COURS AUX INFIRMIERS
SUR LES SOINS À DONNER AUX ALIÉNÉS
(résumé)

par le Docteur Maurice Ducosté

Le résumé de ce Cours aux Infirmiers -dont nous proposons ici des extraits- a été rédigé en octobre 1908 par le docteur Maurice Ducosté (1875-1956) à l'intention des infirmiers de l'asile de Bassens lorsqu'il en était médecin-adjoint.

Elève d'Emmanuel Régis à Bordeaux, d'Edouard Toulouse et d'Auguste Marie à Villejuif, de Marandon de Montyel et de Paul Sérieux à Ville-Evrard, Ducosté nous semble représentatif de nombre de psychiatres de sa génération. Major de l'Adjuvat en 1908, c'est à l'asile public d'aliénés de Bassens (Savoie), près de Chambéry qu'il occupe son premier poste, d'où il passera à Alençon en 1910, à Pau en 1911, avant de remplacer Capgras à la Maison de Santé de Ville-Evrard. Médecin en chef de ce même établissement en 1920, il termine sa carrière à Villejuif en 1937.

Il est certain que Ducosté, presque oublié aujourd'hui, restera durant les quarante années de sa carrière l'un de ces psychiatres humanistes entièrement dévoués à leur mission et à leurs malades, dans une période vue trop souvent aujourd'hui comme l'obscur moyen âge de la psychiatrie.

L'idéalisme du jeune aliéniste, le bel optimisme que traduisent certaines de ses affirmations -notamment sur les taux de guérison, se sont-ils émoussés au fil des années?

Les quelques extraits de ces leçons faites en 1908 montrent le rôle essentiel que les infirmiers, qui ne sont déjà plus les gardiens de jadis, ont à jouer auprès des malades. Comme le sont aussi les médecins d'asile à l'égard de leurs confrères d'hôpital, les infirmiers d'asiles sont des infirmiers comme les autres, mais différents.
A l'exercice d'une technique spécifique -qu'il convient d'apprendre- doit être associée une réflexion que l'on qualifierait aujourd'hui d'éthique : en toute chose, rappelle Ducosté de diverses manières, l'essentiel est de respecter le malade.

A la lecture du document, on pourra également remarquer que ce principe n'est pas le seul à être toujours actuel : certaines méthodes d'abord de malades agités, par exemple, trouveraient nous semble-t-il encore aujourd'hui leur place dans l'enseignement.
Quant au rôle propre de l'infirmier (avant la lettre), de nombreux articles de ce cours montrent qu'il était déjà essentiel dans la prise en charge du malade.


[...]
11- Quels sont les grands aliénistes dont un infirmier ne doit pas ignorer les noms ?

Bien que les savants et les philanthropes soient nombreux parmi les psychiatres, vous retiendrez surtout les noms suivants :
(note) La médecine mentale est, à proprement parler, une science française : elle est née en France et pendant les trois premiers quarts du XIXe siècle, tous les grands aliénistes ont été des Français. D'autre part, la loi sur les aliénés, promulguée en France le 30 juin 1838 a servi de modèle aux législations de tous les autres pays.

A - PINEL, né en 1745 mort en 1826. Il est illustre surtout parce qu'en 1893 (sic, pour 1793), alors qu'il était médecin de la Salpêtrière (sic, pour Bicêtre), il osa enlever aux aliénés les chaînes qui les attachaient à leurs cages. C'est à partir de ce moment que les moyens de douceur remplacèrent les violences dans nos établissements d'aliénés. Ce grand philanthrope fut aidé dans sa tâche humanitaire par l'abnégation et la ténacité de son surveillant PUSSIN, la bonne volonté et le dévouement de ses infirmiers.

B - ESQUIROL, né en 1772 mort en 1840, fit des études profondes sur la folie, écrivit à la suite d'une enquête approfondie un éloquent rapport sur l'état déplorable des asiles français, contribua puissamment à la réorganisation de ces établissements et collabora avec activité à la rédaction de la loi du 30 juin 1838 qui fixe, encore aujourd'hui, en France, le régime des aliénés.

C - MOREL, né à Vienne (Autriche) de parents français, est le plus grand génie qui ait paru en France dans le domaine de l'aliénation mentale.
Il fut pendant longtemps médecin de l'Asile de Saint-Yon, près de Rouen.
Doué d'un sagace esprit d'observation et très érudit il a beaucoup fait pour le traitement des aliénés et pour la connaissance de leurs maladies.
Il contribua puissamment aux progrès de notre Science. Ses ouvrages font encore autorité, bien qu'ils soient vieux d'un demi siècle.
Il montra notamment la grande influence de l'hérédité dans les maladies mentales.

D - MAGNAN, médecin de l'Asile Ste-Anne, à Paris. Né en 1835.
Ses travaux sur les dégénérés, les délires de persécution, etc. sont estimés dans tous les pays. Grâce à cet illustre aliéniste, les moyens de contrainte ont définitivement disparu des asiles français qui se respectent. Il a encore appliqué le traitement par l'alitement continu dans le service de l'Admission de l'Asile Ste-Anne à la tête duquel il est placé depuis de nombreuses années.

Parmi les psychiatres étrangers retenez le nom de E. KRŒPELIN (prononcez Krèpeline), professeur à Munich (Bavière), savant qui honore l'humanité. Les travaux de Krœpelin en médecine mentale sont lus dans le monde entier.
C'est en grande partie grâce à cet observateur de génie que la psychiatrie s'est placée depuis 20 ans au premier rang des sciences médicales.


12- La médecine mentale a-t-elle fait des progrès ?

Depuis 20 ans la médecine mentale a fait d'immenses progrès, et beaucoup plus que dans toute autre branche des sciences médicales.
Elle est actuellement la plus certaine de ces sciences tant au point de vue des diagnostics qu'au point de vue du pronostic.
En ce qui concerne le traitement, on obtient la guérison des cas aigus (comparables pour exemple à la pneumonie, la scarlatine, la fièvre typhoïde) dans la proportion de 90 pour 100.
Certaines maladies mentales sont jusqu'ici incurables, la paralysie générale, par exemple.
D'autres ne deviennent incurables que faute de soins. Si les familles faisaient soigner les malades dès le début du mal comme on le fait pour les autres maladies, le psychiâtre arriverait à des succès thérapeutiques infiniment plus brillants que tous les autres médecins. Malheureusement, le public a des préventions contre l'internement. On attend que les malades soient incurables pour les faire traiter.
C'est en nous dévouant de plus en plus à nos malades que nous parviendrons à vaincre l'ignorance désastreuse du public.
Somme toute, nous guérissons actuellement 60 pour 100 des aliénés.
[...]



Septième leçon. HYDROTHÉRAPIE

Programme officiel : «Hydrothérapie. Bains de propreté. Bains d'affusion. Bains prolongés. Douches. Enveloppements. Bains de pieds. Lotions froides»
Résumé de la Leçon

Bains de propreté

147- Les malades sont baignés au moins une fois par semaine.
A - Température du bain : 34, 35° centigrades. S'assurer de la température, non avec la main qui se trompe souvent, mais avec le thermomètre.
B - Durée du bain : 10 à 15 minutes.
C - La baignoire doit être emplie de telle sorte que le malade assis ait de l'eau jusqu'au-dessus des épaules.
D - Les bains sont administrés au plus tôt deux heures après les repas.
E - Natter les cheveux des femmes.
F - Savonner les malades malpropres et les inconscients qui ne peuvent le faire eux-mêmes.
G - Couper les ongles des pieds et les cors.

148- Noter l'état de la peau (éruptions, plaies, etc.) pour la signaler au médecin.

149- Emporter les vêtements hors de la salle de bain et les fouiller.

150- Surveiller attentivement les malades pendant le bain.
Pour ceux qui ont des jambes trop courtes, on placera au fond de la baignoire un tabouret de fer sur lequel ils appuieront les pieds, ce qui les empêchera de glisser.
Surveiller très attentivement les épileptiques qui peuvent avoir une crise en se baignant, et se noyer.

151- Si un malade gâte dans son bain, changer l'eau immédiatement.

152- Aider les malades à entrer et sortir de leur baignoire, notamment les maladroits et les impotents.

153- Veiller à ce que les malades ne s'emparent pas des clefs avec lesquelles on fait fonctionner les appareils.

154- Ménager la pudeur des malades.

155- Si un malade refuse de prendre son bain, essayer de la persuasion; n'employer jamais la force.

156- Après le bain, essuyer les malades avec un linge sec et chaud, frictionner ceux qui ont froid, notamment les mélancoliques, les affaiblis.

157- Après usage, nettoyer chaque baignoire au savon noir.

Bains d'affusion

158- La malade est placé dans une baignoire ou un tub, et on jette sur ses épaules (et non sur la tête) de l'eau plus ou moins chaude, suivant les indications du médecin.

Bains prolongés

159- Très employés aujourd'hui surtout dans le traitement de l'agitation.

160-
A - Les malades y restent, selon les prescriptions du médecin, quelques heures, quelques jours, des semaines ou des mois.
B - Température : 34 - 35°. Consulter fréquemment le thermomètre pour maintenir cette température constante, soit en ajoutant directement de l'eau chaude, soit en faisant fonctionner les appareils en usage dans l'établissement.
C- Recouvrir la baignoire d'une alèze ou d'une couverture pour s'opposer au refroidissement rapide de l'eau du bain.
D - Enduire les mains et les pieds du malade d'un corps gras (vaseline, graisse, etc.) pour éviter la macération de la peau.
E - Si le malade a souillé son bain de déjections, remplacer l'eau immédiatement.
F - Si sa figure se congestionne, placer des compresses froides sur la tête.
G - Pour éviter les excoriations, placer entre la paroi de la baignoire et le dos du malade, un caoutchouc à air, ou un gros tampon d'ouate.
H - Si le malade s'agite et veut sortir de son bain, l'y maintenir avec douceur.
I - Si le malade a une syncope, dans un bain prolongé ou non, le retirer immédiatement du bain, le placer sur un lit, la tête plus bas que les pieds, flageller le visage avec une serviette trempée dans l'eau froide; prévenir l'interne; préparer ce qu'il faut pour faire une injection hypodermique d'éther ou de caféine.

Douches

161- Elles ont joué un grand rôle autrefois dans le traitement des maladies mentales. Elles sont beaucoup moins usitées aujourd'hui.

162 - La douche en serpentin est douloureuse et à peu près abandonnée.
La douche en pluie sur la tête est peu employée.

163 - La douche en jet se donne froide ou chaude
A- Douche froide
a. Température : 7 à 12°, jusqu'à 20°
b. Durée : 1/4 à 1/2 minute
c. finir par un jet sur la plante des pieds
B- Douche chaude
a. Température : 35, 36°
b. Durée : 2, 3 minutes, et davantage

164 - Douche écossaise
On donne d'abord une douche chaude d'une durée d'1/2 à 3 minutes, puis une douche froide de 1/4 de minute.

165 - Pour toutes les douches en jet, veiller à ce que le jet ne soit pas trop violent, le briser, au besoin, avec le doigt. Ne jamais diriger le jet sur la tête.

166 - Après la douche, frictionner le malade pendant 5 minutes.

Enveloppements

167- Enveloppement de tout le corps
A- Tremper un drap dans l'eau froide ou tiède,
B- Le tordre énergiquement,
C- Le déposer ouvert sur une couverture également ouverte placée sur un lit.
D- Coucher le malade nu sur le drap
E- Envelopper du drap chaque jambe et chaque cuisse séparément, puis le corps jusqu'au cou.
F- Rabattre la couverture
G- Laisser ainsi le malade, selon les prescriptions du médecin, un temps variable : 1/2 h., 1 h., 2 h.

168 - Enveloppement d'une partie du corps
Même procédé pour telle ou telle partie du corps signalée par le médecin.

Bains de pieds

169- Bains de pieds de propreté
A- Température : 34, 35°
B- Durée : 5 à 10 minutes
C- A donner le plus souvent possible

170 - Bains de pieds sinapisés
A- Employés dans les cas de congestion pulmonaire ou cérébrale.
B- Faire dissoudre dans de l'eau tiède 200 grammes de farine de moutarde.
Mettre le tout dans 15 litres d'eau à 34, 35°
Durée : 15 minutes

171 - Lotions froides
Employées dans la fièvre, la fièvre typhoïde.
A- Tremper une éponge dans l'eau froide
B- En frotter, sans brutalité, le malade, en commençant par les pieds et en passant sur toutes les parties du corps.
C- Faire suivre d'une friction sèche ou d'une friction à l'eau de Cologne, au Vinaigre de toilette, à l'alcool de lavande, etc.

Bains thérapeutiques

Ce sont des bains où l'on a fait dissoudre un médicament (les proportions ci-dessous sont mesurées pour une baignoire ordinaire)

172- Bains alcalins
Carbonate de soude : 250 grammes
pour un enfant : 100 grammes

173 - Bains de Vichy
Bicarbonate de soude : 500 grammes

174 - Bains de sel
Chlorure de sodium (sel de cuisine) : 1 à 3 kilogrammes

175 - Bain sulfureux
Trisulfure de potassium solide : 100 grammes
pour un enfant : 30 à 50 grammes

176 - Bain d'amidon
Amidon : 200 à 500 grammes (délayer au préalable dans 2 litres d'eau)

177 - Bain sinapisé
Farine de moutarde : 1 kilogrammes
pour un enfant : 100 grammes

178 - Bain de son
Son : 1 kilogramme (placer le son dans une serviette nouée et l'exprimer fortement sous un robinet d'eau chaude)

179 - Bain de tilleul
Tilleul (dans une serviette nouée) : 1 kilogramme


Quartier de surveillance continue et d'alitement

319 - Parmi les malades qu'on doit surveiller continuellement, sont
les déprimés et les mélancoliques
les agités
les dangereux
les malades à idées de suicide.

320 - Le quartier de surveillance continue et d'alitement doit donc avoir au moins 2 pavillons séparés : l'un pour les malades mélancoliques et tranquilles, l'autre pour les agités.

321 - Un service de bains sera installé dans le quartier même.

322 - Les infirmiers y seront couchés et leur nombre sera suffisant pour assurer un service difficile et demandant des soins continuels.


Soins à donner aux mélancoliques

323 - En dehors des médicaments prescrits par le médecin et qu'il faudra donner selon ses indications, le traitement des mélancoliques comprend :
A- Le traitement moral
B- L'alitement continu
C- Le traitement du refus de nourriture
D- La surveillance des malades à idées de suicide.

A- Le traitement moral

324 - Autrefois on cherchait à en imposer aux malades et à les dissuader de ce qu'on appelait leurs "erreurs". Aujourd'hui le traitement moral est fait de bienveillance, de douceur, de patience.

B- L'alitement continu

325 - Les mélancoliques, les malades à idées de suicide doivent être tenus au lit

326 - Avantages du traitement au lit :
1°) L'aliéné, soigné comme un malade, finit par avoir une conscience, plus ou moins nette mais réelle, de son état maladif.

2°) Le repos au lit améliore sa santé générale, empêche l'amaigrissement et la fatigue.

3°) La surveillance est plus facile et constante.

327 - Instructions pour l'alitement continu
1°) Le malade doit être couché et non assis sur son lit

2°) Les premiers jours, on emploiera la persuasion pour l'y faire rester. Il faut avoir beaucoup de patience.

3°) Parfois le malade se plie plus facilement à ce repos forcé lorsqu'il voit un infirmier assis près de son lit.

4°) Au bout de quelques jours, le malade habitué à son lit y reste sans difficulté.

5°) Dans la belle saison, le lit sera roulé dehors, ou le malade autorisé à rester étendu 1 heure ou 2, sur une chaise longue placée au dehors.

6°) En hiver, la salle aura une température constante de 18°

7°) Pour la ventilation, le nettoyage, etc. V. Quatrième leçon p.30

8°) Les mélancoliques se refroidissent rapidement : touchez fréquemment leurs pieds, et mettez, si besoin, des boules d'eau chaude dans leur lit (V. p.59 § 190)

9°) Une chaise percée sera placée à côté du lit. Si le malade est autorisé à aller aux W.C. ne pas l'y laisser aller seul. Ne pas hésiter à le surveiller pendant tout le temps qu'il y restera.
10°) Ne pas laisser les malades se mettre la tête sous les draps.


Refus de nourriture

328 - Les mélancoliques refusent souvent de prendre toute nourriture, soit qu'ils veuillent se laisser mourir de faim, soit parce qu'ils se croient indignes de manger, ou trop pauvres pour payer leur repas, etc.

329 - Les paralytiques généraux, les déments précoces, etc. refusent aussi parfois de manger.

330 - Conduite à tenir dès qu'un malade refuse la nourriture

1°) Signaler au médecin tout malade qui n'a pas mangé de la journée

2°) Mettre au lit ce malade, s'il n'y est déjà

3°) Le peser et inscrire son poids sur la feuille destinée à cet usage

331 - Il ne faut se résoudre à alimenter un malade par la sonde œsophagienne que si l'on a essayé tous les autres moyens.
(Note : La sonde œsophagienne est en caoutchouc souple, longue de 60 centimètres environ et de divers calibres. Introduite par le nez ou la bouche, elle descend, en suivant l'œsophage, jusque dans l'estomac)

332 - Le refus de nourriture n'est pas toujours complet : certains malades ne refusent de manger que la viande, d'autres ne veulent que du pain et de l'eau, etc. Il faut, pendant quelque temps tout du moins, se plier à ces caprices. Souvent ils ne durent que peu.

333 - Certains mangent seulement lorsqu'ils pensent qu'on ne les voit pas. Pour ceux-là, laisser des aliments à leur portée comme si on les avait oubliés.

334 - Dire, parfois, aux malades que les aliments ont été apportés par leurs parents, leurs amis, etc.

335 - On n'hésite pas, en certains cas, à goûter les aliments devant les malades qui se croient l'objet de tentatives d'empoisonnement.

336 - Parfois les malades qui refusent les aliments offerts par les infirmiers les acceptent de la main du médecin. On tiendra prêt, pour la visite médicale, du lait, des œufs, du chocolat, du vin, etc.

337 - Les malades se laissent parfois alimenter avec un biberon ou un canard.

338 - Vous basant sur ce qui précède, vous multiplierez les essais suivant les circonstances pour éviter, autant que possible, d'avoir recours à la sonde.

339 - Indiquer exactement sur la feuille d'alimentation la nature et la quantité d'aliments pris par le malade.

340 - Il est des malades qui mangent trop peu et qui dépérissent; on s'en aperçoit en lisant leur feuille.

341 - D'autres ont la ruse de dissimuler leurs aliments, de les jeter dans les W.C., etc. Bien surveiller ces malades.

L'alimentation par la sonde œsophagienne

342 - A quel moment faut-il donner la sonde ?

A- Quand le malade ne mange vraiment pas, ou trop peu, on peut attendre quelques jours avant de lui donner la sonde.
Si le malade est très affaibli, n'attendre que 24 ou 48 heures.

B- Si le malade prend de l'eau, du vin, un peu de lait, on peut attendre 10 jours, et davantage.

343 - Peser ces malades chaque jour et inscrire aussitôt leur poids sur la feuille destinée à cet usage.

344 - L'alimentation à la sonde ne doit être pratiquée que par le médecin ou l'interne.

345 - L'infirmier préparera :

A- Le matériel nécessaire :
1°) Un bock en verre, gradué et d'une capacité de 2 litres,

2°) Deux ou trois sondes œsophagiennes de divers calibres.
Ces sondes auront été stérilisées par ébullition et seront présentées au médecin dans un récipient rempli d'eau bouillie tiède.
S'il y a plusieurs malades à alimenter, une sonde ne servira qu'à un seul et même malade.

3°) De la vaseline ou de l'huile d'olive stérilisées.

4°) Un ouvre-bouche du modèle adopté dans le service, si le médecin fait passer la sonde par la bouche.

5°) Une poire en caoutchouc avec un embout permettant de l'adapter à l'extrémité supérieure de la sonde. Cette poire servira au médecin à insuffler de l'air par la sonde ce qui lui permet de savoir, en cas de doute, si la sonde est bien dans l'estomac.

B- Le contenu de la sonde (on dit, par abréviation "une sonde") c.-à-d. le liquide qu'on fera prendre au malade.

Formules de sondes

1. Lait tiède 750 grammes
Œufs complets 4
Sirop de sucre 2 cuillerées à soupe
Sel de cuisine 1 cuillerée à café

2. Lait tiède 1 litre
Chocolat 100 grammes
Sel 1 cuillerée à café
Eau 1/2 litre

3. Cacao 30 grammes
Jaune d'œuf 1
Lait 1 litre
Sucre 50 à 100 grammes
Sel 1 cuillerée à café

346 - La température du liquide de la sonde sera de 30 à 36°. Il ne contiendra pas de grumeaux. Il sera préparé en dehors de la vue du malade et conservé dans un vase propre.

347 - Comme le malade ne sent pas le goût de ces sondes , on peut, selon les indications, y ajouter des médicaments ou des mélanges d'aliments dont le goût est désagréable à l'état normal.
Ainsi on pourra ajouter aux substances des 3 formules ci-dessus : du beurre, de l'huile, du vin, du jus de fruits, de la poudre et du jus de viande, de la fécule et de la purée de légumes, etc.

348 - L'alimentation artificielle se fait 2 fois par jour.

349 - Le malade alimenté artificiellement sera soustrait, pendant l'opération, à la vue des autres malades, soit qu'on l'isole par un paravent, soit qu'on le place dans une chambre d'isolement.

350 - Après l'alimentation, laisser le malade couché.

351 - Inscrire sur la feuille d'alimentation la formule de la sonde, l'heure à laquelle elle a été donnée, si le malade l'a vomie en partie ou en totalité.

352 - Immédiatement après l'opération, laver le bock à l'eau, faire passer un courant d'eau dans la sonde en caoutchouc, tenir l'appareil à l'abri de la poussière.

353 - Lavements alimentaires
A- Le rectum absorbe les liquides. De là la méthode des lavements alimentaires.
B- Ce sont des lavements composés de substances nutritives liquides ou demi-liquides, et non irritantes pour le rectum.

354 - On les emploiera (lorsque le malade ne mange pas)
1° Lorsqu'une maladie de la bouche ou de l'œsophage s'oppose au passage de la sonde œsophagienne.
2° Parfois, pendant quelques jours, pour essayer d'éviter l'alimentation par cette sonde.
3° Lorsque le passage de la sonde œsophagienne provoque la terreur du malade ou une résistance désespérée.

355 - Matériel nécessaire :
1° Un bock en verre, gradué, muni d'un tube de caoutchouc d'1 m. à 1m50.
2° Une canule rectale en caoutchouc souple (une sonde œsophagienne peut être utilisée)

356 - Manière de procéder :
1° Vider l'intestin par un lavement ordinaire à l'eau chaude ou froide.
2° Coucher le malade sur le côté droit
3° Introduire dans le rectum la sonde lubrifiée d'huile ou de vaseline.
4° La faire pénétrer de 10 à 15 centimètres
5° Laisser le liquide couler lentement, le bock étant à 50 centimètres à peine au-dessus du plan du lit.
6° Si le malade fait des efforts pour rejeter le lavement, appuyer quelques instants sur la fesse supérieure pour obturer l'anus.

357 - Formules de lavements alimentaires
1- Bouillon 140 grammes
Jaune d'œufs 2 à 6
Sel de cuisine 1 cuillerée à café
Vin 20 grammes

2- Lait 300 grammes
Œufs 3
Sel 1/2 cuillerée à café

358 - Donner 3 de ces lavements par jour.

359 - Inscrire sur la feuille d'alimentation la formule du lavement , l'heure à laquelle il a été donné, si le malade l'a rendu en totalité ou en partie.


Surveillance des malades à idées de suicide

360 - La surveillance des malades à idées de suicide doit être constante et très attentive.

361 - On ne peut exercer une telle surveillance que dans le quartier de surveillance continue et d'alitement.

362 - Ces malades doivent garder le lit.

363 - Ils ne doivent jamais être placés dans une chambre d'isolement.

364 - Ils seront signalés comme ayant des idées de suicide à tous les infirmiers de leur pavillon et même à tous les infirmiers du service.

365 - Les modes de suicide employés par les aliénés sont très variables; on en a vu s'étouffer en se poussant dans la gorge un mouchoir ou une pièce de linge arrachée à leur literie; on a cité le cas d'un aliéné qui se tua en s'enfonçant une épingle dans le cœur; des femmes s'étranglent avec leurs cheveux, etc.
Le seul moyen d'empêcher ces suicides est donc une surveillance continue et très attentive.

366 - Voir § 319 et sq Quartier de surveillance continue.


Neuvième leçon. LES MALADES AGITÉS

Programme officiel : «Soins à donner aux agités. Alitement, bains, chambres d'isolement»
Résumé de la leçon

367 - Tous les aliénés (Paralytiques généraux, déments précoces, etc.) peuvent s'agiter à un moment quelconque de leur maladie.

368 - L'agitation constitue la caractéristique de la "manie"


369 - Grand principe dans l'assistance aux agités : rejeter tout moyen de contrainte.
Cette méthode porte le nom de «no restraint»
(note : Les seules concessions qu'on puisse faire sont -pour les sujets qui déchirent- le maillot et les souliers à boucles fermées à clef)


370 - On soigne les agités par :

L'alitement continu
- Au début il est difficile de faire demeurer les malades au lit, mais on y parvient avec de la patience et du dévouement.
- Pour les très grands agités, on pourra entourer les parties métalliques du lit de bourrelets de laine.

Les bains prolongés

Le traitement moral

4° Certains médicaments que l'infirmier administrera au malade selon les indications du médecin.


371 - Les chambres d'isolement disparaissent de plus en plus de nos asiles. L'alitement, les bains les rendent inutiles le jour. Elles demeurent utiles la nuit, les malades préférant eux-mêmes être couchés seuls. Il faut, en ce cas, que le nombre de veilleurs soit suffisant pour que la surveillance soit réelle.


372 - Pendant le jour un malade ne sera isolé dans une chambre qu'en cas de nécessité absolue (querelles, rixes).

373 - Il vaudra mieux le laisser dans un jardin isolé que dans une chambre.

374 - L'ameublement de la chambre d'isolement est très simple : un lit fixé au sol, un vase de nuit en carton. Parfois on n'y laissera qu'un simple matelas, à terre.
Les cellules matelassées sont à abandonner.

375 - Les portes s'ouvriront en dehors : il y en aura toujours deux situées à deux extrémités de la chambre.

376 - Ces portes seront vitrées (verre épais, lit incassable).

377 - En hiver, la température de ces chambres sera constamment de 18 degrés.

378 - On donne aux malades qui déchirent une couverture de laine cousue entre deux épaisses toiles à voile.


379 - Recommandations aux infirmiers d'un pavillon d'agités.

A- Etre toujours plusieurs infirmiers dans un quartier d'agités.

B- Ne rentrer jamais dans une chambre d'isolement où se trouve un agité que 2 ou 3, et simultanément par les 2 portes.

C- Avant d'entrer, demandez au malade s'il n'a besoin de rien; offrez-lui un verre d'eau ou de lait. Cela suffit parfois à gagner sa confiance.

D- Si le malade est près de la porte et fait effort contre elle au moment où vous voulez pénétrer dans la chambre, placez votre pied à quelques centimètres de cette porte pour limiter son ouverture et empêcher le malade de sortir violemment de la chambre.

E- Quand vous placez un malade, qui résiste, dans une chambre, veillez à ne pas fermer brusquement la porte sur ses doigts.

F- Prenez vos précautions pour ne pas vous laisser enfermer vous-même dans la chambre par le malade.
(note : Ne riez pas de ces recommandations. Je ne les ferais pas si l'expérience elle-même ne m'en avait appris l'utilité)

G- Quand vous avez conduit, à plusieurs, un malade dans une chambre, couchez-le, et ne sortez pas tous ensemble, mais l'un après l'autre, avec calme, en faisant face au malade.

H- Approchez un malade menaçant, autant que possible par côté et non par devant ou par derrière.

I- Fouiller tous les jours les malades agités. Confisquez tout objet pouvant être dangereux.


380 - Procédé pour faire lâcher à un malade un objet qu'il tient à la main (couteau, projectile, etc.)

1° Saisissez l'avant-bras du malade, immobilisez cet avant-bras contre votre poitrine

2° Pliez fortement la main du malade

3° L'objet est alors facile à arracher des doigts.


381 - Procédé pour immobiliser, en attendant des secours, les bras d'un malade menaçant.

Retourner vivement le veston du malade de façon que les manches soient à l'envers jusqu'aux coudes.


382 - Procédé pour conduire un malade agité dans une chambre.

Deux infirmiers sont généralement suffisants.

1° Se placer de chaque côté du malade.

2° Le saisir au coude avec la main portant le même nom que ce coude. Ainsi l'infirmier qui est à droite du malade tient le coude droit de ce malade avec sa main droite, l'infirmier qui est à gauche le coude gauche avec la main gauche.

3° L'autre main de chaque infirmier s'appuie aux reins du malade.

S'il est nécessaire, un troisième infirmier placé par derrière tient la tête du malade pour l'empêcher de cracher au visage des infirmiers ou de les mordre.

383 - Procédé pour porter un malade agité à bras d'hommes.

Deux infirmiers sont généralement suffisants.

1° Le 1er infirmier enlace les reins du malade de son bras gauche et pose sa main gauche sur le coude gauche du malade.

2° La main droite de l'infirmier s'applique sur sa main gauche.

3° En serrant les bras, l'infirmier immobilise les deux bras et les deux avant-bras du malade, les droits contre sa poitrine, les gauches avec ses deux mains.

4° Un mouvement de bascule des deux bras de l'infirmier place le malade horizontalement.

5° Le second infirmier saisit les genoux du malade entre ses bras et immobilise ainsi les cuisses et les jambes du malade (tous ces mouvements, décomposés ici, doivent être exécutés très rapidement).

6° Les deux infirmiers se mettent en marche, en règlant leurs pas l'un sur l'autre, comme des soldats.
S'il est nécessaire, un troisième infirmier maintiendra la tête du malade


384 - Régime des agités (v. p. 50 § 143)

Surveillance spéciale des sujets dangereux

385 - Ce sont principalement :
a- Les malades à impulsions brusques et violentes
b- Ceux qui professent des menaces de mort
c- Souvent les hallucinés de l'ouie
d- Les persécutés.

386 - Recommandations aux infirmiers chargés de la surveillance des sujets dangereux :
A. Ne les perdre jamais de vue
B. Les surveiller spécialement au moment de la visite médicale et lorsqu'ils sont visités par leurs parents.
C. Avertir les parents, avant leur visite, qu'il est absolument interdit de donner un objet quelconque aux malades (canif, allumettes, etc.)
D. Fouiller tous les jours les malades.
E. Ne leur laisser jamais d'argent.
F. Séparer ceux qui paraissent se concerter entre eux. Les signaler au médecin.
G. Recueillir avec soin les écrits et les donner au médecin.


Dixième leçon. LES PARALYSÉS ET LES GÂTEUX

Programme officiel : «Infirmerie des paralysés et gâteux. Soins à donner à ces malades, traitement du gâtisme. Eschares. Soins à donner dans les états comateux. Transport des malades à bras d'homme. Manière de changer les draps d'un malade couché. Corps étranger des voies aériennes»

Résumé de la leçon

387 - Un gâteux est un malade qui laisse aller sous lui ses urines et ses matières.

388 - Le gâtisme est donc vésical (urine) ou rectal (matières fécales)

389 - Certains aliénés ne sont atteints que du gâtisme vésical.

390 - Le gâtisme est intermittent ou continu, c'est-à-dire, ne parait que par intervalle (quelques jours, tel ou tel jour) ou est au contraire constant.

391 - Le gâtisme est encore diurne ou nocturne, ou diurne et nocturne à la fois.

392 - Au point de vue pratique, on peut diviser le gâtisme en gâtisme des malades debout et en gâtisme des malades impotents et couchés.

393 - Les gâteux se rencontrent surtout parmi les paralytiques généraux et autres déments à la dernière période, les vieillards, les mélancoliques dans la stupeur, les malades frappés d'une attaque, les idiots.

394 - Traitement du gâtisme continu des malades couchés :
A- Lit formé d'une paillasse divisée en 3 parties et ayant un réservoir au-dessous pour recueillir les urines.

B- Dès que le malade a gâté, remplacer la paillasse souillée (c'est généralement la partie du milieu) et brûler la paille.

C- Changer la chemise du malade après avoir nettoyé celui-ci.

395 - Traitement du gâtisme intermittent des malades couchés :
A- Lit ordinaire

B- Placer sur le drap de dessous une alèze pliée en deux dans laquelle on place une toile caoutchoutée

C- Dès que le malade a gâté, retirer cette alèze avec sa toile caoutchoutée, et la remplacer par une semblable.

D- Changer la chemise du malade et nettoyer celui-ci

E- Laver fréquemment la toile caoutchoutée à l'eau tiède, et l'exposer au soleil.

F- Si l'on connait l'heure à laquelle le malade gâte, le placer, quelques minutes avant, sur une chaise percée, ou glisser un bassin plat sous le siège.

396 - Traitement du gâtisme des malades debout :
A- Les placer sur le siège des W.C. au moins 3 fois par jour. Les y laisser quelques minutes.

B- Même observation que n°395F

C- Les conduire fréquemment à l'urinoir.

D- Les placer sur la chaise percée, ou glisser un bassin plat sous le siège, lorsqu'ils s'éveillent la nuit.

E- Souvent on évite le gâtisme nocturne en donnant un lavement évacuateur avant le coucher.

397 - Ne pas laisser les malades, pendant des heures, sur des chaises percées.

398 - Si le malade est constipé, lui donner un lavement, et le placer sur la chaise percée jusqu'à ce que l'effet se produise.


Eschares

399 - Ce sont des plaies qui apparaissent chez les malades couchés aux points du corps qui appuient sur le lit (talons, fesses, sacrum) ou qui macèrent dans les urines et les matières.

400 - Une rougeur plus ou moins étendue au niveau des points sus-nommés annonce souvent l'imminence des eschares.

401 - Moyens de prévenir la formation des eschares :

1° Tenir les malades très propres et au sec :
A- Bain quotidien
B- Laver les malades dès qu'ils se sont souillés
C- Les essuyer, sans les frotter, pour ne pas entamer la peau très délicate
D- Saupoudrer les fesses (où se montrent le plus fréquemment les eschares) avec une poudre absorbante (talc, lycopode, etc.)
E- En saupoudrer le lit

2° Eviter que ce soit toujours par les mêmes parties de leur corps que les malades reposent sur leur lit.
A- Les changer fréquemment de position dans leur lit, les toruner tantôt d'un côté, tantôt de l'autre.
B- Protéger les fesses, le sacrum, les talons par des pansements d'ouate, des coussins d'air ou d'eau.

402 - Moyens de traiter les eschares lorsqu'on n'a pas pu empêcher la formation :

A- Grands bains d'1 heure et plus
B- Lavage des eschares avec une solution antiseptique (eau oxygénée au 1/3, permanganate de potasse à 1 pour 2000, etc.)
C- Saupoudrage des eschares avec de la poudre de charbon, du talc, la poudre de Lucas-Championnière (excellente)
D- Si l'eschare est profonde, l'emplir, après lavage, avec de la gaze stérilisée.

403 - Coprophagie
On appelle "coprophages" les malades qui mangent leurs excréments.

Pour combattre cette habitude dégoutante,
A- Faire au malade, 2 ou 3 fois par jour, de grandes irrigations intestinales qui vident l'intestin.
B- Retirer aussitôt les excréments et les jeter aux W.C.

404 - Régime des paralysés et des gâteux : v. p.50 § 143



Soins à donner dans les états comateux

405 - L'état comateux est cet état grave dans lequel le malade est complètement insensible, soit à la suite d'une attaque congestive, soit aux dernières périodes d'une maladie quelconque.

406 - Attaque congestive (fréquente surtout chez les paralytiques généraux)
A- Coucher le malade la tête hautesur un lit de gâteux intermittent (v. p.103 § 395)
B- Lui faire des aspersions d'eau fraîche sur le visage
C- Renouveler l'air de sa chambre
D- Prendre la température rectale
E- En même temps prévenir l'interne qui ordonne, la plus part du temps un lavement purgatif ou des sinapismes aux jambes, ou qui pratiquera une saignée (voir page suivante)

407 - Dans les quelques heures qui suivent l'attaque, noter si le malade urine, et en cas (fréquent) de rétention d'urine, l'interne ou le médecin procéderont au cathétérisme de l'urètre.

408 - Ne pas faire boire le malade de peur qu'il ne s'engoue et s'asphyxie. Le médecin ordonnera peut-être des lavements alimentaires ou procédera à l'alimentation artificielle.

409 - Procéder, avec soin, à la toilette du malade et surtout à la toilette de la bouche.

410 - Protéger contre les mouches la bouche et les yeux du malade.

411 - Si le malade bave, mettre une serviette autour de son cou.

412 - S'il a des convulsions violentes, veiller à ce qu'il ne tombe pas du lit, et le coucher sur un matelas à terre.

413 - Agonie
A- Isoler le malade des autres (chambre d'isolement, paravent)
B- Rester constamment auprès de lui.
C- Marcher silencieusement, ne pas parler.


LA SAIGNÉE

414 - Nous en parlons ici parce que le médecin aliéniste ne l'emploie guère que pour les paralytiques généraux lorsqu'ils ont des attaques apopleptiques.

415 - La saignée jouait autrefois en médecine un très grand rôle. Au XVIIe siècle on saignait indistinctement les gens sains et les malades, et cela souvent plusieurs fois l'année.
Aujourd'hui, la saignée est très peu employée.

416 - Cette opération consiste à ouvrir une veine du malade pour en retirer une certaine quantité de sang.

417 - Elle se fait généralement au niveau d'une grosse veine du pli du coude.

418 - L'infirmier préparera :
A- Deux lancettes et deux bistouris stérilisés.
B- Une palette (petit récipient gradué destiné à recueillir le sang)
C- De quoi stériliser les mains du médecin.
D- De quoi stériliser la peau du malade.
E- Deux bandes de toile de 3 mètres de long et de 6 centimètres de large (environ)
F- De quoi faire un pansement aseptique humide (v. le cours de "soins à donner aux malades")

419 - Après la saignée, l'infirmier surveillera le malade pour qu'il n'arrache pas son pansement, ce qui pourrait entraîner l'infection de la plaie.

420 - Parfois le médecin désire injecter dans la veine, après la saignée une certaine quantité de sérum.

421 - Préparer en ce cas, outre ce qui est indiqué § 418 ce qui est indiqué § 251.


Onzième leçon. LES ALCOOLIQUES, LES ÉPILEPTIQUES ET LES HYSTÉRIQUES, LES IDIOTS.

Programme officiel : «Soins à donner aux alcooliques, aux épileptiques et aux hystériques, aux idiots»

Résumé de la leçon

422 - Soins à donner aux alcooliques.
1° Régime abstinent (c'est-à-dire ni alcool, ni vin) dès le 1er jour de l'internement, sauf indication du médecin.
2° Pendant le délire, souvent très violent, maintien au lit et surveillance continue (suicides, impulsions)
3° La nuit, ne pas laisser les malades dans l'obscurité, les hallucinations pénibles de la vue y étant beaucoup plus fréquentes.

423 - Soins à donner aux épileptiques et aux hystériques.

Epileptiques

424 - Donner les médicaments (Bromure de potassium qui s'écrit en abrégé KBr) aux heures indiquées par le médecin.

425 - Le caractère des épileptiques est le plus souvent difficile. Ces malades sont méchants, colères, menteurs, querelleurs, etc. Usez avec eux de douceur, de patience, d'indulgence.

426 - Accès ou attaques
A- Etendre le malade sur un matelas.
B- Le coucher sur le côté gauche (certains ont dit que l'attaque était ainsi enrayée) pour mermettre à la salive de s'écouler au-dehors de la bouche.
C- Relâcher les vêtements : cravate, corset, bretelles, ceintures, etc.
D- Ne pas maintenir fortement les malades. Eviter simplement qu'ils ne se blessent dans leurs convulsions.
E- Si l'épileptique se mord à plusieurs reprises la langue dans des attaques très longues, placer, dès le début de l'attaque, un bouchon ou un mouchoir entre les dents.
F- Parfois les épileptiques tombent toujours sur le même point du corps (front, genoux, etc.). Protéger ces parties, à l'avance, avec un turban, un bourrelet d'ouate, etc.

427 - Après l'attaque
A- Transporter l'épileptique sur un lit.
B- Si son visage est très rouge, lui mettre des compresses froides sur le front.
C- Le laisser dormir.
D- Changer son linge s'il l'a souillé (comme il arrive souvent) d'urine ou de matières.
E- Débarrasser la bouche des mucosités et laver le visage qui peut être souillé de sang, de bave, de poussière.
F- Surveiller étroitement le malade dès qu'il s'excite; des impulsions extrêmement dangereuses étant alors fréquentes.

428 - Attaques survenant chez un malade endormi
A- Eviter que le malade tombe de son lit.
B- Eviter qu'il ne se retourne sur le ventre, la tête contre l'oreiller, ce qui amènerait la mort par asphyxie.

429 - Surveiller constamment les épileptiques au bain (attaque et mort par submersion)

430 - Signaler aux chefs d'ateliers les épileptiques pour qu'ils ne soient pas employés à des travaux dangereux pour eux (couvreurs, par exemple : chute d'un lieu élevé; machines agricoles : chute dans un engrenage, etc.)

431 - Les Hystériques, d'ailleurs rares, ne demandent qu'une surveillance plus restreinte

Soins à donner aux idiots

432 - Les idiots non perfectibles seront soignés comme les paralysés et les gâteux (v. Dixième leçon p.102 et sq.)

433 - Les idiots perfectibles recevront, selon les cas, les soins qu'on donne aux malades tranquilles, ou agités (v. IXe leçon)

434 - On les élèvera d'après les méthodes d'éducation du Dr Bourneville. Ces méthodes sont appliquées par des professeurs spéciaux.

Soins à donner aux imbéciles

435 - Les imbéciles rentrent dans une des catégories de malades déjà étudiés (agités, gâteux, etc.)


Michel Caire, 2009-2010
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