Divertissements
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La
recherche des moyens d'occuper, et même de distraire l'aliéné
est né avec l'asile.
Comment, dans ce monde clos, éviter que les aliénés passent le temps «à ne songer qu'à leurs maux», tournent «tout le jour sur eux-mêmes» ou demeurent «dans une apathie qui n'appartient point à leur aliénation» (B. Desportes, 1826)? Le travail, qui «adoucit leurs maux, calme leur irritation» et «diminue la somme de leurs privations» par l'argent qu'il leur procure, en est le premier et principal moyen. Mais il en est bien d'autres, dont le nombre et la diversité croîtront au fil des décennies. Voici par exemple ceux que l'administration des hospices civils de Paris se propose dès 1826 d'introduire dans les divisions des aliénés de Bicêtre et de la Salpêtrière :
Vont donc être mis en uvre dans nombre d'asiles français ces moyens permettant de distraire le malade de ses pensées morbides, moyens récréatifs mais aussi donc potentiellement curatifs -nous dirions aujourd'hui thérapeutiques-. Le plus connu en est sans doute le théâtre, qui avait connu un intéressant développement à Charenton du temps de Coulmier et du marquis de Sade. Parmi les distractions offertes dans les asiles sous le Second Empire, on peut également citer les jeux (jeux de société, d'adresse et de patience, jeux de hasard et de calcul, tels que boules, cartes, dominos, dames, loto, tric-trac...), la musique (fanfare, concerts, chants), les promenades et excursions, la lecture (journeaux et livres, créations de bibliothèques), des représentations de physique amusante, de lanterne magique, et parfois soirées dansantes. Leçons d'escrime, jeux de billard et jeux d'échec ne se pratiquent guère que dans les maisons de santé privées, où le travail manuel est d'ailleurs généralement proscrit. Naturellement, si ces diverses occupations peuvent être offertes à titre de récompense, en priver les malades est une punition ordinaire. |
Michel
Caire, 2007 |