Edgar BÉRILLON
Saint-Fargeau (Yonne) 23 mai 1859 / 6 mars 1948
Neurologue de formation, spécialisé en hypnotisme expérimental
(hypnose), Bérillon est le principal disciple et collaborateur de Victor Dumontpallier au sein de l'École d'hypnologie de la Pitié.
Secrétaire général de la Société d'Hypnologie
et de Psychologie (dont le président est Jules
Voisin), Bérillon enseigne l'hypnotisme et ses applications thérapeutiques
à l'École de psychologie du 49 rue Saint-André-des-Arts
à Paris, à l'École pratique de la Faculté de médecine,
et fonde en 1887 et dirige la "Revue de l'Hypnotisme". Il est en outre
le fondateur de la Société de pathologie comparée.
Bérillon occupe également les fonctions de Médecin-Inspecteur
des Asiles publics d'aliénés, et dirige à partir de 1901
un établissement médico-pédagogique consacré
à l'éducation et au traitement des enfants et des adolescents
anormaux, au Château des Buttes à Créteil, près
de Paris : Bérillon est le médecin en chef du Dispensaire pédagogique,
et Quinque le professeur spécial pour enfants anormaux. En 1912, le Sanatorium
de Psychothérapie s'est développé, assurant le traitement
des enfants arriérés, instables et nerveux, ainsi que des adultes
atteints de neurasthénie, psychasthénie et alcoolisme.
Lors d'une enquête publiée dans l'Illustration en octobre
1901 (n°3060, p.242) et intitulée «Faut-il boire du vin ?»,
il prend un net parti contre son usage, développant certains arguments
quelque peu singuliers :
«L'usage modéré du vin naturel est nuisible à
la santé, si l'on est arthritique, dégénéré,
ou si l'on est obligé de mener une existence sédentaire.
L'usage du vin est extrêmement nuisible aux enfants, dont il arrête
le développement.
L'usage du vin pur exerce une action particulièrement fâcheuse
sur le caractère des femmes. Il les rend irritables et acariâtres.
C'est là le point de départ d'un certain nombre de troubles dans
les ménages. Il y a certainement une relation entre l'usage du vin pur
et beaucoup de dissentiments conjugaux qui aboutissent au divorce.»
Patriote très excessif pendant la Grande Guerre, il publie ses théories
sur la "Bromidrose fétide" ou encore "la Polychésie"
de la "race allemande" (auxquelles Guy Betchel consacre un chapitre
de son ouvrage: "Délires racistes et savants fous", Plon, 2002).
De ce fait, Bérillon échappa de peu à la déportation
sous l'Occupation.
La photographie représente Edgar Bérillon, lors d'une séance de traitement
d'un alcoolique par l'hypnotisme (reproduite avec l'aimable autorisation de
la B.I.U.M., Paris)
Le texte de l'un de ses principaux ouvrages, Les
indications formelles de la suggestion hypnotique en psychiatrie et en neuropathologie
(Paris, Bureau de la Revue de l'hypnotisme, Libr. Lefrançois, 1891) est
consultable en ligne sur le site de cette même Bibliothèque Inter-Universitaire
de Santé (Paris).
Voir l'intéressant article de J.-J. Lefrère et P. Berche P., « Un cas de délire scientifico-patriotique : le docteur Edgar Bérillon » paru dans les Annales médico-psychologiques en 2010 (168, 9; 707-711), où le terme "délire" ne nous semble pas devoir être pris dans son acception médico-psychiatrique.
Michel Caire, 2008-2012 |