Gaetan
(Henri Alfred Edouard Léon Marie) GATIAN de CLÉRAMBAULT
Bourges 2 juillet 1872 / Malakoff 17 novembre 1934
Clinicien
français, auteur d'une uvre psychiatrique majeure.
Après des études artistiques, Gatian de Clérambault obtient
une licence de droit, puis s'oriente vers la médecine.
Nommé en 1898 à l'internat des Asiles de la Seine, reçu
docteur en médecine l'année suivante, il consacre près
de trente années de sa carrière à l'Infirmerie Spéciale
près la Préfecture de police de Paris.
A ce poste d'observation unique en son genre, il précise les manifestations
cliniques de plusieurs entités morbides : ivresse aiguë, épilepsie
à expression psychiatrique, délires passionnels et tout particulièrement
l'érotomanie.
Avec ses descriptions minutieuses et subtiles de l'automatisme mental, de Clérambault
a marqué durablement l'école française de psychiatrie,
que l'un de ses représentants les plus éminents, Jacques
Lacan, reconnaissait comme son seul Maître.
De Clérambault enseigna à l'Infirmerie spéciale (ses conférences
du 3 quai de l'Horloge avec présentation de malades connurent
un grand succès), ainsi qu'à l'Ecole nationale des beaux-arts
de Paris : son cours, inauguré en mars 1924, avait pour thème
le Costume drapé arabe du point de vue artistique et anthropologique,
dont il avait entrepris en 1910 le relevé méthodique de toutes
ses formes, analysé l'anatomie et déterminé les
lois mécaniques et biologiques.
Le
Figaro, 20 novembre 1934 Il semble
bien que l'aliénation mentale soit contagieuse. Ce n'est pas impunément
que l'on vit dans la société des fous. Il habillait des mannequins de cire La maison
du docteur n'a qu'un seul étage : elle est percée de huit
fenêtres à volets verts. Elle est précédée
d'un jardinet, séparé de la rue par une grille de fer. Le
docteur vivait là avec une vieille servante et ne recevait que
quelques amis, des médecins généralement. Sesintimes
parlaient avec un peu d'étonnement de son goût pour les étoffes
rares, les indiennes, les madras, les tissus d'Orient brochés d'or
et d'argent, et pour les mannequins de cire de grandeur naturelle, qu'il
habillait lui-même. |
*
Il n'est pas inutile de préciser que le prédécesseur direct
de Gatian de Clérambault à l'Infirmerie Spéciale, Ernest
Dupré (1862-1921), n'avait pris ses fonctions de médecin chef qu'en 1913, succédant
au docteur Arthur Legras (1838-1918), chef de l'Infirmerie depuis 1905.
Ernest Dupré avait été mis en 1920 à la retraite
anticipée, pour raison de santé (pathologie organique cérébrale).
Le Figaro n'a certes pas été le seul journal à colporter ces préjugés : les aliénistes, à fréquenter les aliénés, deviennent fous eux-mêmes et font interner des personnes saines d'esprit. Parmi d'autres sottises, de Clérambault est représenté sous les traits d'un personnage hofmanesque, d'un Coppelius, vivant au milieu de poupées de cire, pour les uns, de mannequins drapés d'étoffes antiques pour les autres... (Maurice Desruelles).
Une
stèle gravée - Pierre d'Islam
rapportée d'un de ses nombreux voyages au Maroc - est restée
très longtemps dans les sous-sols du Musée de l'Homme après
sa mort.
O
vous qui êtes venu sur notre tombe un jour |
Une plaque a été apposée au n°40
de la rue Vincent Morris (Malakoff), anciennement rue Danicourt, sur la
grille de la propriété où habita Clérambault.
La vie et luvre de Gatian de Clérambault ont été
adaptées au cinéma, dans Le Cri de la soie de Yvon
Marciano, avec Sergio Castellitto, Marie Trintignant et Anémone (1996),
A la folie... pas du tout, de Lætitia Colombani, avec Audrey Tautou
et Samuel Le Bihan (2002), Enduring Love, de Roger Michell, d'après
le roman de Ian McEwan, avec Daniel Craig et Rhys Ifans (2004), Anna M.,
de Michel Spinosa, avec Isabelle Carré et Gilbert Melki (2007).
Sur Gatian de Clérambault, voir notamment :
Yves Edel, Les certificats de Clérambault 1905 à 1914 : contribution
à l'étude clinique des phénomènes d'automatisme
mental dans les certificats retrouvés aux archives de l'hôpital
Henri Rousselle. Thèse de doctorat en médecine, Strasbourg
I, 1985
Serge Tisseron, Gaëtan Gatian de Clérambault psychiatre et photographe.
Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 1990
Ferretto Jean-Luc, Les certificats de G. G. de Clérambault: 1927 à
1934; contribution à l'étude clinique des phénomènes
d'automatisme mental. Strasbourg 1, 1991
Elisabeth Renard, Le docteur Gaëtan Gatian de Clérambault, sa
vie et son uvre (1872-1934). Thèse de doctorat en médecine, Paris,
1942 (biographie hagiographique dirigée par Georges Heuyer, rééditée
avec une préface de Serge Tisseron et une postface de Philippe Pignarre.
Les Empêcheurs de penser en rond, 1992)
Alain Rubens, Le maître des insensés. Gaëtan Gatian de
Clérambault (1872-1934). Paris, Les Empêcheurs de penser en
rond, 1998
M. Ducluzaux, E. Mele, B. Lahutte, J.-P. Rondier, « Voir la mort en face
», Revue française de psychiatrie et de psychologie médicale,
2005, vol. 9, n° 88, pp. 13-15
et sur ce site, par le docteur Yves EDEL : LES PHOTOGRAPHISMES DE G. G. DE CLERAMBAULT ou LES PASSIONS D'UN MANIGRAPHE
Michel Caire, 2008-2024 |