A
l'asile Sainte-Anne (Paris) encore, et son théâtre de
verdure, quelques années plus tard :
Une
fête à Sainte-Anne
« C'est
au mois de juillet que les fêtes de l'Asile Clinique présentent
le plus d'éclat. Sur le théâtre de verdure dressé
dans la cour d'honneur, les réprésentations se succèdent,
au grand plaisir des malades et des employés de la maison.
Au programme de cette année, "Véronique" est le
morceau de résistance. Disons vite que le chef-d'uvre de
Messager, malgré les difficultés de la mise en scène
et l'importance de la partition vient d'être interprété
d'une manière réellement satisfaisante.
Dans le rôle principal, nous avons eu le plaisir de revoir Melle
Suzy LAUGÉE, qui, les années précédentes,
incarnait avec talent "Mam'zelle Nitouche" et "Miss Helyette".
Son apparition est saluée par les applaudissements de l'auditoire.
On sent que la jeune et charmante artiste est aimée de tous ceux
qui sont là, et qu'elle a délà conquis. C'est une
"Véronique" idéale, fine, séduisante, et
musicienne accomplie. Jessie HEAD, dans "Agathe", lui donne
la réplique, avec moins d'expérience de la scène
et une certaine timidité. Mais comme elle est agréable à
entendre et à regarder! et quelle voix admirable, pleine de fraîcheur
et de jeunesse.
M. CHIRAT, un jeune élève du Conservatoire, est un "Florestan"
plein d'entrain et de gaîté. Il sait se servir avec talent
d'une voix puissante et bien timbrée.
Citons encore, parmi les premiers sujets, M. HENRY, un "Coquenard"
cordial et solennel à souhait; M. TESSON qui, dans "Séraphin",
nous a présenté un type de larbin des plus divertissants;
enfin M. DIDIER, "Loustot" et "Des Merlettes" chez
lequel on retrouvait l'élégance du gentilhomme sous la redingote
douteuse du policier.
Enfin, ce serait une injustice d'oublier les ensembles, après avoir
mentionné Mme SLUZE, Mlle Marie BONNAULT et Mme DEULEY. L'orchestre
et les churs étaient conduits avec vigueur et autorité
par le jeune maëstro Marcel LARDERET. Les décors frais et
pimpants formaient un cadre ravissant à une figuration pittoresque
et du meilleur "Louis Philippe". Le "Temple de Flore",
avec ses jolies fleuristes, et la guinguette du "Tourne-Bride"
furent particulièrement remarqués.
De telles manifestations sont intéressantes, et l'on se rend compte
qu'elles représentent un effort considérable. Ceux qui les
organisent méritent des félicitations, et leur succès
témoigne qu'ils développent autour d'eux le sentiment de
l'art, et que le public auquel nous étions mêlé dimanche
soir n'y reste nullement étranger.
Et nous remercions tout particulièrement M. Guillot, l'aimable
directeur, qui a eu la gracieuseté de nous inviter à cette
fête qu'un temps à souhait rendit plus attrayante. (...). »
A. L'ESPRIT» (19 juillet 1914)
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