du préfixe
para, à côté de, et du grec noia, de noos
ou noüs, esprit.
Notons que Le Grand Larousse Encyclopédique proposait une autre étymologie :
de para, « et du grec anoia, sottise ».
Le mot a été introduit en médecine au sens de folie en général par Samuel-Gottlieb Vogel en 1764 [selon Silvano Arieti, American handbook of psychiatry, 1959] ou en 1772 [selon le Dictionnaire étymologique Dauzat] et il reste d'un usage très courant de nos jours, comme
son dérivé paranoïde (proche de la paranoïa).
La paranoïa (Verrüktheit de Griesinger, Paranoïa
de Kahlbaum) représente depuis Kraepelin l'une des psychoses chroniques,
l'une des modalités du délire chronique. Le mécanisme prédominant
du délire paranoïaque est l'interprétation, et le thème
principal la persécution : ces psychoses interprétatives fut décrites
en France sous les termes de Délire des persécutions (ou
Maladie de Lasègue), Délire d'interprétation
ou Folie raisonnante (Sérieux
et Capgras).
Le délire apparaît parfois, au moins dans sa période initiale,
comme logique et -relativement- cohérent et plausible (délire de jalousie,
délire hypochondriaque, idéalisme passionné, etc.) et l'intéressé
peut obtenir l'adhésion de l'entourage immédiat (délire
à deux), voire même d'un grand nombre de personnes, ce qui aboutit
parfois à la naissance d'une secte.
Quant à l'adjectif paranoïaque, il est employé pour désigner non seulement cette psychose et la structure de ce délire, mais aussi une constitution ou personnalité.
Michel Caire, 2008-2016 |