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Jules(-Aristide-François) VOISIN
Le Mans (Sarthe) 4 octobre 1844 / Paris avril 1920

Aliéniste français, médecin de l'hospice de Bicêtre (service des aliénés) puis de la Salpêtrière, médecin adjoint de l'Infirmerie Spéciale près la Préfecture de Police.

Jules Voisin fait ses études secondaire dans sa ville natale, où son père Benjamin est médecin en chef à l'Hôtel-Dieu de la ville : docteur en médecine de Paris, Benjamin Voisin (1804-1868) avait soutenu sa thèse en 1827, intitulée Considérations physiologiques sur les tempéramens avec quelques inductions thérapeutiques. On lui doit également un Nouvel aperçu sur la physiologie du foie et les usages de la bile. De la digestion considérée en général (Paris, J.B. Baillière, 1833; 147 p.).
Benjamin est le frère de Félix Voisin (1794-1872), cofondateur avec Falret de la maison de santé de Vanves, et l'oncle paternel d'Auguste Voisin (1829-1898), autre aliéniste de renom.

Jules Voisin est reçu au concours de l'internat des hôpitaux de Paris, et soutient sa thèse de doctorat en 1875. Quatre ans plus tard, il est nommé médecin des hôpitaux de Paris, et succède à Pierre Berthier (1830-1877) à Bicêtre : il y exerce jusqu'en 1886, année où il passe à la Salpêtrière en remplacement d'Henri Legrand du Saulle.

Il y prend la direction de la «2ème section» dite section Esquirol, tandis que le service dirigé par son cousin germain Auguste Voisin porte le nom de section Rambuteau.

Comme Auguste, Félix Voisin porte un intérêt particulier pour l'hypnose médicale. Membre et président la Société d'hypnologie, il enseigne à l'Ecole de psychologie d'Edgar Bérillon et préside le deuxième congrès de la Société en 1900 organisé à l'occasion de l'exposition universelle : dix-sept ans après la disparition de Charcot, c'est l'occasion d'une réconciliation entre l'Ecole de la Salpêtrière et celle de Nancy. Les actes de ce Congrès sont suivis du compte-rendu d'une visite du service de Jules Voisin, illustré de photographies de ses installations et de ses malades.

Deux communications devant la Société médico-psychologique (séances des 25 octobre 1886 et 31 octobre 1887), dont il était membre et qu'il présidera en 1899, portent sur l'action des médicaments à distance (voir la bibliographie).

Mais ses deux principaux ouvrages traitent non de l'hypnose ou de la suggestion, mais de l'idiotie et de l'épilepsie.

A sa retraite, Jules Voisin obtient le titre de médecin honoraire des services d'aliénés de l'Assistance Publique, et en janvier 1910, il est nommé membre de la Commission de Surveillance des Asiles publics d'aliénés de la Seine, un poste qu'il occupera jusqu'à son décès début 1920.


Commission de Surveillance des Asiles publics
Procès-Verbal de la séance du 13 février 1912

Visite de la Salpêtrière, section Esquirol

« La Commission est reçue par M. le Dr Chaslin, médecin en chef (...) Dans cette section, M. le Dr Voisin, qui en fut le médecin en chef pendant plusieurs années, est l'objet de très nombreuses marques de sympathie de la part de malades auxquelles il donna ses soins. Dans certaines salles, son nom court sur toutes les bouches; des mains se tendent vers lui; ce sont des acclamations, presque une ovation.
Ces manifestations sont intéressantes à noter, car elles prouvent, bien que le contraire ait été répété à maintes reprises, que les aliénés ne sont pas insensibles aux soins qui leur sont donnés. Il n'est donc pas vrai de dire que ce soit une tâche très ingrate que de s'occuper d'eux, puisque, en définitive, ils savent, autant que tous les autres malades, témoigner leur reconnaissance à ceux qui leur consacrent leur science avec autant de bonté que de dévouement.
»

Jules Voisin eut un fils, Roger (1877-1951), qui fut pédiatre à Lariboisière et dont le fils Jean-Eugène Jules (1907-1991) fit lui-même une carrière d'ophtalmologiste des hôpitaux.

Il repose auprès de son épouse, de sa fille et de son petit-fils Didier au cimetière de Torcy, en Seine-et-Marne.

Tous mes remerciements à M. Bruno Voisin, arrière-petit-fils de Jules.

Travaux

Contribution à l'étude des arthropathies syphilitiques. Paris, impr. Parent, 1875; 96 p. (Thèse Paris n°437). Rééd. Paris, Delahaye, 1875; 93 p.

« De la suggestion. Action des médicaments à distance chez des hystéro-épileptiques. Action de l'aimant et des métaux. Hémorragies cutanées. Changements psychiques et somatiques ». Annales médico-psychologiques, 1887, 5; 134-160

« Suggestion, auto-suggestion et vivacité du souvenir dans le sommeil hypnotique. Action des médicaments à distance. Suppression momentanée des attaques hystéro-épileptiques et des vomissements nerveux ». Annales médico-psychologiques, 1888, I; 108-112

L'idiotie. Paris, F. Alcan, 1893; 295 p., fig.

L'épilepsie. Paris, F. Alcan, 1897; 420 p., fig.

Les psychoses de la puberté
. XIIIe Congrès international de médecine, Paris 1900. Section de psychiatrie. Comptes rendus, Paris, Masson, 1900; 52 p.

«La question des enfants anormaux. Comment et pourquoi elle est avant tout du domaine médical». L'Informateur des Aliénistes, 1908, pp.119-126

Recherches sur la délinquance juvénile
. Ecole de réforme de la Salpêtrière. Mémoire lu à l'Académie de médecine, 27 avril 1909. Paris, impr. Chérest, 1909; 10 p.

Compte rendu du Congrès médical de Tunis (avril 1912) par M. le Dr Voisin, délégué de la Commission de surveillance. Commission de surveillance des Asiles publics d'aliénés du département de la Seine. Procès-verbaux des séances de l'année 1912, Montévrain, 1913; pp.140-143


Michel Caire, 2010
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