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(Juste) Louis Florentin CALMEIL
Yversay (Vienne) 22 thermidor an VI (9 août 1798) / Fontenay-sous-Bois 11 mars 1895

Aliéniste, élève de Pinel et d'Esquirol, médecin de la Maison de Charenton, médecin de la maison de santé de Mme Veuve Reboul-Richebracques, rue de Picpus (Paris), Officier de la Légion d'honneur.

Fils d’un avocat poitevin juge de paix, Louis Calmeil étudie au lycée de Poitiers, à quelques lieues de son village natal, puis entre à l’école secondaire de médecine de Poitiers où il se passionne pour la botanique.

En 1818, il entreprend ses études de médecine à la Faculté de médecine de Paris. Il est reçu élève de l’école pratique, puis est nommé externe dans le service de Dupuytren puis de Léon Rostan à la Salpêtrière, où, ayant été reçu au concours de l’internat des hospices et hôpitaux de Paris, il devient en 1822 « premier interne » dans le service de Philippe Pinel. C’est là qu’il rencontre Esquirol, Guillaume Ferrus, Etienne Georget et Achille Foville, qui joueront un rôle déterminant dans son orientation professionnelle.

Calmeil soutient sa thèse le 17 juin 1824 sous la présidence d’Antoine Athanase Royer-Collard dont il est l’interne à Charenton. Dans cette thèse remarquée ("un petit chef-d'œuvre"), Calmeil étudie en particulier l’état de mal épileptique, et distingue le « grand mal » (crise d’épilepsie généralisée) de ce qu’il désigne sous le terme d’absence (suspension brève de la conscience sans manifestations motrices), qu’Esquirol appelait « petit mal ».

C’est à la maison Royale de Charenton que Louis Calmeil effectuera les cinquante années de sa carrière hospitalière : nommé interne en médecine en 1822, Inspecteur du service médical de la Maison en 1825, médecin-adjoint de Royer-Collard, puis d’Esquirol en 1828 et de Foville en 1840, médecin de la division des femmes le 22 août 1848 puis après la démission de Théophile Archambault en 1852 médecin en chef de la maison, et prend sa retraite en mars 1872.

Il y aura poursuivi toute sa vie professionnelle des recherches anatomo-cliniques sur les causes organiques de cette folie avec paralysie incomplète, connue depuis les travaux de son collègue de Charenton Antoine-Laurent Bayle sous le nom de Paralysie Générale. Cette démence compliquée d’embarras de la prononciation et qui ne guérit pour ainsi dire jamais, provoquée par le développement d’une méningo-encéphalite chronique, sera plus tard rapportée à la syphilis. Calmeil, qui sera l’un des premiers à avoir employé le microscope pour l’étude des lésions du cerveau (L'année psychologique, 1895), méritera de Broussais ce commentaire élogieux : « Sagacité, patience infatigable, sont les qualités de cet observateur, qui paraît fait pour fixer cette partie de l’anatomie pathologique » (Traité sur l'irritation et sur la folie, 1828).

L.-F. Calmeil est également connu comme historien pour son ouvrage sur la folie du XVe au XIXe siècles : De la folie considérée sous le point de vue pathologique, philosophique, historique et judiciaire,... qui a fait l'objet d'une analyse par Laignel-Lavastine et Vinchon en 1923 (voir ci-dessous).


Sur Calmeil, lire :

- M. de Lansac, Encyclopédie biographique du XIXe siècle. Médecins célèbres. Paris, 1843, art. « M. Calmeil » (pp.361-368)

- Notice nécrologique in : L'année psychologique 1895; 2(2) 2: 913 (sur le site Le bâillement)

- Notice nécrologique in : BMJ 1895; 1(1787): 732-733 (sur le site Le bâillement)

- Article nécrologique paru dans La Revue Scientifique, le 23 mars 1895

- Ant. Ritti, « Eloge de L.-F. Calmeil. Lu à la séance publique annuelle de la société médico-psychologique, du 3 mai 1897 ». Annales médico-psychologique, 1897, I; 5-58

- Sémelaigne, Les pionniers de la Psychiatrie française... vol.1, 226-233

- Laignel-Lavastine et Jean Vinchon, “ Trois historiens français de la psychiatrie: Calmeil, Morel et Ulysse Trélat ”. Annales médico-psychologique, 1923, 1; 393-399 et les pages 58-59 de l'« Allocution de M. Georges Collet, président de la Société médico-psychologique. Les fondateurs de la Société médico-psychologique » Annales médico-psychologique, 1952, II, 1

- Pierre Morel, Dictionnaire biographique de la psychiatrie, 1996, art. Calmeil (où il est écrit, à tort, qu’il est né à Poitiers et qu'il est mort le 11 novembre 1895)

Travaux

De l’épilepsie étudiée sous le rapport de son siège et de son influence sur la production de l’aliénation mentale. Thèse de doctorat, Paris, 1824 n°110 (Paris, Didot, 1824 ; 35 p.)

De la Paralysie considérée chez les Aliénés. Paris, J.-B. Baillière, 1826 ; 446 p.

Recherches sur la structure, les fonctions et le ramollissement de la moelle épinière. Extrait du Journal des Progrès des Sciences et Institutions médicales en Europe, en Amérique, etc., Paris, Villerey, 1828

Des hallucinations et des illusions des sens
. Paris, Rignoux, 1836 ; 44 p.

Traité d’anatomie et de physiologie du système nerveux. 1840

De la folie considérée sous le point de vue pathologique, philosophique, historique et judiciaire, depuis la renaissance des sciences en Europe jusqu'au dix-neuvième siècle. Description des grandes épidémies de délire simple ou compliqué, qui ont atteint les populations d'autrefois et régné dans les monastères. Exposition des condamnations auxquelles la folie méconnue a donné lieu. Paris, J.-B. Baillière, 1845, 2 vol. [Volume 1] / [Volume 2]

Traité des maladies inflammatoires du cerveau, ou histoire anatomo-pathologique des congestions encéphaliques, du délire aigu, de la paralysie générale ou périencéphalite chronique diffuse à l’état simple ou compliqué, du ramollissement cérébral local aigu ou chronique, de l’hémorragie cérébrale localisée récente ou non récente. Paris, J.-B. Baillière, 1859, 2 vol.

et plusieurs articles dans le Dictionnaire des sciences médicales (Aliénés [maladies intercurrentes des], Lycanthropie, Lypémanie) et dans le Dictionnaire de Dechambre.


Michel Caire, 2012-2014
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