Louis-Victor MARCÉ
Paris 3 juin 1828 / Paris août 1864
Aliéniste
français.
D'une famille d'origine nantaise, Marcé débute ses études
médicales à Nantes, où l'un de ses oncles enseigne à
l'École de médecine, et les poursuit à Paris où il est reçu au concours de l'internat en 1852.
En 1856, il soutient sa thèse de doctorat (Des kystes spermatiques
ou de l'hydrocèle enkystée spermatique) dont le sujet n'annonce
pas la voie qu'il allait prendre : la même année, il entre comme
médecin-adjoint à la maison de santé Esquirol, à
Ivry sur Seine, dirigée par Jules
Baillarger et Moreau
de Tours.
Puis, en 1860, il est reçu à l'agrégation (Faculté
de médecine de Paris), major de la promotion de Charcot, Potain et
Vulpian, avec une thèse intitulée Sur les altérations
de la sensibilité.
En 1860, par arrêté ministériel du 3 septembre, le docteur
Marcé, agrégé de la Faculté, médecin
des aliénés de la Seine, devient le responsable médical
de la ferme Sainte-Anne. Six mois plus tard, il remplace à Bicêtre
Moreau de Tours lui-même nommé à la Salpêtrière.
Son décès prématuré et brutal en 1864 interrompt une carrière
brève mais brillante.
En 1858, il avait publié un Traité
de la folie des femmes enceintes, des nouvelles accouchées et des
nourrices, et considérations médico-légales qui se rattachent
à ce sujet (Paris, J.-B. Baillière et fils, réédité
en 2002 chez LHarmattan, collection Psychanalyse et civilisations ,
avec un avant-propos de Jean-François Allilaire et une introduction
d'Abram Cohen).
Les Causes de la Folie Puerpérale ont été
l'objet de son enseignement, très suivi, à l'Ecole Pratique
de la Faculté.
Ce travail, par le nombre et l'importance des faits qu'il contient,
et par les conséquences que l'auteur a déduites de l'observation,
a jeté de nouvelles lumières sur un sujet très important
de la pathologie mentale (Claude Bernard). La folie du pré-
ou du post-partum, certes connue depuis Hippocrate, n'avait encore jamais
fait l'objet d'une étude spécifique et complète, illustrée
de nombreuses observations cliniques.
L'important ouvrage était tombé dans un certain oubli, avant
que des psychiatres anglais nomment leur Société de psychiatrie
périnatale The Marcé Society. Une branche française
de la Marcé Society a été fondée en 1997,
la Société
Marcé Francophone ou "SMF", association francophone
pour l'étude des pathologies psychiatriques puerpérales et périnatales.
Marcé s'est aussi illustré par une communication devant la Société
Médico-psychologique le 31 octobre 1859 intitulée : Note
sur une forme de délire hypocondriaque consécutive aux dyspepsies
et caractérisée principalement par le refus d'aliments, première
à mentionner l'anorexie mentale. Le rôle de cet « oublié
de l'anorexie » (J. Silverman, 1989) est aujourd'hui reconnu.
Son Traité pratique des maladies mentales (Paris, Baillière,
1862; 670 p.), manuel didactique destiné aux élèves et
aux médecins étrangers à la science spéciale qu'est
la médecine mentale, traduit l'esprit méthodique de son auteur,
et tout à la fois son orientation anatomo-clinique et la fidélité
à la nosologie esquirolienne et ses monomanies..
L'année de sa tragique disparition, Marcé publie encore, dans
le numéro d'avril des Annales d'Hygiène publique, un article
intitulé « De la valeur des écrits des aliénés
au point de vue de la sémiologie et de la médecine légale »
illustré de deux planches, qui aurait inspiré à Magnan
ses recherches sur la cécité verbale.
Le texte d'Antoine Ritti, lu le 24 avril 1882 et publié dans les Annales
médico-psychologiques. t. VIII. juillet 1882 - Eloge
de L.-V. Marcé (Paris, O. Doin, 1882) est consultable en ligne
sur le site de la BIUM.
Sur Marcé, « l'un des aliénistes les plus productifs de sa génération », et certainement l'un des plus brillants, lire l'excellent ouvrage de Jean-Pierre Luauté et Thérèse Lempérière, La vie et l'œuvre pionnière de Louis-Victor Marcé, paru en septembre 2012 aux éditions Glyphe avec une préface de Nine Glangeaud-Freudenthal.
Michel Caire, 2009-2013 |