Quimper
à l'asile des aliénés le () mai 1904
Monsieur le Ministre de l'Intérieur
Comme il
y a un moment que je suis gardien à l'asile
j'aurais voulu vous annoncer l'état de service de mon directeur
Meilhon car c'est horrible de cacher ce qu'il se passe à l'asile
sous ses ordres et ses commandements je ne peux nullement vous expliquer
sur ma lettre car je suis tellement frappé de douleur en voyant
autant de malades succomber de misère, s'il aurait voulut les
soigner il les aurait allonger leur vie,
mais ce crapule de directeur passe sa visite comme un chien enragé,
sa tête en l'air ses mains croisés son derrière
rode dans les sections sans regarder de personne faisant des grimasse
comme un singe dans le jardin des plantes de Paris.
pour les gardiens il est de même il les supprime toujours quelques
choses si ce n'est pas les vivres c'est les effets depuis quelques temps
nous n'avons de lard ni de viande il nous donne en remplacement chaque
repas deux ufs cuits à l'eau et cette eau nous sert de
bouillon pour tremper notre soupe. pourtant notre département
paie une somme assez forte pour nous entretenir convenablement.
ce n'est pas la peine que ce cochon de directeur remplisse ses poches
de ce qu'il nous revient comme il a déjà fait son voisin
qui était avant lui. on en voit assez qu'il ne cherche qu'a nous
porter tort partout ou il peut.
meme en gardant des hommes a l'asile malgré leur parent pouvant
facilement gagner leur vie dehors il les tiens toujours pour augmenter
sa fortune.
car il a au moins cent francs de bénéfice de chaque indigent
et des pensionnaires la moitié de la somme qu'ils paient il ne
cherche qu'à faire économie bientôt il nous donnerait
de foin à manger.
Monsieur le Ministre ayez l'extrême bonté de lui faire
son changement, nous ne pouvons plus le supporter nous préférons
voir le diable devant nos yeux que ce cochon de voleur.
encore on l'appelle directeur médecin, il est plus tôt
assassin que médecin.
il a plus de crimes sur sa tête qu'il en a de cheveux si on aurait
connaissance de son service il y a longtemps qu'on l'aurait fait monter
sur l'échafaud il mérite bien la guillotine je ferai bien
son bourreau de bon cur. si je peux le rencontrer un jour dans
un lieu désert certainement je ne manquerai pas de lui brûler
la cervelle c'est pas trop tôt de se débarrasser de cette
vilaine bête.
Encore un jour il n'y a pas longtemps il a fait une farce on devra le
porter sur le journal pour faire rigoler les lecteurs cet homme est
certainement atteint l'aliénation mentale en voici Monsieur le
Ministre comment c'était arrivé la sur supérieure
de l'asile s'apercevais un jour qu'un de ses caleçons était
disparu croyant probablement que quelqu'une des blanchisseuses l'avait
emporté.
elle toute furieuse se présentait au bureau déclarant
la chose à son ami directeur avec qui elle passait souvent des
petits moments d'agrément, le directeur ne pouvant refuser ce
service à sa bonne amie, entrant tout en colère à
la buanderie, croyant à bout portant plumer toutes les blanchisseuses,
leur demandait l'une après l'autres laquelle d'entre eux avait
le caleçon de la sur supérieure, aucune d'elle n'en
savait rien du moment qu'elles ne s'occupaient pas des linges secs,
c'est un gardien qui s'en occupe à l'aide des malades.
enfin toutes les blanchisseuses étaient interrogé aucune
ne pouvait lui rendre compte a ce sujet que la dernière, une
femme nouvellement marié ayant un peut d'instruction lui répondait
en rigolant Mr le directeur ce n'est peut être pas le caleçon
que vous voulez ce qui est en dessous si vous voulez nous foute la paix
moi je vous prêterai le mien qui n'a pas encore servi.
le directeur levant sur les pointes de pieds comme un hibou ne savait
plus quoi lui répondre obliger de se retirer tout en colère
en les menaçant à la porte. cet homme est vraiment temps
qu'il s'épouse il serait moins exposé aux dangers car
chaque nuit on le voit en ville guêter les putins.
moi je suis qu'un pauvre gardien je ne voudrais pas être a sa
place pourtant entre sa paie et la mienne il y a une grande différence.
je préfère ma vie et ma paie que la sienne. car je sais
qu'il a plus d'ennemies que d'amies, même moi je suis le premier
si je le prend entre mains devant quatre yeux je me charge de lui dresser
la peau, et je suis pas le seul j'ai encore des camarades ex gardiens
foutu a la porte sans raison, il a été deja prevenu mais
il va toujours de pire en pire enfin à force d'aller à
l'eau la cruche se cache (sic), lui a force d'etre menacé le
coup viendra
Les gardiens de l'asile
Le B. Jean
M. Charles
P. Isidore