Ellebore

Helleborus niger flore roseo

Helleborus niger fœtidus

Du bon usage de l'Ellébore selon Oribase


Helleborus niger flore roseo

Racine d'une saveur nauséabonde, très âcre, amère, d'une odeur virulente; elle est un purgatif violent.

Les anciens vantaient l'ellébore d'Anticyre contre la folie & l'imbécillité : son infusion déterge les anciens ulcères insensibles & arrosés d'un pus ichoreux; elle détruit quelquefois la rache rebelle à l'action des autres remèdes; pulvérisée, elle excite avec promptitude l'éternuement si fort & si souvent répété, qu'il survient des accidens très fâcheux.

On donne la racine pulvérisée, depuis trois grains jusqu'à trente, dans cinq onces de véhicule fluide & mucilagineux; en infusion, depuis six grains jusqu'à une drachme.


Helleborus niger fœtidus

ou Pied de Grifon

Mêmes propriétés que celles de la plante précédente.

On doit en général être très circonspect dans l'administration intérieure de toutes les espèces d'ellébore.



Sur l'ellébore et son usage en médecine en tant que purgatif drastique, voir sur ce site:
Les purges


Du bon usage de l'Ellébore selon Oribase

Oribase est un médecin grec du IVe siècle après Jésus-Christ, compilateur des textes d’Hippocrate, Galien et altri, qui a rédigé notamment divers traités médico-phytologiques (Sur Oribase, voir la notice que Alessia Guardasole lui consacre sur le site de la BIUM).

Le Livre VIII des Collections médicales, intitulé Des évacuations, est proposé sur le site L’antiquité grecque et latine du moyen-âge, dirigé par Philippe Remacle.

En voici les neuf chapitres :

1. Comment il faut préparer celui qu'on va traiter par l'ellébore, tiré d'Archigène, 1er livre sur le traitement des maladies chroniques.

2. Du choix et de l'administration de l'ellébore, du même auteur et du même livre.

3. De l'administration de l'ellébore, tiré d'Hérodote, du Traité sur les remèdes évacuants.

4. Quel est le meilleur ellébore, du même auteur et du même livre.

5. De l'ellébore, tiré d'Antyllus, du second livre, celui qui traite des moyens évacuants (At. III, 128 et 129).

6. Comment il faut obvier aux accidents qu'entraîne l'ellébore (Aët. III, 132 - 134; Paul, VII, 10).

7. De ceux qui sont en danger d'être suffoqués, tiré d'Hérodote, du Traité sur les remèdes évacuants.

8. De l'ellébore, tiré de Ctésias.

9. De l'ellébore, tiré de Mnésithée.

Oribase
[Des évacuations]
Comment il faut préparer celui qu'on va traiter par l'ellébore

Les malades qui vont être traités par l'ellébore doivent avoir le corps robuste et l'esprit tranquille; il faut que leurs humeurs coulent aisément et qu'ils vomissent avec facilité; afin donc que les parties supérieures n'éprouvent aucun dommage, on commencera par mettre l'estomac en mouvement de la manière que j'ai indiquée; ensuite on restaurera le corps pendant quatre ou cinq jours, puis on ménagera, aux approches de la nouvelle lune, un vomissement à la suite du dîner et un autre après un intervalle de cinq jours ; on restaurera de nouveau le corps pendant la croissance de la lune, puis, après avoir relâché le ventre, on fera suivre, à compter du dernier quartier de la lune, deux ou trois vomissements après dîner, chacun à trois jours de distance; et quand la lune approche de sa fin.... au déclin de la lune les vomissements après le raifort, de manière à pouvoir donner l'ellébore après le vingt et unième jour; on prescrira donc plusieurs vomissements après dîner, plusieurs révulsions vers le bas, plusieurs vomissements après le raifort pour pouvoir donner ensuite l'ellébore.

Je parle du traitement de celui qui a une disposition moyenne, car, si on a affaire à quelqu'un qui est bien disposé, qui vomit facilement, dont les humeurs ne sont pas épaisses, dont la constitution élémentaire est ferme et qui a bon courage, il suffira de prescrire d'abord un vomissement simple à la suite du dîner, après avoir relâché légèrement le ventre, puis, trois ou quatre jours plus tard, un vomissement après le raifort, afin de pouvoir donner un ou deux jours après l'ellébore; dans ce cas le médicament n'est même pas très contraire au malade.

On exposera donc quels doivent être les repas après lesquels on vomit, et comment on vomit à la suite du raifort. On regarde généralement comme une fête les dîners qu'on prend en vue des vomissements; tant on y mange avec voracité, et tant les mets y sont variés.

Dans d'autres circonstances rien ne s'opposera à cette façon d'agir; elle peut même être nécessaire, mais ceux qu'on prépare à l'administration de l'ellébore prendront, il est vrai, un peu plus d'aliments que de coutume, parce que ces aliments doivent sembler lourds et paraître jouer le rôle de corps étrangers; mais il est hors de propos de distendre l'orifice de l'estomac outre mesure; en effet, bien qu'il soit débarrassé immédiatement après, cette surcharge l'affaiblit cependant, et il faut, avant tout, lui faire atteindre l'époque de l'administration du purgatif complètement exempt de maladie.

On évitera donc les aliments qui peuvent glisser facilement vers le bas, et aussi ceux qui développent des gaz, afin que le bas-ventre reste à l'abri de toute atteinte, et, autant que possible, vide d'aliments, et que l'estomac rejette promptement les aliments qui, dans ce cas, surnagent et ne sont pas mis en menus morceaux par les gaz.

Les premiers mets qu'on prendra ne seront donc ni âcres, ni d'un goût sucré, ni gras, mais on réservera ces mets-là pour la fin, et on mangera d'abord des aliments qui n'ont pas trop de cohésion, comme le pain lui-même, une bouillie ferme de fruits à noyau; on prendra ensuite de la viande qui ne soit pas lourde, mais plutôt grasse et d'un goût un peu relevé, et les graines farineuses qui soulèvent les aliments, et on y ajoutera quelque ingrédient âcre, comme de l'oignon, du raifort, ou du poireau ; on usera ensuite de mets astringents en petite quantité, et, après cela, de substances nidoreuses, par exemple, de gâteaux au miel, et de mets de dessert, tels que les figues, les raisins secs, les noix. La grenade est bonne aussi pour préparer aux vomissements.

Entre deux, on boira à plusieurs reprises un vin doux au toucher et agréable; quelquefois aussi on a pu impunément boire abondamment des vins d'un goût sucré, ou des vins miellés, car, si ces vins développent des gaz, ils soulèvent la masse des aliments. Il faut éviter les olives, et surtout les olives salées. Les lentilles aigrissent les aliments avec lesquels on les mange, et rendent les vomissements plus désagréables. Les raisins secs sont plus agréables; les figues viennent en second lieu, mais elles sont plus détersives.

Si on est très habile à vomir, on pourra prendre, au milieu du repas, de la ptisane mélangée, soit avec du vin d'un goût sucré, soit avec du vin miellé.

A ceux qui retiennent fortement les aliments, on donnera du sésame et des ognons de narcisse; ces oignons, sont, en général, très efficaces et peuvent même donner de la force à la ptisane, car ils produisent des nausées.

Les aliments sont encore soulevés par du poisson salé qu'on prend au commencement du repas avec du vinaigre et une assez grande quantité d'huile, si ce poisson appartient aux salaisons grasses qu'on prend [habituellement] sans vinaigre.

On y ajoute aussi, soit des légumes verts cuits, par exemple, la blite, l'arroche, soit des légumes crus, comme le pourpier, et la partie centrale du raifort.

Après avoir bu abondamment et tout d'un trait, on mangera quelque mets farineux, après ce dernier intervalle, qui ne doit pas dépasser deux heures, ni rester en deçà d'une; ensuite on provoquera une évacuation par le bas, pour prévoir le cas où une partie des aliments, fortement roulée dans les intestins, se serait échappée dans cette direction...

[On fera] une promenade au soleil, et, quand on sent les éructations remonter, on se mettra à vomir, en enfonçant le doigt [dans la gorge], ou bien une plume enduite de quelque huile grasse, si cette manœuvre réussit ordinairement; puis, soit avec le doigt, soit avec la plume, on comprimera l'épiglotte à l'endroit de la bifurcation, là où se fait la déglutition.

On opérera immédiatement cette compression, en enfonçant le doigt, ou quelque autre objet; car c'est alors que s'ouvre l'orifice de l'estomac; si on titille les amygdales, le même effet se produit.

On continuera cette manœuvre jusqu'à ce que les aliments arrivent en grande quantité à la fois, et on ne retirera pas brusquement les doigts, dès que les aliments commencent à remonter.

Très souvent, dans ce cas, la dépression de l'estomac suffit pour lui faire évacuer la plus grande partie de son contenu, si ce n'est la totalité.

On aidera le vomissement en se baissant, attendu que les vomissements exigent assez peu d'efforts quand on est couché; on se baissera après avoir fait une grande inspiration, dans laquelle on aura soin de ne pas laisser pénétrer l'air dans l'estomac, en contractant les parois du ventre pour le pousser vers les organes respiratoires.

Alors les aliments logés [dans l'estomac] sortent avec beaucoup de pituite; chez les malades qui vomissent convenablement, cette pituite est suivie d'une certaine quantité de matières bilieuses, moins appréciables à l'œil qu'au goût.

Beaucoup de malades, n'ayant pas appris à vomir, sont, à cause de leur inexpérience, mis en danger par l'ellébore, attendu qu'ils devaient aider les vomissements [et qu'ils ne l'ont pas fait]; on leur enseignera donc avec grand soin quel est le temps opportun pour vomir comment il faut titiller les parties, et on leur montrera qu'on doit faire les efforts, en contractant non la région du cou, mais les parois du ventre de bas en haut; car les efforts qu'on fait de ce côté augmenteraient la force de rétention.

Tel est le vomissement après dîner.

Le vomissement à la suite du raifort secoue plus efficacement, et c'est un exercice mieux approprié pour préparer à l'ellébore; car tantôt il produit des pincements, tantôt il imprime aux aliments un mouvement ascensionnel accompagné de défaillances, tantôt enfin il cause des resserrements du gosier.

La quantité du raifort qu'on prend doit dépasser une livre, mais ne pas aller au delà d'une livre et demie. On mangera des raiforts âcres et tendres; s'ils sont doux, on prendra l'écorce, conjointement avec la partie la plus tendre des feuilles et avec l'intérieur.

Avant le traitement, on doit peu manger et boire de l'eau; chez certains malades, on observera ce régime pendant assez longtemps ; mais tous se relâcheront le ventre un jour auparavant par les moyens vulgaires, et, s'il est réfractaire, on provoquera des évacuations à l'aide d'un lavement, précédé d'une promenade assez longue faite vers midi au soleil, ou, si c'est en été, dans un endroit bien aéré.

On assaisonnera les raiforts avec du miel, surtout ceux qu'on prend les premiers, ensuite on y mettra du sel blanc et pur, et plus tard encore de l'oxymel. Il n'est pas mauvais non plus de prendre l'oxymel dans les intervalles, en allant, s'il le faut, jusqu'à un demi-cotyle.

On usera, à cet effet, s'il est possible, de l'oxymel de scille; quant au miel, tout médecin soigneux emploie celai qui sent le thym. Cette pratique sert à activer le vomissement; il en est de même pour l'origan trituré avec du sel moulu, du sel pris seul, et de l'hysope; quand on a exactement déterminé la dose de ces ingrédients, il faut s'y tenir.

Après cela on boira de l'oxymel en petite quantité, mais suffisamment pour enlever par le lavage les qualités [âcres] des substances ingérées; ensuite on se couchera pendant quelque temps, on se fera chatouiller les pieds; et, après s'être levé, on fera une petite promenade dans un chemin tortueux; puis, après être allé à la selle, on tâchera de provoquer des éructations, et on vomira, après un intervalle qui ne dépasse pas beaucoup une heure.

Il faut qu'il se montre aussi quelque rare nausée.

Les malades doivent être tiraillés [par les envies de vomir] jusqu'à ce que l'évacuation soit complète. Il apparaît alors un liquide ténu en assez grande quantité, accompagné de beaucoup d'humeurs pituiteuses, lesquelles pourront être suivies, chez quelques-uns, de matières amères. Les malades doivent éprouver la sensation d'une substance virulente; sans cela la déplétion n'est pas assez efficace.

Après ce vomissement, on a besoin de rincer immédiatement la bouche, et de se gargariser d'abord avec de l'hydromel, ensuite avec de l'eau; puis on se couchera pendant quelque temps, on se fera fortement chatouiller les pieds, et, s'il est possible, on dormira un peu, puis on tâchera de rendre ensuite quelques vents par en bas, après quoi on se promènera et on prendra un bain chaud; enfin, on mangera, en commençant par quelque mets irritant, comme du poisson salé maigre et d'un goût agréable, on passera ensuite à la chair d'oiseau, ou à quelque autre viande semblable.

Les vomissements après dîner doivent être précédés d'un bain chaud, si les malades vomissent difficilement.

Quand le malade est ainsi préparé, on lui donnera l'ellébore, lorsqu'il s'est levé après le dernier vomissement à la suite du raifort, étant plutôt restauré par le repos que par les aliments doux; nous devons traiter maintenant de l'emploi de l'ellébore lui-même.

haut de chapître



haut de chapître

Oribase
[Des évacuations]
Du choix et de l'administration de l'ellébore

Parlons d'abord du choix et de la préparation de l'ellébore.

On se servira en premier lieu de l'ellébore de l'Oeta, en second lieu de celui de Galatie, et, à défaut de ces espèces, on prendra celui de Sicile; ce dernier a des rameaux droits, rigides et ressemblant à du bois, d'une épaisseur et d'une densité moindres que celles des autres espèces.

L'ellébore de Galatie est plus épais, légèrement ridé, spongieux et très blanc ; il ressemble à de la férule.

La couleur de celui de l'Oeta est moins blanche que celle de l'ellébore de Galatie, mais elle tire plutôt sur le noir que sur le terreux, comme celui de Sicile; ses rameaux sont très peu droits et très peu lisses, du moins quand il est épais, mais on ne choisira pas celui-là; quand il est plus mince, il est fortement ridé; si on le casse, il est très blanc à l'intérieur, et, si on le goûte, ce n'est, pour ainsi dire, que tardivement qu'il irrite la langue, mais cette irritation augmente peu à peu, il fait couler la salive, et cette action persiste plus longtemps ; tout ellébore a un goût douceâtre, mais celui de l'Oeta plus encore que les autres.

Celui de Galatie happe promptement à la langue pour l'irriter, il la brûle immédiatement et il fait couler la salive avec plus d'impétuosité, mais son action s'éteint vite.

L'ellébore de Sicile produit plus d'irritation que d'humectation; mais cette irritation, moindre que celle causée par l'ellébore de Galatie, persiste plus longtemps, pour le premier, telle qu'elle était au commencement; l'ellébore de Sicile ne produit pas une salivation bien forte non plus, et son action cesse pour ainsi dire insensiblement; on le prendra lorsqu'il est sec; dans cet état, il laisse échapper, si on le casse, une poussière exempte d'humidité; il n'en est pas ainsi pour l'ellébore de l'Oeta, même lorsqu'il est sec.

Quand on casse ce dernier, sa moelle est entièrement unie à ce qui l'entoure; mais, quand on l'humecte ensuite, elle se détache de tout côté et peut facilement être enlevée.

On a besoin de cette moelle pour produire une purgation intense; quelques-uns lui ont imputé les étouffements produits par l'ellébore; ils ont châtré, pour ainsi dire, le médicament, et donné ainsi au malade un trouble sans efficacité.

Il faut que l'ellébore ne présente ni lividité, ni autre tache, et qu'il soit net à l'extérieur et très blanc à l'intérieur, quand on le casse.

On choisira donc de l'ellébore qui ait ces qualités ; et on le coupera plutôt avec un couteau qu'avec des ciseaux, car avec des ciseaux il est difficile d'obtenir des rameaux d'une égale longueur, mais, de plus, les secousses que lui impriment les ciseaux, pendant qu'on le coupe, donnent lieu à la formation d'une poussière qui, s'attachant aux morceaux, rend la purgation inégale et la complique d'étouffement.

C'est donc avec un couteau qu'on fendra les gros rameaux en longueur une ou deux fois, en raison de leur épaisseur; ensuite on coupera les morceaux en travers, en tâchant de rendre les fragments égaux et de la grosseur de grains moyens d'alphiton; cependant il sera convenable de donner les morceaux plus gros à certains malades et plus menus à d'autres, car l'ellébore coupé très mince agit très fortement.

Mais, même quand les rameaux sont minces, il faut les couper en longueur pour les redresser. La dose la plus forte est de deux drachmes, et la plus petite de huit oboles; dix oboles forment une dose moyenne; une petite dose cause plus de tourment, une grande produit une évacuation plus forte, mais moins de tourment; une dose moyenne tient le milieu entre les deux.

Après la triage de l'ellébore on n'oubliera pas de le sécher; on ne le coupera pas et on ne l'administrera pas immédiatement après l'avoir mis de côté; car, si on manquait à ces préceptes, l'étouffement qu'il cause devient plus fort; pour cette raison, Agathinus, scrupuleux en toutes choses, ne se fiant pas au triage et exigeant un essai pour être en sûreté, jetait de l'ellébore à un chien, pensant que, si celui-ci vomissait, l'homme serait purgé de la même manière; il se ménageait ainsi une expérience assurée.

On peut donner ouvertement l'ellébore à tous les malades, parce qu'ils ne le repoussent pas, mais il faut excepter les aliénés, car le délire leur donne de l'aversion contre ce médicament, attendu qu'ils sont indociles et qu'ils ont des soupçons mal fondés contre lui; quelques-uns même tombent dans des accès par la peur d'être purgés; il faut donc user de subterfuge.

On prépare donc une autre pièce où on les conduira après l'administration du médicament; on y aura disposé un moyen de se livrer au mouvement passif et tout ce qu'il faut du reste pour obvier aux accidents qui surviennent pendant les purgations.

Après une onction, on aura l'air de les conduire à un repas, et, afin qu'ils obéissent au temps voulu, on leur fera d'abord garder l'abstinence, ayant eu soin de les habituer dès longtemps à prendre [à une certaine heure] de la bouillie grossière, de l'alica lavé, ou un gâteau au miel.

On apportera d'abord le mets qu'on a l'habitude de leur servir, mais dans lequel on aura incorporé le médicament, en formant, avec de la bouillie grossière, ou avec des fritures préparées à cet effet, des boules propres à être avalées.

C'est ainsi qu'en profitant de leur habitude et en me servant de leur désir de déjeuner et de l'ardeur qui les y porte, je les fais tomber dans l'embûche sans qu'ils s'en doutent.

On pourra incorporer le médicament à la bouillie grossière, mais pas du tout à la ptisane de froment, car on le dérobe aisément dans les bouillies grossières et au milieu des graines ; si le malade le découvre, il croira plutôt à une négligence dans la préparation qu'à une supercherie. de notre part.

On enfermera dans plusieurs boules la même quantité d'ellébore, afin que, si les malades prennent une petite quantité d'une boule, la dose soit complétée à l'aide d'une autre; on a besoin d'un certain calcul pour compléter la dose entière à l'aide de plusieurs prises successives ; cependant les aliénés ne sont menacés d'aucun danger, comme la plupart des médecins le craignent, s'ils restent en deçà; il est à notre connaissance que, dans ce cas, ils éprouvèrent une purgation suffisante.

Il n'y a non plus aucun danger de voir survenir des tiraillements à vide, pourvu qu'on sache prévoir l'étouffement et qu'on y porte remède; de même une dose exagérée n'affaiblit pas non plus tout à fait, comme on le pense, l'effet du médicament, mais elle le rend seulement moins pénible, et il faut même tâcher d'atteindre ce but ; car, sans parler de ses autres vertus, l'ellébore a justement cela d'excellent qu'il commence toujours par provoquer des vomissements, quelle qu'en soit la dose. Le danger d'une purgation excessive n'est pas non plus à craindre; car il est facile de déterger et de resserrer l'orifice de l'estomac.

On traitera donc de cette manière ceux qu'on peut tromper ainsi ; mais il y en a qui résistent opiniâtrement, et contre ceux-là on a besoin d'une ruse plus recherchée. Parlons donc de cette ruse : si nous ne pouvons cacher le médicament ni dans quelque gâteau plus ou moins délicat, ni dans les bouillies dont nous avons parlé, nous nous servirons de l'oignon de vaccet ; ainsi l'ellébore incorporé d'abord dans de la bouillie grossière sera caché dans l'oignon car on peut le triturer dans un potage, dans la bouillie grossière, dans des lentilles, et dans tout ce qui est susceptible d'être avalé.

Dans ce cas, la dose est non de deux drachmes, mais de quatre; car de cette manière il produit des accidents moins forts, quoiqu'il expulse des matières plus abondantes et plus ténues, et qu'il aille même, si on le veut, jusqu'à la hile noire. Si on ne peut pas user de ce moyen, on emploiera l'ellébore sous forme d'un eclegme, qu'on prépare de la manière suivante : prendre une livre d'ellébore choisi, l'infuser pendant trois jours dans six sextaires d'eau, le faire ensuite bouillir jusqu'à réduction de moitié ; après cela exprimer avec soin les rameaux, les jeter, mêler trois livres de miel à l'eau qui reste et faire bouillir le tout jusqu'à consistance d'un eclegme, mettre ensuite la préparation dans un vase de verre ou d'argent, pour la conserver avec soin à l'abri de l'air.

On donnera de cet eclegme, à un individu préparé, la quantité d'un mystre de moyenne grandeur.

Il purge très fortement et il n'effraye pas ; cependant on a encore besoin de ruse pour le faire prendre. On y ajoutera donc un peu de miel, on le dissoudra dans de l'eau et on le donnera à boire; si cela ne se peut pas, on l'épaissira sur de la cendre chaude pour en faire des pilules, qu'on persuadera au malade d'avaler.

Ce médicament a été aussi employé avec succès sous forme de pilules contre la toux.

En le préparant, on aura soin de couper les rameaux en morceaux qui aient exactement la même grandeur, et on le donnera incorporé dans du miel cuit. Nous avons aussi purgé par force quelques malades, qui ne voulaient pas se laisser prendre à nos supercheries, en leur injectant, sous forme de lavement, la quantité double de l'eclegme, dissoute dans un peu d'eau.

Puis nous avons mêlé les morceaux des rameaux à la crème d'orge mondée, cas dans lequel il reste des flocons...

haut de chapître



haut de chapître

Oribase
[Des évacuations]
De l'administration de l'ellébore

La manière qui nous semble la moins dangereuse d'administrer l'ellébore, c'est de l'employer sous forme de décoction ; on la prépare de la manière suivante : faites macérer pendant trois jours une livre d'ellébore dans six cotyles d'eau, faites-le ensuite bouillir sur un feu doux jusqu'à réduction d'un tiers, puis exprimez l'ellébore et ajoutez deux cotyles de miel et faites bouillir de nouveau jusqu'à ce que la préparation cesse de teindre le doigt.

Nous donnons ce médicament à la dose de deux cuillerées aux malades qui n'ont pas besoin d'une purgation très abondante, et à celle d'un mystre aux gens robustes.

La purgation opérée dans ces conditions ne menace jamais du danger d'étouffement, ou d'une purgation [exagérée]; mais elle est naturellement moins efficace que l'action violente et intense [de l'ellébore donné à la manière ordinaire], que cette action soit, ou non, accompagnée de ces accidents; nous administrons cette préparation, lorsque nous nous proposons de combattre rapidement les maladies faciles à guérir et qui auraient été guéries plus lentement par les autres remèdes; nous y gagnons l'avantage de faire jouir plutôt les malades de l'accomplissement des promesses de notre art.

Chez les aliénés qui ne veulent en aucune façon prendre ce médicament, parce qu'ils ont des soupçons contre toute espèce d'aliment, c'est là encore la meilleure manière de donner l'ellébore, car, s'il ne détruit pas complètement la maladie, il l'amoindrit cependant, de façon que souvent on peut l'administrer sans opposition une seconde fois.

On l'administrera délayé dans de l'hydromel avec beaucoup d'alica; on peut le donner encore avec des lentilles, ou avec des fritures. Cependant il vaut mieux administrer l'ellébore pur, car il attaque ainsi plus fortement les parties.

Nous donnons encore la préparation dont nous avons parlé dans les cas difficiles à guérir, mais qui ne se prêtent pas très bien sous tous les rapports à l'usage de l'ellébore, par exemple, si l'âge offre des chances d'insuccès, si le corps est naturellement faible, si l'individu est d'un caractère peureux; dans ces cas, en effet, nous sommes quelquefois venu à bout de maladies très graves, en administrant cette préparation à deux ou trois reprises; d'autres fois, après avoir essayé le médicament sans inconvénient, et avoir enlevé ainsi la frayeur instinctive du malade, nous avons eu recours à l'ellébore pur.

haut de chapître



haut de chapître

Oribase
[Des évacuations]
Quel est le meilleur ellébore

Le meilleur ellébore est celui d'Anticyre, car tout autre provoque trop vite les excrétions et fait cesser la purgation après trois ou quatre heures. L'ellébore d'Anticyre est d'abord plus épais que les autres; en second lieu, il est spongieux et en quelque sorte rempli de cavités; pour la couleur il ressemble à de l'ocre pâle.

Cependant l'ellébore de qualité supérieure doit être ridé aussi, conserver la même épaisseur dans presque toute sa longueur, et s'amincir peu à peu vers son extrémité ; cette partie même doit rester épaisse encore, car celui qui, à une grande distance de son extrémité, se divise en filaments minces, ne se prête pas bien à être coupé, même quand il est épais.

Il doit, si on le casse, présenter une teinte blanche à l'intérieur et avoir une moelle ténue; si on l'approche du nez, donner lieu peu après à des éternuements; si on le mâche, brûler la bouche; enfin, avoir un goût douceâtre et attirer beaucoup de salive.

S'il laisse échapper, quand on le casse, de la poussière, ce n'est pas une preuve de sa bonté, mais de sa sécheresse, bien qu'il doive être sec aussi.

Si on a la plante tout entière à sa disposition, on choisira les rameaux épais, et on prendra de préférence, sur cette plante, toute la quantité dont on a besoin; si cela ne se peut pas, on prendra ce qui manque sur une plante analogue et qui ressemble à la première sous tous les rapports, afin que la purgation ne soit pas inégale quant au temps.

haut de chapître



haut de chapître

Oribase
[Des évacuations]
De l'ellébore, tiré d'Antyllus

Il faut se rappeler d'abord que l'ellébore coupé avec des ciseaux purge promptement; ordinairement deux heures après son ingestion; qu'après avoir expulsé de la bile et de la pituite sans beaucoup de tiraillements et avoir été rejeté lui-même par les vomissements, il cesse de purger au bout de quatre ou cinq heures; au contraire, l'ellébore coupé en morceaux de la grosseur de la farine grossière, et, à plus forte raison, celui qui est à l'état de poudre impalpable, agit très lentement; souvent il ne commence à purger que quatre ou cinq heures après l'administration; mais il chasse toutes les espèces de bile et de pituite et on court le danger d'avoir des crampes et une purgation excessive; la purgation qu'il produit persiste pendant très longtemps, mais son effet utile est de beaucoup plus considérable que celui de l'ellébore coupé autrement.

On donne l'infusion d'ellébore aux vieillards, aux enfants, aux malades dont les parties solides tombent facilement en colliquation, aux individus d'un caractère faible, ou qui sont sujets aux étouffements, et contre une maladie facile à guérir; on le donne aussi pour faire un essai préalable du traitement par l'ellébore.

On macère à cet effet pendant trois jours dans un demi-cotyle attique d'eau de pluie cinq drachmes d'ellébore coupé avec des ciseaux; on le passe ensuite au tamis et on donne la décoction après l'avoir chauffée dans un vase double.

haut de chapître



haut de chapître

Oribase
[Des évacuations]
Comment il faut obvier aux accidents qu'entraîne l'ellébore

Avec ceux qui ont pris de l'ellébore et qui sont facilement purgés, nous agirons de la manière suivante : après l'administration du médicament, nous leur donnerons de l'eau froide pour se rincer la bouche, ensuite nous leur ferons respirer quelque chose d'odoriférant, puis nous leur ordonnerons, s'ils sont forts, de rester assis, et, s'ils sont faibles, de se coucher sur quelque objet peu élevé; durant deux ou trois heures nous leur ferons respirer par intervalle des médicaments destinés à être flairés, nous leur donnerons le collutoire froid, nous les distrairons en leur racontant quelque fable; nous frictionnerons et nous serrerons avec des bandes leurs extrémités.

Tout cela doit se faire afin que le médicament ne soit pas vomi plus tôt qu'il ne convient; puis on placera les malades dans un lit suspendu, ou dans un lit pendu au plafond de quelque autre manière ; alors on leur permettra de vomir.

Ils sentiront d'abord de la chaleur dans la région de l'orifice de l'estomac et des organes de la déglutition, ensuite il se rassemblera dans leur bouche de la pituite et d'autres liquides ; après avoir craché ces liquides, ils rejetteront de nouveau de la pituite en flocons, un peu plus tard ils vomiront une partie des aliments et du médicament accompagnée de pituite; cela se répétera par intervalles de la même manière; et, après avoir vomi le médicament et les aliments, ils expulseront de la pituite avec un peu de bile, puis la quantité de la bile augmentera; enfin ils rejetteront de la bile pure, et, dans les intervalles, ils auront de temps en temps un léger hoquet, leur figure se gonflera légèrement et se rougira; il s'y montrera i de petites veines turgescentes, et leur pouls sera très-rare.

Si la purgation poursuit son cours avec facilité, leur figure prendra une bonne couleur, leur pouls deviendra plus fréquent et plus grand, le hoquet cessera et les vomissements deviendront moins rapprochés et moins abondants.

Au milieu de la purgation, chaque fois qu'il se montre du hoquet, nous donnerons à boire de l'eau miellée, dans laquelle on aura fait bouillir de la rue, et vers la fin, de l'eau tiède; quelques instants après nous prescrirons de vomir cette eau avec ce qui pourrait rester dans l'estomac ; après une onction forte et générale sur tout le corps et après un espace de deux heures, nous leur administrerons un bain et nous leur donnerons des aliments favorables à l'orifice de l'estomac.

Si, au contraire, la purgation n'a lieu, pour ainsi dire, qu'à regret et avec une certaine résistance, ou si, d'une autre façon, elle se fait moins convenablement, nous aurons à redouter les accidents suivants : accélération fâcheuse des vomissements, par suite de laquelle les malades vomissent le médicament immédiatement après l'avoir pris, sans en recueillir aucun avantage; lenteur de la purgation, qui entraîne le danger d'étouffement, hoquet, crampes, délires, défaillances, superpurgation, abattement des forces, sueurs démesurées, affaiblissement.

Comme on ne sait pas lequel de ces accidents fâcheux va se produire, il faut préparer d'avance l'appareil nécessaire pour parer à tous; or, cet appareil consiste dans les objets suivants : lit pendu au plafond, lit qui ait des supports aux pieds diagonalement opposés, et lit suspendu, bandes, éponges, eau vinaigrée et eau miellée de diverses espèces (dans l'une on fera bouillir de l'hysope, dans une autre de l'origan, dans une troisième de la rue et dans une quatrième du thym), l'huile d'alcanna, de pommes, d'iris, de roses, poudres pour étancher la sueur, infusions d'ellébore, ventouses, étaux, plumes, fourreaux pour les doigts, clystères pour donner des lavements, fomentations, absinthe, vin, aliments, bain.

Si les malades ont envie de vomir plus tôt qu'il ne faut, et s'il est à craindre qu'ils ne rejettent le médicament avant d'en avoir recueilli aucun avantage, nous ferons ce qui suit pour le retenir. Nous donnerons continuellement aux malades un collutoire d'eau froide, et, si cela ne les apaise pas, un collutoire d'eau vinai-grée; nous serrerons fortement avec des bandes et nous frictionnerons leurs extrémités ; de temps en temps nous ferons tomber goutte à goutte dans leur bouche de l'eau salée jusqu'à la quantité d'un petit mystre, ou bien nous les engagerons à tenir dans cette cavité une câpre à l'eau salée, nous leur ordonnerons de se taire et de rester immobiles, soit assis, soit couchés dans une position très élevée.

S'ils ne sont pas calmés par ce traitement, nous leur appliquerons entre les épaules et sur la région de l'orifice de l'estomac des ventouses avec une forte mèche ; nous leur donnerons de temps en temps un peu d'eau bouillante à avaler, et, s'ils sont très excités à vomir, soit de la gelée, soit de la décoction d'absinthe. Personne n'est si prompt à vomir, ou jamais l'orifice de l'estomac n'est tellement tourné en haut, que le malade ne soit calmé par deux ou trois des moyens énumérés.

Si, au contraire, à cause de la résistance de l’orifice de l'estomac, ou par quelque autre motif, les malades ne commencent pas à être purgés en temps opportun, nous les placerons dans un lit pendu au plafond et incliné et nous leur ordonnerons d'enfoncer les doigts dans la bouche et de titiller la luette et les amygdales avec la partie large des ongles; car c'est de cette manière surtout qu'on excite aux vomissements ; nous recommanderons d'étendre, autant que possible, les jambes et le jarret, de fléchir le dos et d'appuyer les condyles de l'un des bras sur l'estomac, ou, si les sujets sont trop faibles pour le faire, nous y appuierons nos propres coudes.

Si, de cette manière, ils ne subis-sent pas encore d'évacuation, nous les ferons monter sur le lit muni de supports en diagonale placés aux pieds opposés, ou sur le lit suspendu et nous les secouerons nous-mêmes, afin de leur inspirer de la fermeté et de leur donner bon courage, et nous enduirons leurs doigts d'huile d'iris ou d'alcanna. Je sais que quelques médecins enduisirent les doigts de suc de scammonée et produisirent ainsi une purgation.

Si, même avec tous ces moyens, les malades ne commencent pas encore à vomir, on liera ensemble huit ou dix plumes de la queue d'une oie, qu'on enfoncera dans la bouche après les avoir plongées dans de l'huile d'iris, ou d'alcanna, ou bien on se servira de fourreaux, qu'on fait avec du cuir de Carthage, ou avec quelque autre cuir aussi doux que possible; on leur donne une longueur de dix à douze pouces et une forme semblable à celle des doigts ; on remplit une partie de la cavité, six pouces environ, avec de la laine, et on laisse vide un espace de quatre pouces pour l'adapter aux doigts; on plonge encore ces fourreaux dans les huiles aromatisées dont nous avons parlé et on les enfonce dans l'oesophage.

Remarquons de plus que, pour les autres malades placés dans le lit suspendu, on fait le mouvement dans la direction des pieds ou de la tête, tandis que, chez ceux qui ne peuvent pas vomir, on le fait dans une direction latérale ; en outre, la suspension du lit doit être inégale, de façon que le mouvement ressemble à celui d'un vaisseau ; enfin nous donnerons aussi de l'eau miellée, dans laquelle on aura fait bouillir de l'hysope, de l'origan, ou du thym.

Comme certains malades éprouvent des étouffements et perdent même souvent la voix parce qu'ils vomissent difficilement, il est bon de savoir qu'on apaisera l'étouffement en leur donnant constamment, et à petits coups, de l'eau miellée à boire, dans laquelle on fera bouillir de préférence de la rue, sinon quelques-uns des médicaments énumérés plus haut; on tiraillera l'estomac en secouant les malades sur le lit et en enfonçant plus ou moins profondément les plumes [dans le gosier].

S'ils sont très incommodés, administrez-leur trois ou quatre cyathes d'infusion d'ellébore, mais rejetez l'emploi des médicaments vomitifs, car l'infusion d'ellé­bore, ayant les mêmes propriétés que ce médicament, aide la déplétion, tandis que les vomitifs, ayant des propriétés différentes, irritent seulement l'orifice de l'estomac, mais ne soulèvent pas l'ellébore.

Si le danger d'étouffer n'est apaisé par aucun de ces moyens, on administrera un lavement très âcre; cela recule le danger et donne du temps pour employer d'autres moyens de traitement.

Nous donnerons aussi trois oboles de galbanum à avaler, et, si cela ne procure pas de soulagement, nous forcerons les malades à boire deux cyathes d'urine très vieille et très fortement pourrie : ces deux moyens ne provoquent pas de vomissement, mais ils apaisent l'étouffement.

Si la voix et le sentiment se perdent, nous écarterons les dents avec des coins placés de chaque côté près des angles de la bouche et nous enfoncerons les plumes ou les fourreaux dans le gosier, nous administrerons un sternutatoire, l'ellébore lui-même de préférence, sinon de l'euphorbe, ou quelque médicament analogue; quelquefois, en effet, on a rejeté du même coup en éternuant la pituite en flocons engagée dans l'œsophage et qui était la cause de l'étouffement et de la privation de la voix.

Si la privation de la voix et du sentiment persistent, nous prendrons un linge très solide que nous étendrons et dont nous donnerons les deux côtés à tenir à plusieurs jeunes gens robustes placés les uns vis-à-vis des autres, nous leur ordonnerons d'étendre le linge au-dessus du sol, ensuite nous coucherons dessus le sujet qui est sous l'influence de l'ellébore, puis tantôt on le soulèvera en faisant bomber le linge d'un côté ou d'un autre, tantôt on le roulera sur l'une des extrémités du linge, en faisant soulever l'une de ces extrémités et abaisser l'autre.

Sachez que, si l'insensibilité ne disparaît pas chez ceux qu'on a secoués de cette manière, ils n'en reviennent pas.

Comme le hoquet a lieu aussi chez un grand nombre de ceux qu'on traite par l'ellébore, et même chez presque tous, mais comme il n'entraîne pas de danger chez tous, nous abandonnerons à lui-même le hoquet qui survient doucement et à des intervalles assez éloignés; en effet, cet accident n'est pas sans avantage, puisqu'il tiraille l'orifice de l'estomac et invite aux excrétions ; mais, si le hoquet est intense et grave, s'il secoue fortement le corps et cause des convulsions, nous donnerons d'abord à boire, à chaque accès, de l'eau miellée assez chaude, dans laquelle on aura fait bouillir un peu de rue, ou bien nous prescrirons de se gargariser seulement à chaque accès avec de l'eau miellée, ou de l'eau chaude.

Si le hoquet ne cesse pas d'incommoder, on recourra à un sternutatoire. S'il persiste encore après cela, nous appliquerons des ventouses sur toute la longueur de l'épine du dos. Si cette partie est très-osseuse, on fera préalablement des onctions entre les épaules, et on appliquera sous la grande vertèbre du cou (la 7e) une ventouse qu'on tâchera de déplacer et de faire descendre doucement vers l'épine du dos; quand cette ventouse est arrivée à l'endroit qui correspond à l'estomac, on appliquera près de la vertèbre [située au niveau de l'estomac] une seconde ventouse qu'on fera remonter; alors on enlèvera la première, et on la placera de nouveau en haut; souvent, en effet, l'application des ventouses redresse l'orifice de l'estomac recourbé et contracté par le hoquet; enfin on serrera avec des bandes les extrémités, et on réchauffera ces parties, soit en les plongeant dans de l'eau chaude, soit en les fomentant de quelque autre manière.

Puis nous inventerons quelque moyen pour émouvoir vivement les malades; nous leur dirons des injures, nous leur ordonnerons de faire une grande inspiration, d'attirer pendant long-temps l'air dans l'intérieur et d'expirer largement.

Les crampes, comme le hoquet, surviennent chez tous les malades; les crampes fortes, qui ont lieu principalement dans les muscles du mollet, ainsi que dans les cuisses, les bras et les muscles masticatoires, quoiqu'elles aient lieu aussi dans les pieds et plus encore dans les mains, nous les apaiserons par de fortes onctions, par la compression, en réchauffant et en faisant des fomentations.

La compression des muscles par les mains est aussi très-efficace contre ces contractions, car la pression des mains exprime l'air qui se rassemble dans les cavités des muscles et qui cause les crampes.

L'huile de Sicyone, l'huile vieille, et, parmi les médicaments acopes, ceux qui réchauffent et ramollissent, le castoréum, administré sous forme d'embrocation ou de potion, soit seul, soit uni avec de l'eau miellée, l'eau miellée bue en grande quantité conjointement avec de la rue, tous ces remèdes, dis je, calment les crampes.

Le plus efficace de tous les moyens contre les crampes est le bain; si donc la purgation marche suffisamment bien, comme cela arrive le plus ordinairement chez ceux qui ont des crampes fortement prononcées, on leur ordonnera deux ou trois bains.

J'ai connu un malade auquel on donna huit bains dans l'es­pace d'un seul jour, non pas celui où il avait pris l'ellébore, mais le lendemain, car il avait de fortes crampes le second jour, et il fut délivré de ses souffrances.

Nous arrêterons les purgations exagérées à l'aide de boissons très chaudes, de la constriction des extrémités, de frictions rudes et de ventouses fortement appliquées et violemment retirées, qu'on posera en partie sur l'hypocondre et en partie entre les épaules.

L'absinthe prise en boisson arrête efficacement les vomissements, et, s'ils persistent, nous aurons recours aux médicaments anodins qui produisent du sommeil ; en effet, ces médicaments tarissent toutes les excrétions, autant à cause des propriétés desséchantes dont ils sont doués qu'en amenant du sommeil, car le sommeil arrête aussi les excrétions.

Nous étancherons les sueurs démesurées, en ventilant le corps, en l'essuyant avec des éponges trempées dans de l'eau froide, ou de l'eau vinaigrée, et nous nous servirons aussi des poudres à étancher douées de propriétés astringentes, ou propres à obstruer les pores.

Nous restaurerons les forces abattues à l'aide d'aliments et de vin; les médecins qui, dans ce cas, s'avisent de réchauffer ou de comprimer, ne savent pas distinguer, ce me semble, l'oppression de l'abattement.

haut de chapître



haut de chapître

Oribase
[Des évacuations]
De ceux qui sont en danger d'être suffoqués

Ceux qui sont en danger d'être suffoqués crachent un peu de salive au commencement de la purgation ; quoiqu'ils aient des envies très fortes de vomir, ils ne rejettent rien; leur face se gonfle, leurs yeux sont saillants, et ils sentent que leurs organes respiratoires sont resserrés et obstrués, ils respirent difficilement; chez quelques-uns la langue sort aussi de la bouche et ils suent fortement; d'autres encore serrent les dents, et leur intelligence participe à leurs souffrances.

Reconnaissant donc l'imminence du péril, nous y porterons remède sans retard, en enfonçant, à l'aide de plumes, des huiles aromatisées dans la bouche; nous forcerons aussi les malades à vomir, en enlevant la pituite engagée dans les organes de la déglutition.

Chez un malade qui éprouvait des étouffements et qui était sur le point de mourir, puisqu'il serrait les dents et qu'il palpitait comme du bétail qu'on tue, j'ai moi-même fixé les dents et ouvert la bouche à l'aide de coins, afin qu'elle ne se fermât pas; puis j'introduisis la main, et, trouvant sur les organes de la déglutition une poignée de pituite ramassée sous forme de boule, je l'enlevai, et elle ne se rompit pas quand on l'eut jetée par terre.

haut de chapître



haut de chapître

Oribase
[Des évacuations]
De l'ellébore, tiré de Ctésias

Du temps de mon père et de mon grand-père aucun médecin ne donnait de l'ellébore, car on ne connaissait ni la manière de le mélanger, ni la mesure, ni le poids qu'il fallait en donner, et, si quelqu'un donnait de l'ellébore à boire, il recommandait aux malades de faire d'abord leur testament, comme s'ils devaient courir un grand danger : aussi, parmi ceux qui en buvaient, plusieurs étaient suffoqués, et peu restaient en vie : maintenant il semble que son administration est tout à fait exempte de danger.

haut de chapître



haut de chapître

Oribase
[Des évacuations]
De l'ellébore, tiré de Mnésithée

L'ellébore, pris en boisson, entraîne de grands dangers; en effet, ou il guérit immédiatement, ou il cause un trouble très grand et très prolongé dans la maladie; celui qui désespère d'être guéri par un traitement exempt de danger, doit [seul] se soumettre à de pareilles cures.


haut de chapître


Michel Caire, 2013
© Les textes & images publiés sur ce site sont librement téléchargeables pour une consultation à usage privé. Toute autre utilisation nécessite l'autorisation de l'auteur.