(Jacques Joseph) Valentin MAGNAN
Perpignan 16 mars 1835 / Paris 27 septembre 1916
Médecin
aliéniste, surnommé au début du XXème siècle
"Le Maître de Sainte-Anne".
Nommé à l'ouverture de l'asile Sainte-Anne (Paris) en 1867
interne du Bureau d'examen, il y vit et fait carrière jusqu'à
sa retraite en 1912 comme médecin-chef de ce même service devenu
le Bureau d'Admission (d'où son autre surnom, le Bénédictin de Sainte-Anne).
Magnan est l'un des grands réformateurs des conditions de traitement
des aliénés : apôtre du no-restraint, promoteur du
système de l'open-door, il supprime l'usage de la camisole, de
la contention au lit, puis des cellules d'isolement, et introduit en France
la méthode allemande de l'alitement continu, dite clinothérapie
ou traitement par le lit des malades, les mélancoliques comme les maniaques, même violents.
Magnan fut également un grand clinicien, inventeur des concepts de Bouffée
délirante aigüe polymorphe (l'une des formes du délire
des dégénérés, dont le tableau clinique est
décrit par ses collaborateurs et élèves Saury en 1885 et
surtout Legrain en 1886), de délire alcoolique subaigü, de délire
chronique à évolution systématique, et défenseur
de la doctrine -rénovée depuis Morel- de la dégénérescence.
Il sera aussi l'un des chefs de file de la lutte contre l'alcoolisme en général
(il est membre de la Société Française de Tempérance,
Association contre l'abus des boissons alcooliques), et l'absinthisme
en particulier dont il fait une entité spécifique : voir notamment
son ouvrage paru en 1871 (Paris, impr. de Renou et Maulde) : Etude
expérimentale et clinique sur l'alcoolisme : alcool et absinthe : épilepsie
absinthique)
et tout particulièrement l'article du docteur Jean-Pierre Luauté,
«L'absinthisme : la faute du docteur Magnan», L'Evolution psychiatrique,
2007, 72; 515-530, ainsi que deux ouvrages consultables en ligne sur le site
de la B.N.F. :
- Recherches
sur les centres nerveux. Alcoolisme, folie des héréditaires dégénérés,
paralysie générale, médecine légale (Paris,
G. Masson, 1876-1893)
- On
alcoholism : the various forms of alcoholic delirium and their treatment
(transl. by W. S. Greenfield, London, H.K. Lewis, 1876)
Magnan forme plusieurs générations de psychiatres et devient le
chef de l'Ecole française de médecine mentale. Ses qualités
d'enseignant ne lui suffiront toutefois pas à obtenir la chaire de clinique
des maladies mentales lors de sa création à Sainte-Anne : elle
sera attribuée à un élève de Charcot, Benjamin
Ball, plus neurologiste qu'aliéniste.
Magnan fut membre de l'Académie de médecine. Il fonda une maison
de santé à Suresnes, dont il prit la direction lorsqu'il obtint
sa retraite de Sainte-Anne en 1912.
Sur
Magnan, lire les articles de Jacques Chazaud : « Deux psychiatres
du Roussillon : Magnan et Ey ». Annales médico-psychologiques,
2008, 166, 1; 48-51, et surtout : « Valentin
Magnan (1835-1916) ». LInformation Psychiatrique 2003,
79, 3; 251-257, dont voici le résumé :
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Sa tombe au cimetière de Montparnasse (Paris) est ornée d'un motif original, qui rappelle ses origines catalanes. L'épigraphe indique non pas ses dates de naissance et de décès, mais celles du début et de la fin de sa carrière à Sainte-Anne :
DOCTEUR MAGNAN
NÉ À PERPIGNAN
MÉDECIN-CHEF À L'ASILE SAINTE-ANNE
1867-1912
OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
Michel Caire, 2008-2010 |