Neurologue
et aliéniste, professeur d'histoire de la médecine à la
Faculté de médecine de Paris (1907), puis de la chaire de Clinique des maladies mentales et de l'encéphale à Sainte-Anne (1909), membre titulaire de l'Académie de médecine (1912).
Président de la Société française d'histoire de
la médecine (1909-1910), membre de l'Académie des Sciences.
Premier chef de clinique de Charcot lors de la création en 1882 de la chaire de Clinique des maladies nerveuses à la Salpêtrière, Gilbert Ballet
devient médecin des hôpitaux de Paris, et crée en 1904 le premier service de "psychiatrie hospitalo-universitaire"
-selon le terme d'aujourd'hui- dans un hôpital parisien de l'Assistance
Publique, le "service des délirants de l'Hôtel-Dieu".
L'ouverture de ce « service d'isolement pour les malades délirants
et agités temporaires » est l'objet d'une circulaire du directeur de l'Assistance Publique en date du
4 novembre 1904.
Le 1er mars 1909, Ballet prend la succession d'Alix
Joffroy à la chaire de Clinique des Maladies Mentales et de l'Encéphale
à Sainte-Anne. Bien que Charcot eût disparu seize années
auparavant, c'était encore un de ses élèves qui obtenait
le poste très convoité.
Bessière, dans ses « Souvenirs d'Internat à l'Asile Clinique
Sainte-Anne (1911-1914) » écrits en 1940, évoque ce que certains
appelaient perfidement "Les Folies Sainte-Anne", c'est-à-dire
les leçons cliniques de Gilbert Ballet, avec présentation de malades :
«La
chaire de Clinique des maladies mentales était occupée par Gilbert
Ballet. D'origine limousine comme son ami Vallon, Gilbert Ballet était
élégant et distingué. D'abord un peu distant, il se montrait
affable et bienveillant dès qu'on le connaissait un peu mieux. Par une
tradition dont j'ignore les origines, il faisait, le dimanche matin, ses leçons,
qui étaient fort suivies par un public nombreux et très varié.
On y voyait de vieux médecins plus ou moins en retraite, des étudiants
en lettres, en philosophie, des vieilles dames, des jeunes femmes élégantes.
Si tant d'auditeurs bénévoles étaient assidus à
ces cours dominicaux, c'est que Gilbert Ballet parlait bien, facilement, et
qu'il savait se mettre à la portée de tous. Il avait du charme,
de la finesse, de l'esprit. Souvent, le geste amusant de la main droite secouant
le lorgnon accompagnait la "pointe" ironique et malicieuse lancée
dans un sourire. Et l'anecdote pittoresque arrivait juste au moment où
l'attention aurait pu s'assoupir. C'était un véritable plaisir
de l'entendre.»
Bessière poursuit : «N'oublions pas que Gilbert Ballet eut le
grand mérite de publier, en 1903, avec d'excellents collaborateurs, le
gros volume qui fut, pendant plus de cinquante ans, le seul "Traité
de Psychiatrie" français (...)»
Dans le domaine historique et littéraire, on doit notamment à Ballet un ouvrage sur Swedenborg : "Swedenborg.
Histoire d'un visionnaire au XVIIIe siècle", 1899: 228 p., ainsi qu'une Conférence sur la Sorcellerie et les sorciers publiée dans le Bulletin de l'Institut général psychologique, janvier-mars 1906, avec 18 figures.
Gilbert Ballet est par ailleurs l'inventeur de la "Psychose Hallucinatoire
Chronique", concept propre à l'École française de
psychiatrie et qui grâce à sa pertinence a survécu aux D.S.M.
anglo-saxons.
Bibliographie
Pascal
Le Maléfan, «Gilbert Ballet et la médiumnité. Contribution
à l'histoire de la psychose hallucinatoire chronique et à celle
des divisions subjectives». L'Evolution Psychiatrique, 2003, 68, 1; 63-72
Jacques Postel et D.F. Allen, L'uvre
historique de Gilbert Ballet (1853-1916). Histoire des Sciences Médicales,
1993, 27, 3; 189-194
Jacques Chazaud, Règles pour la conduite de l'esprit d'examen en
psychiatrie : le discours de la méthode de Gilbert Ballet. Histoire
des Sciences Médicales, 2002, 36, n°3; 267-270
Pierre Vayre, Gilbert Ballet (1853-1916). La psychiatrie raisonnable.
Histoire des sciences médicales, 2007, 41, n°3; 263-268
M. Godard, Gilbert Ballet, psychiatre des faits. Thèse de médecine,
Limoges, 1980
Michel Caire, 2008-2010 |