Les contributions des Viennois dans la découverte et le développement des traitements neuropsychiatriques sont anciennes, variées et d'une importance toute particulière, qui font que la capitale de l'Empire Austro-Hongrois puis de l'Autriche tient une place exceptionnelle dans l'histoire des thérapeutiques médicales en psychiatrie.
Certains d'entre eux ont une notoriété mondiale, comme Leo Sternbach, père des benzodiazépines en 1957 - mais qui, devant fuir le nazisme, n'a séjourné que peu dans la capitale autrichienne -, Julius Wagner von Jauregg, l'inventeur du premier traitement biologique efficace dans une maladie neuropsychiatrique [l'impaludation dans la Paralysie Générale], son presque exact contemporain Sigmund Freud, illustre fondateur de la psychanalyse, Sakel, dont la cure éponyme révolutionna un temps la thérapeutique de la schizophrénie, et plus anciennement Mesmer, qui connut la gloire à Paris avec son baquet, ou encore Anton von Störk, médecin de la cour de Vienne et très éminent partisan de la médecine des poisons.
D'autres, moins connus aujourd'hui, tel que Leopold Auenbrugger ou Bernhard Aschner et leur méthode ont marqué leur époque avec des découvertes intéressantes dans le domaine des traitements médicaux en psychiatrie.
D'autres encore, comme le gynécologue Gustav Braun, sont évoqués ici pour avoir pratiqué des interventions qui vaudraient sans doute aujourd'hui à leur auteur la réprobation générale, et quelques problèmes judiciaires.
Gerard Van Swieten 1700-1772
Maximilian Hell 1720-1792
Anton von Störck 1731-1803
Franz Anton Mesmer 1734-1815
Leopold Auenbrugger 1772-1809
Franz Anton Hoffmann 1789-1841
Josef Gottfried von Riedel 1803-1870
Ferdinand von Hebra 1816-1880
Joseph Engel 1816–1899
Max Leidesdorf 1818-1889
Ludwig Schlager 1828-1885
Gustav Braun 1829-1911
Salomon Stricker 1834-1898
Wilhelm Winternitz 1834-1917
Maximilian Herz 1837–1890
Heinrich Obersteiner 1847-1922
Adrian Pollacsek 1850–?
Sigmund Freud 1856-1939
Julius Wagner von Jauregg 1857-1940
Berthold Beer 1859–1922
Michal Kozlowski 1861-1935
Eugen Steinach 1861-1944
Josef Berze 1866-1958
Alexander Pilcz 1871-1954
Wilhelm Falta 1875-1950
Bernhard Aschner 1883-1960
Jacob Moreno 1889-1974
Hans Hoff 1897-1969
Edith Klemperer 1898-1987
Manfred Sakel 1900-1957
Viktor Frankl 1905-1997
Stefan Hift ?-?
Leo Sternbach 1908-2005
Otto Heinrich Arnold 1910-2000
Wilhelm Solms 1914-1996
Marcell B. Nadel 1917-?
Otto Heinrich Arnold
1910-2000
Auteur avec Stefan Hift et Wilhelm Solms de « Über die Anwendung eines zentral vegetativen Hemmungsstoffes in der psychiatrischen Therapie ». Wiener Medizinische Wochenschrift 1952, 102 ; 965-969, c'est-à-dire « À propos de l'utilisation d'un inhibiteur végétatif central en thérapie psychiatrique », l'un des premiers articles publiés outre-Rhin, en novembre 1952, après la découverte des effets antipsychotiques de la chlorpromazine à l'hôpital Sainte-Anne (Paris) : les trois médecins ont expérimenté la nouvelle substance inhibitrice à Vienne.
Arnold publiera ensuite avec Hans Hoff « Au sujet de la thérapie de la schizophrénie ». L’Encéphale 1955 ; 1-25 et « Die organische Therapie des Psychosen ». Wiener Medizinische Wochenschrift 1958, 108; 1043-1048.
Dans ce dernier article, les deux Viennois, à la recherche de substances qui pourraient inhiber l’effet du LSD 25, qui ont testé l’acide glutamique ou glutamate, puis l’acide succinique, montrent que le syndrome d’allure schizophrénique produit par le LSD est interrompu par l’une comme l’autre de ces deux substances.
[pages 49, 383, 409, chapitres Les neuroleptiques et Les chimiothérapies du métabolisme cérébral]
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Bernhard Aschner
1883-1960
Gynécologue viennois, inventeur d'une thérapeutique de détoxication portant son nom, la « méthode d’Aschner », à laquelle il consacre un ouvrage publié à Stuttgart en 1933, Heilerfolge der Konstitutionstherapie bei weiblichen Geisteskranken, insbesondere bei Schizophrenie.
Cette méthode, qui repose sur l'administration d'un traitement évacuant et stimulant, est réputée efficace dans tous les cas qui relèvent ou sont supposés relever d’une intoxication exogène. Elle est présentée par Hans W. Maier, de Zurich, dans un rapport sur la thérapeutique des psychoses fonctionnelles au Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue française, Bâle-Zurich-Berne-Neuchâtel en 1936.
La justification, l'utilité et l'efficacité de cette méthode, en particulier dans le traitement de la schizophrénie, furent mises en cause par plusieurs de ses contemporains.
[pages 13, 14, 15, chapitre Méthodes évacuantes et dérivatives]
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Leopold Auenbrugger
1772-1809
La méthode inventée par le Viennois Auenbrugger - ou Avenbrugger, qui tint par ailleurs un rôle majeur dans la découverte de la percussion et de l'auscultation - et qui porta son nom consiste en l'absorption d'eau froide et pure en quantité -un demi-litre toutes les heures- afin d'éliminer les impuretés supposées être la cause du trouble : le froid intérieur est proposé comme remède à la mélancolie suicide, qui est une dépression profonde avec idées suicidaires.
Hufeland l'emploie contre la manie et la mélancolie, le médecin anversois Louis-Dominique Le Roy, qui l'appelle méthode awenbruggérienne, et à sa suite Esquirol la prescrivent aux malades suicidaires, avec des résultats décevants.
[pages 41, 192-193, 271, chapitres L'hydrothérapie, Les convulsivothérapies, et Des substances supposées inertes]
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Berthold Beer
1859-1922
Beer est avec son compatriote Adrian Pollacsek un adepte de l'emploi de la "cage" de d'Arsonval dans le traitement électrique de l'hystérie et de la neurasthénie : la tête du patient est placée dans un appareil en forme de cage métallique appelé par son inventeur, le Français Jacques-Arsène d'Arsonval, le grand solénoïde, qui diffuse un courant électromagnétique efficace en particulier pour restaurer le sommeil.
Il dirige à Vienne l'Institut für elektromagnetische Therapie zur ambulatorischen Behandlung Nervenkranker [Institut de thérapie électromagnétique pour le traitement ambulatoire des malades nerveux], au 9, Maximiliansplatz.
[page 75, chapitre L'électrothérapie]
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Gustav Braun
1829-1911
Braun, professeur de gynécologie viennois, est l'auteur d'un article intitulé « Die Amputation der Clitoris une der Nymphen, ein Beitrag zur Behandlung des Vaginismus » [Wiener Medizinische Wochenschrift 1865, 73-74 ; 1325-1328 et 1341-1344] dont la traduction abrégée des deux observations a été publiée par Achille Foville pour les Annales médico-psychologiques [1869, II ; 443-445] : grâce au couteau galvanocaustique, le gynécologue obstétricien a pratiqué l‘amputation du clitoris et des petites lèvres hypertrophiés d’une femme « en proie à une exaltation des désirs sexuels sans exemple », et avec son accord l’en débarassa « sans que, de son propre aveu, les sensations propres à la pratique du coït fussent en quoi que ce soit compromises ». Une autre femme, « tombée dans un état de décadence physique et morale » fut libérée de son tourment et de ses pratiques par l’amputation d’une partie d’un clitoris trop « facilement érectile » et des petites lèvres, de l’assentiment de l’intéressée et de sa mère, et l’avis de trois médecins.
Les aliénistes, spécialistes des maladies mentales, et les neurologistes, spécialistes des maladies nerveuses, étaient dans leur très grande majorité hostiles à de telles interventions, qui sont heureusement restées assez rares.
[page 226, chapitre La clitoridectomie comme traitement de la masturbation et de la nymphomanie]
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Joseph Engel
1816-1899
Docteur en médecine de la Faculté de Vienne, Engel est l'auteur d'un ouvrage publié à Paris en 1840 et intitulé : De l'hydrothérapie, ou du traitement des maladies par l'eau froide; de ses rapports avec la médecine dans l'état actuel; suivi d'observations pratiques.
Il est cependant surtout connu aujourd'hui pour ses travaux sur l'hypophyse, et en particulier sur les tumeurs de l'infundibulum hypophysaire, présentés dans sa thèse de doctorat soutenue en 1839 : Über den Hirnanhang und den Trichter.
Joseph Engel et son collègue Leopold Wertheim [et non Werther comme le nomme le Journal de médecine et de chirurgie pratiques 1840, p.429], venus dans la capitale française dans l'intention d'y pratiquer l'hydrothérapie selon la méthode Priessnitz, du nom du paysan silésien inventeur de l'hydrosudopathie, rencontreront une hostilité certaine : le procédé est jugé dangereux par l'Académie de médecine, reposant sur une théorie chimérique.
[page 133, chapitre Hydrosudopathie et enveloppements humides]
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Viktor Emil Frankl
1905-1997
Le neuropsychiatre Viktor Frankl débute sa vie professionnelle au Maria Theresien Schlössl de Vienne où il travaille avec Josef Gerstmann 1887-1959 [voir : Aus der Nervenheilanstalt Maria Theresien-Schlössel in Wien (Vorstand : Prof. Dr. Josef Gerstmann), puis au Steinhof. Frank, qui a entretenu des relations avec Freud, Adler, puis Wilhelm Reich, est surtout connu comme l'inventeur de la logothérapie.
Au cours de sa carrière, il a aussi conduit plusieurs expérimentations pharmacologiques, en particulier avec la corticostérone -qui indirectement excite la sécrétion de cortisone- dans la dépersonnalisation des pseudonévroses somatogènes, et un alcaloïde de l'ergot de seigle, la dihydroergotamine dans l'agoraphobie [V.E. Frankl, « Über somatogene Pseudoneurosen ». Wiener klinische Wochenschrift 1956, 68 ; 280-284].
Et parmi ses très nombreux travaux, relevons celui, très original, qui a trait à un « nouveau traitement des insomnies chroniques : médication paradoxale » [Médecine et Hygiène (Genève), 30 mars 1960, n°459, pp.221-222], qui consiste à prescrire à l'insomniaque chronique non pas des somnifères, mais des psycho-analeptiques, c'est-à-dire des psychostimulants ou excitants psychiques : en élevant l'amplitude de la courbe de l'état de veille, on arrive à abaisser secondairement celle de la courbe du sommeil.
[pages 289, 317, chapitres L'opothérapie surrénalienne et L'ergot de seigle]
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Sigmund Freud
1856-1939
[pages 74, 92, 97, 173, 224, 227, 331, 419-420, chapitres L'électrothérapie, Mesmer et le magnétisme animal, L'école de Nancy et l'école de la Salpêtrière, La malariathérapie, Cautérisation, circoncision et psychrophore, La cocaïne, Conclusion]
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Maximilian Herz
1837-1890
Professeur à l'Université et chef du service de pédiatrie à l'Hôpital général de Vienne, ami de Freud, Herz applique une solution de 10% de cocaïne à l'entrée du vagin d'une fillette âgée de 7 ans, atteinte d'onanisme [« Über Hysterie bei Kinders ». Wiener Medizinische Wochenschrift, 1885, 46 ; 1403]. Ce qui constitue alors une très heureuse alternative aux interventions chirurgicales pratiquées par certains de ses confrères, telles que l'infibulation et l'amputation du clitoris.
[page 227, chapitre La clitoridectomie]
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Stefan Hift
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Auteur avec Otto Heinrich Arnold et Wilhelm Solms, psychiatres à l'Universitätsklinik Wien, de « Über die Anwendung eines zentral vegetativen Hemmungsstoffes in der psychiatrischen Therapie » [Wiener Medizinische Wochenschrift 1952, 102 ; 965-969], qui rend compte des premiers résultats de l'emploi en psychiatrie d'une nouvelle substance inhibitrice découverte quelques mois plus tôt par J. Delay et P. Deniker à l'hôpital Sainte-Anne à Paris, la chlorpromazine.
Les trois auteurs feront paraître en 1960 un article sur la place des psychotropes en thérapeutique psychiatrie : « Die Stellung der psychotropen Drogen im Gesamtbehandlungsplan der Psychiatrie ». Wiener Medizinische Wochenschrift, 110. Jg., S. 238-245.
Hift a également publié, avec K. Steinbereithner et Fred Lembeck, « Largactil/Megaphen in der Psychiatrie ». Künstlicher Winterschlaf, Wien 1955, S. 82-95, avec Hans Hoff, « Die organische Therapie der Psychosen ». Wiener Medizinsche Wochenschrift 108 (1958) 47, S. 1043-1048 et seul : « Die klinische Lenkung der psychiatrischen Therapie ». Wiener Zeitschrift für Nervenheilkunde und deren Grenzgebiete, 1958, 15, 127-134.
[page 383, chapitre Les neuroleptiques]
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Hans Hoff
1897-1969
Auteur avec O. H. Arnold de : « Au sujet de la thérapie de la schizophrénie ». L’Encéphale 1955 ; 1-25 [rééd. 2011, 37 ; 21-36] et : « Die organische Therapie des Psychosen ». Wiener Medizinische Wochenschrift 1958, 108; 1043-1048 [voir Arnold].
[pages 49, 409, chapitre Les chimiothérapies du métabolisme cérébral]
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Franz Anton Hoffmann
1789-1841
Franciscus Antonius Hoffmann, dont la Dissertatio inauguralis a pour titre ‘de Epilepsia’ [Vienne et Strasbourg, 1776 ; 68 p.] et qui suivit de près les travaux de son compatriote Störck, est souvent confondu avec Friedrich Hoffmann 1660-1742, auteur de de Aqua medicina universali, Halæ, 1712 et De morbi hysterici vera indole sede origine et cura, 1733.
[Sur les deux Hoffmann, voir pages 136, 192, 298, 311, chapitres La crénothérapie, Le camphre, La phytothérapie en psychiatrie, La stramoine]
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Edith Klemperer
1898-1987
Collaboratrice de Wagner von Jauregg à la Clinique Universitaire de Vienne, Klemperer est de ceux qui, les premiers, emploient l'insuline -isolée du pancréas en 1921- comme moyen de lutte contre le refus de nourriture chez le schizophrène, mais aussi pour obtenir une sédation dans le Delirium Tremens et certains états catatoniques [E. Klemperer, « Die Wirkung des Insulins beim Delirium Tremens ». Monatschrift für Psychiatrie und Neurologie 1929, 74 ; 163-190]
[page 182, chapitre L'insulinothérapie]
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Michel Kozlowski
1861-1935
Spécialisé en dermatologie-vénéréologie, Kozlowski effectue un voyage d'étude à Paris et à Vienne, est nommé assistant de la Clinique Universitaire viennoise dirigée par Wagner von Jauregg. Il y participe à la mise au point de la malariathérapie, et s'intéresse à l'électrothérapie galvanique. Pendant la Grande Guerre, il électrise selon la méthode dite de Kaufmann, du nom de son confrère Fritz Kaufmann, qui pratiqua l’Überrumpelungstherapie à l’hôpital militaire de Ludwigshafen dans la Rhénanie-Palatinat. Comme dans l’autre camp avec notamment Clovis Vincent, la méthode a pour objet de remettre rapidement les Kriegszitterer en état de retourner au front [Fr. Kaufmann, « Die plannlässige Heilung komplizierter psychogener Bewegungsstörungen bei Soldaten in einer Sitzung ». Münchener Medizinische Wochenschrift, Feldärtzliche Beilage 1916, 63 ; 802-804].
Le zèle excessif dont aurait fait preuve Kozlowski lui vaut d'être mis en cause après la guerre - comme d'ailleurs Wagner von Jauregg lui-même - et traduit devant une commission spéciale, dont Sigmund Freud fut le conseiller [voir S. Freud, Gutachten über elektrische Behandlung der Kriegsneurotiker. Le texte a été publié en anglais dans l'International Journal of Psycho-analysis 1956, 27, I ; 16-18, puis en allemand dans Psyché 1972, 26 ; 939-951]. Il quitte Vienne pour Cracovie en 1918.
[page 82, chapitre Le torpillage des plicaturés]
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Max Leidesdorf
1818-1889
Le 10 février 1874, Max ou Maximilian Leidesdorf fait une communication à la Société de médecine de Vienne sur la « Transfusion curative d’une anémie avec folie mélancolique » pratiquée dans son service de l'Hôpital Général de Vienne chez un homme de 25 ans mélancolique depuis plusieurs années et depuis six mois cataleptique :
« les bras, jambes, tête, conservent les positions communiquées les plus invraisemblables, il reste les quatre membres en l’air jusqu’à ce qu’on vienne le replier, comme un mannequin, l’œil fixe en haut, vague, il ne voit personne, n’entend ni ne répond ; il n’a pas parlé une seule fois depuis six mois, ne mange que ce qu’on lui met dans la bouche et souvent reste bouche pleine sans avaler. Sa mère, consultée avant l’opération, répond qu’elle préfère le savoir mort que devant rester dans un pareil état. Elle n’espère absolument plus rien. »
Un soldat de la garnison offre son sang, et le professeur Neudörfer transfuse. « Pendant qu’on lui bande le bras, il se réveille, il parle, dit qu’il a faim, qu’il veut manger et boire de la bière ; il répond lucidement aux questions, disant qu’il est très-bien, qu’il veut lui-même laver ses mains et le bras taché, changer de linge et de lit, il se lève et marche facilement. On l’oblige à se recoucher bientôt, il mange. (…) Au réveil (…) il parle et agit comme en parfaite possession de sa raison. 28 janvier. Il a eu une très-bonne nuit, mange plusieurs fois de grand appétit, parle et répond clairement, gaiement, quand on l’interroge ; il n’est plus cataleptique, ni mélancolique. »
Quelques années plus tôt, avec son compatriote Salomon Stricker, il avait conduit des expériences consistant en l'injection par voir artérielle de diverses substances dans le cerveau d'animaux [« Injections-Versuche an Hirnen lebender Tiere ». Vierteljahrsschrift für Psychiatrie, Psychologie und gerichtliche Medicin, 1867] : la graine de fécule de pomme de terre suspendue dans un peu d'eau injectée dans la carotide d'une poule était beaucoup moins bien supportée que l'eau pure... Etaient prévues d'autres expériences visant à évaluer l'action de certains médicaments sur le cerveau, dont on ignore si elles ont été menées.
[page 68, chapitre Le traitement de l'aliénation mentale par la transfusion sanguine]
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Franz Anton Mesmer
1734-1815
[pages 35, 92-94, 96, 133, 173, chapitres Franz Anton Mesmer et le magnétisme animal, L'hypnotisme et l'hypnose médicale, Hydrosudopathie et enveloppements humides, La malariathérapie]
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Marcell Bernhard Nadel
1917-?
Le médecin viennois M. B. Nadel, qui avait constaté les effets anticholinergiques de la Réserpine et son action sur le pancréas, eut en 1958 l'idée de prescrire cette substance antihypertensive et antipsychotique dans les formes légères du diabète: les résultats furent favorables dans les trois quarts des cas, permettant chez les malades sous insuline la réduction des doses et de la résistance à cette hormone [« The cholinergic insulintherapy of diabetes mellitus. The neostigmin-diabetes test and the neostigmin-diabetes glucose tolerance curve ». Acta Neurovegetativa 17, 164–166 (1958), « Reserpin in cholinergischer Behandlung und cholinergischer Insulintherapie von Diabetes mellitus ». Wiener Klinische Wochenschrift, mars 1958, 70, 11 ; 193-195 et « Reserpin bei Diabetes ». Therapie des Monats 1958, 269]
[page 189, La réserpine, un antipsychotique contre le diabète ?]
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Heinrich Obersteiner
1847-1922
Le Viennois Obersteiner est l'un des premiers à avoir préconisé vers 1886 l'emploi de la cocaïne comme substitut dans la cure de sevrage de la morphinomanie. Ce qui s’est vite révélé dangereux et propre à provoquer une intoxication aussi grave qu'avec la morphine, une dépendance délétère.
[page 331, La cocaïne]
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Alexander Pilcz
1871-1954
Proche collaborateur et successeur de Julius Wagner von Jauregg, Pilcz a participé aux expérimentations conduisant à la découverte de l'impaludation thérapeutique chez les malades atteints de Paralysie Générale Progressive.
Il avait quelques années plus tôt publié une importante revue de la littérature sur la craniectomie ou craniotomie et ses effets, qui contribuera à mettre fin à la pratique de ces interventions chirurgicales pronées par le Français Odilon Lannelongue et reposant sur une 'idée simpliste : la résection d'une partie des os du crâne des enfants microcéphales, supposée libérer le développement d’un cerveau à l’étroit dans une boîte crânienne trop petite, n'a pas d'effet sur leurs capacités de développement intellectuel [« Ein weiterer Beitrag zur Lehre von der Mikrocephalie nebst zusammenfassendem Berichte über die Erfolge der Craniotomie bei der Mikrocephalie ». Jahrbücher für Psychiatrie und Neurologie 1899, 18, 3 ; 526-580, ill.].
Pilcz fut élu le 18 avril 1910 membre de la Société clinique de Médecine Mentale (Paris).
[page 239, chapitre La craniectomie des microcéphales idiots]
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Adrian Pollacsek
1850-?
Pollacsek, originaire d'Allemagne, pratique l'électrothérapie à Vienne avec Berthold Beer (voir ce nom). En 1902, ils inventent et font breveter un Therapeutical Apparatus magnéto-vibrothérapique, qui a pu être récemment présenté comme le prototype du stimulateur magnétique transcranien moderne, et emploient la « cage » électromagnétique de d’Arsonval dans le traitement de la neurasthénie et de l’hystérie.
[page 75 chapitre L'électrothérapie]
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Josef Gottfried von Riedel
1803-1870
Aliéniste progressiste et humaniste, Riedel dirige l'asile d'aliénés de Prague à partir de 1837, puis réforme l'institution viennoise où il terminera sa carrière, substituant à partir de 1853 de nouveaux bâtiments hospitaliers à la Narrenturm et mettant en œuvre de nouvelles méthodes de prise en charge dynamiques, en particulier ergothérapiques.
L'aliéniste français Moreau de Tours, qui visite le nouvel établissement, remarque que la salle « ‘exclusivement’ destinée à l’administration de la douche sous toutes ses formes » a été isolée « de manière à ce que les cris des patiens ne puissent être entendus du dehors » [« Note sur les établissements d’aliénés de Siegburg, Halle, Dresde, Prague, Berlin et Vienne. Réflexions sur la médecine psychiatrique en Allemagne », L'Union médicale 28 décembre 1853, 155 ; 617]
[page 56, La douche froide]
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Manfred Sakel
1900-1957
[pages 60, 168, 182-189, 208, 370, chapitres La cryothérapie générale, La trypanothérapie, L'insulinothérapie, l'insulinkomatherapie comme traitement des psychoses, La méthode d'anéantissement, La cure de sommeil]
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Ludwig Schlager
1828-1885
Médecin de l'asile d'aliénés de Brünnfeld puis de l'asile de Vienne, Schlager est au début des années 1850 l'un des introducteurs dans le monde germanique du décubitus prolongé dans le traitement de la mélancolie, inventé par le Belge Joseph Guislain et connu sous le nom de clinothérapie, et dans les années 1870 du traitement photochromatique, aussi appelé chromothérapie ou cure de couleur. Une rue porte aujourd'hui son nom dans la capitale autrichienne.
[pages 124, 141, chapitres La clinothérapie ou séjour prolongé au lit, et La chromothérapie]
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Wilhelm Solms
1914-1996
Wilhelm Solms-Rödelheim ou Wilhelm Oskar Friedrich Eugen Graf zu Solms-Rödelheim-Assenheim, psychiatre et psychanalyste, successeur de Wilhelm Podhajsky à la direction de l'hôpital Am Steinhof de Vienne et président de la Psychoanalytische Vereinigung de Vienne, est avec S. Hift et W. Solms [voir plus haut] l'un des tout premiers médecins à employer et évaluer l'effet du premier neuroleptique, dès 1952, peu après qu'il ait été découvert à l'hôpital Sainte-Anne à Paris.
[page 383, Les neuroleptiques]
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Eugen Steinach
1861-1944
Médecin endocrinologue, Steinach conduit de savantes expérimentations sur l'action biologique de la lécithine, abondante dans les centres nerveux sous forme d'une substance azotée appelée Cérébrine, qui existe sous deux formes : la lécithcérébrine, extraite du cerveau, et la lécithmédulline, extraite de la moëlle cervicale. Les recherches menées à l'Institut de biologie expérimentale de Vienne par Steinbach et à Innsbrück par Ludwig Haberland chez la grenouille seront suivies d'essais chez l'homme, en particulier dans le traitement des pathologies neurosyphilitiques, avec des résultats controversés.
[page 296, chapitre L'opothérapie cérébrale]
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Leo-Henryck Sternbach
1908-2005
Leo Sternbach, né à Abbazia en Autriche-Hongrie, aujourd'hui Opatijo en Croatie, fait ses études à Cracovie où il obtient un diplôme de pharmacien en 1929 et un doctorat en chimie organique en 1931, devient en 1937 assistant du professeur Ruzicka [selon Thierry Lefebvre, Revue d'Histoire de la Pharmacie, 2005, 348, pp.584-586, semble-t-il par confusion avec le physicien et prix Nobel Wolfgang Pauli 1900-1958 : c'est à l'EPF de Zurich en Suisse que Ruzicka reçut Sternbach de 1937 à 1940] à Vienne, avant son exil en Suisse, à Zurich et à Bâle, fuyant le nazisme, puis aux États-Unis, à Nutley, où sont situés les laboratoires Hoffmann-La-Roche qui l'emploient.
Chimiste de génie, Sternbach reprend en 1954 ses travaux sur les colorants à structure tricycliques entrepris à Cracovie. Après diverses péripéties, il découvre les propriétés myoralaxantes et anxiolytiques d'une molécule d'une nouvelle classe chimique, le chlordiazépoxide mis sur le marché en 1960 sous le nom de Librium. Plusieurs des nombreux représentants ensuite synthétisés de cette nouvelle classe, les benzodiazépines, connaîtront un extraordinaire succès commercial, populaire et médical.
[page 418, chapitre Les benzodiazépines]
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Anton von Störck
1731-1803
[pages 307, 309, 310, 311, 314, 322, chapitres Les solanées, La ciguë, L'Apium risus]
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Gerard Van Swieten
1700-1772
Catholique d'origine hollandaise -né à Leyde- et élève de Boerhaave, Van Swieten quitte son pays natal en 1747 pour s'installer à Vienne où il devient premier médecin de l'impératrice Marie-Thérèse. Les Viennois lui doivent plusieurs importantes innovations, comme la création d'un amphitéâtre d'anatomie, d'un laboratoire de chimie, du jardin botanique de Schönbrunn. Il met au point la liqueur à base de mercure qui porte son nom, proposée dans le traitement de la syphilis.
Il est mentionné dans notre livre au sujet du traitement d'un jeune maniaque avec le musc, substance sécrétée par la glande abdominale d'un cerf, et, comme Fernel et Lorry, pour sa recommandation aux mélancoliques de consommer des fruits d'été...
[pages 13, 284, 325, chapitres Le castoréum et le musc, Les raisins et leur cure : l'ampélothérapie]
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Julius Wagner von Jauregg
1857-1940
Wagner von Jauregg débute sa carrière médicale dans le laboratoire de Salomon Stricker, où il fait la connaissance de Freud.
Wagner-Jauregg reçoit le Prix Nobel en 1927
[pages 82, 169, 174-175, 182-183, 330, chapitres Le torpillage des plicaturés, Vaccins et toxines, La malariathérapie, L'insulinothérapie, La cocaïne]
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Wilhelm Winternitz
1834-1917
L’aliéniste autrichien Winternitz, professeur à l'Université de Vienne, auteur en 1877 de Die Hydrotherapie auf physiologischer und klinischer Grundlage. Vorträge für praktische Ärzte und Studierende, avait donné à l’hydrothérapie sa base scientifique, puis ouvert à son utilisation institutionnelle [voir aussi : W. Winternitz und Alois Strasser, Hydrotherapie von Regierungsrath. Berlin, Wien, 1898 ; 188 p.].
Winternitz a par ailleurs laissé son nom à une sonde réfrigérante appelée psychrophore, qui permettait d'injecter de l'eau très froide dans le canal urétral, comme traitement de l'onanisme et des pollutions nocturnes. Sigmund Freud en recommandera l'emploi à quelques-uns de ses patients.
[pages 130, 224, chapitres Balnéation prolongée et bains permanents, Cautérisation, circoncision et psychrophore]
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