Henri DAGONET
Châlons-sur-Marne 3 février 1823 / Paris 4 septembre 1902
Médecin
aliéniste. Président de la la Société médico-psychologique
(1885). Chevalier de la Légion d'Honneur.
Dagonet nait dans la ville où son père Grégoire,
docteur en médecine de Paris, dirige l'asile d'aliénés qu'il a lui-même fondé en 1831.
Henri est interne à l'asile de Fains (Meuse) lorsqu'il soutient sa thèse
de doctorat en médecine à Paris le 11 mai 1849. Sa carrière
débute en Alsace dès l'année suivante, par sa nomination
comme médecin en chef de l'asile de Stéphansfeld.
En 1853, à l'âge de trente ans, il est nommé professeur agrégé à la Faculté
de médecine de Strasbourg, chargé d'enseignement sur les maladies
mentales et nerveuses.
Puis, en 1867, il est nommé médecin en chef de la division des
hommes de l'asile Sainte-Anne, à son ouverture.
Là, avec Prosper
Lucas, Valentin
Magnan et Gustave
Bouchereau, il organise un enseignement pratique, ouvert au public extérieur
à l'asile et de ce fait objet d'une virulente campagne de presse qui
conduira à sa suspension.
A son décès, la levée du corps eut lieu à l'asile Sainte-Anne, qu'il avait
quitté quatorze ans plus tôt. Il fut ensuite inhumé à Verdun.
Dagonet laisse un intéressant traité de psychiatrie, intitulé
Traité
élémentaire et pratique des maladies mentales; suivi de Considérations
pratiques sur l'administration des asiles d'aliénés : accompagné
d'une carte statistique des établissements d'aliénés de
l'Empire français (Paris, J.-B. Baillière et fils, 1862),
réédité en 1876 et 1894 sous le titre : Nouveau
traité élémentaire et pratique des maladies mentales
suivi de considérations pratiques sur l'administration des asiles d'aliénés.
L'ouvrage, illustré de huit planches
en photoglyptie représentant 33 types d'aliénés.
est le premier à publier des photographies de malades. Les clichés
sont signés J. Valette, et reproduits par Lemercier.
Une thèse lui a été consacrée en 1991 par Marie-Anne
Kocher Dirheimer, Henri Dagonet (1823-1902): son uvre psychiatrique
particulièrement en Alsace.
Henri eut un fils, Jules Dagonet, né le 21 janvier 1859 à Brumath, qui sera également médecin chef à Sainte-Anne et dont Bessière, dans ses « Souvenirs d'Internat à l'Asile Clinique Sainte-Anne (1911-1914) »
écrits en 1940, révèle un aspect méconnu :
« Dagonet était le Médecin-Chef du service des femmes.
Homme aimable et bienveillant, il laissait à ses internes une très
grande liberté. Dagonet était assez effacé, se tenait à
l'écart et ne paraissait guère dans les Sociétés
de psychiatrie. Il s'occupait de son service avec assiduité, mais d'une
façon que nous jugions assez particulière. L'aménagement
matériel de ses salles semblait surtout l'intéresser. Il les faisait
repeindre constamment et n'était jamais plus heureux que lorsqu'il avait
trouvé un ton clair et harmonieux. Il voulait aussi un mobilier de formes
simples et gaies, des vases pleins de fleurs. Les cours de ses quartiers étaient
toujours fleuries avec abondance et il faisait accrocher aux arcades des préaux
des suspensions d'où retombaient des vagues roses de géraniums.
Nous nous moquions un peu de cette manie décorative. Nous avions tort,
car Dagonet fut en cette matière une sorte de précurseur. Aucun
psychiatre ne met actuellement en doute l'utilité et même la nécessité
de placer les malades dans un cadre accueillant qui ne rappelle en rien l'hostilité
de la caserne, la tristesse et la nudité de la prison, qu'avaient les
asiles d'autrefois. »
Michel Caire, 2008-2012 |