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Paul (-Emile) DUBUISSON
Rouen (Seine-Inférieure) 27 octobre 1847 / Les Andelys (Eure) 12 septembre 1908

Médecin aliéniste, professeur de médecine légale.

Gendre du docteur Robinet, le maire du VIème arrondissement de Paris pendant le Siège en 1870-1871, dont il épouse la fille Thérèse Elisabeth en 1873, Paul Dubuisson se consacra d'abord à des travaux historiques sur la Révolution française.

Bachelier ès lettres et ès sciences, licencié en droit (1870), Dubuisson soutient sa thèse de médecine (sur la sensibilité cutanée) en 1874.


De 1876 à 1880, il fréquente les services de Voisin à la Salpêtrière et de Magnan à l'Asile Clinique. Dans le même temps, comme rédacteur de la tribune médicale dirigée par le docteur Laborde, il publie divers articles sur la pathologie du cerveau, un travail sur Gall et de nombreuses leçons des maîtres de la Salpêtrière et Sainte-Anne. De 1878 à 1883, il est le correspondant de l'unique journal de médecine existant au Portugal, le Correio Medico de Lisbonne.

Nommé en janvier 1885 médecin adjoint de l'Asile Clinique (Sainte-Anne), Dubuisson y devient en 1888 médecin en chef de la Division des hommes, puis, à la mort de Gustave Bouchereau en 1900, de la Division des femmes.

Tandis que sa candidature de 1885 avait été appuyée par ses maîtres Magnan, Bouchereau et Henri Dagonet, celle de 1888 est soutenue par plusieurs personnalités du monde politique, son beau-père le docteur Robinet, Pierre Legrand, ministre du Commerce et de l'Industrie, Pichon et Clemenceau, députés, Charles Floquet enfin, qui n'est autre que le Président du Conseil. Ce qui lui vaut, malgré son peu d'ancienneté, d'obtenir le poste très convoité, contre des collègues qui comptent un plus grand nombre d'années de service (Dubuisson n'occupait que le 17e rang). Mais le Préfet, qui nomme, ne peut être insensible à de si éminentes recommandations.

Pendant quatorze ans, de 1887 à 1900, il donne en outre à la Faculté de droit de Paris un cours libre de médecine légale et d'anthropologie criminelle, où il traite plus spécialement des maladies mentales, et publie de nombreux ouvrages, parmi lesquels La Théorie de la responsabilité, De l'évolution des idées en matière de responsabilité et Les Voleuses des grands magasins. Dans ce dernier ouvrage, il soutient l'idée intéressante -et originale pour l'époque- «que la femme vole mais que c'est le magasin qui la pousse à voler et que, par conséquent, la victime est presque aussi coupable que le délinquant.»

Lors de sa disparition, le conseiller général Henri Rousselle, au nom de la 3e Commission, lui rendit un hommage quelque peu grandiloquent :
« Joignant la science du droit à celle de la médecine, le docteur Dubuisson était l'un de nos plus distingués médecins légistes, en même temps qu'un aliéniste réputé. C'était aussi l'un des premiers dans cette école positiviste qui forme une élite au sein de l'armée démocratique. Toutes les vertus que l'église prête à ses élus, le docteur Dubuisson les pratiquait, en proclamant ses convictions de libre penseur et de républicain : sa loyauté, son exquise bonté, sa charité discrète et délicate étaient proverbiales. »

Dubuisson était -comme son beau-père- un fervent adepte d'Auguste Comte et de Littré. Très attaché aux principes positivistes, il n'avait accepté aucune distinction honorifique.

Paul Dubuisson fut incinéré au Père-Lachaise le 15 septembre 1908. Considérant qu'il était mort sans fortune, après vingt-six années consacrées au service des malades de nos asiles, le Conseil général du Département de la Seine décida d'attribuer une allocation viagère de 800 francs à sa veuve, de manière à compléter sa pension de retraite.

Michel Caire, 2008-2012
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