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Paul SIVADON
Moncoutant (Deux-Sèvres) 10 janvier 1907 / Mas d’Azil (Ariège) 6 décembre 1992


Fils d'un pasteur de l'Église réformée, Sivadon fait ses études de médecine à Clermont-Ferrand puis à Paris.

Reçu au concours de l’internat en médecine des asiles d’aliénés de la Seine, il est en 1929 interne à la Maison de Santé de Ville-Evrard dirigée par le docteur Georges Petit, puis à Maison-Blanche dans le service du docteur Demay, à l’Infirmerie spéciale avec le docteur de Clérambault, puis à l’Hôpital Henri-Rousselle avec Edouard Toulouse et enfin chez Paul Guiraud à l'asile Sainte-Anne.

Après un clinicat dans le service d'Henri Claude, il passe avec succès le médicat des asiles d'aliénés en 1935 et entre l'année suivante dans le cadre comme médecin-directeur de la Colonie Familiale d’Ainay-le-Château (Allier) en remplacement de Jacques Vié.

Reçu au concours du médicat des hôpitaux psychiatriques de la Seine du 21 juin 1943, Sivadon est “mis à la disposition du préfet de la Seine” et nommé médecin chef de service à Ville-Evrard par arrêté du 22 octobre 1943, dans l'ancien service d'Évariste Marandon de Montyel auquel a succédé Maurice Legrain.

Parmi d'autres mesures novatrices instaurées sous sa direction, qui s'inscrivent dans le courant de ce que l'on dénommera bientôt la psychothérapie institutionnelle, Paul Sivadon transforme l'un des six pavillons de son service en club pour les malades, qui sera le premier en France : le « Club des crisants » fonctionne de 1945 à 1947.

Il conçoit et organise ensuite la transformation de son service en Centre de traitement et de Réadaptation Sociale (CTRS) : par convention en date du 7 juillet 1947 entre la Préfecture de la Seine et la Caisse régionale de la Sécurité sociale, Sivadon obtient de réduire de plus de la moitié la capacité hospitalière de son service, qui passe de 600 à 250 lits, et des moyens supplémentaires en personnel qui permettront la mise en œuvre des méthodes de psychothérapie collective (thérapeutique occupationnelle).

Le C.T.R.S. de Ville-Évrard entre en service le 1er janvier 1948, avec un assistant, Sven Follin - le deuxième poste n'étant pas pourvu - [lorsque Folllin est nommé à Montauban en avril 1952, lui succèdent, sauf erreur, Jacques Alizon et Philippe Koechlin, puis Hélène Chaigneau] et six internes (un par pavillon), une « hôtesse psychologue », deux assistantes sociales présentes deux jours par semaine, une conseillère du travail, un masseur-kinésithérapeute, un moniteur d’éducation physique, des infirmiers moniteurs pour les ateliers d’ergothérapie [le standard à l'époque dans les hôpitaux psychiatriques du département de la Seine est, pour 400 à 600 lits, un médecin chef et un assistant, un ou deux internes et, au mieux, une assistante sociale à temps partiel].

Le nouveau service réservé aux hommes assurés sociaux habitant le département de la Seine, est créé « à titre expérimental » pour cinq ans renouvelable.

Un C.T.R.S. semblable ouvre à Villejuif pour les femmes, sous la responsabilité du docteur Louis Le Guillant, un autre pour les femmes à Bonneval dirigé par le docteur Henri Ey, un à Saint-Alban (Lozère) pour les hommes avec François Tosquelles.

Les trois pavillons d'hospitalisation sont transformés : dortoirs boxés, douches et sanitaires corrects, démolition des murs et comblement des sauts-de-loup. Divers ateliers d’ergothérapie sont ouverts, un terrain de sport aménagé. Dans l'esprit de la psychothérapie institutionnelle, un « Conseil de malades » voit le jour, avec élection de délégués, qui publient un journal, “Le Tremplin”, et animent une émission hebdomadaire de “Radio CTRS”.

Le C.T.R.S. de Ville-Evrard est complété à partir de 1948 par des structures extrahospitalières sous l’égide d’une association loi de 1901 : l’Association L’Elan retrouvé, co-fondée par Sivadon et Suzanne Baumé, sa première directrice. Parmi les autres membres fondateurs, citons Sven Follin, Hélène Chaigneau, Claude Veil.

Sous l'égide de L'Elan retrouvé, ouvre en 1956 rue du Château-des-Rentiers à Paris 13e arr. le premier foyer de post-cure créé en France, et en 1962 rue de La Rochefoucauld à Paris 9e arondissement., le premier hôpital de jour psychiatrique, aujourd'hui Institut Paul Sivadon.

Le 15 juin 1958, Sivadon est affecté à l’Institut Marcel Rivière à La Verrière, Le-Mesnil-Saint-Denis, Yvelines, dont il a conçu les services psychiatriques dépendant de la MGEN. On lira sur ce site un texte rendant compte de la mise en œuvre à La Verrière de la 'Classthérapie', une méthode de psychothérapie collective dont Sivadon est l'un des concepteurs et son promoteur en France.

Au C.T.R.S. de Ville-Evrard, il sera remplacé par Follin, puis par Chaigneau assisté de Guy Baillon et de Dimitri Karavokiros, puis de Jean Garrabé.

Parmi de multiples autres fonctions, Paul Sivadon sera du 12 février 1958 au 22 juin 1965 Président l’Association de Santé Mentale et de Lutte contre l’alcoolisme du 13e arrondissement à l'origine de la création du premier secteur psychiatrique en France, Président de la Fédération Mondiale pour la Santé Mentale pour 1959 et trésorier de l’Association Mondiale de Psychiatrie en 1961, Professeur à l’Université Libre de Bruxelles de 1959 à 1979 où il succède à Nyssen.

Au soir de sa vie, Sivadon rédige son dernier ouvrage, Psychiatrie et Socialités, « véritable livre de raison » [selon le mot de Jean de Verbizier, psychiatre, petit neveu de Paul Sivadon] autobiographique, et rassemblant quelques textes théoriques publiés entre les années 50 et la fin des années 1970.



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