Les relations scientifiques entre la France et la Russie sont riches et anciennes, longtemps facilitées par une francophonie très répandue dans les milieux savants de l'Empire tsariste.
L'intérêt constant porté par les médecins français, en particulier dans le domaine de la neurologie, de l'aliénisme puis de la psychiatrie se traduit par les nombreux compte-rendus et analyses des travaux russes puis soviétiques dans leurs revues spécialisées, et tout particulièrement dans les Annales médico-psychologiques.
Certains d'entre eux ont conduit à adopter en France plusieurs découvertes importantes, certaines aujourd'hui peu connues comme la tkanothérapie de Filatov, d'autres qui le sont plus comme les cures de sommeil fondées sur le principe du conditionnement pavlovien.
Parmi les auteurs cités dans notre ouvrage consacré aux traitements médicaux en psychiatrie, quelques-uns sont connus très au-delà de notre discipline, comme Pavlov et Serbsky, d'autres ont été en leur temps très renommés dans notre pays comme Vladimir Bekhterev, ainsi que les représentants de l'Ecole russe de narcothérapie au milieu du XXe siècle. La plupart, qui le sont moins ou ne le sont pas, méritent cependant de l'être.
Le nombre de personnages cités ci-après est le reflet de la place tenue par la Russie dans l'évolution des théories et des méthodes thérapeutiques en médecine mentale et nerveuse.
Isaak Savelievich Babtchin 1895-1989
Semen Abramovich Bakkal 1888-1957
Vladimir Mikhaïlovitch Bekhterev 1857-1927
Alexandre Bernstein 1870-1922
Jakob Ernst Arthur Böttcher [Estonie] 1831-1889
Maximilian Theodor Buch 1850-1920
Konstantin Mihailowitsch Bykov 1886-1959
Vasily Konstantinovich Chorochko ou Khoroshko 1881-1949
Boris G. Egorov 1892–1972
Vladimir Petrovitch Filatov 1875-1956
Johann Sussmann Galant 1893-1937
Franz Gesellius 1840-1900
Vasilii Alekseevich Giliarowskii 1875-1959
Raisa Iakovlevna Golant 1885-1953
Hermann Goldbladt [Biélorussie] 20e siècle
Mark [ou Max] Aronovitch Goldenberg 1896-1964
Albert Yakimovich Govseiew 1859-1920
Anatolii Georgievitch Ivanov-Smolenski 1895-1982
Elena Nikolaevna Kameneva 1896-?
Philippe Karell [Estonie] 1806-1886
Pavel Ivanovich Kovalevsky 1850-1931
Scholom Liftchits 1890-?
M. Mitlin [Ukraine] 20e siècle
Constantin von Monakow 1853-1930
Ossip Ossipovitch Motschutkowski 1845-1903
Alexandre Petrovitch d’Oldenbourg 1844-1932
Viktor Petrovitch Osipov 1871-1947
Lev Lvovich Papadato 1887-1955
Ivan Petrovitch Pavlov 1849-1936
Petr Pavlovich Podiapolsky 1864-1930
E. Posdniakova [Ukraine] 20e siècle
Youri Alexandrovitch Povorinski 1895-1965
Ludvig Puusepp 1875-1942
Alexander Samoilovich Rosenblum 1826-1903
Johann Georg von Rühl 1769-1846
Alexander Solomonovitch Salmanoff 1875-1964
Vladimir Petrovitch Serbsky 1858-1917
Ivan Mikhaïlovitch Setchenov 1829-1905
Serge Soukhanoff 1867-1916
Alexander Viktorovich Timofeiew 1861-1925
Ivan Filippovich Tolotschinov 1859-1920
Nikolai Nikolaevich Toporkoff 1873-1935
Nikolai Fedorovich Tschigaeff 1859-1919
Alexander Nilovitch Zaitzeff 19e-20e siècle
Bien d'autres Russes auraient mérité de figurer sur cette page, où nous avons limité la liste à ceux que nous avons cité dans notre livre : Serge Korsakoff ou Sergueï Korsakov [Сергей Сергеевич Корсаков 1854-1900], que tous les médecins français actuels -du moins les psychiatres et neurologues- connaissent, qui fut un ami de notre pays où il était très respecté; A. A. Tokarski [Ардалио́н Ардалио́нович Токарский 1859-1901], spécialiste de l'hypnose, célèbre pour ses travaux sur la mémoire et fondateur à Moscou du premier cours d'hypnose et de psychologie physiologique. Tokarski était un parfait francophone et assista à plusieurs congrès dans notre pays, en particulier le Congrès International de médecine mentale tenu à Paris en août 1889 et le Congrès de médecine mentale de Lyon en 1891. Comme Sigmund Freud et bien d'autres, il fit un stage chez Charcot à la Salpêtrière et chez Bernheim à Nancy, les deux références internationales d'alors en matière d'hypnotisme.
Nous aurions pu également évoquer les aliénistes et neuropsychiatres russes qui, pour diverses raisons personnelles ou politiques, ont choisi de vivre et d'exercer en France, tels que Salomon Lwoff 1859-1939, né à Krementchoug, Jacques Roubinovitch 1862-1950, né à Odessa, ou Victor Smirnoff 1919-1994, né à Pétrograd... S'il ne l'ont déjà (Lwoff), ils auront bientôt une notice sur notre site.
Isaak Savelievich Babtchin
Исаак Савельевич Бабчин
1895-1989
Neurochirurgien, général de division du service médical pendant la Grande Guerre Patriotique [appelée en France la Deuxième Guerre Mondiale].
En 1938, Isaac Babtchin est le directeur adjoint de la recherche et chef du département clinique de l'Institut de recherche neurochirurgicale de Leningrad, aujourd'hui Institut russe de recherche neurochirurgicale Polenov à Saint-Pétersbourg [du nom du chirurgien Андре́й Льво́вич Поле́нов 1871-1947].
Pendant la guerre, il est neurochirurgien en chef du Front de Leningrad. Après guerre, il dirige le département de neurochirurgie de l'Institut des Hautes Études médicales de Leningrad, où il enseigne comme professeur de 1947 à 1953 et devient ensuite directeur des travaux scientifiques. Babtchin est l’auteur de 230 ouvrages.
En 1936, alors qu'il exerçait dans le service de Polienov à Léningrad, il publie dans le Journal de Chirurgie (Paris) un article intitulé « Les résultats immédiats et lointains de la cordotomie » [XLVII, 1; 26-39], rendant compte de son expérience de la section des cordons antéro-latéraux de la moelle à visée antalgique.
Dès après la découverte par Egas Moniz des effets de la leucotomie préfrontale dans les troubles mentaux, il est l'un des neurochirurgiens russes qui pratiqueront l'opération, avec notamment sa collègue R. Ya. Golant.
Isaak Babtchin [ou Babtchine] publie en 1948 son « Expérience du traitement chirurgical de certaines formes de maladie mentale » [Опыт хирургического лечения некоторых форм психических заболеваний. Вопр. нейрохирургии. 1948. Т. 12. № 2. С. 3-11], puis, en 1950, rapporte au Congrès des neurologistes et psychiatres avec Golant et leurs collègues T. Ya. Khvilivitsky, N.V. Oparina, A.C. Iontov, K.S. Semenova ce que l'on sait de « L'efficacité de la leucotomie frontale bilatérale dans le traitement de la schizophrénie et d'autres maladies mentales », C.R. publiés à Moscou en 1950; 398-400 [Р.Я. Голант, И.С. Бабчин, Т.Я. Хвиливицкий, Н.В. Опарина, A.C. Ионтов, К.С. Семенова, Эффективность двустороней лобной лейкотомии в лечении шизофрении и других психических заболеваний. Тр. Всесоюзного съезда невропат, и психиатров. 1950, С. 398-400].
A la fin de l'année 1950, la psychochirurgie est interdite en Union Soviétique par décret du Ministre de la santé.
[page 261, chapitre Chirurgie cérébrale : la psychochirurgie]
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Semen Abramovich Bakkal
Семён Абрамович Баккал
1888-1957
S. A. Bakkal, chirurgien chef de service à Odessa, a publié en 1948 avec Lev Lvovich Papadato un article intitulé « Опыт тканевой терапии больных эпилепсией по методу академика Филатова » dans la revue Хирургия [Chirurgie] qui, comme ce titre l'indique, rend compte de leur expérience de la thérapie tissulaire chez les patients atteints d'épilepsie par la méthode inventée par l'académicien Vladimir Filatov. Par ce moyen, les crises comitiales auraient disparu pendant trois à quatre mois.
Bakkal a appliqué également cette méthode connue sous le nom de tkanothérapie dans le traitement de la gangrène spontanée [самопроизвольной гангрены] et dans celui de la sténose œsophagienne [стриктур пищевода] après brûlures chimiques.
[page 293, chapitre L'opothérapie placentaire : l'inclusion de tissu mort]
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Vladimir Mikhaïlovitch Bekhterev
Влади́мир Миха́йлович Бе́хтерев
1857-1927
Après avoir suivi des études de médecine à Saint-Pétersbourg, V. Bechterew ou Bechterev ou Bekhterev effectue des séjours en Allemagne, dans les services de Paul Flechsig, de Karl Westphal et de Wilhelm Wundt, puis à Paris chez Charcot.
En 1885, il succède, à Kazan, au premier professeur de psychiatrie, Aleksandr Ustinovic Frèze [1826-1884], médecin-directeur de l'asile de la ville, mort l'année précédente. Il est ensuite nommé, en 1893, directeur de la Clinique des maladies mentales et nerveuses et professeur de l'Académie militaire Impériale de Pétersbourg, chaire qu'il occupera une vingtaine d'années. En 1907, il crée un Institut de recherches en psycho-neurologie qui portera son nom en 1927, l'Institut V.-M. Bekhterev.
Influencé par Pavlov, Bekhterev développe une théorie psychorélexologique originale, présenté dans son ouvrage Objecktive Psychologie oder psychoreflexologie, Leipzig, 1913, considéré comme le premier manifeste en faveur de l'objectivisme méthodologique.
Sur « Wladimir Bechterew et la nature du psychisme », lire l'article de Jacques Chazaud, L'Information psychiatrique 2007, 83, 5; 405-411
Bechterew a été élu membre correspondant de la Société médico-psychologique [Paris] en 1914. Mais il semble qu'il ait peu publié en français. Nous avons de lui :
- Le cerveau de l'homme dans ses rapports et connexions intimes. Paris, 1887; 105 p.
- Les fonctions nerveuses. Les fonctions bulbo-médullaires. Paris, 1907, O. Doin, 2 vol. (VI-372-XII, IV-603-XII p.), ill.
Nous disposons aussi de la traduction de trois de ses ouvrages :
- Les voies de conduction du cerveau et de la moelle. Éd. française, refondue et augmentée; traduction sur la 2e édition allemande par C. Bonne. Lyon, A. Storck & Cie, Paris, O. Doin, 1900; X-856 p., fig. et pl. en couleurs
- L'activité psychique et la vie [Psyche und Leben]; traduit et adapté du russe par le Dr Paul Keraval. Paris, C. Boulangé , 1907 ; VIII-347 p. [reprod. en fac simile avec une préface de Jacques Chazaud. Paris, l'Harmattan, 2009; XV-VIII-347 p.]
- La suggestion et son rôle dans la vie sociale [Suggestion und ihre sociale Bedeutung, 1899] ; trad. et adapté du russe par le Dr P. Keraval. Paris, Boulangé, 1910; VI-276 p.
Que son nom apparaissent à quatre reprises dans notre livre témoigne d'une pratique longue et variée, d'un esprit ouvert à l'innovation : on s'intéressera en particulier à l'article cosigné avec son élève Luvig Puuseep sur la « chirurgie des aliénés » ainsi qu'à leur très curieuse idée du « lavage de cerveau » antisyphilitique, mais aussi à sa contribution à la promotion de la clinothérapie, et enfin à l'invention d'une table résonnante, qui est l'un des nombreux appareils vibratoires inventés à cette époque pour traiter les maladies nerveuses et quelques symptômes fréquemment rencontrés dans diverses maladies mentales.
[page 114, chapitre Les vibrations mécaniques : la table résonnante de Bechterew, page 125, chapitre La clinothérapie ou séjour prolongé au lit, page 180, chapitre L'impaludation, page 248, chapitre Lobotomies et leucotomies]
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Alexander Nikolaevich Bernstein
Александр Николаевич Бернштейн
1870-1922
A. Bernstein -de son vrai nom Solomon Natanovich Bernstein- est un psychiatre russe et soviétique connu comme ayant été l'un des pionniers du mouvement psychanalytique russe.
Il est aussi réputé avoir été le premier Russe à décrire la schizophrénie, et a laissé son nom à l'un des signes de catatonie : le symptôme de Bernstein [симптом Бернштейна].
Il apparaît dans notre ouvrage pour avoir publié en 1897 dans nos Annales médico-psychologiques une intéressante contribution à la question de la clinothérapie ou traitement de l'aliénation mentale par l'alitement continu : « Sur le rôle du séjour au lit dans le traitement des aliénés ». [I ; 55-67].
[page 127, chapitre La clinothérapie]
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Jakob Ernst Arthur Böttcher
Якоб Эрнст Артур Бёттчер
1831-1889
Böttcher est un médecin et anatomiste allemand balte originaire de Bauska, dans ce qui était alors le gouvernorat ou province de Courlande [actuelle Lettonie]. Reçu docteur de Dorpat -aujourd’hui Tartu en Estonie-, une université de langue allemande, il a exercé principalement au sein de l'Empire russe.
L'une de ses publications dans le Berliner Klinische Wochenschrift, en avril 1866, porte « Über die Anwendung des indischen Hanfs in der Psychiatrie » [3, 16 ; 166-168], qui témoigne de l'intérêt porté dans la deuxième moitié du XIXe siècle au chanvre indien et de ses vertus thérapeutiques en médecine mentale : somnifère et calmant, et même sédatif de l'agitation que l'on dirait aujourd'hui psychotique.
[page 305, chapitre Le traitement cannabique de la manie]
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Maximilian Theodor Buch [ou Max Buch]
Максиміліа́н Теодо́р Бух
1850-1920
Médecin et ethnologue d'origine saxonne né le 29 août 1850 à Räpina, en Livonie (Livland), docteur à Tartu, mort le 6 janvier 1920 à Lappeenranta, Finland
Cet auteur peut être revendiqué aussi bien par la Russie, par l'Estonie, par la Finlande que par l'Allemagne, puisqu'il est né à Räpina [Reppin ou Ruppin], ville aujourd'hui estonienne qui faisait alors partie de l'Empire russe, et qu'il est mort en Finlande, pays sous la souveraineté de la Russie de 1809 à 1917 et dont il prendra la citoyenneté. Buch a pratiqué la médecine à Berlin et à Ishewsk (Russie), et publié en langue allemande et finnoise.
Le Dr. Max Buch, zu Ishewsk in Russland, est cité dans notre livre au sujet d’un article évoquant le cas d’une aliénation primaire aiguë avec hallucinations très améliorée par l’application momentanée d’un très faible courant à travers les tempes [« Ein Fall von acuter primärer Verrücktheit (Westphal) ». Archiv für Psychiatrie und Nervenkrankenheiten 1881, XI ; 465-477]. La galvanisation céphalique connaît alors une certaine vogue, et plusieurs médecins publient des résultats prometteurs, dont Althaus, Albrecht Erlenmeyer, Franz Fischer et en France Edmond Hiffelsheim et Jules Baillarger. Il est très important de noter que ces électrisations de l'encéphale ne s'accompagnent pas de crises comitiales, comme en provoque l'électrochoc de Cerletti.
Buch est alors médecin à la Gewehrfabrik (usine de fusils) d'Izhevsk ou Ijevsk [Ижевск], en Oural.
Il est également connu pour ses études controversées sur la guérison de l'alcoolisme au moyen de la strychnine [« Om behandling af periodisk dryckenskap med stryfcninsalter ». Finska Läkaresällskapets Handlingar XXIX, 1887]. Signalons enfin cette curieuse publication au sujet d'une invention appelée Phantasomètre, qui permettrait de mesurer la vitesse de la pensée : « Über die Möglichkeit die Geschwindigkeit unserer Vorstellungen zu messen und die Construction eines Phantasometers ». St. Petersburger Wochenschrift. 16. Jahrgang (1891), n°25, p.218.
[page 77, chapitre L'électrothérapie]
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Konstantin Michailowitsch Bykov
Константин Михайлович Быков
1886-1959
Bykov ou Bikov est le père de la théorie cortico-viscérale, qui traite des interrelations psyche-soma, comme l'approche psychosomatique occidentale.
Avec la réflexologie de Secenov et de son élève Pavlov, elle servira de base à la cure de sommeil inventée, ou réinventée par l'Ecole russe.
[page 368, chapitre La cure de sommeil]
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Vasily Konstantinovich Chorochko [ou Khoroshko]
Василий Константинович Хорошко
1881-1949
Neurologue, membre de l'Académie des sciences médicales de l'URSS (1945).
Professeur à la clinique neurologique de Moscou, « W. K. Chorochko » ou Choroschko a été élu le 30 mai 1927 membre associé étranger de la Société médico-psychologique (Paris).
En cette même année 1927, il est à Paris l'un des représentants de la délégation officielle russe au Centenaire de Vulpian.
De V.-K. Chorochko, on a : « L'augmentation de la coagulation du sang avant l'accès épileptique ». Журнал неврологии и психиатрии им. С.С. Корсакова [Journal de neurologie et psychiatrie S.S. Korsakov] 1925, 18, 1; 59-70 [analysé dans la Revue Neurologique, 1927, II, p.236] et « патогенезу симптомо-комплекса epilepsia partialis continua » [La pathogénie du syndrome de l'épilepsie partielle continue]. Неврология, невропатология, психология, психиатрия [Neurologie, neuropathologie, psychologie, psychiatrie], 40-летию Г. Россолимо [volume en l'honneur du professeur Gregori Rossolimo 1860-1928], Moscou, 1925, p.12.
[page 297, chapitre L'opothérapie cérébrale]
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Boris Grigorievich Egorov
Бори́с Григо́рьевич Его́ров
1892–1972
Neurochirurgien de Leningrad.
Au Congrès des neurologistes et psychiatres de Moscou en 1948, Egorov ainsi que le psychiatre A. S. Shmaryan [Александр Соломонович Шмарьян 1901-1961] et le neurologue P. E. Sneserev [П. Е. Снесерев] font une communication sur la leucotomie préfrontale en clinique psychiatrique, et en particulier dans le traitement de la schizophrénie, à l'appui d'une centaine d'opérations : « Хирургическое лечение шизофрении методом лобной лейкотомии ».
Comme il a été rappelé précédemment, la psychochirurgie fut interdite en Union Soviétique par décret d'E. Smirnov, Ministre de la santé, suite à une résolution du Conseil supérieur de la santé publique en date du 30 novembre 1950.
Egorov a publié une dizaine d'années plus tard un article intitulé Leucotomie dans la Bolshaya meditsinskaya encyclopedia (Moscou), 2nd Ed. 1960, Vol 15; 683–687
A. S. Chmarian ou Shmaryan ou Shmarean, de l’Institut central psychiatrique, sera de ceux des psychiatres soviétiques qui en 1951, avec V. A. Giliarovskii et Mikhail Osipovich Gurevich [Михаи́л О́сипович Гуре́вич 1878-1953], devront faire amende honorable pour ne pas avoir suivi strictement la doctrine officielle du conditionnement pavlovien [voir Joseph Wortis, La psychiatrie soviétique, PUF 1953, traduit de Soviet psychiatry, Baltimore, 1950].
[page 261, chapitre Chirurgie cérébrale : la psychochirurgie]
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Vladimir Petrovitch Filatov
Влади́мир Петро́вич Фила́тов
1875-1956
Vladimir Filatov ou Filatow, chirurgien ophtalmologiste, est connu pour des travaux sur la transplantation de la cornée, qui ont inspiré la méthode baptisée tkanothérapie, de tkan, mot russe qui exprime l'idée de tissu.
Cette thérapeutique tissulaire mise au point par Filatov, dont les agents sont des stimulants biologiques ou stimulants biogènes, peau et placenta, fut employée dans diverses infections chroniques, dystrophies ophtalmologiques et autres affections chroniques comme le lupus, la lèpre, ainsi que dans le traitement des brûlures, des ulcères, etc. et a ouvert la voie à la chirurgie plastique reconstructive.
L'une de ses applications neuropsychiatriques est le traitement de l'épilepsie partielle, dite en France Bravais-Jacksonnienne, qui consiste en l'implantation dans la nuque du patient de fragments cutanés aseptiques prélevés sur des cadavres frais.
A Paris, un essai de traitement par le moyen d'implants placentaires est conduit en 1948 par les docteurs Jean-François Buvat, Henri Gallot et Georges Bureau à la Clinique Villa Montsouris, dont ils rapportent les résultats devant la Société médico-psychologique : les auteurs, qui savent que certaines maladies de peau sont souvent améliorées à la suite de telles inclusions, ont eu l'idée de traiter des malades présentant des « maladies dégénératives du système nerveux », qui est lui aussi dérivé de l'ectoderme. Deux malades, qui présentent en commun des idées délirantes de persécution peu systématisées, bénéficient de l'essai. Mais les résultats, plutôt favorables, sont difficiles à interpréter étant donné qu'à la tkanothérapie sont associés des électrochocs et des comas insuliniques.
Pierre Bensoussan et François Klein en 1953, puis Paul Balvet et Henri Vermorel en 1955 expérimenteront à leur tour cette « intéressante thérapeutique d'appoint » des états mélancoliques pour les premiers, de la neurasthénie pour les autres.
Filatov est le fondateur d'un Institut d'ophtalmologie et de thérapie des tissus à Odessa (Ukraine) qui porte son nom : Інститут очних хвороб і тканинної терапії ім. В.П. Філатова НАМН України, dont le site propose un bref historique en anglais.
[page 293, chapitre L'opothérapie placentaire. L'inclusion de tissu mort]
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Johann Sussmann Galant
Иоганн Зусманн Галант
1893-1937
Docteur de Bâle (Suisse) en 1917, Galant est un neurologue russe connu pour avoir décrit le réflexe qui porte son nom : le réflexe de Galant [Рефлекс Галанта] est un réflexe physiologique classé comme réflexe primitif, observé chez les enfants de la naissance à 4 mois. La persistance de ce réflexe après l'âge de 6 mois traduit un dysfonctionnement du système nerveux central, qui perturbe le développement des fonctions locomotrices. Chez un bébé placé sur le ventre, la peau de la surface latérale du corps au niveau lombaire est excitée : dans le cas d'un bon développement, le torse se plie vers le même côté.
Galant est cité dans notre livre pour son expérience de traitement de la schizophrénie par l'administration de sang placentaire, dont il dit dans son article « Meine ersten Ergebnisse der Behandlung von Schizophrenien mit Plazentablut ». [Münchener medizinische Wochenschrift 1934, 20 ; 158-172] avoir obtenu 68% d’amélioration sur 41 cas traités.
Parmi ses nombreuses publications en langue allemande, citons : « Ungewöhnliche Störungen der Persönlichkeit (Das Phänomen der illusionierten Persönlichkeit) ». Journal für Psychologie und Neurologie, Leipzig, 1924, 30 (5-6): 270-275 et
« Sittlichkeit im Rußland der Zaren ». In: Beiträge zum Sexualproblem, publié par le Docteur Felix Aaron Theilhaber. Heft 15. 36 p. Der Syndikalist, 1928.
[page 286, chapitre L'opothérapie hypophysaire]
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Franz Gesellius
1840-1900
Franz Gesellius, originaire de Malchin (Mecklenburg), est l'un des nombreux médecins allemands ayant exercé dans l'Empire russe [après avoir pratiqué à Rostock, Greifswald, Berlin, Breslau].
En 1868, Gesellius pratique à Saint-Pétersbourg la transfusion immédiate du sang d’agneau à l’homme
[sur cette expérimentation conduite jusqu'en 1875 avec Oscar Hasse, voir P. L. Panum, « Zur Orientierung in der Transfusionsfrage ». Archiv für pathologische Anatomie und Physiologie und für klinische Medicin, 63, 1–2, April 1875 ; 1–91]. Il s'agit d'une étape de la longue histoire de la xénotransfusion, qui a beaucoup intéressé les spécialistes des maladies mentales au XIXe siècle.
Parmi les travaux qu’il a consacré à la transfusion :
- Capillar-Blut – undefibrinirtes – zur Transfusion. Ein neuer Apparat zur Transfusion, sowohl zur einfachen, als auch zur depletorischen. St. Petersburg, A. Münx, 1868
- Die Transfusion des Blutes. Eine historische, kritische und physiologische Studie. St. Petersburg, E. Hoppe, 1873
et surtout, deux publications traitant spécialement de la transfusion de sang animal chez l'homme : Allerunterthänigster Bericht über Thierblut-Transfusionen bei Menschen mit besonderer Berücksichtigung der Thierblut-Transfusionen bei Menschen mit besonderer Berücksichtigung der Wichtigkeit derselben bei Verwundeten im Kriege. St. Petersburg, August 1874, ainsi que : Thierblut-Transfusion beim Menschen. St. Petersburg, E. Hoppe, 1874
[page 65, chapitre Le traitement de l'aliénation mentale par la transfusion sanguine]
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Vasilii Alekseevich Giliarowskii
Василий Алексеевич Гиляровский
1875-1959
Vasilii Giliarowskii est un psychiatre russe et soviétique, cité pour avoir pratiqué les cures de sommeil électriques.
Il est de ceux à qui, avec ses confrères Shmarean et Gurevich, fut reproché un manque d'orthodoxie vis-à-vis de la doctrine pavlovienne (voir Egorov).
Sur V. A. Giliarovskii, voir N.M. Zharikov, D.D. Orlovskaya, À la mémoire de l'académicien V.A. Gilyarovsky [Н.М. Жариков, Д.Д. Орловская, Памяти академика В.А. Гиляровского].
A Moscou, le plus ancien hôpital psychiatrique, fondé en 1808, porte aujourd'hui le nom de В. А. Гиляровского, associé à celui de П. Б. Ганнушкина [Пётр Бори́сович Га́ннушкин : Pyotr Borisovich Gannushkin 1875-1933, élève de Sergei Korsakov et de Vladimir Serbsky, est connu pour ses travaux sur les troubles de la personnalité].
[page 368, chapitre La cure de sommeil]
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Raisa Iakovlevna Golant
Раи́са Я́ковлевна Го́лант
1885-1953
Golant est une psychiatre russe et soviétique élève de Bechterew, qui pratiquera la psychochirurgie à Leningrad en particulier avec son collègue Babtchin. Elle y est à partir de 1928 directeur du département de psychiatrie et de 1938 à 1948, directeur adjoint du département psychoneurologique.
L'un de ses autres sujets d'étude de prédilection est la mémoire, auquel elle consacre deux ouvrages importants, Les troubles de la mémoire, en 1935, et La mémoire humaine et ses troubles, 1948.
Parmi ses très nombreuses autres publications, signalons deux articles publiés en français, l'un signé Raisse Golante-Ratner et S. Manoukhine : « Examen de l'excitation galvanique de l'appareil neuromusculaire comme index de l'innervation végétative dans les maladies nerveuses et mentales ». Revue de neurologie [Paris], mars 1929, I, n°3; 456-459, l'autre signé Raïssa Golant-Ratner, « Hallucinations motrices verbales de la langue dans l'encéphalite épidémique ». L'Encéphale [Paris], 1934, XXIX, 7; 483-494 [Travail de l'Institut neuropsychiatrique Bechtrew (sic) et de la Clinique psychiatrique du Deuxième Institut de médecine à Léningrad]
Sur ses recherches sur la réaction de l'or colloïdal dans la démence précoce, lire l'article d'Eugen V. Thurzo, « Die Goldsolreaktion bei einigen Nervenkrankheiten und den endogenen Psychosen. Gleichzeitig Bemerkungen zum Aufsatz "die Goldsolreaction bei Dementia precox", von Priv. Doz. Raissa Golant-Ratner. Münchener medizinische Wochenschrift 1924, n°39 ». Deutsche Zeitschrift für Nervenheilkunde mars 1925, 85, 1-2, p.6.
Sur R. Ia. ou R. Ya. Golant ou Golante, voir : « Nekrologi. Pamiati R. Ia. Golant ». Zhurnal nevropatologii i psikhiatrii im. S.S. Korsakova [Журнал невропатологии и психиатрии им. С.С. Корсакова], décembre 1953, 53, 12; 976
[page 261, chapitre Chirurgie cérébrale : la psychochirurgie]
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Hermann Goldbladt
Германн Гольдбладт
18..-19..
Goldblatt, qui, autant que nous sachions, a exercé à Kiev aujourd'hui capitale de l'Ukraine, puis à Minsk aujourd'hui capitale de la Biélorussie [alors Weißrussland] et à Tomsk en Sibérie occidentale, a publié en langue allemande, notamment dans le Münchener medizinische Wochenschrift, les Archiv für Psychiatrie und Nervenkrankheiten, le Psychiatrisch-Neurologische Wochenschrift.
Avec son compatriote et comme lui psychiatre A. Krapiwkin, il pratique au début des années 30 des transfusions de sang comme traitement des psychoses, dont la plupart des résultats favorables sont obtenus dans la « schizophrénie aiguë ». Goldblatt poursuivra ses essais dans une autre indication, l'épilepsie.
[page 68, chapitre La transfusion sanguine]
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Mark -ou Max- Aronovitch Goldenberg
Марк Аро́нович Гольденбе́рг
1896-1964
Neuropsychiatre de l’Institut médical de Gorki, département de psychiatrie de 1951 à 1955, puis de Novosibirsk. Président de l'Académie psychoneurologique ukrainienne.
Le rôle de Goldenberg dans la pratique de la lobotomie avant son interdiction officielle est évoqué dans le communiqué du ministère de la Santé en date du 9 décembre 1950 : « Sur l'initiative du Pr M. A. Goldenberg (Institut médical Gorky), du Pr A. C. Shmarian (Institut psychiatrique central du ministère de la Santé des R.S.S.P.R.) et du Pr R. Golant (Institut psychiatrique de Léningrad) et sans une base théorique ou des essais cliniques suffisants, on a commencé à utiliser la leucotomie préfrontale comme méthode de traitement appliquée à plusieurs troubles neuropsychiatriques. » [Nevrologii i Psikhiatrii (неврологии и психиатрии), 1950, 20, n°1, 17].
Le principal argument avancé par le ministre pour décréter l'interdiction de la leucotomie préfrontale dans les troubles neuropsychiatriques est, ainsi que le conseil médical scientifique du ministère l'a énoncé, que son utilisation « est incompatible avec les principes physiologiques de base de la doctrine de Pavlov ».
[page 261, chapitre Chirurgie cérébrale : la psychochirurgie]
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Albert Akimovich -ou Yakimovich- Govseiew [ou Govseev]
Альберт Якимович Говсеев
1859-1920
Govséiew, médecin aliéniste de l'asile d'Ekatérinoslav [en Russie méridionale, aujourd'hui Dnipropetrovsk, en Ukraine], était connu de son temps en France non seulement comme l'un des principaux promoteurs dans l'Empire russe de la méthode de l'alitement continu, mais aussi, après plusieurs années de démarches, comme le fondateur en 1893 de la Colonie familiale pour aliénés chroniques, hommes et femmes reçus dans les maisons des paysans des villages voisins.
On notera que le « patronage » est dirigé par deux « feldschers », qui sont des infirmiers diplômés ayant reçu une instruction médicale avancée, habilités à faire, sous la responsabilité d'un médecin, de petites opérations chirurgicales.
[page 125, chapitre La clinothérapie ou séjour prolongé au lit]
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Anatolii Georgievitch Ivanov-Smolenski
Анатолий Георгиевич Иванов-Смоленский
1895-1982
Disciple de Pavlov, le docteur Ivanov-Smolenski est l'inventeur dans l'immédiat après-guerre d'un « traitement combiné » de la schizophrénie associant un barbiturique et l'insuline, à doses suffisamment faibles pour éviter le coma et le choc, auxquels il ajoutait quelques injections de cardiazol et de sulfosine pour provoquer une fièvre.
[page 187, chapitre L'insulinothérapie : les variantes de la cure type]
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Elena Nikolaevna Kameneva
Елена Николаевна Каменева
1896-?
Elena Kameneva, née à Tula en 1896, est une élève du professeur Giliarowskii. A partir de 1945, elle est attachée à l'Institut de psychiatrie de Moscou, puis chef de clinique de psychiatrie de 1948 à 1960 [Pour une biographie détaillée (en russe), voir le site de l'ФЕДЕРАЛЬНОЕ ГОСУДАРСТВЕННОЕ БЮДЖЕТНОЕ НАУЧНОЕ УЧРЕЖДЕНИЕ].
En 1943, E. N. Kameneva cosigne avec P. N. Iagodka ou Yagodka un article intitulé « L’amytal sodique, son utilisation thérapeutique et diagnostique », publié dans le Journal de neurologie et psychiatrie [Журнал неврологии и психиатрии им. С.С. Корсакова 12, n°6, 44].
C’est ce même Pavel Nilovich Yagodka [Павел Нилович Ягодка] qui a introduit l’amytal sodique [амитал-натрием] en U.R.S.S. en 1937, avec Ilinskii [А. А. Ильинска].
Kameneva a publié, en français, un travail de l'Institut Scientifique de Prophylaxie neuropsychiatrique de Moscou intitulé « Sur les limites et les particularités symptomatologiques des formes légères de la schizophrénie » dans les Annales médico-psychologiques 1935, II, 565-596.
[page 362, chapitre Les barbituriques]
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Philippe Jakob Karell
Филипп Яковлевич Карелль
1806-1886
Philippe Karell, originaire d'une famille de paysans estoniens de la paroisse de Hageri, près de Thalium, est « l’un des plus célèbres médecins esthoniens » [A. Lüüs].
Fils de Jakob, valet affranchi, Karell est docteur de Tartu en 1832, et s'engage comme médecin militaire. Médecin de l'état-major en 1840, il fut le médecin personnel de trois tsars, Nicolas Ier de 1849 à 1855, Alexandre II de 1855 à 1879 puis Alexandre III. Au centre du milieu intellectuel estonien de Saint-Pétersbourg, il est l'un des fondateurs de la Coix Rouge russe en 1867.
Il fut aussi connu de son temps pour avoir été l'un des premiers médecins à prescrire le régime lacté comme traitement des maladies physiques chroniques. Ce qui constitue, en soi, un bienfait en regard de l'usage de nombreux autres traitements médicaux de son temps, souvent inefficaces, parfois toxiques. Son ouvrage De la cure de lait a été traduit « dans toutes les langues civilisées » [A. Lüüs], et en France dans les Archives générales de Médecine 1866, 8 ; 513-533 et 694-704.
Il se maria à une française, Marie Lebeau, dont il eut sept enfants. Le Dr Gustave Hirsch, médecin d'Alexandre III et de Nicolas II, était le fils d'une sœur de Karell [Sur la Célébration de Karell le 20 décembre 1926 à l'Université de Tartu, lire : Professeur A. Lüüs, Tartu, Esthonie « Philippe Karell. 120e anniversaire de sa naissance ». Presse médicale 1926, XXXIV, 1406].
[page 276, chapitre Le régime alimentaire et hygiénique]
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Pavel Ivanovitch Kovalevsky
Па́вел Ива́нович Ковале́вский
1850-1931
P. J. Kovalevsky, M.D., Professeur des maladies mentales et nerveuses à l'Université de Kharkoff, membre honoraire de la Société de Médecine mentale de Belgique, membre de la Société médico-psychologique de Paris, membre de la Société médico-psychologique de Londres, membre de la Societa freniatrica Italiana, membre honoraire de l'American Association of the Cure of Inebriates, membre de la Société médico-légale de New-York, etc. est l'auteur de Hygiène et traitement des maladies mentales et nerveuses. Traduit par Wladimir de Holstein, M.D.. Paris, Alcan, 1890; II-272 p.
Parmi bien d'autres sujets abordés, relevons sa recommandation du vin dans la lypémanie, c'est-à-dire la mélancolie, avec une sympathique préférence pour les vins de Crimée, du Don ou du Caucase, plus purs que ceux d'importation, et l'évocation du temps « où certains asiles d'aliénés étaient construits en forme de tours à plusieurs étages. Au pied de la tour on suspendait un filet sur lequel on précipitait le malade d'une hauteur; on espérait calmer une crise à l'aide de cette brusque intervention. »
Mais il ne précise pas de quels asiles il s'agit, peut-être de la Narrenturm de Vienne ?
[page 48, chapitre Le bain de surprise, page 176, chapitre La malariathérapie, page 277, chapitre Le régime alimentaire et hygiénique, page 414, chapitre Les boissons alcoolisées]
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Scholom Liftchits ou Lifschitz
Ш. Лифшиц
1890-1962?
C'est en immunisant des chevaux à l'égard du cerveau humain qu'un neurologue moscovite du nom de Lifschitz obtint une cérébrotoxine « stimulante » et « régénérante », et l'administra à quelques schizophrènes d'un hôpital psychiatrique de l'oblast de Riazan. Les 50% de rémission observées dans la catatonie aiguë paraissent bien douteuses.
Cette cérébrotoxine a en outre été présentée comme un procédé de rajeunissement supérieur à celui de Serge Voronoff...
Nous supposons que "notre" S. Lifschitz est Scholom Lifschitz, de confession mosaïque, né le 29 mai 1890 à Krutscka en Russie, ou Sholom Isaakovich Lifshitz [Шолом Исаакович Лифшиц], né en 1890, décédé en 1962 et inhumé à Kazan.
[page 296, chapitre L'opothérapie cérébrale]
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M. Mitlin
М. Митлин
20e siècle
Mitlin est l'auteur avec E. Posdniakova d'un article intitulé « Опыт применения аутогемотерапии у эпилептиков и душевно-больных » [Un essai d’auto-hémothérapie chez les épileptiques et les malades mentaux] paru en 1927 dans la revue Vratchébnoïé Délo, de Kharkov [Врачебное дело, Харьков 1927, X, 7].
'Notre' Mitlin est peut-être Zinovy Mikhailovich Mitlin [Зиновий Михайлович Митлин], né en 1893. Après avoir étudié à Zurich de 1912 à 1914, il suit à partir de 1915 les cours de la Faculté de médecine de l'Université du Don, où il est diplômé en 1919. De 1920 à 1935, il travaille à l'Institut médical d'État russe en tant que résident puis comme assistant et professeur associé de clinique chirurgicale. De 1933 à 1941, il travaille à l'Institut d'oncologie de Rostov en tant que chef du service de chirurgie. Pendant la Grande Guerre patriotique, il sert dans les rangs de l'armée soviétique...
[page 70, chapitre L'autohémothérapie]
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Constantin von Monakow
1853-1930
Le professeur von Monakow est un neuro-psychiatre d’origine russe ayant exercé et enseigné en Suisse, où il fonde les « Archives suisses de neurologie et de psychiatrie ».
Il est l'auteur d'une théorie tendant à attribuer la schizophrénie à un dysfonctionnement du plexus choroïde, une maladie que l’irritation des méninges pouvait améliorer.
Ce qui est à l'origine d'essais de traitement de la psychose par la production chez le malade d'une méningite aseptique, la cure de Carroll [Voir notamment : Constantin von Monakow und Sidanichi Kitabayashi, « Schizophrenie und plexus chorioidei ». Schweizer Archiv für Neurologie und Psychiatry 1919, vol. IV, fasc. 2; 378-392]
[page 244, chapitre La méningite aseptique]
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Osip Osipovitch Motschutkowski
Осип Осипович Мочутковский
1845-1903
Fils d'enseignant, Osip Motchutkowsky ou Motchoukowsky naît dans le Gouvernement de Kherson et fait ses études à Kiev. Diplômé en 1869 de l'Université Saint-Vladimir de Kiev, il soutient en 1877 sa thèse de docteur en médecine. De 1870 à 1877, il occupe le poste de chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital d'Odessa et, à partir de 1877, y est nommé chef du service des maladies nerveuses. A Odessa, il fonde la société balnéologique et le journal de la Société des médecins d'Odessa Южнорусская медицинская газета. En 1892, il s’intalle à Saint-Pétersbourg, où il occupe le poste de professeur de médecine et de chef du département de neuropathologie à l'Institut clinique de la ville, dirigé par Elena Pavlovna [вел. кн. Елены Павловны].
Ses principaux travaux scientifiques sont consacrés à la balnéologie, la neuropathologie, et surtout à l'étude de l'étiologie et de la pathogenèse des maladies infectieuses. En 1900, il répète l'expérience de Minkh sur l'auto-infection avec fièvre récurrente, et il est le premier à prouver la transmission du typhus par les piqûres de poux.
Motschutkowski est cité dans notre ouvrage d'une part en tant que pionnier de la thermothérapie moderne et d'autre part comme inventeur d’un appareil à suspension utilisé pour le traitement de certaines pathologies de la moelle épinière telle que l'ataxie tabétique, rapporté d'Odessa par le professeur Raymond et utilisé avec profit par le professeur Charcot à la Salpêtrière [O. O. Motchutkowsky. Vratsch 1883, 17-21 ; 258-325].
[page 112, chapitre Les vibrations mécaniques, page 167, chapitre La récurrentothérapie]
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Alexandre Petrovitch d’Oldenbourg
1844-1932
Le prince Alexandre Petrovitch d’Oldenbourg est un philanthrope russe de Saint-Pétersbourg, fondateur en 1890 -avec Son Altesse le prince Pierre d'Oldenbourg et Son Altesse Impériale la princesse Eugénie d'Oldenbourg- d’un Institut de médecine expérimentale comportant une section de bactériologie inspiré des travaux de Pasteur.
Il apparait dans notre livre à propos d'une table résonnante construite à Paris sur ses indications, et dont il fut rendu compte de l'intérêt thérapeutique par N. Tchigaïeff en 1897, dans le n°4 de la Revue russe de Psychiatrie.
[page 114, chapitre Les vibrations mécaniques : la table résonnante de Bechterew]
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Viktor Petrovitch Osipov
Ви́ктор Петро́вич О́сипов
1871-1947
V. P. Osipov ou Ossipow [Oсипов], alors assistant de Bechterew de l'asile de Saint-Pétersbourg, en charge de la division des femmes -tandis que Andrei Vladimirovich Trapeznikov [Андрей Владимирович Трапезников] est en charge de la division des hommes-, fait une communication dans la séance du 11 mai 1897 à la Clinique neurologique de la ville sur le « repos au lit » qui y est systématiquement pratiqué depuis l'année précédente : « pour le maintien au lit on n'emploie que la persuasion et on laisse la chemise seule au malade », et les 13 malades « ne sont privées ni de la promenade, ni des autres distractions disponibles » [« Du repos au lit dans la division des femmes ». Résumé in : Revue neurologique 1897, 657].
Viktor Petrovitch Osipov ne doit pas être confondu (comme le fait Wortis) avec Nikolai Evgrafovich Osipov [Николай Евграфович Осипов], l'un des initiateurs de la psychanalyse en Russie avant la Révolution, qui fonde et anime avec notamment Osip Feltsman [Осип Бенционович Фельцман] la revue intitulée Psikhoterapiia [Психотерапия]. Nikolai Evgrafovich, né à Moscou en 1877, docteur de Bâle en 1903, revient à Moscou en 1904 où il exerce comme psychiatre, découvre l'œuvre de Freud en 1907. Il est l’auteur de plusieurs articles en 1908 et 1909 sur la psychanalyse, correspond avec Freud, et meurt à Prague en 1934.
[page 125, chapitre La clinothérapie ou séjour prolongé au lit]
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Lev Lvovich Papadato
Лев Львович Пападато
1887-1955
Né le 2 juin 1887 à Odessa, Léon Papadato fait de 1907 à 1911 ses études de médecine à la Faculté de Paris.
Durant cette période, il fréquente comme externe des hôpitaux la Clinique des Maladies Mentales et de l'Encéphale de Sainte-Anne dirigée par Alix Joffroy - qui lui suggère de sujet de sa thèse de doctorat - puis la Clinique des Maladies Nervenses de la Salpêtrière et le service de Jules Dejerine, qui présidera cette thèse le 19 juillet 1912 : Contribution à l’étude de la pachyméningite cervicale hypertrophique [voir Olivier Walusinski et Jacques Poirier, « L'essor de la neuropathologie au service de la clinique, à la Salpêtrière (1862-1923) », p.10 [In Barbara JG, Clarac F. Le Cerveau au Microscope: la Neuroanatomie Française aux XIXè et XXè siècles, 2014].
De retour à Odessa, Papadato intègre le département des maladies nerveuses de la Faculté de médecine, qu'il dirige de 1938 à 1941 et en 1952-1953. Il y effectue des recherches sur l'épilepsie, le syndrome hypothalamique, etc. et se spécialise en neuropsychiatrie pédiatrique.
Il a publié plusieurs articles dans l'Encéphale, dont
- en 1923 : « Contribution à l'étude de l'apraxie. Un cas de tumeur du cerveau ayant déterminé de l'apraxie, de l'agraphie et de l'alexie. Travail de la Clinique des maladies nerveuses de la Faculté de médecine d'Odessa, Directeur : Professeur V. Obrastzoff » [253-260]
- En 1925 une « Etude clinique et anatomique d'un cas de maladie de Wilson. Travail de la Clinique des maladies nerveuses de la Faculté de médecine d'Odessa, Directeur : Professeur V. Obrastzof » [14-26]
On a de lui également deux monographies, Анатомия субарахноидального пространства. Спинномозговой и гематоенцефалический барьер [Anatomie de l'espace sous-arachnoïdien. Barrière vertébrale et hémato-encéphalique] en 1929 et Вегетативные гипоталамопедункулярные синдромы [Syndromes hypothalamopédonculaires] en 1934.
Avec S. A. Bakkal, chirurgien chef de service à Odessa, Papadato a publié en 1948 un article intitulé « Опыт тканевой терапии больных эпилепсией по методу академика Филатова » qui, comme son titre l'indique, rend compte d'une expérience de thérapie tissulaire chez les patients atteints d'épilepsie par la méthode inventée par Filatov : selon les deux auteurs, ce moyen a permis de suspendre les crises pendant trois à quatre mois.
[page 293, chapitre L'opothérapie placentaire]
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Ivan Petrovitch Pavlov
Ива́н Петро́вич Па́влов
1849-1936
Né à Riazan (Russie) le 14 septembre 1849 et décédé à Leningrad (U.R.S.S.) le 27 février 1936, Pavlov, médecin et physiologiste russe, est l'inventeur mondialement connu du concept de nervisme et de la réflexologie qui porte son nom [réflexes conditionnels, plutôt que conditionnés] à l'origine de la psychologie béhavioriste américaine.
Ses travaux, qui s'inscrivent dans la ligne de l'école physiologique russe représentée notamment par Alexey Matveevich Filomafitskii [Алексей Матвеевич Филомафи́тский 1807-1849] et Ivan Mikhaïlovitch Setchenoff [Иван Михайлович Сеченов 1829-1905], lui valurent le prix Nobel en 1904.
Pavlov développera ensuite, en particulier avec son élève la biologiste Natalia Rudolfovna Shenger-Krestovnikova [Наталия Рудольфовна Шенгер-Крестовниковой 1875-1947], sa théorie des névroses expérimentales.
Très estimé en France, Pavlov fut élu membre associé de l'Académie de médecine et membre correspondant de l'Académie des Sciences. En 1925, il reçoit, en Sorbonne, au cours d'une assemblée solennelle, le titre de docteur honoris causa de l'Université de Paris.
[pages 187, 249, 261, 368, 370, chapitres ]
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Petr Pavlovich Podiapolsky
Петр Павлович Подъяпольский
1864-1930
P. P. Podiapolsky est un célèbre médecin hypnologue qui a beaucoup écrit sur le sujet, en particulier dans la Revue de l'hypnotisme et de la psychologie physiologique et dans le Journal de neuropathologie et psychiatrie de S.S. Korsakoff [Журнал невропатологии и психиатрии им. С.С. Корсакова].
Pendant la Grande Guerre, il est de ceux qui, avec son compatriote Smirnoff, préféreront traiter les plicaturés par la suggestion hypnotique, dont il était alors déjà un spécialiste reconnu, à l'électrisation connue en France, grâce notamment à Clovis Vincent, sous le nom de torpillage.
[page 100, chapitre L'hypnose médicale]
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E. Posdniakova
E. Позднякова
20e siècle
Posdniakova est avec Mitlin l'auteur d'un article intitulé « Опыт применения аутогемотерапии у эпилептиков и душевно-больных » [Un essai d’auto-hémothérapie chez les épileptiques et les malades mentaux] paru en 1927 dans la revue Vratchébnoïé Délo, de Kharkov [Врачебное дело, Харьков 1927, X, 7].
Cette méthode de stimulation consiste à réinjecter au malade son propre sang aussitôt après le lui avoir prélevé.
Les deux auteurs obtiennent une amélioration de l'état général de leurs malades épileptiques et une atténuation de leurs symptômes. Quelques essais chez des malades souffrant de schizophrénie ou de psychose maniaco-dépressive seront beaucoup plus décevants.
[page 70, chapitre L'autohémothérapie]
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Youri Alexandrovitch Povorinsky
Юрий Андреевич Поворинский
1895-1965
J.A. ou Y.A. ou I.A. Povorinski ou Povorinsky est le promoteur d'une technique de renforcement verbal exposé dans son ouvrage La méthode d'étude des réflexes conditionnels moteurs avec renforcement verbal [Методика исследования двигательных условных рефлексов на речевом подкреплении], 1954, qui reprend celle d'Ivanov-Smolenski.
Dans un tout autre domaine, il est l'inventeur d'une méthode de traitement de la schizophrénie qui porte son nom : la méthode de Povorinski, fondée sur la théorie de la neuro-intoxication au cours de la psychose, consiste à faire alterner sommeil provoqué (narcothérapie) et coma insulinique.
[page 370, chapitre La cure de sommeil]
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Ludvig Puusepp
1875-1942
Ludvig Puusepp, qui apparaît aussi dans la littérature médicale française sous le nom de Louis Poussèpe, est l'un des plus célèbres pionniers de la neurochirurgie. Chirurgien de réputation internationale, élève de Bechterev, Puusepp fut professeur d'Université à Dorpat [Estonie].
Grand ami de la France, il fut élu membre associé étranger de la Société médico-psychologique [Paris] le 30 mai 1927.
De 1906 à 1910 à Saint-Pétersbourg, il aurait opéré des épileptiques et des malades souffrant de psychose maniaco-dépressive [selon B. L. Lichterman, « On the history of psychosurgery in Russia » Acta neurochirurgica 1993, 125, 1-4] dans le but de réduire leur agitation psychomotrice. L’intervention, consistait en une section unilatérale des fibres fronto-pariétales, mais n’eut guère de résultat au plan thérapeutique.
Puusepp renonça à la chirurgie cérébrale des malades mentaux, tout en poursuivant ses recherches dans le traitement neurochirurgical des tumeurs et de l’épilepsie [L. Puusepp, « Alcune considerazioni sugli interventi chirurgici nelle malattie mentali ». Giornale Academia Medicina Torino 1937, 100 ; 3-16 et « Tentativi di terapia chirurgica dell’epilessia essenziale ». Riforma medica, 19 mars 1938, 54 ; 411-414].
Parmi bien d'autres publications dans notre domaine d'étude, citons :
- « Traitement par la lumière dans les maladies nerveuses, par L.-M. Poussèpe ». IXe Congrès des médecins russes, Saint-Pétersbourg, 1904. Résumé in Revue neurologique 1904; 757
- Un article sur la chirurgie des maladies mentales co-signé avec Bekhterev, dans la Revue (russe) de psychiatrie, neurologie et psychologie expérimentale : обозрение психиатрии неврологии и экспериментальной психологии 1908, 4: 208–227
- Un article sur l'intervention chirurgicale chez le malade mental du point de vue éthique et juridique, обозрение психиатрии неврологии и экспериментальной психологии [Obozrenie Psychiatrii, Neurologii i Experimentalnoy Psychologii] 1910, 10–11: 697–698
[page 180, chapitre L'impaludation, page 248, chapitre Lobotomies et leucotomies]
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Alexander Samoilovich Rosenblum
Александр Самойлович Розенблюм
1826-1903
Diplômé de Kiev en 1849, A. S. Rosenblum ou Rosenblium est un médecin odessite qui, le premier dans les années 1874-1875 établit l’efficacité d'une méthode de traitement consistant à inoculer un agent pathogène provoquant de la fièvre dans les affections neuro-syphilitiques à expression psychiatrique.
Pour obtenir ce résultat publié à Odessa en 1876 [« Об отношении лихорадочных болезней к психозам ». 1876, Одесса, Слав. тип. М.Я. Городецкого, la relation entre les maladies fébriles et la psychose], il inocule l’agent de la fièvre récurrente à une douzaine de malades mentaux hospitalisés dans le service psychiatrique de l'hôpital de la ville.
Par cette découverte de la récurrentothérapie en médecine mentale, Rosenblum ouvre la voie conduisant à l'invention de la malariathérapie de la Paralysie Générale de Wagner von Jauregg.
Une description détaillée de sa méthode appliquée à 22 patients dont 8 ont montré une amélioration significative, a été publiée en 1880 par Boris Oks [Борис Абрамович Окс 1851-1926], « Über die Wirkung fieberhafter Krankheiten auf Heilung von Psychosen ». [Archiv für Psychiatrie und Nervenkrankheiten, Band X, Heft 1, 1880; 249-256], un article que cite Julius Wagner-Jauregg en 1935.
Cinq ans plus tard, il publie К учению о малярийных психозах [Труды врачей Одесской городской больницы, 1881], qui peut être traduit par : « Vers la doctrine des psychoses paludéennes ».
Sur Rosenblum, voir l'article de S. J. Zakon et Clarence A. Neymann (Chicago), « Alexander Samoilovich Rosenblium, his contribution to fever therapy ». Archives of Dermatology and Syphilology 1943, 48, 1; 52-59] qui relève l'oubli dans lequel est tombée la découverte de Rosenblum, et considère que la priorité sur von Jauregg devrait lui revenir.
[page 167, chapitre La récurrentothérapie, page 174, chapitre La malariathérapie]
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Johann Georg Rühl
Ива́н Гeoрг ou Ива́н Фёдорович Рюль
1769-1846
« Militärarzt, Hofchirurg, Leibmedikus », le docteur von Rühl est né à Riga le 20 mai 1769, a étudié la médecine et la chirurgie à l'Université de Saint-Pétersbourg, puis à Erfurt où il obtient son doctorat en 1792 avant de servir dans la marine puis dans les hôpitaux de Moscou et de Saint-Pétersbourg.
Ruhl, médecin inspecteur des établissements fondés par l’impératrice Marie Fœdorovna [veuve de Paul 1er et dont il était le médecin personnel] et médecin de l'hôpital des aliénés de Saint-Pétersbourg, est, pour le docteur François Leuret, aliéniste français de premier plan au début du XIXème siècle, un « homme d’une grande finesse, d’un tact exquis, fort instruit et d’une extrême bonté : c’est l’Esquirol de la Russie » : Esquirol, considéré comme l'un des deux pères fondateurs de la psychiatrie en France, était alors l'un des aliénistes les plus estimés en Europe.
Dans cet établissement, « situé à trois lieues de la ville sur le chemin de Péterhof », Leuret relève en 1837 la présence dans une grande salle du bâtiment central de « plusieurs machines propres à tourmenter les malades, celles de Darwin et plusieurs autres ».
Mais si Ruhl « conserve » ces machines rotatoires, il « ne les emploie pas », ni non plus, semble-t-il, le docteur Hertzog, médecin en chef et ses deux collaborateurs Leemann et Werther [F. Leuret, Notice sur quelques-uns des établissemens de bienfaisance du nord de l'Allemagne et de Saint-Pétersbourg. Paris, J.-B. Baillière, 1838; 63 p. : 37].
[page 104, chapitre Les machines rotatoires et oscillatoires]
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Alexander Solomonovitch Salmanoff
Александр Соломонович Залманов
1875-1954
Salmanoff est l'inventeur de la capillothérapie, et un grand adepte des bains de vapeur térébenthinés comme efficace pour désobstruer les vaisseaux capillaires en stase.
[page 47, chapitre Le bain de vapeur et de fumigation]
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Vladimir Serbsky [ou Serbski]
Владимир Сербский
1858-1917
Pionnier de la psychiatrie médico-légale, Serbsky donne dès 1892 un cours de psycho-pathologie légal, destiné aux étudiants en droit, avant de l'introduire à l'Université de Moscou, et publie une importante étude sur la médecine légale et la législation concernant les aliénés [traduite en français par Salomon Lwoff et publiée dans Les aliénés en Russie, 1899, pp.351-387].
A l'ouverture de la Clinique de psychiatrie de Moscou, V. Serbsky y est nommé médecin assistant, sous l'autorité d'Alexis Iakovlevitch Kojevnikov [Алексей Яковлевич Кожевников 1836-1902] puis de Korsakoff.
Il en était le professeur agrégé lorsque Charles Vallon et Auguste Marie visitent cette clinique en 1897 : dans la salle des cours, au-dessus de la chaire du professeur, les visiteurs remarquent la présence d'un portrait de Charcot. A sa droite, celui de Pinel, et à sa gauche « celui du célèbre aliéniste anglais Hack Tuk ». Dans un laboratoire, les reproductions photographiques de deux tableaux : Pinel faisant tomber les chaînes des aliénées, et Les Fascinés de la Charité. « Enfin une petite photographie de Charcot, accompagné de son fils et de sa fille, photographie faite à la clinique même lors de la visite du grand neurologiste français le 10 juillet 1891. » (Les aliénés en Russie, 1899, pp.277-278)
Serbsky était de son vivant bien connu en France, où il venait presque chaque année assister au Congrès des médecins aliénistes. Relevons son intervention au Congrès de Nancy d’août 1896 dans la discussion du Rapport de Paul Garnier, « Internement des aliénés », pour insister sur les bienfaits du traitement par le séjour au lit pratiqué en Russie, et par ailleurs sa lecture au Congrès International de Médecine, Section de psychiatrie à Paris en 1900, 276-333 et 333-347 du « Résumé du rapport du professeur Korsakoff », très récemment décédé, sur l'alitement dans le traitement des psychoses.
Wladimir Serbsky a publié dans les Annales médico-psychologiques : « Contribution à l’étude de la démence précoce » [1903, II; 379-388, 1904, I; 19-35 et 1904, I; 188-203] et une « Contribution à l’étude des formes mixtes (vésanies) » en 1906 [I; 370-379] [voir : Jean Garrabé et P. Morozov, « Les travaux en Français de Vladimir Serbski ». Annales Médico-psychologiques, avril 1991, 149 (4); 295-308].
L'Institut qui porte son nom à Moscou est fort malheureusement devenu dans les années soixante-dix -en France tout du moins- le symbole de la persécution des dissidents par les autorités soviétiques : le général Grigorenko, le mathématicien Leonid Plioutch, l'écrivain Vladimir Boukovski et quelques autres.
[page 125, chapitre La clinothérapie ou séjour prolongé au lit]
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Ivan Mikhaïlovitch Setchenov [ou Secenov]
Ива́н Миха́йлович Се́ченов
1829-1905
Ivan Mihajlovič Sečenov est le père de la théorie réflexologique qui porte son nom.
Il a en particulier mis en évidence le fait que l'exposition répétée à un stimulus provoque une habituation à ce stimulus. Ses travaux furent à l'origine de la vocation de Pavlov.
[page 368, chapitre La cure de sommeil]
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Serge Soukhanoff [ou Soukhanov]
Сергей Суханов
1867-1916
Né en Sibérie, Soukhanoff est reçu docteur en médecine à Moscou en 1891. Il apparaît dans l'ouvrage de Charles Vallon et Armand Marie [Les aliénés en Russie, 1899, p.312] comme adjoint surnuméraire de la Clinique de psychiatrie de Moscou, dirigé par Korsakoff. Il sera plus tard médecin en chef de l'Hôpital de Notre-Dame des Affligés pour les aliénés à Saint-Pétersbourg, aussi appelé Notre-Dame-de-Toutes-les-Douleurs, et Notre-Dame de la Miséricorde.
Il est cité dans notre livre pour avoir pratiqué les injections sous-cutanées d’oxygène dans le traitement des psychoses aiguës, à l'instar d'Edouard Toulouse à Villejuif, de Gaston Aymès à Marseille ou encore du Suisse Maurice Dardel [« Sur les injections sous-cutanées d'oxygène dans les maladies mentales », par E.-M. Sosnovskaia. Assemblée scientifique des médecins de l'Hôpital de Notre-Dame des Affligés pour les aliénés à Saint-Pétersbourg, séance du 12 mars 1914].
Soukhanoff s'éteint à Pétrograd le 3 janvier 1916, dans sa 49ème année, [« Les médecins aliénistes et la guerre ». Annales médico-psychologiques 1916, p. 417].
Dr Serge Soukhanoff
« Nous avons le vif regret d'annoncer la mort de notre distingué collaborateur, le Dr Serge Soukhanoff, décédé à Pétrograd, le 3 janvier dernier, dans sa quarante-neuvième année.
Serge Soukhanoff est né, en 1867, en Sibérie. Après d'excellentes études faites au gymnase de sa ville natale, il se rendit à Moscou et se fit inscrire à la Faculté de Médecine de l'Université de cette ville. Reçu docteur en 1891, il obtint peu après la place de médecin externe à la Clinique psychiatrique de Moscou, alors dirigée par le regretté professeur Korsakoff. Ses connaissances étendues, son habileté clinique, son zèle, son activité, le signalèrent à l'attention de ses maîtres, qui contribuèrent à le faire nommer médecin en chef, puis professeur agrégé. En cette dernière qualité, il fut appelé à faire des conférences, qui furent très suivies, sur "la sémiologie et le diagnostic des maladies mentales". Le succès de ces conférences le fit désigner pour faire aux étudiants de la Faculté de Philologie un cours de psychologie pathologique. Ce double enseignement ne suffisait pas à son activité, il consacrait encore des heures nombreuses à des leçons à de futur infirmiers et infirmières d'aliénés pour les préparer aux multiples difficultés de leurs fonctions.
Ses nombreux travaux scintifiques, ainsi que son enseignement si goûté, l'ayant mis en vie, Soukhanoff était désigné, à la première vacance, pour une place dans un établissement d'aliénés de Petrograd : ce qui eut lieu en 1908, où il fut nommé médecin en chef de l'hôpital de Notre-Dame-des-Affligés pour les aliénés.
Son titre de professeur agrégé li ouvrit les portes des diverses facultés de l'Université de la capitale. C'est ainsi qu'il fit un cours de psychologie pathologique à la Faculté de Philologie, et un cours de médecine légale des aliénés à l' Faculté de Droit; enfin, il fut appelé à faire des conférences de psychiatrie aux étudiants des Cours Bestougersky.
Mais, de toutes ces formes d'enseignement, celle qu'il préférait était la leçon clinique qu'il faisait tous les dimanches dans son service, avec présentations de malades, devant un nombreux auditoire d'étudiants et d'étudiantes. Avec quels soins chaque leçon était prépérae ! Mais aussi combien elle était goûtée ! Soukhanoff forma ainsi de nombreux disciples qui firent grand honneur au maître.
Soukhanoff a beaucoup écrit. Les travaux qu'il a publiés sont au nombre de plus de deux cents. Ce sont surtout, outre trois grands ouvrages sur la médecine mentale, des mémoires du plus grand intérêt sur des questions les plus diverses d'anatomie et de physiologie du système nerveux, de psychologie, de neuro-pathologie et surtout de psychiatrie. Tous ces mémoires, dont la plupart seront toujours consultés avec fruit, dénottent une grande érudition, une connaissance étendue des sujets traités, de rares qualités d'observation.
Soukhanoff, qui faisait partie d'un grand nombre de sociétés savantes de Moscou et de Petrograd, était membre associé étranger de la Société médico-psychologique depuis le 27 juillet 1896.
Notre regretté collaborateur jouissait d'une santé excellente; grâce à elle, il pouvait suffire aux nombreuses tâches qu'il avait assumées. Toute la journée, il se livrait au travail, et même une partie de la nuit, ne dormant souvent que quatre ou cinq heures. la clientèle était venue à lui : riches et pauvres le consultaient; chose rare et toute en son honneur, ce sont les derniers à qui il donnait la préférence.
Soukhanoff avait trouvé le bonheur dans son intérieur. Mme Elise Soukhanoff était la digne femme de ce savant; elle avait été initiée par lui dans ses études et l'aidait dans ses recherches. Digne élève d'un tel maître, elle s'était passionnée pour toutes les questions concernant notre spécialité, au point de pouvoir collaborer avec son mari et faire pour les Annales médico-psychologiques d'excellentes analyses des travaux russes de médecine mentale et nerveuse.
Au mois de décembre 1915, notre savant collaborateur ressentit les premiers symptômes alarmant du mal qui devait l'emporter. malgré les douleurs, souvent très vives, qu'il ressentait, il continua à faire son service d'hôpital et ses cours cliniques de maladies mentales. Mais quinze jours avant sa mort, il fut obligé de s'aliter; il ne devait plus se relever. Le 3 janvier 1916, il succombait à la suite d'une maladie du foie, compliquée d'hypertrophie totale du cœur.
Les Annales perdent en Soukhanoff un collaborateur dévoué; elles adressent à sa veuve désolée, l'hommage de leur douloureuse sympathie. [A. R] »
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[page 35, chapitre De l'oxygène en lavement à l'oxythérapie sous-cutanée]
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Alexander Viktorovich Timofeiew [ou Timofeeff]
Александр Викторович Тимофеев
1861-1925
Médecin directeur de l'Asile Alexandre III, situé à une dizaine de kilomètres de Pétersbourg et placé sous l'autorité du prince Alexandre d'Oldenbourg, A. W. ou A. Timoféiew ou Timofeieff, est considéré comme l'introducteur à partir de 1892 de la clinothérapie en Russie.
Il a publié en russe : « Méthode de traitement des aliénés dite du lit ». Архивъ психiатрiи, нейрологiи и судебной психопатологiи 1892, XIX, 3 ; 117 et dans la même revue une « Contribution au traitement des aliénés par le repos au lit », 1896, 1 [résumé par A. Raïchline dans la Revue neurologique 1896 ; 254], puis les résultats de quatre années de l'emploi systématique du séjour au lit, Obozrénié Psichiatrii, 1896, p.5.
[page 125, chapitre La clinothérapie]
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Ivan Filippovich Tolotschinov
Иван Филиппович Толочинов
1859-1920
Tolochinov est un médecin et physiologiste russe connu pour avoir mis en question la théorie réflexologique de Pavlov.
En 1894, il est nommé médecin de l’asile ou Maison de bienfaisance Alexandre III pour les maladies mentales, à Saint-Pétersbourg, aujourd'hui hôpital psychiatrique Skvortsov-Stepanov.
C'est dans cet établissement qu'il fait installer cinq chambres peintes en rouge, jaune, blu, violet et vert afin d'expérimenter la cure de couleur comme traitement de la manie et de la dépression, mais sans grand succès.
[page 141, chapitre La chromothérapie]
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Nikolai Nikolaevich Toporkoff
Николай Николаевич Топорков
1873-1935
N. Toporkoff [ou Toporkov] est un neuro-psychiatre ayant exercé les fonctions de médecin chef de service et d'enseignant dans le service des maladies nerveuses et de psychiatrie à Irkoutsk, en Sibérie puis à partir de 1932 à Léningrad, aujourd'hui Saint-Pétersbourg.
Parmi bien d'autres ouvrages, on lui doit une monographie, La démence secondaire à l'Amentia de Meynert [Kazan, 1905; 558 p.] où cette démence -dont le symptôme le plus caractéristique est le trouble des associations- est considérée comme tout à fait distincte de la démence précoce.
De Toporkoff, les Français ont pu lire
- en 1904, « Une tentative d'analyse psychologique des travaux manuels des aliénés ». Nouvelle iconographie de la Salpêtrière, an XVII, n°4, p.311-321, juillet-août 1904, 5 fig. où Toporkoff, de l'hospice de l'arrondissement de Kazan, exprime sa gratitude au Professeur Kovalevsky pour ses conseils et avis.
- en 1928 deux importants articles : « Contribution à l'étude du dépistage de la syphilis (importance des antécédents, de l'examen sérologique et neuropathologique) ». Le Progrès médical 25 août 1928, pp.1394-1403 et « Contribution à l'étude du rôle de la syphilis dans l'étiologie de la psychasthénie » [traduit sur le manuscrit de l'auteur par le Dr Ira Trifonoff]. Le Progrès médical 3 novembre 1928, pp.1857-1861.
En mai de l'année suivante, il publie avec Auguste Marie, aliéniste spécialiste -entre autre- de la syphilis, un article intitulé « Démence précoce et syphilis » dans les Archives internationales de Neurologie 48, II, pp.163 et suiv.
Il a encore publié avec A.N. Zaitzeff en 1903 un article sur le bleu de méthylène dans la pratique psychiatrique, dans les Archives de Psychiatrii, Nevrologuii i Soudebnoï Psychopatologuii [Архив психиатрии, неврологии и судебной психопатологии] 1903, 4; 277-288 et 6; 338-344, résumé dans la Revue Neurologique 1904 ; 45.
[page 376, chapitre Le bleu de méthylène]
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Nikolai Fedorovich Tschigaeff
Николай Федорович Чигаев
1859-1919
Docteur en médecine, médecin en chef de l'hôpital de la Communauté des Sœurs de la Miséricorde de la Sainte Trinité, Tschigajew ou Tchigaeff ou Chigaev a été Professeur à l'Institut de neuropsychologie et à l'Académie Impériale de médecine militaire de Saint-Pétersbourg.
Il publiera les résultats de ses recherches faites à l’instigation de Bechterew dans la clinique de Saint-Pétersbourg, sur l'effet des vibrations du diapason sur l'organisme humain :
- « De l'influence du tremblement provoqué par l'action des diapasons sur l'organisme ». Messager neurologique 1894, II; 3 [Revue neurologique 1894, p.683]
- [avec W. Bechterew], « Über den Einfluß der durch die Stimmgabelschwingungen herbeigeführten Erschütterungen auf den menschlichen Organismus ». Neurologische Centralblatt 1895, XIV, n°5; 194-199
[page 114, chapitre Les vibrations mécaniques : la table résonnante de Bechterew]
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Alexander Nilovitch Zaitzew
Александр Нилович Зайцев
18..-19..
A. N. Zaitzew, Zaitsev ou Zaitzeff est l'auteur avec Toporkov en 1903 d'un article sur le bleu de méthylène dans la pratique psychiatrique publié dans les Archives de Psychiatrii, Nevrologuii i Soudebnoï Psychopatologuii 1903, 4; 277-288 et 6; 338-344 [Архив психиатрии, неврологии и судебной психопатологии], résumé dans la Revue Neurologique 1904 ; 45.
Beaucoup plus tard, il conduira à la Clinique de psychiatrie de l'Institut de Médecine de Léningrad, dans le service du professeur P. A. Ostancow [Пётр Алекса́ндрович Оста́нков 1867-1949], des travaux sur l'emploi du sang de placenta dans le traitement de la schizophrénie, dont il revendiquera la priorité dans une communication à la séance du 26 juin 1933 de la Société médico-psychologique [Paris] : « Thérapeutique hémoplacentaire des psychoses ». Annales médico-psychologiques 1933, 2 ; 82-84.
[page 286, chapitre L'opothérapie hypophysaire, et page 376, chapitre Le bleu de méthylène]
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