Paul (Roger Charles) Mondain
Le Havre (Seine-Maritime), 5 mars 1905 / Limoges (Haute-Vienne), 23 octobre 1981
Médecin psychiatre, artiste peintre
Paul est le fils de Marguerite Nautou (1872-1946) et du docteur Frédéric Mondain, né le 22 août 1874 à Rochefort-sur-Loire (Maine-et-Loire) et décédé le 8 septembre 1941, reçu docteur en 1902 et médecin chef de l'Hôpital Léopold Bellan (Paris). Chevalier de la Légion d'honneur en 1920, Officier en 1931, il est titulaire de la Médaille militaire 1915, Croix de guerre 1915. Auteur de la préface de la 2e éd. (1933) de l'ouvrage de Gilbert Charette (de Nantes), Qu'est-ce-que l'homœopathie ? Paris, Éditions médicales, 1926.
Paul Mondain semble s'être intéressé tôt à la médecine mentale, puisqu'il exerça les fonctions d'interne à l'asile d'aliénés de Vaucluse sans doute dès 1928 : le 19 janvier 1929, c'est à Épinay-sur-Orge, commune où se situe l'asile de Vaucluse, qu'il épouse Vera Gustaffson Gräns, d'origine suédoise. De cette union naîtra un fils, prénommé Yves.
A Vaucluse, il est affecté à la division des femmes, dans le service du docteur Paul Courbon [1879-1958] avec qui il fait une communication le 15 janvier 1931 à la Société médico-psychologique, intitulée « Régression spontanée d'une paralysie générale après torsion sigmoïdienne » ayant nécessité une sigmoïdopexie, chez une femme de 36 ans entrée le 4 janvier 1930 [Annales médico-psychologiques 1931, I; 42-46].
Paul Mondain aurait également été interne intérimaire à l'asile de Villejuif, probablement en 1930.
En 1931, il est reçu 4e au concours de l'internat en médecine des asiles publics d'aliénés du département de la Seine. En 1931-1932, il est à l'asile d'aliénées de Maison-Blanche dans le service du docteur Paul Gouriou [1888-1962], et présente avec lui une communication devant la Société médico-psychologique le 28 mai 1931 : « Pseudo-cœnesthopathie (Algie pyorrhéique anxiogène) » [Annales médico-psychologiques 1931, I; 524-526].
Puis il mute en 1933 à l'asile de Ville-Evrard, division des hommes, dont le médecin chef de service est le docteur Roger Mignot [1874-1947]. Dans plusieurs dossiers de malades est conservé le portrait que Mondain a dessiné pour illustrer ses observations.
En cette même année 1933, il soutient sa thèse de doctorat, et se présente au concours du médicat des asiles d'aliénés.
Thèse de doctorat en médecine, Paris, 1933 n°46
Dans son analyse de l'ouvrage, Georges d'Heucqueville écrit : « M. reprend le thème illustré par Mignard dans "La Joie passive". Mais il l'aborde d'un point de vue nouveau, d'un point de vue d'artiste. Les portraits de malades sont dessinés avec un style d'une vie qui anime peu d'ouvrages médicaux. A la description littéraire l'auteur joint la description artistique, par des croquis d'une main aussi sûre. Le livre s'adresse au grand public. Il ne s'en cache pas. Mais il est peu de médecins et de psychologues qui ne tireraient profit des analyses qu'il contient. » [La Presse Médicale 1934] |
Par arrêté du ministre de la santé publique en date du 18 janvier 1934, M. le docteur Mondain, reçu au concours de médecin des asiles de 1933, est nommé médecin chef de service à l'asile public autonome d'aliénés (sic) de Bailleul (Nord), en remplacement de M. le docteur Menuau. Remarquons que Paul Mondain n'a alors à cette date pas encore 29 ans.
De 1934 à 1937, il est médecin en chef du « 3e service » de l'asile d'aliénées de Bailleul [Nord]. A-t-il eu à Bailleul l'occasion de rencontrer Léona Delcourt, plus connue sous le nom qu'elle s'est choisi de Nadja, alors internée dans le « 2e service » de ce même asile ?
Puis, par arrêté en date du 14 septembre 1937, M. le docteur Mondain, médecin-chef de service à l'hôpital psychiatrique autonome de Bailleul (Nord), a été affecté, sur sa demande, au poste de médecin-chef de service de l'hôpital psychiatrique départemental de Quimper (Finistère), en remplacement de M. le docteur Hacquard [Maurice Hacquard 1899-1981]
Cet établissement également connu sous le nom d'hôpital psychiatrique Saint-Athanase est alors dirigé depuis peu par le docteur Pierre Humbert [1905-1937], ancien interne des asiles de la Seine et précédemment médecin chef de l'asile de Plouguernevel, nommé médecin directeur par arrêté du 27 février 1937 en remplacement du docteur Lucien Lagriffe [1873-1959].
Un mois après avoir pris ses fonctions à Quimper, Mondain est confronté à une situation dramatique : « Le 18 octobre 1937, il écrit au préfet du Finistère : « J’ai le regret et la profonde tristesse de vous faire part du décès, survenu le 17 octobre, de M. le Docteur Humbert, Directeur-Médecin de l’Asile. ». « … le dimanche 17 octobre 1937 à midi, le Docteur Humbert a été trouvé, par sa femme et sa petite fille, pendu à l’espagnolette de la fenêtre centrale de son bureau … » [Le peintre-médecin. La médecine est un art]. Dans ces circonstances, Mondain est conduit à devoir assumer temporairement la double charge de la direction administrative et des fonctions de médecin de l'hôpital.
Début 1938, George Perrussel [1889-1966] est nommé médecin directeur. Mondain est alors responsable du « quartier Baume », tandis que son collègue George Perrussel est en charge du « Quartier-Neuf » et de la direction de l'établissement.
Les relations entre les deux médecins semblent avoir été vite conflictuelles.
Mobilisé le 1er septembre 1939 avec le grade de lieutenant, Mondain est fait prisonnier au Touquet et transféré à Lübeck [Allemagne]. De retour de captivité en septembre 1941, il reprend son poste à Quimper, et sera de nouveau le directeur intérimaire pendant quelques mois début 1942 : Perrussel a quitté Quimper - il aurait été muté d'office - comme médecin directeur de l'hôpital psychiatrique de Fains-les-Sources (Meuse) et passe en février 1942 [arrêté du 18 février 1942] en la même qualité à Breuty-la-Couronne (Charente), tandis que René Bercegeay [1912-2003] est nommé à Quimper.
« En 1942, empêché par les allemands de se rendre à Saint-Malo, Céline a dû s’installer chez le docteur Mondain, directeur de l’hôpital psychiatrique Gourmelen. Il le cite à de nombreuses reprises dans ses courriers. » [L'artiste. Biographie simplifiée]. Rappelons que Louis-Ferdinand Céline a épousé en 1919 Edith Follet, fille d'Athanase Follet [1867-1931], membre de l'Académie de médecine, directeur de l'Ecole de médecine de Rennes, petit-fils du second directeur médecin en chef de l'asile de Quimper.
Le Télégramme, 2 décembre 2015
Le 14 décembre [2015] à l’hôtel Drouot à Paris une quarantaine d’œuvres de Paul Mondain (tableaux et céramiques) seront mises en vente. L’occasion de découvrir l’étonnante personnalité de ce médecin artiste qui passa treize ans de sa vie à la direction de l’hôpital psychiatrique de Quimper. « Il était lui-même à moitié fou. Amateur de peinture, il partait représenter la nature en pleine nuit avec ses couleurs et ses chevalets. Il rentrait au matin, ravi, porteur d’un tableau entièrement noir. Sa femme voulait régulièrement se précipiter par la fenêtre, et il employait ses malades à servir à table. (...) C’était une ambiance hallucinante, cocasse et en même temps inquiétante ». |
Après avoir exposé à la galerie Saluden de Quimper en 1942 et en 1944 sous le nom de Mont-Dain, il présente ses œuvres à Lille fin 1944. En 1945 naît un fils, issu d'une liaison avec Cécile Carpe.
Perrussel ayant retrouvé ses fonctions de médecin directeur à Quimper [Arrêté du 16 mars 1945], les relations conflictuelles reprennent, qui conduiront
en 1950 à deux départs :
- Par arrêté en date du 21 décembre 1950, M. le docteur Mondain, médecin chef de service à l’hôpital psychiatrique de Quimper (Finistère), est muté en la même qualité, dans l’intérêt du service, à l'hôpital psychiatrique de Naugeat (Haute-Vienne), en remplacement de M. le docteur Gardien, appelé à d’autres fonctions.
- Par arrêté du 23 décembre 1950, M. le docteur Perrussel, médecin directeur de l’hôpital psychiatrique de Quimper (Finistère), est admis à faire valoir ses droits à la retraite à compter du 31 décembre 1950. Cependant, l'arrêté sera rapporté, et Perrusel ne cessra ses fonctions qu'à compter du 31 août 1951.
Les années suivantes, Mondain est médecin chef de l'hôpital psychiatrique de Naugeat (Limoges) -aujourd'hui Centre hospitalier Esquirol-, expose à Toulouse, divorce de Véra et se remarie en décembre 1960 avec Raymonde Schneider qui dirige l'Institut médico-psychologique de Limoges et dont il se sépare neuf ans plus tard après la naissance de leurs deux filles. Il décède à Limoges le 23 octobre 1981, à l'âge de 76 ans.
Sur le docteur Mondain, qui « a vécu dans la passion de son art, privilégiant la peinture à la médecine. Il a réalisé plus de cinq mille œuvres, tableaux sur isorel, sur toiles, dessins, céramiques », voir le beau site consacré à sa vie et à son œuvre : Paul Mondain Artiste peintre
Michel Caire, 2024 |