Règlement relativement aux marques de respect dus par le personnel subalterne

Asile de Lesvellec (Morbihan), 1907

Le règlement ci-dessous a été rédigé par le Directeur-Médecin de l'Asile de Lesvellec, et tiré au polygraphe pour être distribué aux intéressés.

Il exprime jusqu'à la caricature l'idée que certains directeurs et médecins en chef pouvaient se faire du respect dû aux chefs par le personnel subalterne des asiles il y a un siècle.

La préoccupation de la "hiérarchie" est ici poussée à un tel excès, de l'avis même du Préfet du département, qu'il décide d'en transmettre copie au Ministre de l'Intérieur.

Rappelons que le préfet, représentant du ministre de l'Intérieur dans le département, est en quelque sorte le supérieur hiérarchique direct du directeur et du médecin en chef (en l'espèce deux fonctions confondues), dont il est en devoir de signaler les éventuels abus de pouvoir...


«Règlement relativement aux marques de respect dus par le personnel subalterne

Le Directeur - Médecin en chef remarquant qu'un certain nombre d'infirmiers, préposés ou ouvriers paraissent ignorer certaines règles de conduite obligatoires pour le personnel d'un asile d'aliénés, croit utile d'établir ces règles une fois pour toutes afin que désormais il n'y ait plus d'excuse possible à leur violation.

1° Quant un préposé, ouvrier ou infirmier rencontre un chef supérieur, il doit le salut et cela chaque fois qu'il le croise, le croiserait-il pour la dixième fois dans la journée.

2° Quant un chef supérieur adresse la parole à un préposé, ouvrier ou infirmier, celui-ci doit se tenir découvert devant lui et attendre pour se recouvrir qu'il y ait été autorissé par un signe ou un mot de ce chef.
Il en est de même et à plus forte raison quand c'est le préposé, l'ouvrier ou l'infirmier qui vient demander quelque chose à son chef. Pour les chefs secondaires le salut seul est exigé.

3° Quant un chef supérieur entre dans un atelier, une chambre où se trouvent un préposé, un ouvrier ou infirmier, celui-ci doit se découvrir immédiatement.

4° Cependant dans certains cas spéciaux, par exemple si un infirmier est en train de maintenir un malade agité ou si un ouvrier a les deux mains occupées par des objets qu'il ne peut déposer, l'un et l'autre sont dispensés de se découvrir et se contenter d'un salut oral.

Pour éviter toute interprétation erronée de ces instructions, voici la liste des chefs supérieurs auxquels doivent s'appliquer ces marques de politesse pour les préposés, ouvriers ou infirmiers.

Chefs supérieurs :
Le Directeur - Médecin
Le Médecin - Adjoint
Le Receveur - Econome

Chefs secondaires :
l'Aumônier
Les Internes
Les employés
Le surveillant en chef

Pour les infirmiers de quartier les Internes doivent être rangés parmi les chefs supérieurs.


Michel Caire, 2008
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