaient et les sacrifices sans nombre que nous avons faits pour la liberté et l’indépendance. Je suis venu pour vous exprimer encore une fois ce profond amour.
Je suis heureux de pouvoir vous présenter, au nom de la république turque, créée dans son nouveau rythme par Atatürk, du Ministère de l'Hygiène publique et de l'Université de Stamboul, mes salutations les plus sincèrement cordiales. »

Citons enfin cette belle allocation prononcée à Alger en 1938 [pp.39-40] de M. le Professeur Mazhar Osman Uzman Délégué du Gouvernement de la République de Turquie, qui donne la mesure de l'admiration du professeur Uzman pour la civilisation française et ses réalisations, aussi bien dans la mère-patrie que dans ce qu'il ne considère pas comme une colonie : « Je suis très heureux de me trouver parmi vous, dans cette belle et historique partie de la France. Cette année aussi, je viens avec enthousiasme, pour saluer, au nom de mon Gouvernement, les grands savants de l’Europe Occidentale, que j’ai eu le plaisir d’approcher quatre années de suite, à Lyon, à Bruxelles, à Bâle et à Nancy, et qui m’ont éclairé de leur haute culture et comblé des faveurs de leur hospitalité. En répondant avec empressement à l’invitation de votre honorable Secrétariat et en envoyant chaque année un délégué, les Ministères de l’Hygiène et de l’Instruction Publique de mon pays tiennent à marquer le grand intérêt qu’ils portent à votre Congrès. Je vous prie de considérer cet intérêt comme une marque de sentiments d'estime et d'admiration que la Turquie libre et démocratique ne cesse de nourrir, dans tous les domaines, à l'égard de la France, de ce pays qui marche toujours en tête dans la voie de la liberté et de la démocratie. La nation à laquelle j'appartiens apprécie au plus haut point la culture française qui éclaire la conscience et l'esprit humains. Ce sera pour moi une grande joie et un spectacle plein d'intérêt que de voir ce que la France a accompli, non seulement dans les limites de la mère-patrie, mais encore dans cette contrée séparée d'elle par la Méditerranée et dont l'annexion date d'un siècle seulement. J'aurai l'occasion d'admirer l'œuvre magnifique de civilisation et de progrès qu'elle y a créée et la façon dont elle a conquis les cœurs et les esprits, et répandu généreusement les lumières de la civilisation. C’est avec des sentiments pareils que je me suis hâté de venir ici. Au cours de mes derniers voyages en France, j'ai été témoin des progrès extraordinaires que les siècles ont créés et qu'avec un légitime sentiment d'envie j'ai souhaités pour mon pays. Mais ici, j'assiste au spectacle d'un pays primitif qui a atteint un haut degré de prospérité en peu de temps. J'admire les miracles que la civilisation française a créés en Algérie. Ceci est de nature à stimuler notre courage et notre volonté dans la réorganisation de notre pays. En quittant, avec des souvenirs inoubliables, ce beau coin de votre patrie, j’emporterai aussi la conviction d’avoir vu et appris des choses précieuses. Je souhaite de tout cœur le succès de votre Congrès. Je vous apporte les vœux et le salut de la patrie de Kamal Atatürk, de cette patrie libre, démocratique, pacifique, qui avance à grands pas dans le chemin de la civilisation. Je vous présente aussi les vœux des Ministères de l’Hygiène et de l’Instruction Publique, de l’Université d’Istanbul et ceux de mes collègues turcs. »


C'est d'abord dans les Comptes-Rendus des Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue française que nous pouvons découvrir l'étendue des sujets neuro-psychiatriques traités par Uzman et ses élèves.

Lyon, 1934
Au Congrès de 1934, tenu à Lyon, où la Turquie n'est pas représentée par un délégué officiel, « Pr Mazhar Osman, Akil Hastaliklari, Stamboul (Turquie) » est membre adhérent (p.22). Il n'apparait pas dans les discussions, mais fait deux communications :
- « Haschichomanie et démence précoce ». Congrès de 1934, Lyon ; 329-340 [Il dresse un précieux tableau de l'usage du poison dans le monde ottoman, de ses effets sociaux et neuropsychiques délétères, à l'appui de 300 observations personnelles à Bakirkeuy : désocialisation, affaissement voire extinction de l'intelligence, de la volonté, de la mémoire, incurie, violence, « démence aiguë en forme de confusion mentale », « démence précoce » enfin, qu'il juge due au hachisch. Référence aux études de ses collègues, le professeur Fahrettin Kerim, le docent Ihsan Sükrü, et le Dr Kenan Luftu Bey].
- avec Ihsan Chukru (Istanbul), « La sclérose multiple en Orient ». Congrès de 1934, Lyon ; 422-426 [Statistiques de la Clinique des maladies nerveuses de l'hôpital militaire de Gulhané [Gülhane] à Stambul (école d'application), chef Nazim Chakir, du service neurologique de l'hôpital d'Angora, chef Dr Chukru Youssouf, de la clinique neurologique de l'hôpital militaire d'Angora, de l'hôpital de Bakirkeuy]


Bruxelles, 1935

L'année suivante, au Congrès de Bruxelles des 22-28 juillet 1935, il est dans la liste des délégués officiels : « Turquie. Ministère de l'Education nationale et Ministère de l'Hygiène et de l'Assistance sociale : M. le Professeur Mazhar-Osman, de la Faculté de médecine d'Istambul » [p.12]. Parmi les membres adhérents : « Pr Mazhar Osman, Akil Hastaliklari, Istamboul (Turquie) » et le Dr Sükrü-Aksel, Université d'Istamboul.
- M. le Prof. Mazhar Osman (Istambul), « La paralysie générale n'est-elle due qu'à la syphilis ? ». Congrès de 1935, Bruxelles ; 498-506 [où il dément le rôle de l'alcool comme facteur de la PG, pourtant défendu par son maître Kraepelin qui en expliquait ainsi l'absence en Orient dont les peuples sont abstinents. De même, Krafft-Ebing et sa locution syphilisation et civilisation, qui s'illustrait chez les Orientaux par l'inexistence de la syphilis cérébrale : la PG n'est pas une maladie de la civilisation, de la fatigue intellectuelle -dont les Ottomans auraient été épargnés-. L'asile qu'il dirige a mille huit cents lits, ce qui en fait le plus grand d'Orient, et la PG représente 8 à 10% des admissions (trois asiles modernes en Turquie : Stamboul, Elaziz et Magnisa). Salvarsan et malariathérapie sont employés avec profit. [« Lors de l'occupation par les troupes françaises de Stamboul, les malades mentaux étaient envoyés à l'Hôpital Français de la Paix. J'ai eu l'occasion d'y observer deux soldats sénégalais paralytiques généraux. » (p.503). Dans la discussion interviennent A. Rouquier, de Nancy et le Pr Fribourg-Blanc, du Val-de-Grâce à Paris].
- M. Ihsan Chükrü-Aksel (Istambul), « L'influence des rayons de Röntgen sur le cerveau humain », pp.514-519 (cas étudié à l'Institut pathologique de l'Université d'Istanbul, Directeur, Professeur Schwartz)


Bâle-Zurich-Berne-Neuchâtel, 1936
Au Congrès de 1936, parmi les « Délégués officiels », pour la Turquie, « Université d'Istamboul : M. le Professeur Mazhar-Osman-Uzman » [p.15], et dans la liste des adhérents, « Dr Mashar (sic) Osman Uzman, Professeur de Clinique à l'Université de Istanbul (Turquie) » [p.28].
- MM. Mazhar Osman Uzman et Ihsan Schukru-Aksel, « Les anomalies du Canal de Sylvius et la Pathogénie de l'Hydrocéphalie ». Congrès de 1936, Bâle-Zurich-Berne-Neuchâtel; 491-498
- M. le Prof. Mazhar-Osman Uzman et Hami Dilek (Istanbul), « Amnésie Antéro et Rétrograde post-traumatique ». Congrès de 1936, Bâle-Zurich-Berne-Neuchâtel; 580-589 [le cas d'un soldat comateux est vu « dans mes services, à Haydar Pacha » « pendant la grande guerre, en 1917 »] avec une description très imagée.
- M. le Prof. Mazhar-Osman (Istanbul), « Encéphalite épidémique et médecine légale », Congrès de 1936, Bâle-Zurich-Berne-Neuchâtel; 590-600 [Pendant la Grande Guerre, un Turc, écroué à la prison militaire de Stamboul comme espion, dirigé sur l'hôpital de la Paix pour être mis en observation, diagnostic de schizophrénie, et quelques années après tableau de Parkinson]


Nancy, 1937
En 1937, le « Pr Mashar Osman Uzman, Professeur de Clinique, Université Istambul (Turquie) » (p.23) est présent au Congrès de Nancy avec son épouse, où il est le délégué officiel de la Turquie (p.11) représentant le Ministère de l'Hygiène et de l'Instruction Publique.
Uzman participe à la discussion faisant suite à la communication de MM. Mareschal et Chaurand (de Tunis) sur La paralysie générale en Tunisie (p.252) :
« M. le Professeur Mazhar Osman Uzman (d’Istanbul). — J’ai déjà donné mon opinion sur la paralysie générale en Orient, au Congrès de Bruxelles. Spécialiste depuis trente-trois ans à Istanbul, et Médecin chef d'un Asile de deux mille malades, je compte parmi les entrées de mon service de 8 à 10% de paralytiques généraux. Ceux-ci sont suivis, sans exception, cliniquement, biologiquement, et sur la table d’autopsie et au laboratoire d’anatomie pathologique. J’en ai observé de toutes les religions, parmi les musulmans, les chrétiens, les juifs, parmi les gens cultivés ou non, qu'ils soient provinciaux ou de la capitale, que ce soient des femmes ou des hommes (j’ai même recueilli plusieurs cas de P.G. juvénile), qu’ils aient été antérieurement soumis, ou non, à un traitement antisyphilique continu.
Je crois que sur ce sujet les auteurs restent sous l'influence d’une tradition qui n’est pas vérifiée. Trente-trois ans de pratique sur des milliers de malades ne m’ont jamais permis de vérifier les notions courantes de : civilisation et syphilisation — d’alcoolisme et d’abstinence — de syphilis à virus nerveux — de prédisposition et de débilité cérébrale, non plus que de justifier les effets supposés du traitement arsenical ni d’une infection paludéenne antérieure. Mon expérience me permet d’affirmer que la paralysie générale n'est pas rare chez les musulmans ; ce qu’il manque souvent pour diagnostiquer chez eux cette maladie, ce sont les spécialistes et les établissements psychiatriques. Je crois intéressant de signaler que j’ai eu l'occasion de soigner deux paralytiques généraux parmi les soldats sénégalais des troupes françaises d’occupation, au moment de l’Armistice à Stamboul. »



Puis, le Professeur Mazhar-Osman Uzman (de Stamboul) fait deux communications :
- « Le choc moral, cause de déclenchement de l'ataxie tabétique ». Congrès de 1937, Nancy; 289-292 [résumé in L'Encéphale, juin 1937; 149] : « A côté de la syphilis, cause primordiale et essentielle du tabès, la littérature médicale mentionne d’autres facteurs occasionnels, tels le froid, l'humidité et la contraction musculaire forte et prolongée. Dans toutes les littératures il est noté que les soldats, les voyageurs, les danseurs, ceux qui commettent des excès vénériens montrent de grandes aptitudes et dispositions au tabès. Les statistiques nous démontrent que parmi les syphilitiques traités avec les moyens les plus modernes 1% seulement peuvent être tabétiques. Parmi les facteurs, on note les infections aiguës comme la typhoïde, la pneumonie, les rhumatismes, une longue lactation, les excès tabagiques, l’émotion dépressive, et pour un centième des cas, le trauma (Dana).
Dans le cas par nous rencontré, les symptômes du tabès, particulièrement l'ataxie, se sont déclenchés à la suite d'une émotion, d’un coup. Notre malade est un officier âgé de 42 ans. Il ne savait pas qu’il avait contracté la syphilis. En temps de révolution, il fut arrêté comme fauteur de coup d’Etat et renvoyé devant un conseil de guerre. Jusqu’à ce jour, il n'avait subi aucun examen médical. D'ailleurs il ne se plaignait de rien : ni algies, ni vomissements. L’appétit et la digestion étaient bons. Il montait à cheval, se promenait longuement, pratiquait les sports. Il ne ressentait rien d’anormal. Pendant les premiers 15 jours de son séjour en prison, il n’avait rien senti, aucune manifestation pathologique. Un matin il est réveillé en sursaut par un grand bruit. Il court à la fenêtre de sa cellule pour savoir la cause de ce bruit. Il voit que l’on vient de mettre une longue chemise blanche à un condamné et que de suite il est pendu dans un coin de la cour. C’était un codétenu soupçonné d’avoir été complice dans la même affaire que lui. De suite il tombe par terre, comme s’il avait un accès de paralysie hystérique. Pourtant il ne perd pas conscience. Ses camarades de salle se réveillent et se mettent à l’aider ; ils apprennent la cause de sa chute. On demande le médecin. Celui-ci croyant avoir affaire à un accès hystérique essaye la suggestion et prescrit une potion cordiale. Mais la paraplégie continue. Le malade est envoyé à notre clinique. A l'examen des yeux : très léger myosis, réactions oculaires très lentes. Les réflexes rotuliens et achilléens étaient complètement absents dans les membres paraplégiques. Le tonus musculaire était très diminué. Les signes de Lasègue et de Babinski sont négatifs. Les réponses à la douleur et au toucher sont normales. Les jambes sont molles comme celles d’un polichinelle. A l’épreuve talon-genou on remarquait une ataxie très manifeste lorsque le malade essayait de relever les jambes. Très légère rétention pour uriner et dans la défécation. Les premiers jours il ne pouvait pas se tenir debout. Un mois après, il commençait à marcher à i»as ataxiques avec difficulté en regardant la pointe des pieds comme les tabétiques, le signe de Romberg était très net. A l'examen du sang le Wassermann était positif ; Nonne dans le L.C.R. était (4 plus). Quoique à première vue nous crûmes à une paraplégie hystérique, à l’examen nous constatâmes un classique tabès. Le traitement antisyphilitique fut appliqué On essaya pendant des mois et des années les exercices d’après la méthode de Fraenkel. Les douleurs fulgurantes et lancinantes apparurent. Le malade perdit le boire et le manger à cause de ces douleurs. Il succomba tuberculeux. Jusqu’aux derniers moments l’ataxie, l’hypotonie, l’Argyll-Robertson, le Romberg, les douleurs fulgurantes et lancinantes persistèrent. Si le malade avait pu être examiné avant l’événement, on aurait constaté l’Argyll-Robertson et le Westphal, au moins le Romberg. Mais il n’y avait aucun soupçon même d’ataxie. Pas le moindre soupçon d’anormalité dans la marche ou la station debout. C’était un officier très actif. Un choc moral déclencha la maladie, c’est-à-dire l’ataxie. Quel en est le mécanisme ? Il est très normal qu’il y ait apoplexie cérébrale à la suite d’une émotion vive qui est cause d’augmentation de tension et de spasme des vaisseaux cérébraux. De même, les observations sont nombreuses qui font accepter le cas de paralysie agitante dû à des œdèmes, des hémorragies, des contractures des vaisseaux du voisinage des ganglions basaux causées par de grandes frayeurs. J'ai observé deux cas de parkinsonisme déclenché à la suite de bombardement aérien ou par navire de guerre pendant la grande guerre. Pendant l’armistice, l’encéphalite épidémique avait envahi l’Asie Mineure autant que les autres contrées mondiales.
Un grand nombre parmi les malades présentant des séquelles prétendaient que les tremblements avaient pour cause la frayeur et la peur. Il est juste que ces malades généralement attribuent leur maladie nerveuse à de telles causes morales. Mais dans la plupart des cas, le témoignage des médecins traitants qui examinèrent les premiers ces malades corroborent les dires de ces malades, dont on ne sait s’ils avaient eu l’encéphalite ou non ; que les tremblements commencèrent à la suite d’une attaque soudaine de leur maison, d’un massacre ou d’une exécution dont ils furent les témoins involontaires. Il nous faudrait, en se basant sur l’anatomie, pour expliquer les tableaux cliniques, prendre en considération les systèmes sympathique et para-sympathique, les spasmes vasculaires et la question du locus minoris resistentiæ. Nous savons qu'il y a différentes théories pour expliquer la pathogénie du tabès : méningée, vasculaire, médullaire, radiculaire, névritique... Pourtant ces pathogénies ne suffisent pas à expliquer que le tabès est une intoxication reliée à un système donné. On accepte généralement comme pathogénie, la syphilis du cordon postérieur et la radiculite syphilitique. Le processus n’est que la réaction hyperallergique sur un terrain syphilitique chronique. Avec cette réaction : 1) La fibre radiculaire postérieure y est comprise ; 2) Que cela soit sympathique ou autonome, il peut s’étendre aux fibres du système végétatif ; 3) Il peut atteindre aussi le système des nerfs moteurs. Et pourtant l’origine et la nature de celte hyperallergie sont complètement obscures. Comme dans les autres hyperallergies, le choc moral pourrait bien provoquer cette ataxie tabétique. On peut expliquer ainsi ce cas rarissime par nous observé.

Discussion M. le Professeur Minkowski (de Zurich). — Le cas relaté par M. Mazhar-Osman Uzman est indubitablement un de ceux qui illustrent, d’une manière impressionnante, l’importance de facteurs psychiques dans les maladies organiques du système nerveux. Dans ce même ordre de phénomènes, je connais le cas d’un tabétique qui, lorsqu’il est venu consulter un médecin, se trouvait dans un état satisfaisant. Mais le médecin ayant eu la maladresse de lui dire qu’il souffrait d’une maladie organique grave du système nerveux, le malade fut saisi d’une telle ataxie des jambes qu’il ne fut plus capable de quitter le cabinet de consultation par ses propres moyens. Tout le monde connaît, en général, la portée primordiale de facteurs psychiques et psychogènes dans l’évolution des maladies organiques diffuses du système nerveux, telles surtout que la sclérose en plaques et l’encéphalite léthargique avec ses séquelles. On connaît également les syndromes parkinsoniens qui se développent à la suite de chocs psychiques. Sans parler du rôle de facteurs psychogènes dans les états post-traumatiques, commotionnels et autres. »

- « Hémorragies subdurales dues à des traumatismes périphériques ». Congrès de 1937, Nancy; 310-313 : « Les hémorragies cérébrales d’origine traumatique sont dues, généralement, à des traumatismes crâniens. L’hémorragie se produit dans la partie touchée ou, par contre-coup, du côté opposé. Les hémorragies cérébrales que nous pouvons diviser en quatre groupes sont : durâtes ou pachyméningiales, piales ou sub-arachnoïdiennes, centrales ou capsulaires, bulbaires, pédonculaires et cérébelleuses. Les hémorragies durales proviennent de la rupture des vaisseaux de la dure-mère, c’est-à-dire de l’artère méningée moyenne ou de ses embranchements. Elles sont extra ou épidurales. Quant aux hémorragies subdurales, elles sont dues à la rupture des veines si nombreuses de la pie-mère, particulièrement de celles qui aboutissent au sinus longitudinal supérieur. Dans certains cas, il y a rupture du sinus même. Dans ce genre de traumatisme il peut y avoir hémorragie sans qu’il y ait blessure du crâne.
Immédiatement après être blessé, le malade tombe dans une complète hébétude. On remarque souvent tous les symptômes de la commotion cérébrale. Parfois ces symptômes sont très légers ; parfois même ils n’existent pas. Le malade se réveille de sa torpeur et reprend toute sa lucidité. Mais après un temps, il retombe dans l'inconscience. Dans les lésions de l’artère méningée moyenne, cette lucidité peut avoir une durée de 24 heures, des fois de quelques jours, des fois encore d’une semaine et même plus. Dans un cas observé par Raymond elle a duré un mois. Le malade dans l’espace de quelques heures commence à délirer ; il entre dans le coma, le pouls se ralentit, la respiration est stertoreuse. Il n'y a pas de stase papillaire ; parfois très légère au début elle disparaît vite. Dans certains cas, on voit des centres d'irritation d’un seul côté : crampes, contractures, raideurs de la nuque, signe de Kernig. Une paralysie incomplète s’établit d’un seul ou de deux côtés. La pupille est dilatée du côté de l'hémorragie. Il n’est pas rare de remarquer que le signe de Babinski est aboli dans les hématomes de la dure-mère. Le coma n'est pas complet et cela aide grandement le diagnostic. Parfois dans les blessures du crâne des collections séreuses subarachnoïdiennes se forment, difficilement différenciables des hémorragies. Dans les hématomes de la dure-mère il n'y a pas de sang à la ponction, tandis que dans les épanchements subarachnoïdiens la ponction est sanguinolente. Cela facilite le diagnostic. L’intervention chirurgicale est le seul moyen pour parer à tout accident. Ligaturer les vaisseaux lésés, enlever et nettoyer le caillot sont les seuls moyens efficaces. La glace sur la tète et la saignée sont souvent sans résultat. Même s’il n’y a pas de blessure visible, l’intervention chirurgicale est indiquée : surtout si les signes d’hypertension cérébrale prennent une allure menaçante et si les symptômes locaux ne s’amendent pas, il ne faut pas hésiter à opérer. Dans les cas que nous présentons, quoique les tableaux cliniques soient ceux d’une hémorragie méningée, le traumatisme est situé très loin du crâne. Dans l’un des cas c’est un choc sur la jambe à la suite d'un saut qui est cause de l'hémorragie ; dans l’autre c’est une chute sur un terrain mou et uni lors d'une promenade à cheval. Dans ces cas, très longtemps après le traumatisme, un épanchement sanguin se produit lentement et progresse jusqu’à ce que le sujet tombe finalement dans le coma et succombe, si une intervention chirurgicale n'est pas pratiquée en temps opportun. Le traumatisme n’étant pas directement crânien, le fait qu’un quelconque traumatisme puisse causer un accident grave et surtout l’installation tardive et progressive de la paralysie sont des causes suffisantes pour rendre le diagnostic des plus difficiles. L’hémorragie à la superficie et en nappe s’installe lentement. Pour que l’intervention chirurgicale puisse être efficace, il est de la plus haute importance que le diagnostic soit très précoce.
Je présente deux cas pareils d’hémorragie subdurales que j'ai pu observer et dont j’ai pu suivre le cours :
Obs. 1. — M. N..., colonel en retraite, âgé de 47 ans, a voulu sauter d’un tramway en marche. Il tombe sur la jambe droite ; très légère contusion et douleur. Il se relève et va à son travail. Il ressentit alors un très léger engourdissement de la jambe droite. Il pense que c’est la conséquence de la chute. L’engourdissement continue et progresse. Au bout de deux semaines il le ressent dans le bras droit aussi et, deux mois plus tard, une hémiparésie droite flasque est manifeste. Le malade est couché sur le dos. A l’examen, on voit que la paralysie présente les symptômes d’une hémiparésie organique due à une lésion hémisphérique, même centrale. Pas de convulsion, pas de contracture. La sensibilité est normale; l’examen du fond des yeux est normal. Babinsky et Oppenheim sont positifs. Les réflexes rotuliens et achilléens sont abolis. Le liquide céphalo-rachidien est clair. La tension artérielle est normale. Le Wassermann dans le sang et le liquide céphalo-rachidien est négatif. Weichbrodt et Pandy positifs ; très légère augmentation protéinique (avec Nissl 1).
On pense que cette hémiparésie s’installant progressivement dans l’espace d’un mois est due à une hémorragie subdurale et on décide l’opération. Après trépanation, on constate l’existence d’une hémorragie en nappe à la surface de l’hémisphère gauche. L’artère est ligaturée. Le malade succombe avant la fin de l’opération, du choc opératoire.
Obs. II — Le 6 juin 1934, M. R..., commerçant, âgé de 54 ans, entre à l’hôpital dans un état semi-comateux. On constate une hémiplégie droite nette. La tension artérielle est de 15. Le cœur est régulier ; pas de souffle. L’appareil respiratoire est normal. Le foie n’est pas hypertrophié. Dans les urines prélevées par sondage vésical, on ne décèle aucune modification essentielle. Le sucre dans le sang : 1,25. Urée : 0,47. Cholestérine : 1,5. Le Wassermann dans le sang et le liquide céphalo-rachidien est négatif. La r. Globuline est positive. La famille nous renseigne qu’il n’y a pas eu de traumatisme récent, mais que toutefois, 2 mois avant la consultation, le 6 avril 1934, le sujet était tombé de cheval. Le terrain de chute était meuble. Il tomba d’ailleurs sur l’épaule gauche. On constate une légère et petite égratignure au menton. Lors de la chute il ne s’est pas évanoui ; il se releva de lui-même, tout de suite, et tranquillement rentra en ville. Il se présenta chez un médecin et le pria de lui faire des injections antitétaniques. Une semaine plus tard, il ressent des maux de tête très violents. Les douleurs augmentent de jour en jour davantage. Un mois et demi après la chute il ressent des engourdissements dans la jambe droite. Le 4 juin, l’hémiplégie est complète et le malade tombe dans le coma. Le malade est transporté d’Ismir à Stamboul pour être soigné dans une clinique ; on constate que le coma est de plus en plus profond. Cela ressemble fort à la première observation. Nous proposons à la famille l’intervention chirurgicale. 2 heures après le malade est opéré. On constate une grande hémorragie subdurale. L’artère est ligaturée. On nettoie le tout. Comme dans le premier cas, j’avais considéré celui-ci comme tout à fait perdu après l’opération et j’ai eu l’occasion de le voir deux mois après notre consultation complètement rétabli. Le sujet était normal. Rien chez lui, ni défaut psychique, ni traces de parésie. En posant le diagnostic dans des cas pareils, il faut toujours tenir compte du temps libre assez long qu’il peut y avoir entre le traumatisme et les symptômes pathologiques. Devant les paralysies lentement progressives dues à des traumatismes proches (2 mois), il nous faudrait penser à une hémorragie des méninges et l’accepter de suite pour pouvoir, devant des symptômes progressifs, intervenir chirurgicalement au plus tôt. Ces cas, perdus par eux-mêmes, peuvent souvent être sauvés par une trépanation sans danger. »



Alger, 1938
En 1938, le Congrès se tient à Alger. Dans la liste des délégués officiels [p.10],on relève, représentant le « Ministère de l’Hygiène et de l'Assistance sociale et Université d’Istanbul : M. le Professeur Mazhar Osman Uzman ». Et dans la liste des membres, Pr Mashar Osman Uzman, Istambul Université (Turquie) (p.25) et « Mme Mazhar Osman Uzman » (p.27). Une allocution est prononcée par « M. le Professeur Mazhar Osman Uzman Délégué du Gouvernement de la République de Turquie » [pp.39-40]

Uzman intervient dans diverses discussions [pp.223, 234, 267, 280, 297, 308] :
- sur « Les origines arabes de l’Assistance aux aliénés » où il précise l'origine turque, et non pas arabe d'Avicenne et de Razès ou Fahrettin Razi], 361 sur l'insulinothérapie :
- au sujet de L. Marchand et G. Demay, PHC et sarcomatose diffuse méningée (p.223) : il a eu l'occasion de voir un cas de PG forme maniaque cliniquement positif, biologiquement négatif dont l'autopsie a montré une neurofibromatose du cerveau, cas publié avec son collaborateur Ihzan Chükry dans le Volume jubilaire en l'honneur du Professeur G. Marinesco. Travaux originaux de ses collègues, ses amis et ses élèves. Bucarest, 1933.
- au sujet de L. Marchand, Vignaud et J. Picard, Forme inhabituelle de paralysie générale (p.238) où il évoque, p.239, parmi les guérisons grâce aux traitements par la fièvre (malaria), « un médecin très distingué qui fut soigné il y a quinze ans par W. Von Jauregg et moi et qui est mort dernièrement d'une néphrite » = vers 1923
- de A. Crémieux et M. Teitelbaum, Séquelles de myélite ascendante au cours de la vaccination antirabique (p.267) : il a eu deux cas semblables
- de M. Desruelles et H. Bersot, Les origines arabes de l'Assistance aux aliénés, p.308 : « Je voudrais ajouter quelque chose à cette si intéressante communication. L'auteur a cité plusieurs noms comme étant ceux de savants arabes. Tous les savants musulmans ne sont pas Arabes : le célèbre Avicenne est un turc de Buhara, qui est devenu, depuis tant de siècles le maître de la médecine, avait aussi écrit sur la psychoanalyse et le pansexualisme. Razès, dénommé dans nos livres Fahrettin Razi, est un Turc pur. Chez les Seltchouk et les Ottomans, chaque grande mosquée avait une école de théologie, une cuisine pour les pauvres, et une maison de santé dite "bimaristan". L'on soignait les malades très charitablement, et l'on se servait souvent de la musique pour les guérir. Cette méthode de musique existe encore en Egypte, sous le nom de "Koudoumie". Dans l'histoire psychiatrique, les Turcs sont très anciens. »
- Il participe à la discussion qui suit les communications sur l'insulinothérapie (p.361) : Depuis trois ans, nous employons largement l'insulinothérapie chez les schizophréniques. Nous avons obtenu de magnifiques résultats chez quelques-uns, surtout chez ceux dont la maladie est récente, ou qui sont en reprise ou en récidive après un laps de temps apparent de guérison. Nous avons perdu trois cas par schock du cœur ou par pneumonie. Je préfère le cardiazol à cause de la simplicité de la méthode et son absence de danger. Je puis dire qu'aujourd'hui les malades n'ont rien gagné à l'insulinothérapie, les firmes de produits biologiques beaucoup, et les médecins n'ont eu que courage et espoir. Avec mes confrère Ahmet-Chukry et Hami-Dilek, nous avons expérimenté la coramine, l'héxétone et l'icoral en injections intraveineuses. Seul l'héxétone, à dose de six ampoules, a donné des réactions épileptiques. »

Et il fait deux communications :
- M. le Prof. Mazhar-Osman Uzman et le Dr Hami Dilek, « A propos de l'étiologie des méningites ». Congrès de 1938, Alger : 280-291 (discussion : le professeur Roger, de Marseille)
- M. le Prof. Mazhar-Osman Uzman, « L'abcès de fixation dans le traitement des psychoses aiguës ». Congrès de 1938, Alger ; 297-303, au sujet de l'emploi de l'abcès de fixation dans diverses pathologies mentales, de la confusion mentale à la PMD. Il y fait référence à Emmanuel Régis et sa « grande érudition » et à Kraepelin, à Marchand et Courtois, à Édouard Toulouse, à Porot, à Guiraud, ainsi qu'à « mon collaborateur, à l'hôpital de Chichli, le Dr Kénan Tunakan [...], mon collaborateur le professeur Fahreddin Kêrim [...] en collaboration avec ses assistants Mlle Aliye et M. Duman ont traité dans ma clinique universitaire de Stamboul, de 1933 à 1937 ... injection d'essence de térébenthine sous la peau de la cuisse ... Nous avons tiré grand profit du traitement constitutionnel par l'apomorphine et par les purgatifs drastiques d'Aschner dans les manies graves et rebelles. ... La méthode de traitement par le sommeil continu (Dauerschlaf) de Klaesi (demande un personnel bien formé, donc ne peut s'appliquer sur une vaste échelle dans les grands hôpitaux) ... nos malades admis dans la section destinée à l'enseignement universitaire au sein de l'Hospice neuro-psychiatrique de Bakirköy (section de 100 lits : le personnel et le mode de traitement sont très différents dans les deux sections : celle destinée à l'enseignement et les autres service du même hospice neuro-psychiatrique de Bakirköy)...]. Dans la discussion intervient Jean Trillot (d'Albi), qui utilise l'huile térébenthinée.


Genève-Lausanne, 1946
Au Congrès de 1946, Mazhar figure sur la photo [p.643] au 1er rang, chapeau à la main. Le « Pr Mazhar Osman Uzman, 23, Babioli Cadesi, Istanboul (Turquie) » a été nommé « membre titulaire à vie ». Il est aussi dans la liste des « Délégués officiels » : « Turquie. Université d'Istanbul : Professeur Mazhar Osman Uzman »
Il y fait deux communications :
- MM. M.-O. Uzman et I. Sükrü Aksel (d'Istanbul), « Les psychoses observées au cours du traitement du paludisme par l'atébrine ». Congrès de 1946, Genève-Lausanne; 244-255 (le 1er cas est un enfant de dix ans, admis le 17 août 1945 à la Clinique)
- M. Mazhar Osman Uzman (d'Istambul), Vampirisme, Congrès de 1946, Genève-Lausanne; 611-614 [Il remercie deux de ses assistants : Kazim Dagyolu et Ertugrul]


Niort, 1947
Au Congrès de 1947, aucun Turc n'est présent. Mais le « Pr Mazhar Osman Uzman, 23, Babioli Cadesi, Istanboul (Turquie) » figure naturellement parmi les « Membres titulaires à vie » (p.13).


Marseille, 1948
Au Congrès de 1948, M. le Professeur Uzman est de nouveau délégué officiel : « Turquie : Université d'Istanbul et d'Ankara » [p.38]
Dans l'« Allocution prononcée par M. le Professeur Mazhar Osman Uzman Délégué des Universités d'Ankara et d'Istanbul », on peut lire : « C'est avec reconnaissance que je me souviens toujours de votre indulgence et de votre aimable hospitalité à mon égard. J'ai eu l'honneur de vous saluer presque chaque année depuis 1934 : à vos congrès de [...]; aux Congrès internationaux de Neurologie de Berne, Londres, Copenhague; aux Congrès internationaux d'Hygiène mentale de Rome, Paris et Londres; au Congrès international de psychiatrie infantile à Paris. Après notre langue maternelle, c'est votre belle langue que nous avons appris la première »
Il fait en outre deux communications :
- avec Ihsan Sükrü Aksel, Hami Dilek et Kazim Dagiolu (d'Istambul), « Etude anatomo-clinique et électro-encéphalographique, traitement neurochirurgical de diverses tumeurs du cerveau ». Congrès de 1948, Marseille; 347-354 [Dilek est le fondateur de la neurochirurgie en Turquie]
- avec Latif Ulgür, Hüseyin Kenan Tunakan et Michel Tavdioglu (d'Istambul), « Le traitement des obsessions par l'électrochoc ». Congrès de 1948, Marseille; 474-480


Néris-les-Bains, 1949
Au Congrès de 1949, il figure parmi les délégués officiels : « Université d’Istamboul et Ankara : M. le Pr Mazhar Osman Uzman ». Parmi les adhérents : « Dr Sukru-Aksel (Ishan), Beyoglu-Trinel Meydani, Istamboul (Turquie) ». « Allocution de M. le Professeur Mazhar Osman Uzman (au nom de la délégation turque) » (p.51) « Quel bonheur de pouvoir être parmi vous ! D'être dans ce beau pays de France dont les destinées nous intéressent, ainsi que son bonheur et sa prospérité. »
Il y fait une communication :
- MM. Mazhar Osman Uzman, I. S. Aksel et Beyza Erim, « Un cas de méningiome frontal simulant le tableau de la maladie d'Alzheimer ». Congrès de 1949, Néris-les-Bains; 247-253 [Publié en français in : Istanbul Seririyati XXXII, 9; Eylul 1950]


Besançon, 1950
Le Congrès de 1950 se tient à Besançon, et Uzman fait comme précédemment partie des délégués officiels : « Université d’Istamboul et Ankara : M. le Professeur Mazhar Osman Uzman ». Mme Mazar-Osman fait partie des membres associés.
« Allocution de M. le Professeur Mazhar Osman Uzman au nom de la délégation turque » (p.65-66) : « ... Je m'intéressais particulièrement aux travaux de ce Congrès bien avant les jours si heureux de ma présence au milieu de mes collègues dont j'ai fait la connaissance depuis 17 ans ... J'étais un jeune médecin et amateur de la psychiatrie que les comptes-rendus de la réunion Lausanne-Genève ont intéressé vivement. Ce sont la conférence de Gilbert Ballet à propos de la responsabilité légale des aliénés, la critique faite par le Professeur Grasset de Montpellier qui ont spécialement attiré l'attention ... Ce Congrès ne m'a pas seulement servi à bénéficier des profondeurs de ma spécialité, il m'a permis de connaître les maîtres français que j'aime et j'estime tant, ainsi que les belles villes de France. Cette année j'ai vu Besançon, j'ai visité la ville de Pasteur et je l'ai aimée. .... »
Il associé deux de ses collaborateurs à une communication :
- MM. Mazhar Osman Uzman, I. S. Aksel et Beyza Erim, « Tératome de la base du cerveau donnant des symptômes d'hébéphrénie ». Congrès de 1950, Besançon; 399-408


Rennes, 1951
Le Congrès de 1951 se tient à Rennes du 16-23 juillet, quelques semaines avant la mort d'Uzman, le 31 août. M. le Professeur Mazhar Osman Uzman, de l'Université d’Istamboul, membre titulaire à vie, est dans la liste des délégations étrangères. Il prononce une allocution « au nom de la délégation turque » (p.41-43) et fait deux communications :
- MM. Mazhar Osman Uzman, Ihsan Sukru Aksel et K. Dagyolu (Clinique psychiatrique de l'Université d'Istanbul), « Un cas de mélancolie pris comme maladie de Bürger à localisation cérébrale ». Congrès de 1951, Rennes; 362-366
- MM. Mazhar Osman Uzman, Ihsan Sükrü Aksel, Zekâi Tunçman, K. Dagyolu (d'Istanbul), « Contribution à l'étude des accidents paralytiques survenus au cours du traitement antirabique ». Congrès de 1951, Rennes; 463-467

D'autres congrès

Parmi d'autres congrès auxquels Mazhar Osman Uzman a participé, et où il est intervenu en français, citons, sans pouvoir être exhaustif :
Le Ier Congrès neurologique international de Berne, du 31 août au 4 septembre 1931, dont il est membre du Comité permanent d'organisation pour la Turquie avec Basile Conos, secrétaire, Nazim Chakir, le professeur Hayrullah, Chukru Hazim et le professeur Fahreddin Kerim. Ishan Schukry [sic, pour Ihsan Sükrü] figure dans la liste des membres.

La IIe Réunion Européenne d'Hygiène mentale, tenue à Rome les 27 et 18 septembre 1933 sous la présidence de Sante de Sanctis et où «M. Mazhar Osman (d'Istamboul) présente une communication sur « L'héroïnomanie à Istamboul » [AMP 1934, I, 281], tandis que le professeur Fahreddin Kerim intervient sur La question du suicide en Turquie.

Au IIe Congrès neurologique International de Londres des 29 juillet au 2 août 1935, il s'associe à Ihsan Schukru [Ihsan Schükrü Aksel] pour présenter « Les eunuques. Etude anatomo-clinique et anthropologique », publié in L'Hygiène mentale février 1936, 2; 33-44. La même année, au VIe Congrès médical national Turc tenu à Angora en octobre, il cosigne avec le Pr Fahrettin [sic] Kerim Gökay un rapport sur L'alcoolisme en Turquie.

Du 19-23 juillet 1937, il participe à Paris au IIe Congrès international d'Hygiène mentale [Le Ier s'est tenu à Washington en mai 1930], présente un travail intitulé « Comment nous luttons contre l'épidémie d'héroïne » [t.II, p.44] et intervient dans la discussion de plusieurs rapports [t.I, p.327, 363, 398, 421; t.II, p.358, 397], tandis que le Prof. F. Kerim Gökay parle des « Effets de la loi interdisant la publication des suicides dans les journaux » [t.II, p.105]. Le Congrès suivant devait se tenir à Leipzig en 1941, il aura lieu à Londres en 1948.

Puis, "Mazhar-Osman-Uzman" fait deux communications au Premier Congrès international de psychiatrie infantile, tenu à Paris du 24 juillet au 1er août 1937 sous la présidence de Georges Heuyer, l'une avec Ihsan Shuru-Aksel, d'Istambul, « L'enfant d'une paralytique générale » [L'Hygiène mentale 1937; 173), la seconde sur l'« Encéphalite post-vaccin antiscarlatineux ».

En 1939, il participe au Caire au Congrès médical arabe organisé par la Société médicale d'Egypte, en tant que président de la délégation turque [L'Homme libre, 16 février 1939, p.3], à la VIe Réunion Européenne d'Hygiène mentale, Lugano, 4-6 juin 1939 puis au IIIe Congrès neurologique international de Copenhague, 21-25 août 1939 [Section de thérapeutique, 24 août. Mazhar Osman Uzman et Ihsan Schükrü-Aksel (Istambul), « A propos de l'intoxication à l'héroïne » : les toxicomanes sont alors passibles devant un tribunal spécial d'une condamnation à six mois minimum d'internement, parmi lesquels les héroïnomanes sont les plus nombreux, devant les hachichomanes, les alcooliques, les morphinomanes et les cocaïnomanes.

Il participe en 1947 au Congrès International de Microbiologie de Copenhague [Report of Proceedings, International Congress for Microbiology, Copenhagen, July 20-26, 1947] puis au 5e Congrès international de Pathologie comparée à Istanbul, 13-20 mai 1949 où il fait une communication - en français - avec Zekâi Tunçman [Zekâi Muammer Tunçman], « Sur les accidents paralytiques observés au cours du traitement antirabique ».

Le IVe Congrès Neurologique International à Paris, 5-10 septembre 1949 dont le "Prof. O. Uzman (Turquie)" [sic] est l'un des vice-présidents.

Le Premier Congrès Mondial de Psychiatrie enfin, tenu à Paris en 1950 [VIII Actes généraux du Congrès. Paris, Hermann & Cie, 1952], où la Türk Akil ve Asabiye Cemiyeti des Professeurs M. O. Uzman et I. Sukru Aksel [p.11] fait partie des sociétés représentées à la réunion préparatoire du 18 septembre 1950 et auquel participent Rasim Adasal, Hôpital Gülhane, Ankara Turquie [p.13], formé à l'école de Georges Guillain et Henri Claude, Fahereddin Kerim Gökay 15, rue Ankara, Istambul [p.39], Uzman, Clinique Psychiatrique d'Istambul [p.61], Sukru Aksel, Ihsan Beyoglu, Tünel Meydani, Istambul [p.76].

Autres travaux et publications

Mazhar Osman Uzman est l'auteur de très nombreuses interventions et communications scientifiques dans le domaine de la neuropsychiatrie, de l'Assistance, de l'Hygiène et de la Prophylaxie mentales. Ses principaux travaux portent sur l'administration des asiles, sur la syphilis en général et la paralysie générale en particulier, la démence précoce et la schizophrénie, la dépendance et les intoxications par le haschich, l'alcool et l'opium, les encéphalites, la maladie de Hallervorden-Spatz, la sclérose multiple [SEP].

Parmi ses principales publications en langue turque, il convient de citer deux grands ouvrages, l'un consacré aux maladies mentales, Akil Hastaliklari, édité en 1935 à Istanbul par Kader Matbaasi [467 + 1 p. La couverture porte : Massar Osman], l'autre aux maladies nerveuses, Sinir Hastaliklari en deux volumes, 1935 et 1936 à Istanbul chez Kader Basimevi, “Türklerde Deliler Için Neler Yapilmistir”. Cümhuriyetin 15 inci Senesi Serefine. Bakirköyünde ilk on sene [Istanbul, Kader Basimevi, 1938], ouvrage de 250 pages abondamment illustré consacré aux dix premières années à Bakirkeuy, édité à l'occasion du 15e anniversaire de la République, et enfin Psychiatria, volume de 352 p. édité chez Kader Basimevi en 1947.

Signalons encore un Rapport sur la toxicomanie, surtout par le cannabis en Turquie. Effets physiologiques de l'intoxication [Bulletin de la Société des Nations, Genève, 27 avril 1939] écrit par le Professeur Uzman au titre d'expert du Sous-Comité Cannabis de la SDN, et deux publications,
- l'une sur Guy de Maupassant : Cinnet-i Mesahir 1. Giy dö Mopassan. Matbaa-i Hayriye ve Sürekasi, 1327 (1911), titre qui signifie « Une folie célèbre » et qui est la traduction de "Le Horla",
- l'autre sur l'hystérie selon Babinski : « Babinski'ye Nazaran Isterya » publié dans les Sisli Müessesinde Emrâz-i Akliye ve Asabiye Müsamereleri, 6, 1333 (1917); 25-27 [Dersaadet, Hilal Matbaasi].

Dans cette revue appelée Mémoires de psychiatrie et de neurologie, que l'on trouve auusi dénommées Chichli Müsamereleri et qui est le premier périodique neuropsychiatrique turc dont 11 livrets sont publiés de 1914 à 1918, Mazhar Osman signe nombre d'autres articles, dont :
- “Hachich et démence précoce”, 1332 (1916)
- “Harb Nevrozlari”, S. 4, 1333 (1917); 3-8 [Névroses militaires]
- “Geçen Senenin Son Içtimâ’nin Hâtimesi Olmak Üzere Muâllim Mazhar Osman Bey Tarafindan Irâd Edilen Nutuk ve Muhâbere-i Hâzirada Vazifeleri Ugruna Terk-i Hayat Eden Meslekdaslarinin Esâmisi Listesi”, S. 6, 1333 (1917); 15-22
- “Harbde Görülen Vakai’den”, S. 8, 1334 (1918); 3-6
- “Nutk-u iftitahi”, S. 11, 1334; 1-2

- Dr Mazhar Osman bey, « Içki hastaligi ». Sirat-i Müstakim, 14/355, Temmuz 1332 [juillet 1916]
- Dr Mazhar Osman bey, « Içki hastaligi ». Sebilürresad (27 July 1916), p.136
Sebilürresad et Sirat-i Müstakim sont deux magazines.

Il a en outre collaboré à plusieurs revues scientifiques et publié dans notre langue quelques articles en français dont, parmi ceux que nous avons glané ici et là :
- Dans Idjtihad, revue turque de langue française fondée en Suisse en 1904 par le docteur Djewdet [Jawdat], « Qu'est-ce que la folie ? » (avec un portrait de l'auteur) et « La dégénérescence » en novembre 1921
- Dans La République, édition française de la Cumhuriyet Gazetesi’nin, 12 juillet 1926, « La mort du Dr Menahem bey Hodara »

Deux articles avec Conos parus en 1916 dans la Gazette Médicale d’Orient, IV-VI, sur la « Spondylose rhizomélique » et sur la « Maladie de Raynaud ».

Dans la Revue neurologique (Paris) en 1934, « La rareté de la sclérose en plaques en Orient » [introuvable !]

Dans les Archives Balkaniques de Médecine, Chirurgie et leurs spécialités de janvier-mars 1940, avec I. Sükrü Aksel et Zekai Tunçman, « A propos des accidents paralytiques survenant au cours de la vaccination contre la rage »

Dans Istanbul Seririyati, XXXI, n°11, 1949, avec I. Sükrü Aksel et K. Dagyolu, « L'épilepsie myoclonique et l'examen électro-encéphalographique ».

Dans L'Hygiène mentale
- en février 1936, avec Ihsan Schukru, « Les eunuques. Etude anatomo-clinique et anthropologique. Travail de la Clinique Neuro-psychiatrique de Bakirköy, Istamboul » Communication au IIe Congrès neurologique International de Londres, 29 juillet - 2 août 1935
- en décembre 1937, avec Ihsan Schukru-Aksel, « L'enfant d'une paralytique générale ». Communication au Premier Congrès international de psychiatrie infantile, Paris, 24 juillet-1er août 1937 (titre uniquement)

Le professeur Uzman, ami de la France

Mazhar Osman aimait la France, pays de culture et « pays de liberté », ainsi qu'il qualifie notre pays lorsqu'il recommande à l'un de ses malades de s'y rendre et lui remet des recommandations pour les professeurs Claude, Babinski et Henri Roger » [« Un cas de transvestisme » par M.-P. Gardien-Jourd'heuil et P.-E. Gardien. Annales médico-psychologiques 1948, I; 52-58 : p.55. Babinski est mort en 1932, Henri Roger, marseillais, en 1955] : il s'agitdu cas d'un autrichien ayant fui l'Anschluss et souffrant de ce qui est plus tard appelé une Dysphorie de genre.

Il a passé la plus grande partie de sa vie à Scutari [Üsküdar], dans le quartier de Küçük Çamlica sur la rive asiatique du Bosphore, proche de ses lieux d'exercice. Travailleur infatigable, qui conçut sa profession comme un quasi-sacerdoce [Poliklinik, n.d.].

Au cours des dernières années de sa vie, il souffrait de diabète et d'une maladie cardiaque. Après avoir été victime d'une hémiparésie, il décède à la clinique « Chifa Yourdou » d'Ortakeuy [Ortaköy, Dr Asim Onour propriétaire et directeur en 1947], Istanbul le 31 août 1951, deux heures après avoir reçu la visite de son ancien élève Fahrettin Kerim Gökay, gouverneur, maire d'Istanbul.

Le corps de « L'Ordinarius Professeur Dr Mazhar Osman Uzman (Médecin-chef de l'Hôpital de la Paix) » fut transporté dans sa maison à Dlaghaloglou et, après la prière des morts récitée à la mosquée de Béyazit, fut inhumé le 2 septembre 1951 au cimetière de Zincirlikuyu [district de Chichlii] (prononcer Zindjirlikouyou). Il laissait une veuve et cinq enfants.

Le rédacteur de la notice nécrologique que lui consacre la Revue neurologique rend un très bel hommage à l'homme et ses grandes qualités : « Mazhar Osman Uzman. Le professeur Mazhar Osman Uzman, membre de notre Société, est décédé en 1951. Célèbre dans son pays pour ses travaux neuropsychiatriques, il naquit à Sofulu en Turquie en 1884, fit ses études de médecine en Allemagne et devint l'élève de Kraepelin, mais au cours de sa carrière il subit de plus en plus l'influence de la psychiatrie française. Ses travaux portent surtout sur la paralysie générale, la schizophrénie, les intoxications par l'alcool et l'opium. Il envisageait son rôle de psychiatre sous un angle moral et social, s'attachant à ses malades et profondément aimé d'eux. Il gravit peu à peu, au cours de sa carrière, les échelons des honneurs aussi bien dans son pays qu'à l'étranger où il devint membre de nombreuses sociétés neurologiques et psychiatriques. C'était un homme de bien, aimé et honoré par tous, et la Société française de Neurologie adresse à sa famille et à ses collèges l'assurance de toute sa douloureuse sympathie. » [Revue Neurologique 1952, I; p.263-264]

En hommage à celui qui en fut le directeur médecin-chef, son nom a été donné à l’hôpital d'enseignement et de recherche en santé mentale et maladies nerveuses de Bakirkeuy, le Bakirköy Prof. Dr. Mazhar Osman Ruh Sagligi ve Sinir Hastaliklari Egitim Arastirma Hastanesi.



Références
(ordre chronologique)


- Oguz Özdez, « Mazhar Osman Uzman » (en turc) [s.d., s.n.]; 28-29

- Poliklinik, Dr Süreya Kadri Gür, « Prof. Mazhar Osman için yapilan jübile », suivi de « Prof. Mazhar Osmanin Kisa Tercümei Hali » : récit autobiographique paru dans Son Posta [s.d.]

- « Les aliénés dans les hôpitaux de Constantinople ». Annales médico-psychologiques 1886, I ; 501

- « Les Hôpitaux à Constantinople », Journal des Débats politiques et littéraires, 5 mars 1886, p. 2

- Lucien Libert, « Les aliénés en Orient ». L’Informateur des aliénistes, 25 avril 1913, 4 ; 129-136

- « Civilisation et folie ». Le Gaulois, 8 août 1928, p.4

- Reportage d'Hikmet Feridun, "Mazhar Osman Bey delileri arasinda" = "Mazhar Osman Bey parmi ses fous" (1933) qui constitue la couverture de la revue 7 Gün (7 jours), année 1, numéro 1 du mercredi 15 mars 1933 [15 Mart Çarsamba 1933]

- Basile Conos, Anatomie et Physiologie cliniques du Système nerveux central. Préface du Dr Henri Claude. Istanbul, impr. Henri Zellich & fils, 1933 ; XVI-189-(3) p.

- Maurice Desruelles et Henri Bersot, « L'assistance aux aliénés en Europe (Suite). Pays Balkaniques (Suite). La Turquie », L'Hygiène mentale, février 1939, 2; 21-40 [Le chapitre « Organisation générale actuelle » a été communiqué par Uzman et Gökay, « qu'ils ont obligeamment traduite en français ». Il y est par ailleurs fait mention de diverses précisions concernant l'histoire de l'assistance en Turquie, faites par Uzman.

- M.-P. Gardien-Jourd'heuil et P.-E. Gardien, « Un cas de transvestisme ». Annales médico-psychologiques 1948, I; 52-58

- « Mazhar Osman Uzman ». Notice nécrologique, Revue neurologique 1952, I; 263-264

- Paul Sivadon, « Les problèmes d'hygiène mentale et Turquie ». L’Hygiène Mentale 1957, 3; 221-247

- [Dr Ahmet] Süheyl Ünver, Türkiye’de Psikiyatri Tarihi Üzerine. Istanbul Üniversitesi Tip Fakültesi Mecmuasi, S.: 4, C.: 22, Ismail Akgün impr., Istanbul 1959 [L'une des premières études turques sur l'histoire de la psychiatrie turque]

- [Essai sur l'histoire de la santé mentale au cours des siècles en Turquie. Pagine di Storia della Medicina 1966, 10 (5) 3-12. introuvable]

- F. K. Gökay, « Türk tababet-i ruhiye tarihi », Tip Dünyasi, 48, n°9, septembre 1975

- E. Gilbrin, « L'Hôpital français de Constantinople. Les médecins français et les Filles de la Charité dans les hôpitaux de Constantinople ». Histoire des Sciences Médicales 1977 ; 141-151. Communication présentée à la séance du 22 janvier 1977 de la Société française d'Histoire de la Médecine [Entre autre, référence à A. Dejouany et L. Belbèze, Les Alliés à Constantinople. Le Service de santé du corps d'occupation français : son œuvre militaire, médicale et sociale. Paris, PUF, 1925]

- « Usman, Mazhar Osman ». Dünden Bugüne Istanbul Ansiklopedisi, Istanbul, 1994, VII, 328

- Sefa Saygili, Ord. Prof. Dr. Mazhar Osman (Uzman). Istanbul, Türdav, 1998; 9-15.

- Sahap Erkoç, « Mazhar Osman ve Alzheimer ». Artimento 1999, n°1; 68-71

- Aykut Kazancigil, ”Tip Tarihçesi Olarak Ordinaryüs Prof.Dr. Mazhar Osman Uzman”, Tip Tarihi Arastirmalari Dergisi, Istanbul, 2001, n°X; 280-281

- Liz Behmoaras, Mazhar Osman : Kapali Kutudaki Firtina. Istanbul, Remzi Kitapevi, 2001

- Sahap Erkoç, « Liz Behmoaras'in Mazhar Osman, Kapali Kutudaki Firtina Adli Kitabi Üzerine Notlar ». Kebikeç 2001, 12; 169-204 [critique minutieuse et documentée de l'ouvrage de Behmoaras]

- Sahap Erkoç, « Ilk Türkçe Nöropsikiyatri Dergisi : Sisli Müessesesinde Emraz-i Akliye ve Asabiye Müsamereleri ». Tip Tarihi Arastirmalari, [février] 2001, 10; 119-137

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- Sanem Güvenç-Salgirli, Eugenics as science of the social : a case from 1930'S Istanbul. Doctorat en Philosophie et Sociologie, State University of New York 2009

- M. Orhan Öztürk et Burhanettin Kaya, Türkiye’de Psikiyatrinin Örgütsel Belleg, Türkiye Psikiyatri Dernergi Yayini, 2010

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- Özcan Köknel, «1900-1950 Yillari Arasinda Türkiye’de Psikiyatri » in : M. Orhan Öztürk et Burhanettin Kaya, Türkiye’de Psikiyatrinin Örgütsel Belleg, Türkiye Psikiyatri Dernergi Yayini, 2010, p.337

- Tevfika Tunaboylu-Ikiz, « La psychanalyse en Turquie ». Topique 2010, I; 129-141

- Uygur Er et Sait Naderi, Ülkemizde Beyin ve Sinir Cerrahisinin Ihtisaslasmasi ve Kurumlasmasi. Türk Nörosirürji Dergisi 2011, Cilt: 21, Sayi: 3, 209-219

- Alp Çetinbinici, Ayse Gülsah Kartal, Gizem Can, Deniz Dogan, Ömer Burak Demirel, 1935 Basimli "Akil Hastaliklari" Kitabi Isiginda Mazhar Osman Uzman'in Hayatinin ve Hekimliginin Incelenmesi [Enquête sur la vie et l'œuvre médicale de Mazhar Osman Uzman, à la lumière du livre de 1935 "Maladies mentales"] Tarih Bölümü [Département d'histoire], Bilkent Üniversiti, Ankara, 2012

- Nurdan Safak, « Uzman, Mazhar Osman (1884-1951) Ömrünün büyük kismi Üsküdar’da geçen Türk hekimi ». Üsküdarli Meshurlar Ansiklopedisi, 2012; 375

- Dursun Kirbas, Berkan Serdal Can Koyak, « Dünya Savasinda Ermeni Hekimler ». Yeni Tip Tarihi Arastirmalari, 2014, 20 [p. 121, L'hommage de Mazhar Osman aux martyrs de la Première Guerre mondiale à l'hôpital La Paix : « Mazhar Osman’in La Paix Hastanesinde I. DünyaSavasi Sehitlerine Saygi Konusmasi »]

- Fatih Artvinli, « “Mecnuna ne urulur, ne sövülür!”: Mazhar Osman ve yönetilemeyen bimarhaneler ». Osmanli Bilimi Arastirmalari, 2017, 19, 1; 13-42

- Tarik Tuna Gözütok, Türkiye'ye Psikiyatrinin Girisi ve Ilk Eserler. Thèse de doctorat, Institut des sciences sociales de l'Université d'Ankara, Département de Philosophie Histoire des sciences. Ankara 2019



Sites consultés

- Biographie de Mazhar Osman, Ruh ve Sinir Hastaliklari Uzmani

- Association turque d'histoire de la médecine [Türk Tip Tarihi Kurumu] : L'Association a été fondée par le professeur Ahmet Süheyl Ünver, qui a lui-même étudié à Paris et à Vienne dans l'entre-deux-guerres. Le site propose d'intéressantes illustrations [Tip Tarihimizden Fotograflar] dont l'une : Psikiyatri Tarihi 3 représente Uzman libérant les aliénés de leurs chaînes.

- Fransiz Lape Hastanesi [voir en particulier les pages consacrées à Luigi Mongeri, Avram de Castro, Mazhar Osman, Ihsan Sükrü Aksel].

- Association Suisse des Amis de l'Hôpital de la Paix à Istanbul (ASAHPI)
Créée en décembre 1998 à Fribourg (Suisse). Son but: soutenir la Communauté des sœurs qui œuvre au sein de l'Hôpital et l'aider à poursuivre sa mission. Depuis 2015, la Direction de l’Hôpital est assumée par M. le Dr METIN Shahin. Les Sœurs de St Vincent de Paul sont engagées au sein de l’Hôpital sans interruption depuis 1858. En 2009, elles ont fêté le 150ème anniversaire de leur engagement en faveur de l’Hôpital de la Paix. Au 31 décembre 2012, la Communauté compte 7 sœurs de 6 nationalités différentes. Après la guerre de Crimée, place à l’HUMANITAIRE ! L’hôpital a été donné à la Compagnie des Filles de la Charité, (Sœurs de St Vincent de Paul) par le Sultan ABDUL HAMID II afin que les victimes de la guerre puissent être accueillies, soignées, aidées. A cette époque, il s’agissait surtout d’orphelins, des victimes des épidémies, des malades et handicapés. Ce don est attesté par cette stèle qui se trouve à l’entrée du jardin de l’Hôpital. L’Hôpital soigne actuellement des patients souffrants de troubles psychiatriques, ainsi que des personnes âgées, concernées par les problèmes liés au vieillissement. Actuellement tout le personnel est turc. Depuis 3 ans, les sœurs n’ont plus de responsabilité dans les unités de soins, mais sont une présence notamment auprès des malades les plus seuls. L’Hôpital applique les normes en vigueur en Turquie, selon les Directives du Ministère de la Santé. Il s’agit d’un hôpital privé qui ne reçoit aucune aide ou subvention du gouvernement turc, ni de la France bien que l’Hôpital s’appelle Fransiz Lape Hastanesi (Hôpital français de la Paix). ... En 2012, les sœurs ont confié la direction médicale et administrative à du personnel turc. ... Le 9 mars 2019, une cérémonie commémorative a été célébrée à la mémoire du premier médecin directeur, M. le Docteur Luigi Mongeri ... Les Sœurs entretiennent des liens fraternels avec la Communauté des Filles de la Charité, responsable de l’Hôpital autrichien « St Georges » à Istanbul.



Michel Caire, 2025
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